Vive les Corses!

En Corse, un grand travail est en cours depuis six mois pour parvenir à mieux gérer la surfréquentation de l’Ile à partir de cet été ! La Corse et ses habitants inventent  un nouveau tourisme, durable  et tranquille. Félicitations ! (Photo: le Golfe de Porto. Références en fin de billet).
Comme tous les sites magnifiques, la Corse s’attend cet été à une fréquentation record, vu l’afflux de réservations,  et ce que je trouve vraiment intéressant, c’est que les Corses prennent les devants pour éviter l’excès de visiteurs , ce qui est extrêmement rare. Pourquoi ?
Parce que, une fois installée, il est extrêmement difficile de faire retomber la surfréquentation touristique, comme de nombreux échecs l’ont prouvé à Amsterdam ou à Venise.
Les raisons de cette impuissance à freiner les arrivées touristiques sont évidentes, Venise en étant  un bien triste exemple :
1- Tout le pays, ou la région, la ville se sont enrichis grâce au tourisme, et ont déployé, en quelques décennies, un appareil touristique qui fait tout simplement très bien vivre les habitants;
2- Les collectivités ont aussi souvent beaucoup investi, emprunté, et il sera impossible de rembourser ces emprunts si le tourisme cesse.                                                                                                                                                                                 3- Enfin et surtout les compétences en « tourisme » (Finances et investissement ; marketing ; Hébergements, Transports, Commerces, Guides……) ont été développées, et trouver de nouveaux emplois (Remplacer le tourisme par d’autre entreprises, créer de nouveaux métiers) devient difficile car toutes les autres compétences, hors tourisme, ont très souvent disparu…

4- Le bilan de la surfréquentation est donc souvent désastreux : des sites naturels qui avaient échappé pendant des siècles à beaucoup d’autres désordres (guerres, exode des habitants, violences climatiques ou absence d’entretien d’un littoral…) sont détruits, à cause de quelques trop gros bateaux qui envahissent de petites baies et d’un surnombre de visiteurs que l’on subit plutôt que de pouvoir les accueillir tranquillement.

I- VENISE EN EXEMPLE : cette difficulté, une fois que le surtourisme est installé, est de détruire une économie et de la remplacer par autre chose, mais c’est très difficile, alors que prendre les devants en menant des études, en faisant un Rapport, en proposant des solutions avant l’installation pérenne de l’industrie touristique est donc possible, nous démontrent les Corses.
Commencer par réguler des flux et par trouver autre chose que le tourisme pour faire vivre une région ou une ville, Venise commence tout juste alors qu’Amsterdam fut plus  radicale : redonner la ville à ses habitants.(Voir nos nombreux billets sur ce petit blog, concernant leurs stratégies différentes).

