Les Nouvelles de l’été !

Des nouvelles ! Nous les avons choisies pour les trois prochains billets avec nos trois priorités habituelles, celles d’un Tourisme Culturel qui serait revu et corrigé en fonction de :

– A – l’importance, aujourd’hui de la prise de décision des visiteurs culturels, et par voie de conséquence de la phase qui précède le voyage et le séjour. Il ne suffit pas de valoriser votre site culturel selon les recommandations scientifiques habituelles et d’attendre le visiteur tranquillement. Il faut aller le chercher ce visiteur et, si vous ne faites pas partie des 50 sites ou évènements incontournables français, faire des efforts pour participer à cette phase de l’avant-visite et innover, sans cesse.

– B – l’importance du désir de réelle participation des visiteurs. A part les fans absolus de culture, qui eux, sont toujours contents, même si l’offre et la visite sont compliquées ou inconfortables, tous les autres visiteurs (80% !) souhaitent vivre une expérience, ne pas regarder passivement vos séries de tableaux ou d’objets , vos étiquettes ou les coursives de votre château, si parfaites soient-elles; et souhaitent surtout plus,  si possible : rencontrer les habitants, comprendre le sens d’une ville, d’un pays, et voir ce qui est « authentique » ; enfin les visiteurs souhaitent partager tout ce qu’ils ont apprécié, dans cette découverte,  ou co-créer des contenus avec vous, le must !

– C- l’importance des nouveaux comportements des visiteurs: réservations tardives, départs tout au long de l’année, nouvelle exigence de qualité…Tout cela est, de plus, facilité chaque jour par les usages du numérique, qui permettent de donner des avis, de comparer.

Inégalité des régions en France : pour ces trois orientations, notons, comme à l’ordinaire, aussi, que l’inégalité des villes et des  régions croît en France: il y a réellement des villes et des territoires innovants, très créatifs à tous les points de vue, et cela pour tous les champs de la vie publique, y compris le tourisme et la culture (Environ 500 villes et régions selon nos estimations récentes). Puis, hélas, il y a toutes les autres villes ou régions, qui, pour des raisons différentes, vivotent. Avec la bénédiction, semble-t-il, de leurs associations d’élus pour la Culture, qui ne cessent de s’accrocher au Passé. Ce blog tente de vous faire connaître les meilleures pratiques et méthodes, en France et à l’étranger, pour que le second groupe rejoigne le premier avec des projets pour l’avenir.
Bon, après tout vous faites ce que vous voulez, « Liberté chérie! »,  mais n’oubliez pas : la « concurrence » veille, car l’immense vivier des futurs touristes des pays émergents attend vos propositions, et si vous n’améliorer votre fréquentation, d’autres pays européens accueilleront ces nouveaux visiteurs, avec bonheur.

Shakespeare à l'honneur sur les scènes de London, cet été!

1- L’ETE CULTUREL EUROPEEN LE PLUS RICHE CET ETE EST ANGLAIS, avec plus de 12°000 expositions, évènements culturels et festivals  pendant les J.O, à Londres, Edinburgh . Par contre, la Ville de Londres a beaucoup moins d’habitants, partis en vitesse cet été,  et les rues sont quasi vides : les anglais « non-sportifs » ont pris peur, avec les J.O et les alertes du Gouvernement contre l’embolie possible de la ville pendant les J.O. En fin de compte, peu de Londoniens et de badauds touristes à Londres, et les visites des musées sont fluides.

2- UN ENVIRONNEMENT MONDIAL FAVORABLE POUR LE TOURISME : 415 millions de Touristes étaient attendus dans le monde entre mai et août 2012 (OMT, Organisation mondiale du Tourisme). ForwardKeys a enregistré une hausse de 5% des réservations de voyages par transport aérien international , les arrivées de touristes internationaux ont atteint 285 millions de janvier à avril 2012, en progression de 5%.  L’Asie-Pacifique et l’Afrique ont affiché une croissance de 8%. L’Afrique du Nord (+11%) a profité de la reprise en Tunisie (+48%) et le Moyen-Orient (+1%), de celle de l’Egypte (+29%). Les Amériques (+6%) ont connu des niveaux de croissance légèrement supérieurs à la moyenne mondiale, et l’Europe (+4%) a consolidé sa croissance record de 2011, explique l’OMT.l’Europe Centrale et de l’Est (+8%), tire la croissance avec le Royaume-Uni (+5%), la France (+5%) et l’Allemagne (+10%) tandis que l’Europe du Sud ne progresse que de 0,2%, après une forte croissance sur la même période l’an dernier.

