Innovation culturelle et transformation des villes

L’interaction de l’art et de la technologie dans l’espace public peut nous engager de différentes façons, et voici aujourd’hui trois expériences à vivre, partager et raconter : des murs animés, des balançoires musicales et les escaliers en forme de piano magique!

– Rapprocher les habitants et les touristes est l’un des paris du Tourisme durable, et la Culture y répond souvent de façon positive : partager une création artistique, jouer, expérimenter le monde « autrement » est toujours une surprise et un plaisir à goûter seul, entre amis ou en famille mais aussi plus collectivement, entre voyageurs, pour faire connaissance.
– Les artistes, vous pourrez le constater sur ces très courtes vidéos, nous proposent une nouvelle relation avec l’espace public, une nouvelle utilisation d’un mobilier urbain car eux-mêmes ont déjà trouvé quelques réponses de transformation de l’espace urbain.
Merci à Hugh McElveen et bravo pour son très bel article « Transformation : numérique et art dans un environnement urbain ». Merci à Fabrice Thuriot, Biljana Mickov et Jean-Michel Tobelem pour leur bel ouvrage (276 pages) : Innovation culturelle et transformation des villes, dont je reprends le titre pour ce billet. (Ouvrage paru en mars 2019 aux éditions de l’Harmattan , édité aussi en ligne).

1- REGARDER SWEATSHOPPE: Faites-vous même votre œuvre d’art sur les murs ! Des graffitis de lumière, donc éphémères, ou comment l’ordi et la lumière ont remplacé les pinceaux ou les bombes, et les couleurs !

SWEATSHOPPE Kollage Kiosk from SWEATSHOPPE on Vimeo.

Sweatshoppe (Blake Shaw et Bruno Levy)Lien de la vidéo au cas où…
Analyse de d’ Hugh McElveen (extrait) : « Le duo multimédia utilise des performances vidéo interactives pour projeter des images en évolution rapide « peintes » sur les murs et les unes sur les autres en temps réel. Leur travail, axé sur la technologie, est une relation symbiotique entre l’art et la technologie. Ils font valoir que les façades architecturales augmentées deviennent une plateforme sociale interactive. »Chacun pourra s’exprimer et répondre à un message…
2- INTERAGIR : « 21 BALANÇOIRES est une installation de balançoires dans l’espace public, et plus il y a du monde sur les balançoires , plus le son devient fort, prenant, , et, parait-il, plus les personnes qui participent passe du rôle d’observateur passif à celui de un collaborateur actif. « Un sentiment de communauté et de propriété de l’espace » voit le jour (cf le journal « Tous Les Jours »,
Durée : 0 :37mn-Lien de la vidéo ICI sur Youtube.

– Vivez une expérience de collaboration musicale : le balancement produit une note et la participation de tous fait naître une mélodie !” Les 21 Balançoires ont été conçues sur mesure pour la promenade des Artistes du Quartier des spectacles. Cette œuvre a été créée par Daily  en collaboration avec Luc-Alain Giraldeau, professeur de l’UQAM, spécialiste du comportement animal, et Radwan Ghazi Moumneh pour la mise en musique de cette installation ludique.
Les oscillations sont reliées aux capteurs et, lorsque la balançoire déplace chaque capteur, une note musicale unique est jouée. Pour faire des mélodies, les participants doivent coopérer avec leurs mouvements. Les collaborations se produisent à travers les âges et les cultures, créant des interactions sociales qui ne se produiraient pas normalement. Plus les gens se balancent, plus les mélodies deviennent complexes et plus la coopération devient l’un des objectifs de l’espace public. »

3- UN  ESCALIER -PIANO ! « Piano Stairs » de Fun Factory, le public devient le compositeur.(1 :47 mn)

L’objectif était d’encourager l’utilisation des escaliers: pari réussi, d’après la vidéo (Lien YouTube au cas où).  ! L’escalier à côté de l’escalator de la station de métro d’Odenplan, à Stockholm, fut transformé en un clavier géant avec pour chaque marche, un capteur placé sous un revêtement noir ou blanc qui ressemble à un piano. On peut donc influencer les passants et surtout les « faire jouer » sans risques et les arts audiovisuels contribuent à transformer l’utilisation de l’espace public. Se pose la question, comme le dit Hugh McElveen,  de transformations qui deviendraient durables et créeraient du lien. Politiquement, « en créant des communautés plus fortes et de nouvelles relations entre les citoyens, quels sont les problèmes sociaux qui pourraient en résulter ? ». De quoi réfléchir pour l’été! Lien  pour The Fun Theory sur Facebook.

