Tourisme et Musique : une Abbaye en folie !

Comment, avec une mobilisation collective, expérimenter et redonner vie à une Abbaye ? Lieu d’hospitalité, de création, de formation et d’inventions spectaculaires ou intimes, l’Abbaye aux Dames de la ville de Saintes est devenue la Cité Musicale, et elle nous donne une belle leçon ! « Depuis un millénaire, on pense, dort, commerce, étudie, on prie à l’abbaye. », dit le texte de présentation du site Internet.(Photo ©Sébastien Laval, Musicaventure, le Caroussel Musical)

  • L’ Abbaye a choisi la Musique, au cœur de tout ce qu’elle organise, avec un programme de concerts toute l’année dans des lieux de l’Abbaye, qui dispose aussi d’un petit auditorium, d’un conservatoire de musique, de bureaux, logements et chambres d’hôtel (voir ci-dessous) , occupées pendant la durée du festival par les musiciens. Pour le seul Festival, qui fêtera l’an prochain sa 48ème édition, du 12 au 20 juillet 2019, ce sont quelques 30 concerts en 9 jours La Cité musicale a accueilli cet été pour le plaisir de  13.000 festivaliers.
    • Mais ce qui est inattendu ce sont ses nouveaux formats, ses explorations, croisements de publics bien différents, ou vous ne serez jamais jugé sur votre connaissance musicale mais sur le plaisir que vous avez ressenti. Voici donc Musicaventure, aujourdhui, avec ses petites surprises : le Carrousel musical; les Voyages sonores; les concerts spatialisés, les siestes sonores ou concerts dans des transats!  – I – MUSICAVENTURE, une exploration connectée et sensorielle du site, avec le Carrousel Musical à partir depuis avril dernier, mais aussi des Voyages Sonores, des Concerts Spatialisés, un audioguide le tout « avec un fil d’Ariane : le plaisir », dit l’équipe du site. .
    Site Internet de l’Abbaye : ICI  . Pour 2020, enfin,  des cabinets de curiosité musicaux sont en projets, et en 2022 des musicothèques, lieux d’écoute individuels autour des archives du festival pourraient renseigner les mélomanes !


Abbaye aux Dames, la cité musicale
Published on Jun 30, 2016. Au cas où, l’adresse : https://www.youtube.com/watch?v=C_g34lV2M2I

II- LE CARROUSEL MUSICAL
Métalobil est une commande réalisée par une entreprise nantaise spécialisée dans les équipements spéciaux en métal ou acier. L’objectif était de « faire ressentir au public l’effervescence musicale du lieu, en dehors de ses grandes manifestations ». «Le carrousel est une première mondiale, précise Frédéric Saint-Pol, directeur adjoint de l’Abbaye aux Dames, est un outil innovant de sensibilisation à la musique». Les 24 participants s’y installent comme dans un manège et peuvent, le temps d’un tour, faire jouer 12 instruments simultanément. Et harmonieusement, grâce à des logiciels qui prédéfinissent les notes et gèrent la composition.(Le Moniteur, cité dans PESP).
Le Carrousel Musical a coûté environ 650 000 euros (conception, agencement et équipements média et audiovisuels).Haut de 10 mètres et, comme on le voit sur la photo, en forme de coque et recouvert de miroirs argentés. Il abrite un instrumentarium géant : exploration d’archets, de claviers, de harpes, d’instruments électro-acoustiques, de cordes vocales. Le tour s’achève avec, comme on le voir dans la vidéo, une production collective d’une partition interactive. Dans un univers forain et poétique, Le Carrousel Musical est un manège extraordinaire, stimulant, qui fait appel au toucher, à l’ouïe et à la vue. C’est une nouvelle approche de la musique. Pour avoir une idée des prix : 2,50 € le tour et 10 € les 5 tours- Billet couplé Voyages Sonores ( Ci-dessous) et Carrousel Musical : 10 €.
Le Carrousel Musical : oeuvre collective poétique et musicale (volet 3 de Musicaventure)-Production : Abbaye aux Dames, la cité musicale, Saintes
Direction de projet : Odile Pradem-Faure, Frédéric Saint-Pol- Création du Carrousel Musical : AG STUDIO (François Guiguet – Yasmina Boudhar – Ariane Francescato) (Voirla suite sur le site de l’Abbaye à la Rubrique  « Musicaventure »).
Timelapse du Carrousel Musical. Durée de la Vidéo : 1 :24 mn

