De la coopération culturelle a la culture de la culture de la coopération
Ce titre est celui d’un Rapport écrit en 2021, dont je vous résumerai aujourd’hui quelques orientations et études de cas bien concrètes. J’y ai trouvé deux pistes pour TOURISME et CULTURE : de nouveaux outils et, avec Hôtel du Nord (Marseille), un retour au tourisme coopératif, car quand on vient voir un proche on ne peut pas toujours payer un hôtel, d’une part, et visiter une ville avec un habitant qui vous reçoit, d’autre part. « Coopérer » est source d’inventions, et cela nous plait pour ce « nouveau tourisme culturel » qui émerge chaque jour sur la planète ! Dans chaque pays, chaque territoire, les réponses à ces changements sont évidemment différentes.
♦En France, nous avons de très nombreux niveaux de décision publique et cette coopération entre Tourisme et Culture est très peu ou mal organisée : l’Etat, les Communes et leurs Intercommunalités, les Départements et Régions mais aussi leurs opérateurs ayant ces deux compétences, mais qui s’occupe du Tourisme social? Ou du Tourisme culturel ? Une très grande diversité de décideurs aux objectifs différents cohabitent sur ces sujets, mais les progrès sont lents. Pour le Tourisme Culturel, alors que Nantes a fusionné son grand projet en un seul organisme de « Le Voyage à Nantes, en 2011, on attend encore un effort visible et renouvelé pour le tourisme social.
LA PARTICIPATION DES HABITANTS est, par exemple, très surévaluée par les médias car elle est présente dans tous les discours, les journaux ou sur le web, donnant l’impression que rien ne peut se créer, aujourd’hui, sans la participation des futurs usagers. Mais, dans les faits, dans la vraie vie, cela ne se vérifie pas, sauf sur quelques territoires comme la Bretagne ou la Corse, deux régions à « forte personnalité culturelle », où l’entraide fait encore partie de l’identité, comme au Canada .(Ci-contre, La Maison du Fier -Monde au Québec, Canada)
Comme dit le Rapport sur les relations Départements et Intercommunalités, https://www.arts-vivants-departements.fr/partage/LUCAS2021-WEB01.pdf , Rapport écrit en 2021:
« Seuls quelques agents de collectivités semblent profiter des outils d’intelligence collective et s’y forment…. Les kits méthodologiques et autres outils de de facilitation n’ont pas inventé une nouvelle relation au public. Les individus éloignés des pratiques artistiques et culturelles restent donc toujours en marge de la culture ». Ajoutons que les touristes ont aussi bien des difficultés à bénéficier de politiques croisées, car ils sont un peu oubliés dans la « masse » des visiteurs, sauf régions ou villes très touristiques ou qui ont revisité avec talent toutes leurs politiques (Nantes en 2007-2011 avec, au final, le Voyage à Nantes qui se porte comme un charme depuis plus de 10 ans !)
LES HABITANTS, pour conclure, peuvent, en mode « coopératif », passer à l’action si la pesanteur de nos actions publiques retardent nos souhaits d’agir pour le tourisme social. Car les habitants, c’est vous et ce sont « vos » publics », avec des « Visiteurs de proximité ». Ce dont vous avez besoin, ce sont d’outils satisfaisants et de quelques modèles, qui existent! Voici une petite panoplie d’outils et de modèles !
- DES OUTILS ! Voilà ce que je trouve très précieux dans ce Rapport, et pourquoi je voulais vous en présenter le lien, car je sais que cet ouvrage est peu connu, mais il comporte de très nombreux outils d’ingénierie pour réussir des coopérations fructueuses, et des méthodes de travail . Parmi les outils, notons :
- Un tableau d’évaluation des modes de collaboration et de coopération . Si la coopération Culture et Tourisme ou la rencontre entre Habitants et Touristes vous paraît essentielle , elle figure dans le Tableau (placé en fin de ce billet).
- Avec qui coopérer, pour Tourisme et Culture ?
Bien sûr les compétences et décisions seront largement le fait des communes et de leurs groupements, mais le Département tient bon, au niveau territorial, sans doute parce qu’il est dédié à l’Ingénierie » avec ses CDT, comités départementaux du tourisme, et dédié aux politiques sociales et au Patrimoine depuis des décennies ! Citpons le Rapport :
« Près de 90 % des départements enquêtés développent leurs politiques culturelles en coopération avec les intercommunalités. Les secteurs prioritairement investis par les coopérations intersectorielles concernent les politiques jeunesse et sports, les politiques éducatives, les politiques touristiques et les politiques d’action sociale ». Pour le tourisme culturel, c’est donc une plateforme de rapprochements possibles.