L ‘ARTICLE DE HUGH MC ELVEEN Sans doute parce que l’auteur de l’article est lui –même un artiste qui a beaucoup travaillé comme éducateur sur l’exclusion sociale et connait les limites de l’espace « public », j’ai bien aimé ce qu’il a retenu qui fédère plutôt que d’exclure. Non seulement ces dispositifs rassemblent, mais, au-delà des habitants « entre eux », ils peuvent aussi relier des habitants avec et ceux du monde entier, un peu partout, à la ville comme à la campagne.
– Et puis l’article ne se limite pas à des exemples d’intervention de l’ art et de la technologie dans l’espace publiccar il analyse aussi ADVENTURE 1, de La Coney Theatre Company de Londres, qui explore la place du citoyen dans la société contemporaine et les sources de pouvoir et de surveillance ; « Fally Like Ash » (Cartographie- fusion de la lecture virtuelle et physique de l’espace et de la relation en une seule expérience pour explorer le chevauchement entre les deux mondes). 3- Les « Soundcities » de Stanza l (Le public apporte des sons à un site Web de base de données open source). 4- « A Fork In The Road » de Pan Studios, qui demande aux participants d’effectuer des choix en réutilisant le réseau routier urbain existant. 5- « Fallenfruit.org »qui « encourage tout le monde à récolter, cartographier, planter et échantillonner des fruits publics. »

CONCLUSION :  ET DEMAIN ? demande Hugh McElveen, qui répond : « Des artistes comme « Sweatshoppe » sont à l’avant-garde des développements techniques en adaptant les techniques existantes pour créer de nouvelles formes d’expression. Dans d’autres domaines, de nouvelles technologies telles que la réalité augmentée et l’intelligence artificielle ont commencé à transformer notre relation avec l’espace public et avec autrui. » Et il nous met en garde sur un point peu évoqué hors milieu professionnel : quand on conçoit une expérience, un objet ou une application : penser au pire ! « Le jeu Pokemon Go montre que les développeurs n’ont pas envisagé ses utilisations antisociales […] Cependant il semble que ces développements commencent à aller plus rapidement que la société civile ne peut les intégrer. Or les développeurs doivent penser au-delà des paramètres d’utilisation légitime ».
ET VOUS, mes amis, COMMENT VOYEZ VOUS DEMAIN, pour les Transformations du numérique et de art dans leur environnement et leurs interactions sociales? Partageons de nouvelles expériences, de nouvellees analyses, nos espoirs ou nos craintes, ce peit blog est fait pour ça! 

POUR EN SAVOIR PLUS
1- « Transformations : numérique et art dans un environnement urbain »est le titre de l’article d’ Hugh McElveen auquel j’ai emprunté les trois exemples. Cet article est situé pp.203- 216 à la fin de l’ouvrage à la fin de l’ouvrage « Innovation culturelle et transformation des villes »

2- INNOVATION CULTURELLE ET TRANSFORMATION DES VILLES – par Fabrice Thuriot, Biljana Mickov – Collection Gestion de la culture dirigée par Jean-Michel TOBELEM.
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur : Chaque ville innove et se transforme selon son cycle de développement. En effet, toute ville possède des capacités et des ressources humaines, matérielles et symboliques qui lui permettent de devenir ou redevenir une ville innovante. Des innovations ne sont pas forcément des nouveautés mais avant tout de nouvelles façons de voir les problèmes et de les traiter. Elles peuvent être favorisées par des visions, des projets, des musées, des festivals, des centres (socio)culturels, des aménagements urbains, l’architecture, le patrimoine… De l’Europe au Québec, cet ouvrage croise les cultures slaves, latines et anglo-saxonnes dans des approches globales ou spécifiques de la créativité de la ville.
3- PRÉSENTATION DES DEUX AUTEURS DE L’OUVRAGE ET DE HUGH MCELVEEN : Biljana Mickov est chercheuse en politiques culturelles. Elle est rédactrice en chef à l’Institut de la culture de la province autonome de Voïvodine, en Serbie. Fabrice Thuriot est chercheur en politiques culturelles au Centre de recherche Droit et Territoire de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, en France. Hugh McElveen a été artiste visuel et éducateur pendant 20 ans Il enseigne les études critiques au Moyen-Orient et travaille sur un projet de film documentaire. Ses travaux portent sur les citoyens marginalisés et leur rôle dans leur propre représentation, tandis qu’avant tout Hugh travaille sur la calligraphie et le son asiatique.s
Broché – format : 13,5 x 21,5 cm ISBN : 978-2-343-16797-8 • 18 mars 2019 • 276 pages -EAN13 : 9782343167978 -EAN PDF : 9782140116988 –EAN ePUB : 9782336867755- Licence accordée à Evelyne LEHALLE ip:2.15.212.190
NOTRE PHOTO Illustration de couverture : © Kevin Abosch. Détail de “ManhattanProxy” (2018) de Kevin Abosch Maquette de collection :Rachel Dudouit Editions de L’Harmattan, 2019- ISBN : 978-2-343-16797-8