III- LES VOYAGES SONORES
Cette expérience est une déambulation, un parcours sur le site de ‘l’abbaye, dehors et dedans. 12 stations ponctuent les voyages sonores aux points névralgiques.
Equipé d’un casque et d’un boîtier numérique, le visiteur découvre un dialogue inédit entre l’histoire de l’abbaye et la musique. Le son 3D l’enveloppe et stimule son imagination et ses « résonances intérieures ». (Durée de 1h à 1h15 ). En voir plus, ici. 
et  LES CONCERTS SPATIALISÉS :
Environné dans le son mais aussi le silence, équipé d’un casque et d’un boîtier numérique, « le visiteur pénètre dans l’église romane Sainte-Marie et accède, en hôte privilégié, à la tribune. La longue nef supportée de puissants piliers s’ouvre en perspective. Dans cet édifice empreint de spiritualité et de silence, le concert peut débuter. Le son 3D enveloppe le corps et l’esprit. Immersion au cœur de l’orchestre ».Pratique : Durée de 40 à 50 mn. En voir plus, ici. Photo ©Sébastien Laval, Musicaventure.

IV- SIESTES SONORES et CONCERTS DANS DES TRANSATS, hors du site de l’Abbaye ont été conçus avec l’Office de Tourisme Saintes et la Saintonge. Un programme vous attendait cette année, du 20 juin au 5 septembre. Dans neuf communes. A la fin de chaque expérience, un moment convivial autour de produits locaux était proposé au groupe de 30 personnes minimum . Toute l’organisation (Accueil des groupes, Billetterie, Réservations, Rencontres entre les participants) est pris en charge par l’Office de Tourisme de Saintes. Tarif adulte 4€ et tarif enfant jusqu’à 16 ans 2€. Conseillé à partir de 8 ans.
Réservation obligatoire. Billetterie à– en ligne ou Place Bassompierre à Saintes.Les Concerts dans les transats, c’est ici! 

V- L’AUDIOGUIDE
Guidé par 24 pistes d’écoute, vous découvrirez l’Abbaye aux Dames à votre rythme et saurez tout de son histoire millénaire ! (Durée 1h30 Histoire de l’Abbaye et de son architecture, avec 24 stations pour découvrir chaque élément intéressant ; visite du jardin, du Cloitre, de la salle capitulaire, des maquettes, avec des vues sur la ville, etc..). En savoir plus, ici.

VI- L’ACCUEIL DES TOURISTES ! Des traductions en langues étrangères et un hôtel !
1) VISITEURS ÉTRANGERS BIENVENUS ! Les visites mais aussi la documentation proposent un choix de plusieurs langues étrangères : Anglais Allemand Espagnol Italien et un petit prix d’entrée, dans la mesure ou la seule visite de l’Abbaye durera plus d’une heure, et que vous pourrez participer à d’autres aventures : Tarif de base – adulte plein tarif : 8 € ; Tarif enfant : 6 € et Gratuité pour les moins de 6 ans

OFFICE DE TOURISME DE SAINTES SAINTONGE, Place Bassompierre 17100 SAINTES Site internet Tél : 00 33(0)5 46 74 23 82 – et BOUTIQUE DE L’ ABBAYE EN LIGNE , où l’on  peut adhérer au programmes de l’Abbaye, faire des dons (Mécénat) et réserver des billets les événements musicaux à venir.

2) DES NUITS A L’ABBAYE à L’Hôtel Les Chambres de l’Abbaye
Les bâtiments conventuels et les cellules des nonnes ont été converties en chambres d’hôtel au 1er étage. Nuits insolites, comme à Fontevrault et dans d’autres Abbayes, et découverte singulière de l’Abbaye sans ses visiteurs : un vrai privilège ! Jugez plutôt :« Vous t empruntez le magnifique escalier de pierre. Un long couloir voûté distribue les chambres. La pierre blanche coquillière, les planchers anciens, la beauté des voûtes, un minimalisme revendiqué, donnent le ton de la nuit. Ici pas de télévision, les commodités sont sur le palier pour la majorité des chambres. Une forme d’ascétisme pour goûter l’essentiel : calme, sérénité et supplément d’âme.33 chambres s’ouvrent côté cour et côté jardin. À partir de 45€ la nuit. »L’hôtel est aussi labellisé « accueil vélo ». La Flow Vélo, nouvelle véloroute nationale de 290 km, reliant Thiviers en Dordogne à l’Ile d’Aix en Charentes passe par Saintes. Le site de l’Hôtel est  ici!(Photo Abbaye aux Dames)