II- COMMENT FAIRE?
Si j’ai aimé cette expérience, c’est aussi parce que les journaux que j’ai consultés montrent que les élus et l’organisme-pilote, l’OEC, disent comment ils vont faire, et parlent « méthode et objectifs »! Donc ce travail pourrait inspirer d’autres régions qui ont peur d’être envahies un de ces jours, voilà aussi pourquoi j’écris ce petit billet.
La Corse a commencé une enquête de terrain, a recensé des listes de lieux et sites prioritaires, et a commencé une forme d’analyse collective demandée par président de la Collectivité territoriale de Corse (CTC) . Un premier rapport a été remis sur ces bases à la CTC. L’exécutif a aussi vanté le modèle « basque », qui, il est vrai, a résisté aux abus du tourisme en Espagne comme au pays basque sur notre territoire.  Guy Armanet, n’oublie jamais de souligner le caractère exceptionnel de la nature en Corse qui doit être préservé et le poids de l’activité touristique dans PIB. (Guy Armanet est le président de l’office de l’environnement (OEC) qui pilote ce projet de lutte contre le surtourisme).
Trois sites –pilotes ont donc été choisis après réflexion :  l’archipel des Lavezzi pour la façade littorale, Bavella et Restonica, pour la montagne.
– Les premières actions, dès la saison 2022, seront consacrées à « repenser l’accueil sur ces territoires sensibles sous l’angle de la régulation des flux et de la promotion d’un tourisme durable ».
Voici quelques mesures, parmi les premières, qui souhaitent à la fois réguler et innover, avec de nouvelles formes de tourisme :
Pour l’ARCHIPEL DES LAVEZZI  , un premier constat souligne l’ampleur du travail à accomplir « En 1976, 400 passagers étaient transportés sur l’île Lavezzu. En 2021, la fréquentation est estimée à environ 290 000 personnes »,
– Des quotas annuels de fréquentation ont été calculés et à l’avenir l’archipel ne recevra que
– – 200 000 visiteurs au maximum entre 2022 et 2026 puis à
– 150 000 personnes maximum débarquant sur la partie terrestre dès 2026. En termes journaliers, cette fois, ils sont définis à hauteur de 2 000 personnes maximum qui seront reçues simultanément sur la partie terrestre de l’île (autorisation ou réservation), les résidents corses étant prioritaires sur les réservations.
Un plan d’actions pour la saison à venir a également été mis sur pied, dont un conventionnement avec tous les bateliers pour encadrer l’utilisation d’un nouveau ponton, et la création de zones « tranquilles » tranquillité, sur l’île, l’été en période estivale pour les espaces à « enjeux écologiques ».
Les visiteurs seront informés directement dès leur arrivée etune signalétique mise en place.
Tout constat de désordre ou d’infractions aux préconisations sera aussi sanctionné (Volume sonore ; drones ; comportements…)
Un dispositif de ramassage de déchets et papiers est aussi prévu (marché en cours) et “Des toilettes sèches sont à l’étude, a confirmé le président de l’OEC, il pour aller au bout de la démarche”.
La préservation des sites de nidification et d’apprentissage des oiseaux marins sera aussi intégrée et favorisée par les transporteurs du domaine public maritime et, par exemple, l’accès aux bateaux de plaisance et l’ancrage à l’intérieur d’un périmètre de 250 mètres autour des îles de Ratinu, Sperduti et Purraggia sera interdite
BAVELLA , en partenariat avec la communauté de communes de l’Alta Rocca fait  partie des lieux et randonnées surfréquentées et accidentogènes. Alors, toute une série de mesures sont aussi en cours, et “au moment où l’office estimera que le nombre de visiteurs a atteint ses limites, la barrière sera fermée”.
Des points d’informations sur des zones stratégiques, et une mutualisation des moyens humains entre la communauté de communes et l’OEC sont aussi prévus et les « stationnements seront réglementés afin d’orienter les flux vers des aires fléchées et structurées alors qu’un nouveau parking sera à disposition, sous gestion publique de la communauté de communes et grâce à un partenariat avec les propriétaires fonciers, avec l’idée d’en réguler la capacité d’accueil journalière. »
Tous les professionnels s’impliquent dans le projet : “Le syndicat des professionnels de pleine nature opérant à Bavellaa, qui a spontanément accepté de diminuer le volume de l’offre, soit une moyenne de 400 usagers par jour en moins par rapport à l’activité actuelle et quelque 1 000 personnes par jour, a joué un rôle déterminant”, a salué Guy Armanet.
♦RESTONICA    a aussi un plan ambitieux pour gérer la basse vallée (partenariat OEC et Corti et l’ONF )
“Nous aurons gagné si nous arrivons à aiguiller les flux de manière différente”. Des relais pour informer, des stationnements surveillés, la mise en place d’une navette, etc…feront diminuer le flux de voitures sur la réserve naturelle massif du Monte Ritondu.
Prochaine étape annoncée  : le GR 20 où “nous aurons à nous projeter et interagir”, a lancé le président de l’office.
Courage, vous allez y arriver et vos initiatives seront utiles à tous ! Et un grand Bravo pour ce bon départ!