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KEN LE TOURISTE PARFAIT était enchanté de ses vacances : balançoires musicales, escalier-piano, graffitis virtuels : il avait enfin de quoi rêver, penser, s’amuser. Il sirotait son jus de pamplemousse tout en élaborant divers scénarios pour contrer la future crise économique ( Ken est un  touriste Parfait donc il ne doit jamais perdre le nord…) quand son ex, Barbie Chérie, fit une superbe entrée dans son nouveau maillot de bain « Il te plait ? »… S’il répondait seulement OUI !, ça ne suffirait pas….

Do You Speak Tourist?

Communiquer avec le monde entier
Culture, Tourisme et Numérique permettent de créer un dialogue entre les offres culturelles et les visiteurs, mais aussi entre les visiteurs entre eux ! – Pour favoriser ce dialogue, préparer la rencontre et mieux connaître les touristes et  leurs attentes, le Comité régional de l’Ile-de-France a toujours d’excellentes idées. Je viens de recevoir, et merci au CRT! – leurs deux nouvelles publications, et vous les présente dès aujourd’hui tellement elles sont, à mon avis, parfaites!
Do You Speak Tourist, décodeur de points  de vue,  est dédié aux conditions de l’accueil et vous  présente les “tics” de 18 nationalités,avec ce que chacune  aime ou déteste.   (Les sud-coréens sont hyper connextés et adorent les “visites de quartiers” ou  les visites de monuments et de musées (99%, +15 points par rapport à la moyenne); les  indiens sont impatients et détestent attendre ; les italiens sont fous de visite culturelle (86,8%) et un peu boulimiques d’activités;  les Mexicains sont fans de Parcs et Jardins et les néerlandais sont bon public (98% de “satisfaits”, etc…).Et Explorateur de tendances, repères de l’activité touristique 2019, vous aideront dans vos choix.

I- DIALOGUER AVEC DES ÉTRANGERS, l’apport précieux du tourisme
1- Objectif : mieux accueillir et mieux connaître les visiteurs ou ce qu’apprécieront les visiteurs étrangers est déjà le début du voyage culturel.
– Le tourisme, rappelons-le, c’est d’abord vouloir rencontrer d’autres personnes qui ont une éducation et une culture différente de la vôtre, et qui vous renvoient, en miroir, une image nouvelle de votre façon de vivre. Voilà ce qu’apporte de très précieux le tourisme, même si les journaux préfèrent vous montrer des reportages sur l’overtourisme à longueur d’année.
Le CRT, Comité régional du Tourisme de Paris Région préfère créer des outils pour aider les professionnels du tourisme à rencontrer, à mieux comprendre l’autre, son point de vue, et sans doute, à participer à une entente mutuelle des habitants du monde.

2- REPÈRES , EXPLORATEUR DE TENDANCES, est une publication qui dresse le bilan de l’activité touristique de la destination Paris Île-de-France, pour mieux connaître et comprendre les enjeux et mieux répondre aux attentes des visiteurs en leur proposant une offre adaptée et renouvelée. Les outils sont simples : données récentes de cadrage et données sur le nombre, l’origine ou les profils des visiteurs ; évolutions des fréquentations culturelles et des activités pratiquées.
En 2018, la destination Paris Île-de-France a accueilli 50,1 millions de touristes qui ont généré 191,9 millions de nuitées et 21,7 milliards d’euros de recettes.