- DES MÉTHODES DE TRAVAIL / LES OPEN LAB !
Le chapitre 3 rend compte des résultats des Open labs (laboratoires ouverts), dont l’objet principal était de co-construire avec les acteurs culturels et associatifs, les agents publics, les élus, les citoyens et les scientifiques, des outils, méthodes et pistes d’actions inédites et utiles au déploiement d’une culture de la coopération dans les territoires. Quatre Open labs ont été déployés dans les départements de la Nièvre, du Haut-Rhin, de la Haute-Loire et du Val-d’Oise, avec l’idée d’éprouver cette culture de la coopération et de fabriquer des connaissances avec une diversité d’acteurs de ces territoires.
Les méthodes déployées par les Open labs sont bien décrites, et de très nombreuses études de cas présentées, avec le design de service (politiques publiques) et l’intelligence collective. sont bien présentés, avec un mode de conception centré sur l’utilisateur.(Illustration de l’écomusée canadien du Fier-Monde).
Un bon exemple : Le Living lab Off Road Memory (Loire Atlantique) www.villesnumeriques.org/wp-content/ uploads/2013/07/110620-of_road_ memory_living_lab.pdf Le Living lab Off Road Memory (mémoire tout-terrain) a été labellisé Living lab en mars 2011. Ce Living lab est un regroupement hétéroclite d’acteurs, consacré à l’innovation et au développement territorial. L’objectif était de promouvoir toutes les actions de valorisation du territoire de la Loire et de son patrimoine, qu’il soit touristique, culturel, vivant ou immatériel, en utilisant les nouvelles technologies Page 199)
- ALLER A LA RENCONTRE DES HABITANTS (Page 107) grâce à diverses méthodes qui ont été mises en place : réunions d’échange avec des habitants, entretiens téléphoniques auprès de personnes recommandées ou encore entretiens avec des publics variés lors des évènements culturels qui ont pu se dérouler durant l’été. […]Pour beaucoup, trouver le moyen d’accès à ces publics était un vrai défi. Il aurait été tentant de s’en dégager et de déléguer cette mission à d’autres, ce que les équipes n’ont pas fait.
Pour rencontrer les habitants, elles ont dû « préparer des guides d’entretiens, libérer du temps, faire jouer le réseau, et mobiliser des acteurs tiers qui travaillent avec les publics ciblés. Ce réseau de premiers partenaires sera ensuite mobilisé pour les étapes suivantes de co-construction. Ces méthodes d’observation sont une part importante des démarches de design de service public qu’a popularisées en France la 27ᵉ Région.
Lien des outils du design de service, version anglophone : https:// servicedesigntools.org/
Vous pouvez vous y mettre, tisser des liens, commencer un travail ensemble, bâtir des projets et quand tout sera co-construit, il n’a aucune raison pour que les décideurs institutionnels (Communes, intercos, départements ou Régions…) ne valident pas votre travail !
- DEUX TRÈS BONS EXEMPLES : PAYS DE LA LOIRE ET MARSEILLE
1- LE PATRIMOINE DU PAYS DE LA LOIRE RACONTE PAR SES HABITANTS – Le Living lab a développé de nombreux projets et notamment le projet intitulé : « Carré d’empreintes ». L’idée initiale a germé d’un constat : « c’est lorsque l’on est sur le terrain en immersion paysagère que l’on souhaite découvrir les patrimoines » (Francky Trichet). L’objectif du projet était de faire raconter par les gens du Pays de la Loire, la façon dont ils vivaient au quotidien, ainsi que leur mémoire du territoire. Des QR Codes permettaient de visualiser des histoires captées sur la mémoire des lieux, via des vidéos très courtes. Une vingtaine de circuits Carré d’Empreintes ont ainsi été développés sur tout le Grand Ouest, et notamment : Quartier de la Création à Nantes, Voyage à Nantes, Haras de la Vendée, Trélazé, Concarneau, Val-d’Oise, Beautour, Route des Vins d’Alsace, Caraïbes 360° , etc.