3 – TOURISTES ET HABITANTS, LE GRAND AMOUR CONTINUE! Et Marseille à l’honneur, avec deux créations:

– UN GROUPE DE GREETERS EBLOUISSANT, ceux de Marseille, a engagé le dialogue ( site Internet, réseaux sociaux) avec les visiteurs touristiques  qui veulent mieux connaître la ville et ses environs.  Bilan:  TripAdvisor , soit l’avis exprimé des touristes, a placé les Greeters de Marseille en deuxième position pour la meilleure activité de la ville! Juste après la Bonne Mère (Notre Dame de la Garde). Il faut ajouter aux Greeters la création de nouveaux AMBASSADEURS pour Marseille Provence 2013. Comme le concept d’ « Ambassadeurs » a bien marché dans le Puy de Dôme, à Dunkerque, dans les Hautes-Pyrénées ou  en Seine Maritime, Marseille, future capitale européenne de la Culture en 2013, veut aussi en profiter. On peut regretter cependant que Marseille Provence 2013 n’ait pas davantage associé ses habitants plus tôt, début 2011 ! Du coup, le Off de MP2013 fait un tabac sur le web,car le « OFF »  est mille fois plus participatif, se présentant comme une plateforme d’appel à projets . Et ces projets sont en plus très drôles, allez faire un tour sur leur  site, vous ne le regretterez pas !Vous pourrez aussi analyser leur méthode pour   faire un appel de projets en ligne, de façon collaborative

JE NE SERAI JAMAIS UN TOURISTE! Après les chambres d’hôtes, les Bistrots de Villages, le Couch Surfing, les Greeters, le Tourisme Autrement, «See the Paris tourists never see», signalons les développements de Nectar Pulse en Autriche  et de Spotted by Local , site né en 2008 à Amsterdam qui propose  des visites « hors des sentiers battus », comme celle des salles du Louvre vides Nectar Pulse, Spotted by Locals, ! Des bloggers locaux de 42 villes européennes vous font découvrir leur choix .Pour ne jamais être des touristes là où vous voyagez.  Pour en savoir plus sur « Touristes et habitants » : voir si vous le voulez les slides de mon ppt du 5 juillet 2012 à Marseille, ici

La prochaine conférence de l'ICOM : en 2013 à Rio

4- FIDELISATION DES VISITEURS  : QUOI DE PLUS IMPORTANT ? Si notre pays a un énorme retard (pratiques, méthodes, compétences…) pour la fidélisation, il faut aller voir , pour les visiteurs des sites culturels, le travail en « back office » du groupe des musées de la Tate pour avoir une petite idée de tout ce que l’on peut mettre en oeuvre sur le sujet, dont de précieuses études (diagnostic et nouvelles stratégies). Tate Museum (Tate Britain, Tate Modern, Tate Liverpool etTate St Ives ) a analysé sa politique de fidélisation et les relances jugées nécessaires. Pour cette étude le groupe Tate Museum a fait appel à une société d’analyse de données, TMW, a suivi des réunions quotidiennes avec TMW, remplacées ensuite par cinq présentations hebdomadaires pour interpréter les résultats. « Dans la mesure où la majeure partie des données s’appuyait sur le comportement des visiteurs et la fréquence de leurs visites au musée, ce qui renseigne sur leur taux de fidélité, TMW a observé que, parmi certains segments, lorsque les visites ont commencé à s’espacer au cours des six derniers mois d’abonnement, il y a de fortes chances que nous perdions définitivement ce membre, poursuit J. Ring. Ils ont aussi montré qu’un membre qui ne s’est pas rendu au musée depuis plus de 24 mois est « perdu », ce qui  leur a permis de mettre en place des stratégies de réactivation. Rien ne sert de cibler des individus « qui ont disparu depuis six ans. ». Encore faut-il les avoir repéré, isn’t it :-)? A lire sur Icommunity, le nouveau site de l’ICOM (Abonnement gratuit) ou  dans Les nouvelles de l’ICOM, Octobre 2010, Vol.63 N°2.