II-  Beau résultat : LA VISITE CULTURELLE, PREMIÈRE DES ACTIVITÉS des touristes étrangers !
Les visites de musées et monuments (72,1%), les promenades en ville (68,9%) et le shopping (40,7%) sont les 3 principales activités pratiquées par les touristes étrangers pendant leur séjour.
La grande majorité des visiteurs sont déjà venus à Paris (Près de 8 touristes sur 10 (79,3%) sont déjà venus au moins une fois à Paris Île-de-France au cours des 5 dernières années et près de 7 visiteurs sur 10 (68,6%) souhaitent y revenir d’ici 1 à 2 ans. Et ils sont ravis du voyage : « Plus de 9 touristes sur 10 (92,0%) sont satisfaits de leur séjour ».
a)- Visite Culturelle des étrangers et des français : plus les étrangers sont éloignés, plus ils sont adeptes des visites culturelles des musées et des monuments ; dans ce sens les visiteurs français sont moins adeptes de cette visite « musées/monuments, , devancée par la promenade en ville, déjà hautement culturelle ! .
b) La visite culturelle des étrangers est  la première de leurs activités  : les visites de musées et monuments (84,0 %, +11,9 points), les promenade sen ville (74,9 %, +6,0 points) ainsi que les visites de parcs et jardins (53,9 %, +15,1 points) sont les 3 principales activités pratiquées par les touristes pendant leur séjour ; les marchés et brocantes (15,4 %, +3,4 points) et les visites guidées de quartiers (10,2) .Près des trois quarts des touristes internationaux (74,3 %, +15,9 points) ont ainsi réalisé plus de 3 activités, avec une moyenne de 4,3 activités (Données du CRT).
c)) Visite culturelle des français : Les promenades en villes (63,5%), les visites de musées et monuments (61,4%) et le shopping (33,5%) sont les 3 principales activités pratiquées par les touristes français pendant leur séjour. (Données CRT).

d) quels moyens d’information et de réservation : rappelons, pour les opérateurs culturels qui aimerait recevoir des visiteurs ou en recevoir davantage qu’ils ne le font, que les sites Internet sont toujours les premiers outils (51,3 %, +3,6 points) les hébergeurs en direct (22,2 %, -3,0 points) ainsi que les agences de voyages et tour-opérateurs (19,4 %, +3,9 points) sont les principales sources d’information pour la préparation du voyage.

III- VU DANS LES PUBLICATIONS !
Voici des collectors. Non seulement les deux petits ouvrages regorgent de renseignements précieux, mais il me semble que voilà quelques données de base qui seraient nécessaires dans chaque grande ville, en France, et aussi chaque département ou région. Mettre ces données en ligne pour chaque territoire, pour les acteurs, serait la première source de progrès pour que Tourisme et Culture travaillent ensemble, avec leurs amis du Numérique !

1- Les 18 nationalités des touristes étrangers étudiés à la loupe (Décodeur de Points de vue)  sont les suivantes: 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2-Document-culte,  trouvé sur un site du Tourisme Suisse, “Monitoring du Tourisme Suisse, 2017″, qui se réfère à l’étude des clientèles( visiteurs”, en langage”culture”) du CRT Ile-de France de Guide Do You Speak Tourist!  Si les Suisses, qui font tout bien, empruntent un document aux français, , c’est la gloire! (Et en plus, vous pouvez l’imprimer, j’ai vérifié, c’est ok!).

EN CONCLUSION : encore un immense bravo au travail important que réalise chaque année le CRT de Paris-Ile-de-France. Pro.visitparisregion.com. Ce petit article ne donne d’ailleurs un exemple, mais en visitant le site du CRT régulièrement vous découvrez la plus belle des boites à outils du tourisme culturel en France avec des projets bien construits (Impressionnisme) et des études thématiques indispensables.
Evidemment je n’oublie pas qu’un grand nombre d’élus et pros de la Culture n’aiment pas trop « personnaliser » une proposition, sauf pour les enfants et les jeunes en difficulté. Mais cette universalité supposée de la Culture a des limites car, à ne jamais vouloir prendre en compte les particularités de chacun, les acteurs ne proposent que ce qui leur plait, et ils créent cet « entre-soi » d’une offre partagée entre les mêmes, des gens qui leur ressemblent, plutôt plus riches et plus diplômés que la moyenne nationale, en France, soulignait déjà Bourdieu en 1964.
guère Enfin  tout cela est en train de changer, car les usages  numériques ne permettent guère ces approches querelleuses, car ils sont avides de données précises que l’on ne peut la refuser au nom de l’universalisme.