- HÔTEL DU NORD (Bouches-du-Rhône) http://hoteldunord.coop Hôtel du Nord est une coopérative d’habitants. Elle est issue d’un processus patrimonial initié en 1995 dans les quartiers nord de Marseille, dans un contexte de forte transformation urbaine. À partir du périmètre d’un Grand Projet Urbain et d’ une démarche de « patrimoine intégré », coordonnée par Christine Breton, conservatrice du patrimoine nommée par la Ville de Marseille. Ce travail a permis aux associations, habitants et entreprises de collecter et de valoriser le patrimoine local, notamment au travers de balades urbaines. En 2011, Hôtel du Nord est créé pour mettre en valeur l’hospitalité et le patrimoine naturel et culturel au Nord de Marseille. Prosper Wanner, ingénieur, gère depuis douze ans la coopérative d’habitants d’Hôtel du Nord, « alternative citoyenne pour montrer les initiatives des quartiers Nord et donner une représentation plus positive de ce territoire ». Le réseau comprend une trentaine de chambres pour l’accueil et tout autant d’hôtes et nouveaux itinéraires de visites !
- Suivre les projets de cette nouvelle forme de tourisme social sur le compte de Prosper Wanner Voir sur LinkedIn le profil de Prosper : www.linkedin.com/in/prosper-wanner-8963b359
EN CONCLUSION : lorsque les acteurs du service public ne font plus le premier pas, et quand les critères habituels d’attrait touristique ne fonctionnent pas, ce type de démarche culturelle vise à recréer des visites entre proches, ou des hébergements et séjours nouveaux, qui n’auraient pas eu lieu car les gîtes et hôtels sont trop coûteux. En ce sens, ces projets n’enlèvent aucun clients aux hôtels. Sur le fond, le tourisme est regénéré par un récit commun, et de nouveaux « critères ou manières d’appréhender le territoire en s’appuyant sur les expériences des habitants et sur les traces patrimoniales » .(Page199 du Rapport) .
POUR EN SAVOIR PLUS
♦LIEN DU RAPPORT : ICI! (267 page). Auteurs Auteurs Raphaël Besson (Villes Innovations / PACTE) Avec l’accompagnement scientifique de : Aurélien Djakouane (Sophiapol/Cepel) et Emmanuel Négrier (Cepel) Et les contributions de : Claudy Lebreton (Fédération Arts Vivants et Départements) Yves-Armel Martin (Bureau des possibles) Philippe Teillet (Institut d’études politiques de Grenoble) Emmanuel Wallon (Université Paris Nanterre) Avril 2021
♦D’AUTRES PHASES ET OUTILS de votre future action sont particulièrement bien expliquées : phase d’immersion , puis phases de co-conception et co-construction et ateliers : Comment les préparer, les rendre lisibles ? Comment collecter les besoins du territoire : des points de vue, des histoires, des situations qui illustrent la problématique ?(page 208) _ Focus aussi sur le travail complexe de cartographie/écosystème/consignes, qui permet d’identifier et de mobiliser des acteurs utiles à vos atelier.
♦MÉTHODOLOGIE de l’étude « Intercommunalités et Départements » l’équipe du LUCAS a réalisé dix études de cas auprès de territoires ayant manifesté leur intérêt pour le projet – Ardèche, Calvados, Finistère, Loire-Atlantique, Haute-Loire, Mayenne, Meuse, Nièvre, Haut-Rhin, Val d’Oise. Soixante-dix-huit entretiens qualitatifs ont été réalisés et une enquête par questionnaire a été diffusée à l’ensemble des départements et intercommunalités avec l’appui de l’Assemblée des départements de France et de l’Assemblée des communautés de France (34 questionnaires ont été complétés par les départements et 69 par les intercommunalités).
L.U.C.A.S (Laboratoire d’Usages Culture(s) Art(s) Société (L.U.C.A.S.) , fut le moteur de l’expérience « Intercos et Départements », largement consacré à la culture, mais sans développements sur le tourisme ou des possibilités de la Tech. L.U.C.A.S veut « expérimenter le déploiement d’un Living lab national pour révéler et inspirer les pratiques de coopération territoriale entre départements et intercommunalités dans le champ des politiques culturelles. »
MES PHOTOS / https://ecomusee.qc.ca/collections/collections-ecomusee/macdonald-tobacco/
♥Ecomusee du fier monde , créé en 1980 au Canada, comme « musée d’histoire et musée citoyen « par des pionniers militants des milieux communautaire, bénévoles et intervenants qui voulaient contribuer au mieux-être collectif. Faites connaissance avec ces personnes inspirantes dans l’exposition virtuelle à expocitoyens.case j https://ecomusee.qc.ca/ecomusee/historique/
♥Exposition Citoyens – Hier, aujourd’hui, demain, 2012. https://www.expocitoyens.ca/
Illustrations : Jacquie Jeanes – Conception graphique : Éric Pellerin, Écomusée du fier monde
Et ce tableau, copié dans l’ouvrage « De la coopération culturelle a la culture de la culture de la coopération »- 2021, qui montre que tourisme et culture ne sont jamais très loin l’un de l’autre… Plus sérieusement, un modèle d’outil : commencer par auto-évaluer ses coopération et leur degré d’intensité!