Villa del Casale, Sicile, mosaïque de la période romaine (Voir légende en bas du billet)

5- ET POUR LES VISITEURS DU MONDE ENTIER QUE PROPOSEZ-VOUS? Le Tourisme et la Culture ont ceci en commun : des contenus riches, quasiment illimités, ce qui n’est pas le cas de toutes les Activités, de tous les Loisirs ou de la Recherche. Donc, les mettre aujourd’hui à disposition de tous les habitants du monde devrait être une obligation « morale » pour les directeurs et les élus! Encore une fois, si vous ne le faites pas, d’autre s’en chargent et font patiemment connaître l’art et la culture à tous les habitants, à commencer par les plus éloignés u monde culturel : Google Art Project a mis en ligne des milliers d’oeuvres d’art du monde entier, en haute définition, et vous pouvez créer votre propre collection ou « musée » et en faire profiter vos amis !Traduction en dix huit langues…Amusez-vous en visitant le site, ici. Et puis il y a a la petite Balle magique.

6- MAGIC BALL
Nous avons réellement une passion pour la petite application « Magic Ball », de la  Tate Gallery de Londres : « Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, et seulement avec votre permission, je pense à vous ! » , semble vous dire  dit la la Magic Ball. « Je vous envoie un tableau, une sculpture, qui vous correspondra au mieux ! » N’est-ce pas magnifique de se sentir ainsi choyé? Donc, Magic Ball, avant de faire son choix « rien que pour vous », se renseigne : quelle heure est-il ? Où êtes-vous ? Souffrez-vous du bruit, de la pluie, de solitude, car il est bien tard ? Puis elle trouve une œuvre d’art du musée qui corresponde au mieux à votre situation et à vos états d’âme. Et hop ! Vous la recevez sur votre portable ou iPad. Les phobiques du traçage des individus par le web devront s’abstenir, et en particulier les non natifs du web. Toutes les autres personnes peuvent profiter de cette application, pour découvrir l’art de façon ludique.

– MAGIC BALL, comment ça marche ? Quelque soit la position de l’utilisateur dans le monde, l’application prend en compte ses données de géolocalisation, la date, l’heure, la météo mais aussi les bruits ambiants. En fonction de toutes ces informations, elle choisit une œuvre pertinente.Un exemple. le 25 juin 2012 à 16h50 : l’œuvre proposée à un habitant de Montréal était une sculpture de Antony Gormley, A case for an Angel III… L’explication donnée était  la suivante : « Quand il fait gris comme ça, cela vous énerve qu’il fasse toujours beau au-dessus des nuages…Alors pensez aux  anges, qui  doivent être contents, au ciel,  de sauter dessus! « .

Concrètement, pour résumer : vous chargez l’application gratuite , vous secouez votre téléphone, c’est tout : une œuvre d’art surprise, conservée à la Tate (Damien Hirst , Tracey Emin , Pablo Picasso , Henri Matisse ,Claude Monet…) apparait sur vote téléphone, avec une fiche d’informations sur l’oeuvre  et un petit mot gentil vous disant pourquoi cette oeuvre VOUS correspond au mieux, en ce moment. L’application Magic Ball de la Tate est gratuite et disponible sur l’Appstore mais aussi sur le Nokia Store(uniquement dans certains pays).

– LES MUSEES DOIVENT-ILS CREER DES APPLICATIONS ?La Tate a aussi profité du lancement de la Magic Ball  pour lancer un débat, auquel vous pouvez participer : les musées doivent–ils créer des applications ?

KEN LE TOURISTE PARFAIT C’était quoi l’amitié ? pensait Ken avant de faire sa valise pour rejoindre son jet privé pour aller faire de nouvelles affaires en Chine. Il était assez contrarié, car sa nouvelle amie, la Magic Ball,  lui avait envoyé une blague sur le temps glacial qu’il faisait cet été à Dubai. « What happens? ». Il sourit en trouvant l’erreur  : la Magic Ball avait encore voulu raffiner…Elle avait remarqué que, bien qu’étant à Dubai, Ken  venait de payer avec sa Golden Card, dans le froid glacial de la piste de ski du Mall of the Emirates, son billet d’entrée pour un petit tour de piste sportif. Neige à tous les étages, donc.

