Voilà qui est réjouissant, une excellente nouvelle de la Culture, qui nous attendait ce matin sur notre messagerie ! François Deschamps est le Président de Culture et départements, membre du CLIDAC, l’association des Directeurs des affaires culturelles.
Et chaque semaine, il nous régale avec l’excellente Newsletter, Lettre d’information sur la Culture du Groupe Territorial. Ce groupe a, en particulier pour le secteur culturel, les meilleures publications qui existent en France.
Bref, notre François Deschamp est un homme perclus de travail, comme tous les DAC, et fait en général de son mieux, en plus, pour nous tenir au courant de ce qui se passe réellement d’important dans la sphère de la culture du secteur public.
1 – Ce matin, il fait aussi un coming out qui nous plait bien, celui d’un professionnel qui dit « pouce », en quelque sorte, arrêtons de nous lamenter, de nous pleurer dessus, passons aux choses sérieuses ! Extraits de l’article, que nous joignons in extenso à la fin de ce billet :
[…]Si l’émotion qui se manifeste au sein du monde de la culture est légitime, on ne peut s’en contenter
2 – La culture « stagne », certes, mais alors, que doivent faire les professionnels ? Demander des sous ? Des postes ? Il y a mieux à faire :
[…]les professionnels doivent être force de proposition pour redéfinir le sens et les finalités d’un service public de la culture indispensable dans une société disloquée par les particularismes et le repli sur soi, et rechercher ensemble les modalités de développement d’une action culturelle diverse, ouverte, innovante.
3 – Nous sommes empêtrés aussi, dans cette répartition des compétences qui s’éternise, réforme territoriale oblige. Et nous savons bien, aussi, que le Gouvernement ne prendra jamais la responsabilité de trancher et de supprimer la compétence culture aux collectivités territoriales. Il laissera l’impopularité de la décision aux départements –ou aux régions les moins riches – pauvre Picardie ! – décision qui fera des ravages, car il faudra trancher en supprimant tel ou tel secteur de ses compétences culturelles.Ou telle subvention à un équipement, telle procédure pour la politique de la ville, etc… Alors, plutôt que de crier « Résistance ! » ou encore d’appeler à signer des appels, Culture en danger !, qui ne changent rien au paysage, avouons-le nous aussi, François Deschamps propose mieux, ce matin :
[…]Comment travaille-t-on avec d’autres secteurs de l’action publique, comment invente-t-on des modalités de travail nouvelles avec les forces économiques, comment associe-t-on les habitants à la vie culturelle, comment se nourrit-on de l’expérience de nos voisins européens, comment prend-on en compte la révolution numérique qui a boosté les pratiques artistiques en amateur ?
L’État, autant que les élus, a besoin d’être nourri de ces réflexions[…]
Voilà une très belle déclaration, la plus belle de l’année, un désir d’action et de réflexion que nous saluons.
Nous avions fait un billet à la nomination du nouveau ministre, en déplorant qu’il n’ait aucun souffle, aucune proposition de force, tous domaines confondus. Et qu’il trouve important, dans la presse ou en interviews filmés, ( il adore ça !), d’évoquer la multiplicité de ses chantiers plutôt que de donner un sens à son action et à celle de ses ouailles. Et l’occasion était en or, d’accompagner pour son ministère, la RGPP d’une telle réflexion. Réduire un départ sur deux ? Mais pour quoi faire ? Et de ne pas toujours demander aux collectivités de se serrer la ceinture, mais de revoir, avec la crise et pour préparer l’avenir, ses missions, aussi. Ce ministère que nous connaissons par cœur et qui est rempli de doublons, de milliers de petits dossiers mais aussi grosses procédures rarement évaluées, même avant la RGPP, ou d’agents qui font cela parce qu’ils savent le faire, sans obligation de s’interroger : cela remplit-il ou non une mission de service public réellement importante?
Mais d’autres chantiers que celui de l’Etat sont plus importants :
– Revoir les modèles économiques, chercher d’autres sources de financement, créer des fonds, inventer de nouvelles stratégies de développemnt territorial, et avec la culture!
– Revoir sérieusement les périmètres de l’action culturelle : avons-nous des ambitions comme les Creative Cities ? Jouons-nous encore dans la cour des grands? Nos nouvelles agglos, métropoles, ont-elles inventé un nouveau mode de penser la culture ? Que font et feront les départements, en ce cas ?Les régions, petites dernières obligées de prendre les compétences qui restaient, ont-elles réussi, pour les TIC ?
– Comment aussi changer de point de vue, mieux mobiliser les énergies des jeunes élus et professionnels? Changer de point de vue en se débarassant des vieux slogans, de vulgates intagibles, d’exceptions inadmissibles…Le Tourisme Culturel est tout à fait formidable, pour ça, d’ailleurs et au passage : face à face avec un monde d’entreprises, face à face avec le secteur privé qui gouverne le Tourisme et ses centaines de filières, comment faire pour travailler ensemble? Changer de point de vue, enfin, car si Malraux avait le sien, remarquable et qui correspondait très bien à son époque, il faut convenir que tout va changer très vite, aujourd’hui, dans le monde. Soyons-en !