POUR EN SAVOIR PLUS 
Mes Sources : lecture des journaux locaux car le Rapport n’est pas encore publié . merci à Anne-C. Chabanon et à son article du04 juin 2022 dans Corse-Matin, l’édition numérique, à qui j’ai volé ces très belles nouvelles pour vous les annoncer! (www.corsematin.com/articles/surfrequentation-touristique-mesures-durgence-des-cet-ete-en-corse-125776)
AUTRE ARTICLE de l’Echo Touristique : www.lechotouristique.com/article/surfrequentation-touristique-en-corse-des-quotas-aux-iles-lavezzi
Une vidéo : reportage de Marie-France Giuliani et Stéphane La Intervenants – Guy Armanet (président de l’Office de l’environnement de la Corse) – Pierre Ghionga (élu “Un soffiu novu”) – Anne-Laure Santucci (élue “Fà populu inseme”) – Serena Battistini (élue “Core in fronte”)lien vidéoyoutu.be/-YsJ4c5Ur5M
/france3-regions.francetvinfo.fr/corse/sites-patrimoniaux-naturels-l-assemblee-de-corse-adopte-un-rapport-pour-reguler-la-frequentation-2554968.html
Rapport sur l’évolution institutionnelle de la Corse 11 Octobre 2021 Réalisé par Wanda Mastor, agrégée des facultés de droit, professeur de droit public à l’université Toulouse Capitole Commandé par Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse (Marché n°2021JUR03) http://publications.ut-capitole.fr/45386/
Proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant diverses mesures tendant à réguler « l’hyper-fréquentation » dans les sites naturels et culturels patrimoniaux, n° 2437 ( PDF) , déposé(e) le 21 novembre 2019 , mis(e) en ligne le 29 novembre 2019 à 18h00 et renvoyé(e) à la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

• MES PHOTOS : en haut du billet : Ota France, le Golfe de Porto (Corse-du-Sud) et le Capo d’Orto (montagnes à droite). Le golfe de Porto, patrimoine mondial de l’UNESCO Photo de Jean-Pol GRANDMONT (4 avril 2008),CC BY 3.0,https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4401342
• Photo Affiche de l’exposition La Grande Bellezza -Au Palais Fesch à Ajaccio, 50 rue Fesch
Ouverte du 24 Juin au 3 Octobre2022, de 09:30 à 18:00.Palais Fesch –- Tel : 04 95 26 26 26 Site web : www.ajaccio-tourisme.com/agenda/exposition-la-grande-bellezza-au-palais-fesch-musee-des-beaux-arts/


KEN LE TOURISTE PARFAIT   était en Corse, tout content! Pas de “Ken Fuori”  écrit sur les murs, car les Corses, qui sont des gens sérieux, ne connaissent pas notre “Touriste Parfait”. Pas non plus de “Barbie, dehors! “, car les Corses, comme tous les gens raisonnables, ne peuvent imaginer que Barbie soit  autre chose qu’une poupée…Du coup, il appela sa Chérie : “Viens vite, Barbie, j’ai trouvé un paradis où personne ne t’embêtera ou ne se moquera de nous! Je viens te chercher à l’aéroport!”.

 

Cinéma ou Cantine?


Cinéma ou Cantine? La Culture a tout!  Les événements  de l’été prochain confirment, un peu partout dans le monde,  la grande diversité des offres culturelles, et , ce qui est plus récent, la bonne utilisation des lieux et sites culturels. Parc, grande cour, hall d’accueil, salles…Tout  espace autre que ceux des collections et des spectacles peut voir se dérouler des événements éphémères!                                                                                                             – Certes,  les programmes proposés  ne sont pas forcément en  lien avec les collections ou les spectacles habituels du lieu culturel, comme cela fut le cas pendant des décennies. Mais écouter des DJ ou voir un film de Chaplin dans la Cour du Louvre est une belle expérience!(Mon image ci-dessus: désolée, je ne trouve pas le nom du ou des excellents graphistes…Merci pour qui sait de me le dire 🙂).

♦ Personnellement, j’aime bien ces nouveaux partenariats,  qui élargissent les possibilités et surtout diversifient les visiteurs . A trop vouloir exploiter un même thème – théâtre, musée, Opéra, musique… –  on approfondit le sujet, ce qui plait beaucoup aux habitués et aux “fans du lieu”, mais les contenus (expos, événements, conférences…) sont de plus en plus  incompréhensibles pour des non -érudits ou les enfants.              – Même chose pour l’histoire du lieu, où on ne voit guère d’œuvres ou évènements actuels, contemporains, dans  les lieux  dédiés à l’Histoire ancienne.