Notre Photo pour le Ken du Haut: Ken vous fait un petit coucou, dans le cou de la Reine d’Angleterre. Notre PHOTO pour le Ken du bas : Arrrrrgh ! Vous avez eu peur ? Ken, Maître du Désordre, voulait  juste vous faire une farce…( Expo.Miryam Mihindou, Série « Découchaj’ », 2004-2006. (Expo Les maîtres du désordre Musée du Quai Branly, Paris).Photo de la mosaique de la femme aux haltères : l’invention du bikini remonte à quelques temps déjà, nous dit Marie-Laure Palicot Régus, Conférencière et Guide sur sa page LinkedIn !La Villa del Casale, au centre sud  de la Sicile, construite dès la fin du IIéme siècle, comprend plus trente pièces et de a été classée au patrimoine mondial de l’Humanité en 1997 par l’UNESCO ;  les 4500m2 de mosaiques et leurs  120 millions de teissères  ont entièrement restaurées par 50 professionnels de toute l’Europe. Y figurent ces jolies sportives romaines, nageuses, gymnastes, sont étonnantes!

Les sportives de la Villa Casale. Notez le top-bandeau du 2 pièces, :-), hyper mode cette année.

Le point sur la fréquentation des musées et des monuments!

Nous avons reçu de l’un des plus brillants experts de l’ingéniérie culturelle , Jean-Michel Puydebat,  Directeur de PV2D, un complément d’information sur les résultats de l’étude que nous avons publiés dans le billet de la semaine dernière. Voici ce commentaire, avec une présentation.

I – POUR QUE VOUS N’ AYEZ PAS LE MORAL A ZERO!

A dire vrai, une joute « contre » le CREDOC ne nous intéresse pas du tout, ni Jean-Michel ni moi-même, et si nous avons tous deux cette obsession de chercher la vérité, c’est surtout parce que de nombreux petits musées, monuments sautent sur les statistiques officielles, et se comparent avec les « moyennes » que ces statistiques proposent. Et la dernière étude du CREDOC, celle dont nous allons reparler ici, pouvait leur mettre le moral à zéro, ce qui ne doit jamais arriver! Non, six personnes sur 10 ne rentreront pas dans votre musée ou votre monument. Oui, vous êtes dans la moyenne si votre fréquentation baisse un peu en ce moment, car la visite coûte cher, non seulement si l’entrée est payante, mais parce que « sortir de chez soi » est toujours plus cher que d’y rester. Il y a la garde des enfants, ou le fait de  « se faire un peu joli pour la visite », ou encore le petit café avant ou après la visite, les tickets de transport, etc…Alors, en temps de crise économique forte, comme en ce moment, on y renonce souvent.

II- LE RESUME DES CHIFFRES DE FREQUENTATION

Voici donc réaffirmées, grâce au commentaire de Jean-Michel,  les  bonnes  statistiques, auxquelles Olivier Donnat, le meilleur d’entre-nous, nous avait habitués, et qui n’ont pas changé, ne vous inquiétez pas! Je les résume pour ceux qui sont assez aimables de nous lire mais sont pressés:

30% à 35% des français fréquentent, visitent avec plaisir les musées et les monuments;

Les plus riches, les plus érudits, les plus âgés de notre population française  viennent nombreux ; votre offre leur plait bien, et il n’est pas trop difficile de les fidéliser!

Les touristes et les excursionnistes sont, en nombre,  majoritaires dans les sites culturels, sauf pour deux catégories de sites, dirons-nous pour simplifier :  les tout petits sites culturels ou ceux qui n’ont presque personne à l’année…(Mauvaise situation, loin des flux de visiteurs; collections ou monuments sans grand relief; jours et horaires d’ouverture insuffisants; aucune aide à la visite..). Très peu de sites prennent en compte les exigeances de ces touristes et excursionnistes, leur préférant les publics de proximité. Seuls les « très gros » sites culturels s’occupent systématiquement des touristes et des excursionnistes, comme le Mont-Saint-Michel ou le Louvre. Auxquels il faut ajouter environ 500 sites culturels  en France – sur les 30 000 à visiter, ce qui est peu-  faute surtout de volonté politique. Et  c’est vraiment dommage!