POUR EN SAVOIR PLUS
Etude sympa trouvée sur le site du CRT : Tourisme dans les métropoles mondiales : quel positionnement de Paris Ile-de-France face à ses concurrentes ?
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA FRÉQUENTATION TOURISTIQUE INTERNATIONALE  de la  Région d’Ile-de-France : La fréquentation touristique internationale (pdf – 2,98 MB) Avec 22,2 millions de touristes internationaux en 2018, les clientèles internationales progressent de façon importante et représentent plus de la moitié des nuitées de la destination Paris Île-de-France. Les visites de musées et de monuments peuvent représenter parfois plus de 84% des activités pour certaines nationalités du tourisme international.

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Ken joue à se reprographier en 3D. L’est bête….

KEN LE TOURISTE PARFAIT  était non pas en vacances,  mais en “étude des vacances”  aux Emirates : qui y allait ou devait y aller ? Quelles activités étaient souhaitables? Qu’est-ce qui n’existait pas encore? Il avait donc créé, en plus d’une centaine d’hôtels très haut de gamme, des circuits automobiles et des spas par dizaines, pour que les touristes y viennent nombreux, et énormément de  magasins pour un shopping  international. 

  • Mais Ken, lui dit d’un air las son ex, Barbie Chérie, “tes” touristes vont s’ennuyer terrriblement, à part les garçons jeunes et sportifs!
  • ”  Et tu suggères?, répondit Ken qui s’attendait à une invasion de musées, adulés par Barbie…   
  • Copie Paris!“, lui lança Barbie.
  • OK, ça se tenait, mais comment faire? 

Chiffres clés : financements culturels en France, 2019

Comme promis, nous terminerons aujourd’hui ce chapitre du bilan culturel 2018 par les financements de la Culture, avec les chiffres–clefs publiés cette année par le ministère de la Culture et de la Communication.
– Rappelons les bonnes nouvelles  pour 2018, détaillées dans mon billet de la semaine dernière  :  « Une fréquentation exceptionnelle des sites muséaux et patrimoniaux ; un vrai dynamisme du spectacle vivant, une progression des dépenses que les Français consacrent aux sorties culturelles (+6 %)”. Signalée aussi, sans surprise, la hausse spectaculaire des consommations culturelles en ligne, avec une offre culturelle toujours plus abondante et internationale et un appétit de tous pour pour une culture ouverte, diverse et qui se transforme sous l’influence des technologies et des usages numériques.(Notre tableau ci dessus: au beau milieu de la production et vente de tableaux, une belle toile de  Willem Van Haecht, Peintre et Conservateur néerlandais qui travailla de  1608-1637 (104,9 cm X 149,5 cm). La toile est  nommée “Atelier Van Appelles Campaspe” (Photo Wikipedia, CC BY -SA 3.0).    

I- LES CHIFFRES-CLÉS DU FINANCEMENT DE LA CULTURE
A- LES SOURCES DE FINANCEMENT
1- LE SECTEUR PUBLIC ,  l’Etat et les Collectivités territoriales  avec les Régions, Départements et les communes et leurs groupements ; les départements et régions ont cependant moins  de compétences en matière culturelle que les communes, mais ils se rattrappent, ces dernières années, avec  celles du numérique, bien plus importantes qu’il y a dix ans.
2- LE SECTEUR PRIVÉ, soit les ménages (vous et moi…) et les entreprises.
Ces financements sont aussi soutenus par des dépenses fiscales (1,5 milliard) et certains taux réduits de TVA (Presse, nouvelles création artistiques, livres, cinéma, marché de l’art, etc… )
– Le mécénat culturel des entreprises et particuliers représente 25% du mécénat en France, lequel  était évalué à    2 milliard€ en 2017) ; cependant  les chiffres disponibles varient pour la culture en fonction du périmètre (L’Admical,la plus fiable,  anonce des chiffres pour « patrimoine et culture » en 2018, utilisant les chiffres de 2017).