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KEN LE TOURISTE PARFAIT était tout à fait séduit par ce tourisme social! Barbie aussi, car elle voulait aller à Marseille, dont les habitants, étaient, parait-il, un peu « rebelles »! Ils décidèrent donc d’expérimenter le lieu et passèrent une mémorable « semaine-cong »! Allez savoir pourquoi, les marseillais leur avaient appris à rajouter ce « cong » en fin de chaque phrase pour faire authentiques marseillais, à leur retour aux USA !
Oct 13
Gratuité des musées, une bonne idée?
Quand Sarah Hugounenq , journaliste au Quotidien de l’art, m’a interviewée pour son projet d’article sur la gratuité des musées, j’étais ravie et je la remercie encore aujourd’hui! Ce billet résume donc son article, et comme c’est un sujet qui me passionne, je vous propose aussi quelques pistes de lectures, en complément.
La question de la gratuité des lieux et événements culturels est posée en France mais aussi dans le monde avec les choix suivants :
1- Renoncer à la gratuité, c’est faire contribuer les visiteurs aux ressources financières de la vie du musée (dépenses courante ; expositions..), mais introduire une discrimination pour celles et ceux qui ne peuvent payer (70 euros pour une famille, au Louvre…). Et faire payer unbillet n’attirera peut-être pas des visiteurs potentiels, qui préfèreront une activité gratuite pour leurs loisirs.
2- Instaurer la gratuité d’un musée, c’est affirmer la mission sociale du musée – éduquer, enrichir les connaissances…- et garantir l’accès à tous de la culture, sans discrimination aucune. Créé sous la Révolution française, en 1793, le musée du Louvre instaura la gratuité pour tous comme principe fondateur qui perdurera jusqu’en 1922 (http://www.louvrepourtous.fr/Des-musees-fetent-la-gratuite,217.html#nb4 André MALRAUX en fit, lui aussi, l’un des principe de la politique culturelle du Général de Gaulle, dans son intervention à l’Assemblée nationale, le 9 novembre 1967 : « La Culture sera Gratuite ».Le billet d’entrée est passé aujourd’hui à 17 euros…
3- Les musées furent alors priés de proposer de nouvelles stratégies, afin d’accueillir de nouveaux visiteurs, ces personnes «éloignées » des lieux et pratiques culturelles pour de nombreuses raisons (Education, famille, richesse…). Une bonne moitié des musées décidera de moduler les tarifs et la gratuité selon le profil des visiteurs (Gratuité pour les chômeurs ; les enfants et les jeunes ; les habitants de la ville…Réduction pour les groupes, etc…) ou selon les jours et horaires (Gratuité pour des visites nocturnes et les jours fériés.).Pourtant, l’élitisme de la fréquentation continua…Nous allons voir comment, et pourquoi – enfin, à mon avis 🙂
I- LE PASSIONNANT BILAN DE SARAH HUGOUNENQ sur la gratuité des musées, aujourd’hui !
En voici un petit résumé, mais vous pouvez aussi acquérir l’article complet pour 3 euros à cette sur ce lien vers le Quotidien de l’art, ICI
Mon petit résumé de l’article :
1- Des musées gratuits en Province…. « Le musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun est accessible librement pour la totalité de ses activités depuis bientôt quarante ans. À ce pionnier sont venus se greffer les musées de la Ville de Paris (gérés par Paris Musées) en 2002, Dijon en 2004, Rouen en 2016, Avignon en 2018 mais aussi depuis 2020 Angers, Rennes, Le Mans ou Marseille. Nancy, Lille, Tours et Vannes ont récemment étendu les critères de la gratuité »
2- … Mais un recul de la gratuité aujourd’hui
Sarah Hugounenq témoigne surtout d’une perte de vitesse récente de la gratuité, commencée avec la période « Covid » qui fit subir de lourdes pertes à tous les établissements culturels, faute de visiteurs.