– Par contre, si votre site est « en ordre de marche » et si vous voulez  que d’autres visiteurs, plus jeunes, moins favorisés, moins érudits viennent voir vos sites culturels ( musées, monuments, sites archéologiques, etc…), vous avez intérêt à renouveler l’offre. Pour cela, il faut changer un peu de point de vue, et quitter les codes « classiques » : textes d’aide à la visite trop jargonneux, étiquettes (cartels) en langage professionnel ( Sbg veut dire  signé en bas à gauche…; ou ce INV N° xxxxx, comme vu récemment,  qui se réfère au numéro d’inventaire de l’oeuvre, dont le public n’a que faire, mais si vous lui proposez à la place une info utile à la compréhension, il est preneur!). Il faut répondre sur le fond- « Pourquoi suis-je là?« , se demande d’abord le visiteur, « Qu’est-ce qui est réellement important? » Et sur la forme ( Eviter que l’on se perde; créer des circuits pour les visiteurs pressés; traduire en langues étrangères – autrement autant mettre « Ce lieu est déconseillé aux visiteur étrangers ». Pensez aussi que on a le droit d’avoir soif ou faim, de vouloir s’asseoir…). Avec les usages du numérique,  vous devez aussi repenser  la préparation de la visite (Information multicanal, géolocalisation…),  la visite (Apps, rélité augmentée, interactivité…) et  la fidélisation. Dialoguer avec les visiteurs, les laisser donner un avis, proposer des solutions ou  enrichir les contenus, voilà selon nous la bonne attitude. Dialoguer avec ceux qui ne viendront pas forcément mais utiliseront vos données (Sites Internet, applications,réseaux sociaux, jeux, galeries de photos, forum…).Votre rôle de « proposer » une muséographie, des aménagements divers pour un monument , de créateurs expositions… peut aussi devenir plus largement celui d’un modérateur du débat, si du moins vous le supportez..Et comme vous ne pouvez pas faire tout cela seuls, collaborez et insérez-vous dans la vraie vie, si possible, de votre territoire.(Assos et autres monuments,  mais aussi transports, entreprises, différentes stratégies territoriales publiques.).

III- ALLER PLUS LOIN AVEC JEAN-MICHEL PUYDEBAS!

Le commentaire de Jean-Michel Puydebas,  suite au  le billet de la semaine dernière

« Merci Evelyne de nous avoir permis de décoder la récente enquête du Crédoc. J’abonde dans votre sens notamment quant aux pourcentages très élevés de pratique du patrimoine qui serait de 57 % dans les 12 derniers mois, ce qui romprait tout à fait avec les pratiques habituelles de ce type d’équipement qui se situent entre 30 et 35 % depuis de nombreuses années (comme l’ont montré toutes les études sur les pratiques culturelles des Français réalisées depuis plus 20 ans par la DEP et Olivier Donnat) . Que s’est-il passé ? et bien tout simplement on a considéré que rentrer ou se balader dans des églises gratuites ou au milieu de villes d’art et d’histoire ou de quartiers monumentaux, cela consistait à visiter du patrimoine : ainsi alors que la pratique de visite des châteaux est effectivement à 32 % dans cette étude, celle d’un monument religieux est de 37 %, celle d’une ville d’art et d’histoire de 32 % aussi. Alors 32 + 37 + 32 + toutes les autres pratiques que vous citez (site militaire 10 % , site archéologique 10 %…) peut effectivement faire 57 %.


Déjà il y a quelques années, le questionnaire du DEPS [ Département des études et de la Prospective, et des Statistiques, ndlr]avait été modifié en y introduisant une question sur la « vision des monuments, ne serait-ce que de l’extérieur » et comme de juste, cela avait fait doubler la pratique. De fait il y a peut être 60 % de pratique du patrimoine, mais seulement la moitié environ est payante et le reste est gratuite …ce qui ne génère pas du tout les mêmes retombées économiques et touristiques. Et si l’on regarde les pratiques des musées au global que donne aussi cette enquête Crédoc, on a une justification de ce que j’avance puisque les musées (qui ne peuvent se visiter de l’extérieur il faut effectivement y rentrer qu’ils soient payants ou gratuits) sont à 35% de pratique.
Au total, donc pas de bouleversement, les faits sont têtus (confère Bourdieu) et la pratique des musées et du patrimoine est toujours en moyenne d’un gros tiers des français à peine.
Le deuxième enseignement de cette étude, mais nous le savions là aussi par les études d’Olivier Donnat, c’est que les visiteurs étaient décomplexés par une pratique des musées et des monuments en dehors de leur territoire, donc en position de touriste. Effectivement 57 % des gens qui ont fréquenté du patrimoine et des musées l’ont fait hors de la région où ils habitaient. Ce qui ne signifie pas Evelyne que les touristes sont majoritaires lorsque l’on se place du côté de la fréquentation des équipements. Si les chiffres manquent parce que la direction générale des patrimoines ne fait pas beaucoup d’enquêtes sur la typologie touristes/ excursionnistes/ locaux dans les musées, les consultants travaillant sur le terrain savent que pour beaucoup d’équipements de Province qui ne sont pas des « must », ce sont les publics excursionnistes qui sont largement majoritaires. Il y a quelques années un chiffre encore cité parlait en moyenne DMF de 40 % de touristes contre 60 % d’excursionnistes. Il ne faudrait pas que l’arbre Louvre ou Mont Saint Michel où les parts de touristes sont stratosphériques (79 % au Louvre soit 66 % d’étrangers et 13 % de provinciaux nécessairement touristes ou 50 % de touristes étrangers au Mont Saint-Michel) cache la forêt de la plupart des petits et moyens musées et monuments de France et de Navarre.