Et nous souhaitons un grand courage à François Deschamps, car nous le savons, les notions d’efficience, de partenariats innovants, et même cette courageuse posture de décider de ne plus se lamenter en permanence, mais de passer à l’action de façon positive, hum ! Cela risque encore être mal vu…
KEN ET SON AMI FRANCOIS à la réunion des DAC de Toulouse. Mais que faisait Ken à la réu des DAC, me direz-vous? Eh bien Ken, notre Touriste Parfait, voulait parler à des élus français, car Barbie avait organisé un diner avec le préfet de la Région pour l’héliport qu’elle voulait créer à côté de la piscine, et même qu’on lui faisait mille misères, disait -elle . Comme il ne comprenait rien, mais vraiment rien aux relations, en France, entre l’Etat et les collectivités, qui refusaient carrément l’héliport, il avait fait un saut à cette réunion. Pragmatique, comme toujours. Et il avait hélé Deschamps ( notre photo), à sa tribune. Qui lui avait si bien expliqué qu’il l’aurait embrassé! Il lui avait juste promis, pour le remercier, de créer un Fan Club François Deschamps aux Etats-Unis. Au cas où il en aurait besoin, un de ces 4, en France.D’ailleurs, pensait Ken, il l’inviterait à l’inauguration de leur héliport. Car François était très « cute », comme disait toujours Barbie Chérie…Elle l’adorerait!
KEN et CALDER : le Calder que Ken a acheté est un magnifique mobile , 2 287 000 euros frais inclus, bien au delà de l’estimation initiale ( entre 500 000 et 800 000 euros). Mais il préférait acheter l’artiste américain en Europe, en France, il y avait moins d’acheteurs. …Une très bonne affaire!
TOUT l’article de François Deschamps, Président de Culture & Départements, membre du CLIDAC
fr.deschamps@free.fr
Franchement, à quoi bon se battre, ne vaudrait-il pas mieux changer de secteur ? Il est vrai que beaucoup de signaux sont au rouge. Au niveau de l’Europe, la règle générale reste la prohibition des aides publiques, la culture ne bénéficiant que de dérogations qui sont prorogées : un sursis en quelque sorte.
La culture stagne
En France, le budget du ministère de la Culture stagne. Plus grave, il se recentre sur les grandes institutions labellisées, renvoyant sur les collectivités la question des structures moins importantes et généralement éloignées des métropoles. Ce ministère se cherche une boussole, notamment pour (re) trouver un mode de partenariat avec les collectivités « non uniformisant », adapté aux spécificités des territoires (banlieues, rural…).
De leur côté, les collectivités, qui furent longtemps en pointe, n’en mènent pas large aujourd’hui, notamment les départements. La situation économique, la réforme fiscale, l’étranglement financier programmé se conjuguent à la crainte d’une réforme territoriale qui doit redéfinir les compétences et les cofinancements. D’ores et déjà, les compétences dites « facultatives » portent le chapeau bien que leur diminution même brutale ne puisse suffire à régler les difficultés. Arrêtons de dire facultatif pour des missions qui ne sont obligatoires pour quiconque, au risque de ne plus voir personne soutenir le spectacle vivant, les arts visuels ou encore l’éducation artistique…
Pour une nouvelle gouvernance culturelle
Pour autant, si l’émotion qui se manifeste au sein du monde de la culture est légitime, on ne peut s’en contenter. D’une part parce que les populations, en temps de crise, expriment encore plus leur désir de culture et d’échange, ce qui est réconfortant et doit inciter à ne pas laisser s’affadir nos politiques publiques. D’autre part parce que les professionnels doivent être force de proposition pour redéfinir le sens et les finalités d’un service public de la culture indispensable dans une société disloquée par les particularismes et le repli sur soi, et rechercher ensemble les modalités de développement d’une action culturelle diverse, ouverte, innovante.
Quelle nouvelle gouvernance culturelle entre régions et départements ou entre villes-centre et leur intercommunalité, et quel nouveau partenariat avec l’État ? À cet égard, le rapport que doit remettre sur cette question Jérôme Bouët au ministre de la Culture fin septembre peut constituer un espace permettant d’exprimer deux ou trois choses importantes résultant de « l’intelligence territoriale ».
Comment travaille-t-on avec d’autres secteurs de l’action publique, comment invente-t-on des modalités de travail nouvelles avec les forces économiques, comment associe-t-on les habitants à la vie culturelle, comment se nourrit-on de l’expérience de nos voisins européens, comment prend-on en compte la révolution numérique qui a boosté les pratiques artistiques en amateur ?
L’État, autant que les élus, a besoin d’être nourri de ces réflexions, que le Comité de liaison des directeurs d’affaires culturelles (CLIDAC) avait mises à l’ordre du jour des 2es Assises des DAC à Toulouse : 400 d’entre eux se sont dits bien déterminés à jouer ce rôle d’aiguillon !