I –  LE LOUVRE REFAIT SON CINÉMA!

Le Louvre n’ a pas peur de changer de siècle! Ni de genre. On se souvient du mini-scandale lorsque le clip de Beyoncé et Jay Z avait été tourné pendant quatre jours au Louvre et avait assuré une belle communication au musée. Pour le Cinéma, ce n’est pas non plus une première, car  “Cinéma Paradiso” était là  en 2019, et voici le retour de l’événement (Lien Twitter, ci dessous  )avec un très beau programme, en juillet : des concerts et des des films gratuits! Cliquez su la vidéo, elle est très mignonne! )

  • PRÉSENTATION et PROGRAMME  :  L’UN DES PLUS BEAUX FESTIVALS de cinéma en plein air revient pour quelques jours  dans la cour carrée du musée du Louvre pour sa 3ème édition
    « Le Louvre et Mk2 vous invitent au cinéma 6 projections gratuites de films cultes en plein air. Quatre soiréessont sous le signe du cinéma, de la musique et de la convivialité ».
    Vendredi 15 juillet- Ouverture des portes à 19h30
    •Film de 22h15 à 23h45 : Fire of Love de Sara Dosa (Avant-Première)
    •DJ set de 00h à 00h30 : Nicolas Godin (Air)
    Samedi 16 juillet , Ouverture des portes à 19h30
    •DJ set de 20h30 à 21h30 : La Femme
    •Film de 22h15 à 00h30 : The Gray Man de Joe & Anthony Russo (Avant-Première)
    Dimanche 17 juillet – Ouverture des portes à 19h30
    •Concert de 20h30 à 21h30 : RIOPY
    •Film de 22h15 à 1h15 : Amadeus de Miloš Forman
    Lundi 18 juillet – Ouverture des portes à 19h30
    •DJ set de 20h30 à 21h30 : Breakbot & Irfane
    •Film de 22h15 à 00h30 : La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino

 

VOUS N’AVEZ PAS UNE PETITE FAIM? 

II- LA CANTINE DU VOYAGE (NANTES)

Cette Cantine est devenue un incontournable des habitudes nantaises, située  situé au Hangar à Bananes. Avec, son aire de jeux, son restaurant, son bar, ses baby-foot et ses transats, tout est propice à la bonne humeur ! « espace éphémère surprenant et convivial pour les visiteurs qui la découvrent, la Cantine du Voyage est devenue une étape incontournable avec ses espaces de restauration, bar et baby-foot et son grand bar ! »A voir, ICI! 
La Cantine, sur les bords de Loire, fait partie du Voyage à Nantes, et elle est démontable car constituée de serres agricoles Abritée sous une architecture démontable conçue à partir de serres agricoles. Pas loin, sur l’Ile de Nantes sont installés Les Anneaux de Daniel Buren et Patrick Bouchain,
Les table et le mobilier sont signés « label Wudthing »,avec de larges tables en bois brut qui donnent une allure de banquet géant et convivial.
Le grand bar et le restaurant avec une formule unique, à 14 euros le midi et le soir, sont aussi des lieux de rendez-vous où les locaux et touristes se mélangent. Plats locaux, vins locaux, vous serez comme chez vous, là-bas :-))
Un environnement sur un paysage verdoyant et convivial, avec un grand potager ! Le Site est 100% accessible à tous les publics, qu’ils soient en situation de handicap .Fermeture en septembre.

Le lien!www.levoyageanantes.fr/oeuvres/la-cantine-du-voyage/

CONCLUSION   Tourisme et Culture ont vraiment fait des pas de géant! Plutôt qu’un restaurant chic, on peut aussi avoir une guinguette accueillante qui deviendra un lieu-culte! Les petits et excellents restaurants de Nantes n’y perdent rien, puisque la Cantine n’est pas vraiment une concurrente.  

Pour le Louvre, la conclusion est que, même si l’on a les plus beaux tableaux du monde, un DJ sympa attirera les plus jeunes amateurs de musique qui, peut-être, reviendront voir une autre fois , ayant aimé le lieu,  le mystérieux sourire de la Joconde. 