– Versailles augmente donc, son billet ( +1,50€ cet été, et ses Jardins( Soixante-dix euros pour une classe !) pour compenser ces pertes et anticiper la hausse de l’électricité . Même les visites scolaires n’ont plus beaucoup de créneaux de gratuité de visites gratuites.
– « À Bordeaux, où la facture énergétique totale de la ville devrait quintupler en 2022 pour atteindre 25 millions d’euros, c’est la remise en cause de la gratuité des scolaires venant de l’extérieur de la ville qui a fait polémique cet été, huit ans après la renonciation à la gratuité pour tous mise en place en 2005. »
– À La Roche-sur-Yon, la fin de la gratuité est aussi envisagée ; Amiens a un projet d’ un projet de vote d’augmentation des tarifs du musée de Picardie
3- Le coût de la gratuité : la gratuité a bien sûr un coût, ce que démontre l’article avec quelques exemples : « L’expérimentation de la gratuité pendant six mois en 2008 a conduit à une perte sèche de 250 millions d’euros pour les musées nationaux.[…]Côté musées territoriaux, le manque à gagner est modique : 116 000 euros à Marseille, 160 000 à Rouen, soit moins de 2 % du budget global de leurs musées.
4-Les meilleurs exemples sont cités et présentés comme des réussites, avec de très bons arguments ou en détails : la National Gallery de Londres, le Prado à Madrid, ou les musées de la Ville de Paris tiennent bon sur la gratuité et cherchent ailleurs de nouvelles sources de financement.
Ce tableau positif n’exclue pas quelques menaces qui risquent de faire disparaitre le bel équilibre entre projet social, éducatif et gratuit, et équilibre financier des musées via du mécénat ou des boutiques d’objets créatifs ou de livres.
« À l’heure où la crise énergétique sévit et les dépenses de fonctionnement des musées explosent, la tentation de faire de la billetterie une variable d’ajustement est grande et les débats sur la pertinence de la gratuité se multiplient », dit Sarah Hugounenq. Rappelons que cet été même Strasbourg , pourtant Capitale européenne de la Culture (2021-23 ), septième destination touristique française, a décidé de fermer une journée de plus , dès ce mois d’octobre, ses onze musées ; et de fermer une heure à l’heure du déjeuner…
5- Faire des économies sur les dépenses des sites culturels, qui sortaient à peine de la triste années de pandémie où ils furent les premiers fermés, interroge. Pas mieux, impactant moins l’éducation des jeunes et le plaisir des habitants, dans le budget de la ville, que la Culture ? On peut tout de même en douter. Aux habitants de choisir, via leurs « élus ».
QUELQUES CONCLUSIONS
– La fréquentation des musées est en hausse, à Paris mais aussi partout en France : « l’ensemble des musées de France, sont passés de 45,6 millions de visiteurs en 2005 à 56,2 millions en 2009 . Une hausse qui est moins liée à la gratuité qu’au développement du tourisme, de l’offre culturelle, ainsi qu’à une mobilité accrue. La question est donc moins la quantité que la qualité. »
– Mais la fréquentation serait de plus en plus élitiste, avec 80% des cadres et 32% des employés et ouvriers qui ont visité un site patrimonial ou un musée en 2018, contre respectivement 70% et 44% en 1973.
Sarah Hugounenq m’a laissé, si j’ose dire, le mot de la fin dans la dernière partie de l’article, pour redonner espoir à des musées qui doivent changer.
♥Je pense, très franchement, pour avoir travail pendant plus de 30 ans dans les musées (Marseille, puis Orsay, puis en France (Direction des musées de France, Observatoire Permanent des Publics, Hip Hop dixit dans les quartiers dits «difficiles »,etc… ), qu’une nouvelle génération de professionnels sait accueillir, conduire, faire comprendre (Museomix). Les musées proposent des expositions plus accessibles, bien éloignées des « thèses universitaires mises en expositions », de nombreux musées dans les années 1970-2000 (et qui existent encore aujourd’hui !).
Même si cette génération n’est pas encore aux manettes, dans les musées en en France, c’est elle qui pourra transformer les muses, comme elle le fait pour les Bibliothèques en ce moment.