CONCLUSION : comment produire un tel foisonnement ? Collectivement. Alors terminons par nos félicitations, afin que vous ayez tous envie de « copier » cette attitude collective, que l’on a connu aussi à Nantes ! Quel bon esprit d’équipe, quels talents, quel goût pour l’innovation et la transmission à Saintes et, pour moi qui ai roulé ma bosse, quelle patience, pour le maire de la ville ! Sons, parfums, goût : tous les sens peuvent être mobilisés pour vivre une expérience culturelle, et puisque ce  petit blog tente de vous présenter chaque semaine ce qu’il y a de meilleur, et surtout de quoi est faite cette excellence, Saintes est un bon « moment ». .
En fait, l’Abbaye aurait pu se contenter de vous proposer une visite, car elle est superbe ! Eh bien non. Un jour, un magnifique Festival de musique y est né.
D’accord, du coup, Abbaye + Musique classique, cela devait suffire? Eh bien non, et voilà la vraie surprise : dans et autour de l’Abbaye, aujourd’hui, on peut vivre de nouvelles aventures, les Musicaventures, sortes d’expériences sonores ; on peut aussi inventer son propre petit concert le temps d’un tour de manège!(Photo  : Domaine public- Françoise II de Foix, abbesse de  Notre Dame de Saintes.-Création : 12 octobre 2013)

EN RÉSUMÉ, LES CRITÈRES D EXCELLENCE DE CETTE PROPOSITION SONT, à mon avis:   
Ne jamais s’endormir sur ses lauriers, mais inventer chaque jour pour tenir les visiteurs et les habitants en forme,  et donc veiller à tout ce qu’il se passe en France mais aussi à l’étranger!
Tenir compte des concurrents, car la banalité guette le tourisme en France ! Nous avons la chance d’avoir des milliers de chapelles, d’églises et d’Abbayes romanes ou de cathédrales gothiques, mais d’autres pays en ont tout autant (Italie, Espagne, Royaume-Uni;)
Aller jusqu’à « aujourd’hui » : conjuguer Passé et Présentécouter des petits concerts de la musique classique ou de jazz, c’st évidemment royal ! Mais pouvoir essayer un instrument, deviner de quoi un son est fait, conjuguer des formes de la musique actuelle, voilà qui est peut-être mieux pour créer de la différence et redonner de la force et de originalité au passé. L’avantage de rejoindre les formes et expressions d’aujourd’hui, c’est que les jeunes générations y retrouveront leurs « marques » et, qui sait, écouteront plus facilement de la musique classique.