Mais surtout, la liste devient très intéressante de ces sites culturels qui n’ont pas peur de changer de fonction, d’usages et d’usagers! C’est ce point qui avance le moins, en Europe, alors que partout ailleurs, comme je vous le dis en introduction, les moindres espaces sont interrogés pour renouveler l’offre culturelle et la façon de la vivre. Rares, chez nous,  sont les terrasses de musées qui proposent une chaise longue pour, tranquillement, lire un livre ou un journal sans un très bel environnement! Allez, un petit effort!  


Ken a fait un essayage pour aller au Louvre le mois prochain.

KEN LE TOURISTE PARFAIT  était aujourd’hui un peu atterré  en lisant, en douce, ce billet :  ” C’est quoi cette cantine???” Evidement, en bon touriste d’Affaire , il ne fréquentait que des Palaces et d’excellents restaurants étoilés.

Barbie Chérie le prit par la main : allez, on part cet été en France! On va voir un DJ au Louvre…On prend l’avion  le 14 juillet pour Paris  d’accord? “Quelle femme merveilleuse”, pensa Ken, toujours aussi amoureux de sa belle…

 

Les trois temps de la visite, quels changements?


Les trois moments de la visite : “AVANT,  PENDANT ET APRÈS” la visite : ce qui a changé ou va changer, voilà le thème de mon billet aujourd’hui! 

Une petite anecdote avant de commencer : quand je travaillais au Musée d’Orsay, avant son ouverture, j’avais l’habitude de demander aux conservateurs quel tableau était le plus important, selon eux , de la collection du musée sur laquelle ils avaient travaillé? Quel tableau ou sculpture, voulaient–ils que tout le monde regarde ? Et pour quelles raisons ? (Choix personnel du conservateur ; tableau ou sculpture rares ou artiste génial mais méconnu, , etc…). Quand le musée a ouvert ses portes, je me suis postée dans de nombreuses salles, et j’ai observé les visiteurs, noté leurs arrêts et compté le temps passé à regarder les œuvres (en secondes) : Aïe ! Aucun, je dis bien aucun de ces tableaux préférés n’était choisi par les visiteurs. Là aussi, pour de nombreuses raisons : d’autres œuvres étaient plus simples à décrypter, ou mieux placées (face à eux quand ils franchissaient une porte ; ou étaient plus spectaculaires ; ou mieux éclairées)
Ma conclusion était que, « avant la visite », ni les visiteurs ni les conservateurs n’avaient pensé  « ensemble »!

♦Les conservateurs décidaient, le public venait voir le résultat du choix des professionnels des musées. Les conservateurs avaient accroché les tableaux par ordre chronologique, ou par « écoles »ou «styles » de peintures, et pour la sculpture c’était la même chose.
♦Par contre les visiteurs renonçaient tous à lire toutes les étiquettes (trop long, il faudrait ajouter deux heures à la visite) et ils allaient au plus facile, au plus visible, ou directement au chef-d’œuvre en le demandant au personnel de surveillance.
I- CE QUI A CHANGÉ, aujourd’hui : les visiteurs peuvent être sont associés aux choix des œuvres d’une exposition  !
Le grand progrès de ces dix prochaines années ce sera que, d’une façon ou d’une autre, le visiteur soit de plus en plus partie-prenante, impliqué, associé aux décisions, aux choix, au travail des conservateurs.
Mon exemple : La Chambre des Visiteurs, en 2019, à Rouen ,ou la nouvelle  expo de 2022 “ A poil(s) Une exposition tirée par les cheveux” , car les habitants peuvent voter pour leurs  dix œuvres préférées et  les découvrir au musée de la Céramique à partir de la Nuit des musées 2022.Découvrir les œuvres, ici (Photo  de l’exposition  l’Argument de Rouen, Egalité Hommes/Femmes )