Enfin, cette étude Crédoc, reparle du prix mais là aussi, le questionnaire est biaisé pour faire que le prix apparaisse comme un critère fondamental de non pratique dans les musées et monuments. 25 % des personnes interrogées auraient renoncé à une visite du fait du prix. Le malheur pour le Crédoc c’est qu’en 2006 ils avaient effectué une enquête plus ouverte qui elle posait une question plus large avec de multiples réponses, dont le prix, sous la forme « pour quelle raison principale, parmi celles-ci, n’êtes vous pas allé récemment dans un musée » : eh bien, figurez vous que le prix n’arrivait qu’en troisième position avec 9 % derrière « les musées ne nous intéressent pas » avec 43 % et « il n’y a pas de musée près de chez nous » avec 16 %.

Alors Evelyne continuez votre croisade sur la médiation, la vulgarisation, les visites plus vivantes, l’introduction de high tech, car c’est le seul moyen d’espérer croire qu’un jour la pratique viendra chez les oubliés de la culture et fera mentir Bourdieu.
JEAN-MICHEL PUYDEBAT, Directeur de PV2D, conseil en stratégie marketing et exploitation pour les équipements touristico-culturels

KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken avait le temps, il le savait. En arrivant à Londres, pour les J.O, qui étaient devenus un paradis de Touristes Parfaits, par parenthèse, tellement l’argent y était roi, le marketing en pleine forme et les sportifs la dernière roue du carrosse, il avait une mission. Mais oui, de temps autre il quittait son modèle économique,  pour un peu d’éthique, abandonnait son périple de voyageur incessant, ses palaces et ses Affaires.Sa mission consistait à convaincre une nageuse qu’elle ne nageait pas « pour se faire plaisir », comme elle le disait à tous les médias, mais pour son pays. Et pourquoi Ken avait-il été choisi pour la convaincre? Enfin, réfléchissez de temps en temps, parce que Ken adorait les filles, qui le lui rendaient bien, d’ailleurs. Son portable sonna : c’était son ex, Barbie Chérie….

LA SEMAINE PROCHAINE :  ENFIN LES NOUVELLES,  toutes les nouvelles de l’été,  sympathiques, croustillantes ou fabuleuses du Tourisme Culturel!

LEGENDES DES PHOTOS – En haut : Ken, en Angleterre,  fait des châteaux de cartes, cet été, avec le fils d’un l’ébéniste. Exposition Chardin, Waddesdon Manor, Buckinghamshire.

En bas : Tout ranger, cet été! décida Ken, dans ce meuble mural de Charles Kalpakian (Galerie BSL, Paris, Design Week de septembre 2011).

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La visite touristique des musées, des expositions et des monuments

Les touristes sont-ils majoritaires dans les musées, monuments, sites culturels et villes et pays d’art et d’histoire? Bien sûr, et la nouvelle étude du CREDOC*, nous le confirme. Quels sont les profils des visiteurs français et internationaux ? Le rôle d’Internet est-il aussi majeur que ce que l’on croit ? Visite-t-on seul, ou accompagné ? La visite correspond-elle à l’attente des visiteurs? Voici  des réponses à ces questions, qui confirment celles des études réalisées depuis dix ans. Et les freins à la visite sont toujours aussi  nombreux.Pour y remédier il faudrait, à notre avis, améliorer l’accueil et renouveler l’offre culturelle! De nouveaux comportements de voyage, de nouveaux usages de la visite culturelle, de nouvelles clientèles sont apparues, dont il faudrait mieux tenir compte, à notre avis.