B- VOLUME et attribution des financements
1- FINANCEMENT PUBLIC :17 milliards (3,6 +4,4 +8,7, voir ci-dessous )
Le ministère de la Culture promet 3,6 milliards en 2019, les autres ministères contribuant pour 4,3 milliards, 60% de cette somme venant du ministère de l’Education nationale.
Pour ces « 3,6 milliards du ministère de la Culture, plus d’un tiers (1,2 milliard) subventionne ses 70 opérateurs culturels (Etablissements publics et services de compétences nationale), et la moitié de la somme est absorbée par 6 établissements : Bibliothèque nationale de France, Opéra de Paris, Musée du Louvre, Universcience (Cité des sciences et de l’Industrie  de La Villette et Palais de la découverte,  pour les intimes) INRAP (Institut national d’archéologie préventive) et Centre Georges Pompidou. Tous à Paris! Vous avez dit “centralisation”?

2) LES AUTRES MINISTÈRES contribuent, au niveau de l’Etat avec 4,4 milliards d’euros, comme suit  :
Le ministère de l’éducation nationale avec donc 60% de cette somme (Education artistique et culturelle ; personnels; sorties scolaires, ateliers de théâtre ou options culturelle…) ;
Le Ministère de la Recherche finance les 140 bibliothèques universitaires, éducation artistique et culturelle, rémunération des professeurs d’art…)
Celui des Affaires étrangères finance toutes les actions de coopération culturelle à l’étranger, les 492 établissements scolaires à l’étranger, et contribue au fonctionnement des 380 alliances françaises et bureaux de l’Institut français.
Le ministère de l’Intérieur finance la décentralisation des bibliothèques (88M€ en 2019). D’autres ministères financent leurs propres musées nationaux (Marine, Armées aux Invalides, Air et Espace au Bourget …) ou des actions cofinancées (Agriculture, Cohésion des territoires et politique de la ville).

3) LES AUTRES COLLECTIVITÉS territoriales publiques  : villes et leurs groupements, régions et départements dépensent 8,7 milliards (Chiffre 2017), soit 131 euro par habitant. La plus grande partie (80%) étant celle des communes, qui ont plus de 80% des compétences culturelles, (Livre, lecture, éducation artistique, sites et événements culturels…)

II- PROFESSION CULTURE ! On compte plus d’un million d’emplois : 595 100 e professionnels et 635 000 actifs d’autres métiers (administratifs, comptable..) , actifs qui travaillent  dans les différentes filières culturelles.  On entend par professionnels les artistes, régisseurs, journalistes, écrivains, architectes, vidéastes , cinéaste, conservateurs du patrimoine, directeurs de sites et organismes culturels et leurs équipes, mais aussi les artisans d’art et stylistes de mode (Voir les nomenclatures sur les Chiffres-clefs).
Tout le monde culturel est-il à Paris ? Pas encore, mais une forte inégalité perdure, pour la répartition territoriale, comme pour le nombre de sites et d’évènements culturels, et pour les subventions. Constatons  que presque 40% des professionnels travaillent en Ile-de-France, région qui ne compte  pourtant que 20% des habitants de notre pays (Plus de détails en suivant les publications et conférences de  l’excellent Jean-Michel Tobelem, dont ” La Culture pour Tous” de 2016.  Et  plus de chiffres dans les chiffres-clefs,  ici)

Le prêteur et sa femme, par Quentin Metsys, 1515 . Parfois appelée le Peseur d’or et sa femme, ou le Banquier et sa femme, conservée au Louvre. (Photo Wikipedia, CC BY -SA 3.0)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III- LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES STAGNENT…Malgré ce dynamisme des pratiques, le poids économique direct de la culture ne progresse plus depuis 2013, et, en baisse régulière depuis 2003 où elle valait 2,5 %, , le chiffre s’est stabilisé autour de 2,3 % de l’ensemble de l’économie. En 2017, le poids économique direct de la culture, c’est-à-dire la valeur ajoutée de l’ensemble des branches culturelles, était  de 47,5 milliards d’euros.
Comment mesurer le poids de la culture dans l’économie ? est, depuis la grande étude des années 2007, hélas non poursuivie une pratique trop rare en France . (Source : Comment mesurer le poids de la culture dans l’économie ? Laure Turner, Deps Coll. Culture chiffres, 20 p., mai 2019)Voir ICI le résumé page 12 à 18.