POUR EN SAVOIR PLUS :
– HISTOIRE DE L’ ABBAYE : Première abbaye dirigée par des femmes de sa région, l’ancienne Abbaye bénédictine fut fondée en 1047 sur la rive droite du fleuve Charente.L’Eglise Sainte Marie a gardé son style « roman saintongeais », simple et équilibré. Des femmes souvent nobles, puissantes et indépendantes l’ont développée et y frappaient monnaie. L’abbaye fut placée sous la protection du roi de France en 1378. Riche, elle devint l’un des plus puissants monastères de femmes de tout le Sud-Ouest français, avec une centaine de moniales à son apogée, lorsque sa mission fut d’instruire les jeunes filles de la noblesse française. Après de nombreux désordres, incendies, abandons, elle fut reconstruite en 1650-1660, date de bâtiments qui existent aujourd’hui. Elle devint prison puis caserne sous la Révolution et l’Empire. Au XXème siècle rachetée par la municipalité en 1924 et l’église rendue au culte en 1939, elle fut inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 19483puis restaurée au cours des années 1970 et 1980, décennie de sa conversion en centre culturel , devenu « cité musicale ». (Source: Wikipedia   et photo:  CC BY-SA 3.0
File:Saintes Abbaye-aux-Dames chevet et clocher).
Création : 20 avril 2009
– PROGRAMME AUTOMNE PLAQUETTE , ICI
– Hôtel et Chambres, ICI
L’Article du journal Les Echos : Le Carrousel Musical, une première mondiale :ICI!
L’article du Moniteur sur le Carrousel musical : Par Orianne Dupont (Bureau de Bordeaux du Moniteur) | le 02/03/2018, à lire ici.                                                                                                                                                                                                          – Saintes est une commune du sud-ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime dans la région Nouvelle-Aquitaine. Deuxième ville du département derrière La Rochelle, elle compte 25 288 habitants (2015) et est à la tête d’une unité urbaine de 30 086 habitants et d’une aire urbaine de 60 975 habitants (2008) (Wikipedia).
LES ANNÉES À VENIR ! Stephan Maciejewski, directeur artistique du Festival de Saintes depuis 2002 mettra fin en 2021 à 25 ans de travail sur la programmation d’un des plus vieux festivals de France qui fêtera ses 50 ans. Quelles suites ? « Sans fausse modestie ni tabou, le sujet a été abordé régulièrement dans la cour de l’Abbaye ces derniers jours », dit-on. Odile Pradem-Faure, directrice générale de l’Abbaye aux Dames, fait sa voyante : « Ce lieu a 900 ans, le Festival 47, le label Centre Culturel de Rencontres date de 1992 : je sais que l’Abbaye aux Dames s’inscrit dans un héritage, poursuit la directrice. Je suis très attachée à la notion de transmission. Savoir organiser la suite va dans le sens de notre travail. Pas question de se dire « ils se débrouilleront après moi ! ». Il y a trop de structures qui souffrent d’un manque d’anticipation. ». Un avenir radieux commence toujours par des bonnes volontés !Interviews à voir ICI !

 


KEN LE TOURISTE PARFAIT   venait de laisser son ex, Barbie Chérie, dans l’un de ces Colloques, Symposium et Séminaires ultra-modernes, avec Hackathon, Design de service et  invasion de Post-it pour y écrire ses idées. L’ambiance était pré-ado, comme d’habitude, et on était tous priés d’avoir douze ans. Ken, harrassé par une semaine de Palaces, trois tours du monde en avion et quelques réunions d’Affaires très fructueuses, décida de rester avec elle. Ce fut génial et jamais il n’oublierait : à la pause, il fit un petit tour de manège, le Carrousel Musical, et il prit rendez-vous avec le Maire : il lui fallait exporter ce  Carrousel  dans le monde entier, pour dynamyser les équipes du Tourisme d’Affaires!

 

Anniversaire du petit blog : 500 billets!

Aujourd’hui est jour d’anniversaire,  pour fêter le 500 éme billet de ce blog, et surtout pour vous remercier d’être là, depuis longtemps ou juste aujourd’hui!

Merci  d’être si nombreux chaque jour, merci de vos mots  gentils, de votre fidélité, et merci de ces folles  ou sages aventures que vous me transmettez ou que je repère sur le web et qui deviennent des « billets ». J’essaye toujours de vous présenter le meilleur, ce mini-carrefour où se croisent le Tourisme, la Culture et le Numérique. Et puis j’aime ce qui est nouveau, inventif, décalé de l’ordinaire.

 

 

LE PETIT BLOG VA CONTINUER  car  il est né et il vit de l’amitié : comment arrêter l’amitié? Je ne sais pas. En fait, quand j’ai terminé mon parcours professionnel, à ATOUT France, il y a une dizaine d’année, mes amis atoutiens/atoutiennes avaient envie que je continue à  leur décrypter la Culture et à leur dire comment cela se passait, en « vrai », « pour de bon ».  Comme ils m’avaient dorlotée en m’expliquant pendant trois ans ce milieu assez infernal que peut être le Tourisme – Business aux  thèmes différents, milliers d’acteurs, de bonnes pratiques, de codes et de statistiques- je voulais leur faire plaisir en retour avec ce petit blog d’actualité, le plus magnifique prolongement du bon temps passé avec elles et eux.

Enfin   Philippe Fabry m’a appris à écrire sur un blog, à ne pas devenir verte quand il avait une panne,  à seulement lui téléphoner… en pleine nuit pour qu’il me rassure. Merci Philippe et Marie pour votre immense patience! Enfin merci à Ken Le Touriste Parfait, totem inventé pour maintenir le fil, totem parfait car il fait fuir tous les gens trop sérieux, tous les grincheux et amuse les gens qui ne se prennent pas trop au sérieux: Ken  m’adonc  permis un vrai luxe : celui de vous choisir, mes amis!