La Chambre des visiteurs est une démarche « participative » démarche de la réunion des musées métropolitains de Rouen , pilot par le conservateur Sylvain Amic que je vous avait présentée sur ce petit blog , ICI. Pour la résumer: l’équipe de la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen (RMM) proposait  100 œuvres en ligne, et les habitants pouvaient les qui choisissez, avec « leurs  critères ». Le message des conservateurs était  clair : vos choix sont tout aussi respectables que ceux des scientifiques ou des historiens de l’art : votre propre histoire et vos coups de cœurs vous aideront à voter pour ce que vous préférez et qui vous fait plaisir !
Concrètement, les musées de la ville continuent à faire ce qu’ils savent faire : organiser et financer l’exposition (Lieu, planning, réalisation, muséographie, accueil des visiteurs…) mais le choix des œuvres n’est plus leur seul privilège, sorte de chasse-gardée qui ne souffrait pas d’intrusions.
Voilà qui a bouleversé l’image traditionnelle des musées en inversant les rôles, car habituellement les musées choisissent et le public vient regarder.
II- LES VISITEURS SONT TOUS SUR LE WEB, aujourd’hui ? Et bien non !


Il y a quelques années, on pouvait faire ce schéma, ci-dessus (2012) mais on avait peur que les visiteurs potentiels disparaissent peu à peu des lieux touristiques et des sites culturels, tous s’étant convertis à la visite virtuelle, sur le web. Destination balnéaire, ou Montagne, Mer : je regarde les images sur mon portable et je n’y mets plus les pieds dans la vraie vie ! Pour une “Destination Musées”, même tendance annoncée : les premières conférences en visioconférence avec le Metropolitan Museum de New-York seront plus intéressantes que celles de la bibliothèque, du musée ou des archives de ma ville ! musées
III- CE QUI A CHANGÉ, aujourd’hui ! Les trois groupes se mélangent !

On passe du virtuel au réel, sans problème, et en plus le réel s’est beaucoup diversifié : aux lieux monothématiques , comme les musées, sont devenus s’ajouter des lieux hybrides , avec des expositions et des restaurants, des crèches ou des pépinières d’entreprises !
Le public n’est plus seulement « en ligne »,mais dans un Tiers-lieu qui a « un peu de tout » et où il peut aussi déjeuner…
De nouvelles pratiques culturelles sont donc nées ; la culture est moins isolée, plus perméable aux changements et très sensible à la réalité » sociale, aux « Communs.
Saluons les Oiseaux de Passages, premier mouvement capable de créer un tourisme qui s’appuie sur l’échange entre humains ; ce projet n’est pas, à mon avis, un projet de tourisme élitiste, « tourisme de niche » pour happy few ou bobos parisiens, comme o dit au Sud, mais au contraire  une vraie découverte , une vraie vision, de vrais outils pour créer de  l’échange, des partages des récits de chacun et remplacer un tourisme de masse qui court trop souvent comme un canard sans tête.
A NOTER : A  L’ÉTRANGER : aux USA les lieux de Culture deviennent des lieux de débat de la cité (Le MAH, musée d’art et d’histoire en Californie de Nina Simon. Nina écrit the Participatory Museum, dont je vous parle souvent, en …2000 !). D’autres musées américains, à l’est, disent que leurs parcs et jardins pourraient devenir tout autre chose pour mieux servir la société.

IV- CE QUI A LE MOINS CHANGÉ aujourd’hui ! C’EST JUSTEMENT LES LES TROIS TEMPS DE LA VISITE culturelle, qui ressemblent beaucoup aux trois moments du choix d’une destination de vacances pour l’été prochain. En regardant le schéma de 2012, au début de ce billet, on se rend compte que: 