IV- INVESTIR DANS LA CULTURE ? La dernière étude que j’ai lue, « Investir dans la Culture », est italienne et concerne l’impact économique de 14 évènements culturels italiens ; elle a été  réalisée par Rsm-Makno/ Italia-Confcommercio . Leur conclusion, pour encourager le mécénat : « un euro investi dans un événement culturel génère 2,65 euros dans l’économie locale et un important impact social (emplois, mais aussi énormément de valeurs non chiffrées : lien social, valeur, convivialité, communication, différenciation, éducation……). Voir le résumé des résultats de cette étude , ici .
“Le patrimoine seul ne suffit pas à créer du développement”(Conférence Ag/Cultura, bras armé de leur presse culturelle institutionnelle, 13 juin 2019),  disent aussi les italiens, qui ont cartographié leur pays avec :
-les régions et départements “très culturels” qui ont des offres déquipements /événements” matures” et n’ont guère besoin d’ingénierie (7 provinces, soit 9% du territoire) )
– les zones moyennes qui auraient besoin d’améliorations (18 provinces, soit 15% du territoire)
– celles qui “malgré la cohérence du patrimoine culturel, restent encore “en sommeil” dans la gestion et le développement culturel.
– Leur conclusion insiste sur les valeurs sociales de la culture:   “C’est grâce à la culture qu’est définie et construite l’identité d’une communauté avec ses transformations sociales, économiques et environnementales. C’est avec la culture que se construit l’avenir. Le Troisième Secteur créatif joue un rôle important dans la définition de nouveaux modèles de développement capables de lutter contre les inégalités territoriales et de générer du développement et de l’emploi, en particulier dans les régions où vivent les personnes les plus fragiles de notre pays ” , dit Maurizio Mumolo , directeur du Forum national du tiers secteur. En France,

En conclusion, nous manquons,  en France, d’observation et d’étude de ces retombées, comme le font les anglais, par exemple, pour améliorer leurs offres chaque année. Le Nord de la France est l’une des rares régions à bien communiquer l’impact des événements culturels, par exemple :
– Lille 3000 : 1.597.000 participants, et près de 150 millions d’euros de retombées,
– Le Main Square Festival d’Arras : 125 000 visiteurs, 1 million d’euros de retombées.

Avenir à court terme : pour le Mécénat, une nouvelle  loi est en préparation, en France, suite aux abus constatés qui étaient rendus possibles grâce à la loi précédente : sur 70 000 entreprises, une trentaine seulement bénéficiaient des trois – quarts des allègements fiscaux, évidemment de  très grosses entreprises. Par exemple, le musée de la  Fondation LVMH ( appartenant à  Bernard Arnault, milliardaire ) a été très soutenu par de l’argent public, à hauteur de 60% et  coûté sept fois son coût prévisionnel. Mêmes désordres pour les “contreparties du mécénat”, qui peuvent atteindre 25% du don et servent souvent à des entreprises à redorer leur blason, (Expo sur le Guatemala au Quai Branly en 2010; double expos  Vuitton au Grand Palais en 2015, dont l’une entièrement “publicitaire”; don du photographe coréen (2, 5 millions) qui était en fait un criminel – jugmentt en cours,  au Château de Versailles en 2014 . Enfin le financement privé de type sponsoring philanthtopique est aussi combattu par la société civile  et le  collectif PAIN (Contre  Total pour les JO 2024 ou contre Sackler(Le Louvre, Londres, le Musée Guggenheim de New York…). Mes sources : France- Culture, la bonne émission du 24 juillet 2019:  “Soixante ans après Malraux, la privatisation de la culture”.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Changeur, de Rembrandt (1606-1669), appelée aussi “The Rich Man” ou “La parabole du fou riche”! 31,9cm X 42,5 cm Gemäldegalerie ,  Berlin. L’ oeuvre a été peinte entre 1625 et 1669. (Photo Wikipedia, CC BY -SA 3.0)