♥Merci à vous avec une bise tendre,  chers lecteurs, chers acteurs du tourisme, de la Culture ou du Numérique, et rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures! Vive le tourisme culturel, qui fut le titre mon premier billet le 5 février 2009!

 

♥Merci aussi aux Editions  Territorial de m’avoir fait confiance pour écrire cette petite somme sur le Tourisme Culturel cette année, et aux Responsables de plus de cent conférences, colloques, expertises qui me font un plaisir fou et auxquels je donne en retour toute mon énergie!

♥Ouvrage à commander ici, aux Editions Territorial, soit en livre, soit en ligne! 

PASSEZ  UNE EXCELLENTE SEMAINE, mes amis! 

La Culture pour tous, enfin?

Aujourd’hui, voici un petit éclairage sur les projets 2018-2019 de notre Etat Culturel, trois programmes que je vous résume et décrypte, avec des liens pour en savoir plus! Ces trois programmes ont tous à peu près le même objectif : faciliter l’approche culturelle pour les habitants de proximité, démocratiser l’accès à la culture dès l’école et favoriser les pratiques culturelles. Objectifs toujours repris pour la Culture depuis le Front Populaire, de Gaulle et Malraux puis tous les Gouvernements depuis 70 ans.
POUR LES ACTEURS DU TOURISME, ces trois programmes pourraient être bénéfiques, car je sais que disposer d’un bon ancrage d’une activité dans population locale est très important. Si une activité, que ce soit la Randonnée, le Cyclotourisme ou la Culture, est incomprise, mal aimée ou même rejetée par une population qui ne souhaite pas y adhérer, inutile de la programmer pour des touristes français ou étrangers ! L’absence de relais d’opinion et d’avis ou recommandations des habitants, sur le web ou ailleurs, sont des plaies mortelles aujourd’hui!

I- LE PASS CULTURE
Le Pass Culture est un projet en apparence très simple : le jour de leurs dix-huit ans, les 800 000 jeunes français recevront une somme de 500 euros pour avoir accès à des biens et services culturels. Concrètement, une application proposera à tous ces jeunes des offres de livres ou de billets d’entrée (Cinéma, musées, théâtre, etc…) ou encore propositions d’abonnements pour écouter de la musique en ligne, regarder des vidéos. L’idée est de « sortir le jeune de sa zone de confort », en lui proposant des offres à proximité qu’il n’aurait jamais eu l’idée d’acheter sans l’application.

Première remarque: on prend donc les jeunes soit pour des gens peu curieux, soit pour des incapables de choisir seuls ce qui se passe près de chez eux. Rien n’est dit sur leur fantastique capacité de zapper d’un sujet à l’autre, de tout trouver sur un smartphone ; ensuite on ne dit rien de la psychologie et de l’émancipation des jeunes car, le jour de ces 18 ans est précisément le premier jour de liberté, celui que l’on savoure car être majeur c’est s’émanciper des conseils de la famille, de l’école et de la société pour, enfin, se faire un avis et apprendre à choisir seul.
•UN PROJET COPIÉ SUR L’ ITALIE Le projet de ce Pass Culture est, en fait, très largement  copié sur le Bonus Cultura des italiens créé en 2016 (Application « Bonus Cultura 18 app) »d’un coût de 300 millions et qui permet le même type de prestation aux jeunes de 18 ans à partir du jour de leur anniversaire. Une plateforme régule aussi, en Italie, le flux « Offres et demandes » et les transactions. Dès la commande, le compte de 500 euros est débité et le jeune reçoit un code pour accéder à l’offre tandis et le site culturel est averti de sa demande.
Pourtant, le bilan des italiens n’est pas brillant, qui, après évaluation, on déploré le coût de la mesure, comme le détaille le Journal La Croix dont nous reprenons quelques exemples ci-dessous, et que vous pouvez retrouver sur le site du ministère de la Culture et du Tourisme  italien, le MIBACT,  si vous comprenez l’italien.