1- On commence toujours par s’informer, AVANT  de partir et en priorité auprès de nos amis car nous avons les mêmes goûts ; on leur demande ce qu’ils ont vu de « mieux » ou leurs « bons plans » pour une destination;
2- Puis une fois que l’on a choisi, on lance l’engrenage « Réservations » pour pouvoir planifier un minimum , surtout si on est en famille. Il ne reste plus qu’à affiner les projets, selon ses propres goûts, pour une visite culturelle comme pour une destination : il faut les « personnaliser », sur le schéma, pour qu’elles correspondent à vos propres désirs et à ceux de votre famille ou amis.
3- Enfin, dernier temps fort, celui du séjour, PENDANT t lequel où il faudra prendre ses marques, découvrir et comprendre, et partager ses impressions (photos, vidéos…) avec ses amis.
4- Franchement, l’ « APRÈS »visite ou séjour  est toujours un peu bâclé, aujourd’hui comme hier : on évalue peu, y compris chez les professionnels.
Il y a donc peu de stratégies de fidélisation des visiteurs, APRÈS  sauf via les réseaux sociaux et les plateformes d’avis, mais la méfiance règne et le travail qui serait nécessaire pour évaluer ( différence entre les espérances et ce qu’i s’est passé) comprend énormément de de données et serait très coûteux . Au lieu de sondages, en fin de visite, nous avons aujourd’hui des data à disposition. Mais il faut les récolter, les choisir, les traiter (analyser,synthétiser) avec un professionnel (Data Scientist )et une équipe experte en  « marketing, sciences humaines, finances…). Quand on n’avait pas ces outils, ces  Big Data, on évaluait mal, mais faute de données. Maintenant qu’on a les données, le travail est devenu très (trop ) cher ?

CONCLUSION, pour le fun, et encore une anecdote pour faire plaisir à mon amie Sylvie Huron : un jour d’observation des comportements des visiteurs ,  je suivais donc , en me cachant un peu pour qu’il ne me remarque pas, un visiteur qui avait un drôle de comportement . C’était  un homme assez jeune, avec un attaché-case, qui allait d’une salle à l’autre, très rapidement, sans aucune hésitation. Il regardait longuement un ou deux tableaux, en fin de salle. Et il repartait presqu’en courant vers la salle suivante Quand je lui ai demandé, à la sortie, les raisons de cette détermination, de cette rapidité, il m’a dit qu’il suivait les panneaux de la « Visite pour gens pressés » car il avait un rendez-vous pour son travail et peu de temps. Mais nous n’avons pas de visite pour visiteurs « pressés », Cher Monsieur,  lui avais-je répondu.
– Mais si, me répondit-il, vous avez ces panneaux dans chaque grande salle, ces  panneaux verts :

POUR EN VOIR PLUS sur ces évolutions et faire de nouvelles prédictions !

  • Quelque billets du blog : 
    Choisissez votre destination culturelle! www.nouveautourismeculturel.com/blog/2018/06/07/choisissez-votre-destination-culturelle/
    www.nouveautourismeculturel.com/blog/2019/10/05/rouen-et-sa-chambre-des-visiteurs/
    www.nouveautourismeculturel.com/blog/2018/06/13/les-trois-temps-de-la-visite-que-faire/
    www.nouveautourismeculturel.com/blog/2016/10/19/les-visiteurs-sont-votre-force/
  • Participatory Museum (Musée d’art et d’Histoire dirigé jusqu’en 2019 par Nina Simon . Nina Simon a une formation d’ ‘ingénieur (Worcester Polytechnic Institute dans le Massachusetts) et a voulu créeer des musées où les débats de la ville – Logment ou transpoprts, education ou santé.. – pouvaient faire partie du programme d’art et d’histoire. Elle avait exposé ses idées dans son innovant dans son blog « Museum 2.0 », puis son livre The Participatory Museum et The Art of Relevance..
  • La construction de la participation sociale, Master 1 – Histoire de l’Art Préparé sous la direction de Mme Corinne Welger-Barboza Septembre 2010. Auteur : Laetitia AUBIN- Université Paris 1 Panthéon Sorbonne UFR 03 Histoire de l’Art et Archéologie Museum 2.0 en 2010  www.observatoire-critique.hypotheses.org/files/2010/09/Memoire%C2%A0Museum-2.0.pdf

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Ken vous attend à San Francisco, son numéro de portable est le…

KEN LE TOURISTE PARFAIT avait décidé d’inviter des anglais vivant à Los Angeles. Barbie Chérie avait cuisiné un homard, et Ken avait acheté le meilleur vin de Californie. Ils voulaient les voir pour partager avec eux ce moment de festivité qui marquait les 70 ans de règne de leur Reine. Ils trinquèrent à la Paix et à ce Traité de Paris, en 1783, par lequel la Grande-Bretagne reconnaissait l’indépendance des États-Unis !

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