MES CONCLUSIONS 
Quel nouveau modèle économique inventer quand chacun accède à sa musique ou sa  série préférée dans le creux de sa main ? Dans le grand bouleversement numérique en cours, les secteurs de la culture sont encore nombreux à chercher un modèle économique qui assure une rémunération juste de l’ensemble des acteurs (auteurs, éditeurs, distributeurs, diffuseurs physiques et numériques).
– Et , par exemple, comme le disent les Chiffres-clés du ministère, “la musique enregistrée tire, pour la première fois en 2018, majoritairement ses revenus de la musique en ligne, ce secteur est loin d’avoir retrouvé les conditions économiques qu’il connaissait avant le tournant numérique, malgré des consommations musicales en hausse constante“.   Ajoutons que si la multiplication des  concerts compensent, par exemple, la baisse des ventes de la musique enregistrée, la concurrence mondiale devient de toute façon  un très fort frein au développement. Un seul chiffre : 60% de l’ensemble des revenus de billetterie mondiale de la musique sont réalisés par 1% des artistes sur scène. En 1982,les billetteries de concerts-phares de stars ne représentaient que 25% des recettes….

Ajoutons pour conclure,  en citant l’excellent Michel Guerrin (Le Monde), que nos  Festivals, souvent sous statut d’ associations Loi 1901 à but non lucratifs, doivent faire face  à des Festivals « organisés par les multinationales de l’industrie musicale comme AEG, Vivendi ou Live Nation, qui, avec un nombre d’artistes sous contrat et des moyens colossaux, ne facilitent pas la vie aux autres festivals »
Le défi pour les politiques publiques sera donc  d’accompagner l’évolution en cours – du web à la concurrence de nouveaux acteurs du monde…- et de veiller à ce que la valeur économique créée par cet appétit de culture bénéficie à l’ensemble des acteurs de ces secteurs et des habitants qui en sont souvent les financeurs.

POUR EN SAVOIR PLUS
– Les Chiffres-clés 2019 du Ministère de a Culture ont été co-édité par le Ministère de la Culture, Département des études, de la prospective et des statistiques et les Presses de Sciences Po.
ISBN : 978-2-72-462425-06 14 € [parution le 13 juin 2019]
– OÙ trouver ces chiffres-clés ? Suivre le lien du Ministère de la Culture, Département des études, de la prospective et des statistiques / (En vente en version papier aux  Presses de Sciences Po, 13 juin 2019, 14 €) , et sur ce liens vous pourrez télécharger tout ou partie des résultats.

L’impact économique de la culture : réel défi et fausses pistes Par Emmanuel Négrier et Marion Vidal Pour la revue Economia della Cultura n°4, 2009, p.487-498 Il Mulino (11 pages)  – Étude nationale des retombées économiques et sociales du patrimoine, géniale étude , en 26 pages, ICI 
–  Quand la France se « festivalise », Chronique du journal le Monde de Michel Guerrin, 13 juillet 2019 ou encore, sur les dérives du mécénat actuel (Depuis la possibilité de voir votre nom en lettres dorées comme donateur ( pour les Ego surdimensionnés!) au milliard que coûte chaque année aaux finaces publiques  la défiscalisation  du mécénat.
– ET MON PETIT PPT 2017 ! Renforcer les Synergies entre patrimoine, culture, tourisme de l’ATELIER : RETOMBÉES ÉCONOMIQUES de la CULTUREImpact et activités économiques d’un équipement culturel, pour la Région Occitanie-Toulouse, Cité de l’Espace, 25 septembre 2017 Evelyne Lehalle, Nouveau Tourisme Culturel
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Ken  et ses anciennes photos de vacances : ici à Angers, à l’expo Manufactures Nationales et création artistique (2010!)

KEN LE TOURISTE PARFAIT était-il encore au travail, déjà en vacances ou de nouveau au travail? Celles et ceux qui me font l’honneur d’aimer ce petit blog depuis des années  connaissent  la réponse ! Car  notre Touriste « parfait » est devenu leru ami, ce chevalier ,  sans peur et sans reproche, comme un certain  Bayard, Pierre Terrail de son vrai nom. Ken portait donc haut les valeurs de la chevalerie française de la fin du Moyen Âge, à Los Angeles, en 2019. Une des devises du Chevalier Bayard était « Accipit ut det » : il reçoit pour donner ! Ce petit blog de Ken a la même devise, alors, envoyez des idées, partageons et réfléchissons tous ensemble, mes amis !

Á LA SEMAINE PROCHAINE,  MES AMIS,  ET PROFITEZ BIEN DE LA VIE EN ATTENDANT :-)))