• LES ÉCHECS DU PASS CULTURE ITALIEN
Seuls 60 % des 570 000 jeunes majeurs concernés ont fait la démarche de s’inscrire et rien ne prouve que les 18% de jeunes sans aucune pratique culturelle en font partie, bien au contraire.
1- Un marché noir s’est vite développé : le PASS se revendait 250 euros sur le web
2- Le choix des jeunes, qui pouvait concerner l’ensemble de l’offre culturelle (livres, cinéma, concerts, théâtre…), s’est porté à 78 % sur… des livres ! Jusqu’à ce que l’évaluation explique pourquoi : beaucoup de livres scolaires et universitaires ont été achetés grâce au Bonus Cultura, d’une part, et surtout, les jeunes ont en fait acheté des ordinateurs, tablettes ou matériels numériques et audiovisuels, grâce à la complicité de vendeurs qui ont facturé des « livres »
En Italie, le Pass culture a donc en partie échoué à résorber les inégalités qu’il entendait combattre. Mais le secteur marchand a, comme on s’en doute, obtenu sa reconduction.
•  LE FINANCEMENT DU PASS CULTURE en France  Pour le Financement, le Journal des Arts du 6 septembre  décrypte le problème ainsi : «Un rapide calcul, 800 000 jeunes x 500 € aboutissait à un budget de 400 millions d’euros. Une somme inimaginable quand on sait que le budget de la culture est de 2,9 milliards d’euros ». Alors le ministère doit « ruser » 1-Faire en sorte que les offres soient offertes gratuitement pour le PASS par les différents offreurs numériques , qui récupèreront, pour se payer avec ,  « les adresses et noms des jeunes », d’après le ministère. On croit rêver et on espère que ce sera interdit, toute confidentialité et déontologie éthique seraient jetées à la poublelle. 2- Que les offres soient vendues bien moins chères sur le PASS Culture qu’ailleurs.
– APPEL AU MÉCÉNAT ? le PASS nécessitera 150 à 200 millions d’euros par an de mécénat, sponsoring et autres dons. Le Journal des Arts souligne :« Mais en l’état actuel du mécénat culturel, on ne voit pas comment les sponsors pourraient apporter plus de 10 à 20 millions par an ».
• EXPÉRIMENTATION A RALLONGE.. . Les premiers tests ont commencé par le recrutement de 10 000 testeurs d’ici fin octobre, poursuit le JdA, dans 5 départements tests (Bas-Rhin, Guyane, Hérault, Finistère, Seine-Saint -Denis) avant un bilan en avril 2019. Et après? (Journal des Arts, 6 septembre 2018)

II- GÉNÉRALISER L’ ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE(EAC) à l’école, au collège et au Lycée!
Une excellente étude de France Urbaine sur ce vaste projet, là aussi, qui durera aussi tout le quinquennat, comme le Plan a Cinq ans de Jack Lang qui avait le même objectif! À la rentrée 2017, le Gouvernement a invité les collectivités territoriales à faire plus sans préciser ni le périmètre précis ni les moyens affectés pour atteindre 100% des élèves touchés par l’EAC.

  • Mais grâce à France Urbaine , qui a commandé une étude à l’INET sur l’EAC dans les grandes villes de France, nous en savons plus! Si vous avez beaucoup lu et entendu sur le sujet et/ou si voulez connaître concrètement le sujet et ses résultats, cette étude est faite pour vous ! Entre septembre 2017 et juin 2018, quatre élèves Administrateurs de l’INET ont travaillé dur et le résultat est excellent : ils soulignent les leviers d’une réussite possible, et donnent aussi les coûts d’une bonne EAC pour les collectivités locales. Leur choix de villes est aussi très intéressant, car il souligne les leviers pour une réussite de 100% d’EAC ! Citons le résumé de France Urbaine : « Leurs propositions, méthodes et leviers, visent à améliorer le maillage territorial des actions et la simplification des procédures administratives. Elles sont issues d’un travail de terrain, inspiré de la réalité des pratiques, des envies de nos territoires, de nos moyens pour les mettre en œuvre.
    Cinq actions, pragmatiques, opérationnelles et progressives sont proposées :
    1. Définir un référentiel commun pour mieux agir en matière d’éducation artistique et culturelle.
    2. Préciser une stratégie d’intervention locale au regard d’un objectif gouvernemental ambitieux mais encore imprécis.
    3. Conforter la gouvernance par l’affirmation d’un pilotage intercommunal.
    4. Renforcer l’efficience et la mobilisation des moyens.
    5. Garantir l’amélioration continue par le renforcement de l’évaluation. »
    VOIR toute l’étude et sa rpésentation sur France Urbaine,  ICI, sur le site de France urbaine
  • Référent(s) France urbaine :  Monsieur Olivier BIANCHI Maire de Clermont-Ferrand, co-président de la commission culture de France urbaine Monsieur David LISNARD Maire de Cannes, co-président de la commission culture de France urbaine Monsieur David CONSTANS-MARTIGNY Conseiller culture de France urbaine Rapport rédigé par Claire AÏTOUT Noor-Yasmin DJATAOU Olivier MEROT Aurélie PASQUIER
    http://franceurbaine.org/publication-etude-reussir-generalisation-education-artistique-culturelle
    Et voir seulement l’étude ICI 
    Je vous donne envie avec ce Budget d’une ville qui atteindrait les 100% d’EAC ! (Page 57 de l’excellent rapport)
    ESTIMATION FINANCIÈRE ET PEDAGOGIQUE D’UN PROGRAMME 100% EAC L’estimation propose un programme aux propositions diversifiées tant en matière de champs disciplinaires, d’intensité d’indice d’exposition à l’art et de coût, de la maternelle au collège. La base choisie est une classe d’âge scolarisée de 1000 enfants soit 12 000 enfants concernés sur toute la période de scolarisation obligatoire de 3 à 16 ans.
    – LES COÛTS POUR LA COLLECTIVITÉ : Total : 12 000 jeunes touchés, 8 dispositifs complémentaires, 22 512 heures d’interventions annuelles soit 31 ETP cat. B, coût total 600 000 euros, hors subventions et redéploiements. 