– PASSER DE LA CONSERVATION A LA CONVERSATION », avait prédit Samuel Bausson, depuis sa Bretagne créative en 2009!(Voir mon billet du blog ICI !) e crois donc beaucoup à toutes les expérimentations en cours, au travail avec les habitants, les associant de façon horizontale aux décisions importante et aux choix des expositions. Sylvain Amic aux musées de Rouen –Normandie, (Voir mon billet sur la Chambre des Visiteurs, ICI !) a démontré que ces fortes mutations des musées en France sont possibles et souhaitables. Elles sont très présentes aux USA (Nina Simon en Californie et son Participatory Museum)
♥ On peut aller plus loin, comme le font les bibliothèques, depuis quelques années, poussées par des vents de « démocratie participative et gouvernance contributives » venu des…Bibliothèques bretonnes mais aussi le la BNF (Silvère Mercier pour la BNF Michel Briand et ses amis bretons). Associer et faire participer, grâce à toutes ces méthodes du «Design de Service Public » de nos Jeunes à qui il ne fait pas donner la parole mais la leur laisser!
♥ Voilà pourquoi, gratuites ou payantes, je ne crois plus aux pratiques et expositions qui « en donnent plus, mais toujours aux mêmes », comme le montrent les statistiques (Cf.les chiffres dans notre conclusion, ci-dessus). Ce que Sarah Hugounenq a bien résumé, à la fin de son article:
« Pour Évelyne Lehalle, « l’offre est le vrai ressort de la démocratisation. Or, les questions d’attractivité, de confort, d’implication du visiteur, de convivialité de la culture, ne sont que peu évoquées par les musées car ils les considèrent comme vulgaires. »
« Gageons que les débats sur la démocratie participative et la gouvernance contributive bouleverseront cet état de fait » a conclu Sarah Hugounenq !
POUR EN SAVOIR PLUS /
– Fréquentation et politique tarifaire- Claude Fourteau, experte en tarification – Comment faire un prix ? – et qui imagina la première carte de fidélisation pour la culture (Centre Georges Pompidou), bien différente des « Amis de Musées »:
« Toutes les études l’ont montré : le prix n’est pas le seul obstacle à la fréquentation des équipements culturels, ni même le principal. Si les obstacles symboliques – la « distance culturelle » dont parle Pierre Bourdieu – sont sans doute plus prégnants, il n’en reste pas moins que le facteur « prix » est important dans la définition des politiques culturelles parce qu’il joue tout à la fois sur la viabilité économique des institutions (niveau des ressources), leurs fonctions sociales et sans doute également sur leur image (volume et composition de la fréquentation). L’État-providence a toujours cherché à compenser les effets sociaux de la stricte logique économique à travers une politique tarifaire favorable aux milieux défavorisés. Lire la suite, ICI (Pdf, 4 pages).
– Texte sur les musées suisses : Passeport pour les musées suisses et politiques tarifaires :
– François Rouet, Les tarifs de la Culture , 2002, sous la direction de François ROUET A lire ici : www.culture.gouv.fr/Thematiques/Etudes-et-statistiques/Publications/Collections-d-ouvrages/Questions-de-culture-2000-2022/Les-Tarifs-de-la-culture_ 383 p.- ISBN 978-2-11-005275-9
– La gratuité dans les musées et monuments en France : quelques indicateurs de mobilisation des visiteurs de Jacqueline Eidelman et Benoît Céroux – Dans Culture études 2009/2 (n°2), pages 1 à 23, en ligne et gratuit : Bruno Maresca : N° 179 – novembre 2004 Quel « prix » pour le Louvre ? La stratégie tarifaire au service de l’élargissement du public Bruno Maresca ou encore La Nocturne du Louvre, un bon plan pour les jeunes : à lire ICI.
– Généraliser la gratuité des musées nationaux? Une mauvaise réponse… à une mauvaise question
par Françoise Benhamou, à lire ICI.
KEN LE TOURISTE PARFAIT sortait de sa piscine quand Barbie arriva toute ravie: « Si je te donne l’adresse de ton rival, Action Joe, tu me donnes combien? « . « Mais Barbie, j’espère que tu plaisantes, tu me la donnes gratuitement, cette adresse, eh voilà! ». « Mais bien sûr que non! Tu dois payer cette information, Ken! Moi, je ne suis bénévole QUE pour le Musée de Los Angeles… »