LES VILLES PARTICIPANTES de cette  ÉTUDE (Communes, Communautés d’Agglomération et métropoles, à voir plus en détail ici page 58  ) : Amiens, Caen, La Rochelle, Pau, Dunkerque, Ville de Tours, EPT Grands Paris, Grenoble, Bordeaux, Lille, Rennes, Toulouse, Marseille, Lyon, Nancy, Metz, Mulhouse, Orléans, Saint-Etienne, Versailles, Besançon,Brest, Cannes, Clermont-Ferrand, Créteil, Dijon, Nanterre, Nantes, Poitiers, Rouen, Strasbourg, Villeneuve d’Ascq.

III- LA CULTURE PRÈS DE CHEZ VOUS Ce projet consiste à faire voyager des œuvres d’art une dans des territoires qui n’en ont pas ou peu, «hors des grandes métropoles, dans des villes moyennes, des centre-bourgs, des zones rurales ». La Ministre a donc fait établir un Catalogue des désirs, en juin dernier. Pour résumer, des œuvres des collections nationales sont proposées à de territoires jugés « défavorisés pour la culture », comme certains territoires ruraux, cœurs de ville désertés ou quartiers prioritaires. Des partenariats sont établis entre élus, associations et institutions culturelles pour un prêt d’œuvres d’une durée de six mois à un an. A ce jour, trois projets d’itinérance sont programmés et dix autres engagés, dit Localtis dans son suivi.
On ne peut que douter de tout ce que sous-tend ces mesures : les élus (36 000 maires !)sont-ils à ce point inconséquents qu’il y aurait, comme pour le téléphone, des zones blanches, des déserts culturels, en France ?Si l’on parle de bâtiments et d’oeuvres, on sait qu’il y a 8000 musées en France, qui tous peuvent emprunter ou faire des expositions temporaires, ce dont ils ne se privent pas.On a connu les muséobus, les mallettes pédagogiques et autres moyens pour assurer l’itinérance des objets culturels jusqu’à ce que ce ne soit plus demandé… D’autres élus préfèrent les événements, et plus de 20 000 festivals ou événements ont lieu chaque année. Est-ce enfin à l’Etat de « prescrire », et avec quels critères ? La Culture immatérielle – nos façons de vivre, de penser et nos habitudes ! – fera-telle partie de l’itinérance ? Les Big Data, avec plus de 600 000 œuvres mises en ligne au Rijsksmuseum, et des millions d’oeuvres en accès libre et HD aux Etats-Unis, n’est ce pas ce qui pourrait favoriser la connaissance ? Enfin les gens bougent, voyagent, et d’autres applications leur assurent une information géolocalisée, pourquoi fait-on comme si tout cela n’existait pas ?
PRÈS DE CHEZ VOUS MAIS SANS VOUS ? : aujourd’hui, demander des avis avant de commencer toute action, co-créer une offre est tout de même un sine qua non de la réussite, pour la culture plus que d’autres domaines, faut-il le rappeler ? De plus en plus de musées font ce travail d’associer les visiteurs à leurs décisions et projets et l’offre s’enrichit de réflexions, de leurs avis et de leurs propositions ! Bref, les choix du haut vers le bas, avec la condescendance et un certain mépris des désirs des citoyens, sont-ils encore possibles ? Personnellement, je ne le crois pas : « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?» a toujours été ma première question dans les quartiers défavorisés! Ne jamais vouloir faire le bonheur des gens malgré eux…
– Source : Ministère de la Culture et surtout l’analyse de Localtis, la Culture près de chez vous/ Caisse des Dépôts et Consignations, avec, ICI, un excellent article!

CONCLUSION sur les PROJETS ÉTATIQUES : ces trois projets ont, hélas, été pensés par « en haut », avec l’inévitable «phase test» pour expérimenter leur faisabilité ou l’adhésion des populations. C’est vraiment curieux, à une époque où associer les visiteurs au choix des projets en les sollicitant sur leurs propres idées – de quoi ont-ils envie ? – est devenu une évidence. Rendez-vous dans dix ans, peut-être, pour voir ça?
Enfin ces objectifs de démocratisation culturelle sont tous régulièrement repris par tous les gouvernements de Gauche comme de Droite, depuis le Front populaire. Tous, car aucun plan, projet ou programme de « démocratisation » n’a réussi! Sans doute parce que le véritable blocage vient de ce que nous avons une politique de l’offre, décidée par « en haut » à laquelle on veut que tout le monde adhère. Il faut donc plaider en permanence la validité de ces choix,  les expliquer avec les partenaires qui les financent -éducation nationale, collectivités territoriales, pour mieux les justifier. Bref, depuis la décision de de Gaulle de créer un ministère de la culture, son objectif majeur, édicté par André Malraux, n’a peut être pas  été atteint : s’adresser au public le plus large possible. Il est vrai que c’était assez vague…

Alors, espérons encore et surtout avançons en quittant ces routes officielles! Car il y a encore plein d’initiatives passionnantes qui naissent chaque jour sur notre territoire,  chez nos voisins européens ou à l’autre bout du monde. Echangeons, partageons ces milliers de projets innovants chaque année, voilà les pistes intéressantes, suivons-les ensemble!

  • Belle Photo du haut, les deux enfants  : « Rendez-vous amoureux »de l’artiste Zabou,  Street Artist française, réalisé dans le quartier de Bethnal Green Green à Londres- 22 décembre 2015- Image sous licence Creative Commons  CC BY-SA 4.0.
  • POUR EN SAVOIR PLUS
    Budget du Ministère de la Culture 2019 : ce budget stagnera en 2019, selon l’analyse Localtis, à voir ICI !
    avec 9,729 milliards inscrits au PLF 2019 (dont les 20 millions de recettes du Loto du patrimoine…) (cf.. 9,725 milliards d’euros en loi de finances initiale pour 2018)
    – Le secteur de la culture gagne +0,5% (3,632 milliards d’euros) tandis que la mission communication baissera très légèrement avec l’audiovisuel public (3,860 milliards d’euros et -0,9%) ; les taxes affectées au CNC augmentent de 0,3% (679 millions)et les dépenses fiscales sont stables (1,482 milliard). .
    *On peut aussi y ajouter les 4,185 milliards d’euros (+0,7%) de dépenses culturelles de autres ministères.
    Pour vous amuser : j’ai retrouvé ce générique de « Lectures pour tous »,   qui date de 1959. Et non, ce n’était pas « mieux avant »! Ce générique est d’un barbant absolu!

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KEN LE TOURISTE PARFAIT était en plein boom! Il hésitait à s’installer en Europe. La Principauté de Monaco lui plaisait bien, mais Cannes aussi, avec son Maire intelligent et son Festival pour y revoir ses amis américains. Sa vie de Touriste Parfait l’incitait à choisir Monaco (Ses voyages fréquents, deux tours du monde par semaine, ses Affaires…)mais mieux valait demander l’avis de son ex, la très sage Barbie Chérie, qui répondit : «Cannes, sans hésiter, ils font de l’éducation artistique et culturelle à 100% et je vais m’y inscrire ! ».