– 57% DE TOURISTES ! Les visiteurs touristiques sont les plus nombreux sur les sites culturels. Près de trois fois sur cinq, les visites culturelles ont lieu dans une région différente de celle où les personnes habitent, comme on le voit ci-dessous:

Du coup, on ne comprend pas bien pourquoi, en France, les missions et  l’ensemble des moyens de la culture du secteur public sont réservés aux seuls publics de proximité. Les procédures, les personnels, la formation, la connaissance des publics se limitent  aux seuls visiteurs « français », tout comme les  statistiques et  les projets. Faisons aussi le constat que le mot « Tourisme »ne fait pas partie des stratégies des départements du ministère de la culture. Comme il ne fait pas partie du vocabulaire du CREDOC, car une « personne en dehors de sa résidence habituelle«  s’appelle un touriste, selon l’OMT, organisation mondiale du Tourisme. Dommage, car le point de vue du Tourisme permet d’avoir un autre regard sur la culture, celui de l’extérieur, tout simplement.

– 67% DES TOURISTES FRANÇAIS ONT EFFECTUE UNE VISITE D’UN MONUMENT, d’un site historique ou d’une ville d’art et d’histoire au cours des douze derniers mois, contre 57% en moyenne. Pour le Spectacle vivant et les Festivals, la dernière étude sur les publics du Festival d’Avignon en 2011 annonce aussi que 64% des spectateurs étaient des touristes. Et, comme celle du CREDOC, cette étude ne parle jamais des publics  touristiques ; elle les appelle  « visiteurs   d’autres régions, d’autres pays ». Pour connaître la part Touristes/habitants d’Avignon, il faut donc faire l’addition soi-même: 30+25+9= 64% de touristes ou excursionnistes, et 32% pour les habitants de proximité.

II – LE TOURISME PERMET LA VISITE DES CLASSES DEFAVORISEES, la visite d’un site culturel fait partie du voyage pour les CSP modestes qui, nous le savons depuis des années, fréquentent peu ou très peu les sites culturels (agriculteurs, ouvriers ; personnes peu diplômées et qui ont des petits revenus (Cf.III, ci-dessous, Les freins à la visite). Le fait que l’on visite un monument en vacances, alors que l’on ne le fait pas dans sa propre ville, est bien connu. En tous cas c’est ce qui se passe, et l’étude le confirme :  73% des visiteurs en vacances sont bien décidés à profiter des sites pendant leurs séjour. Le voyage est donc une réelle incitation à la visite culturelle et favorise l’accès des plus défavorisés d’entre-nous à la culture.

III – FREINS A LA VISITE

1- Le diplôme « En définitive, c’est le niveau de diplôme qui se révèle le facteur le plus déterminant de lavisite d’une exposition ou d’un musée : toutes choses égales par ailleurs — c’est-à-dire en neutralisant l’effet du revenu, de l’âge, de la taille de l’agglomération et du genre —, les personnes titulaires d’un diplôme supérieur ou équivalent on une licence ont 20 fois plus de chance de se rendre dans un musée ou de visiter une exposition que les personnes non diplômées. »

– 90% des diplômés ont été  sur un lieu culturel contre 42% des non-diplômés, et 84% des titulaires d’un « bac+3 ou diplôme supérieur » se sont rendus dans un lieu de patrimoine au cours des 12 derniers mois, contre 57% en moyenne.

– Seulement 8% des non-diplômés ont visité une exposition de « Beaux-Arts » en 2011, contre 54% des personnes disposant d’un diplôme équivalent ou supérieur à une licence.

– Et les étudiants  semblent assurer la relève ! Ils sont surreprésentés parmi les visiteurs : 71% indiquent avoir effectué une visite culturelle dans l’année (10 points au-dessus de la moyenne nationale).

2- LES REVENUS DES VISITEURS « Les écarts de probabilité (de se rendre au musée ou dans une exposition) entre le bas et le haut de l’échelle des revenus varient du simple au double :

Bas revenus :      44% ont  visité un site culturel ; 56 % n’ont pas fait de visite

– Hauts revenus : 78% ont visité un site culturel ;   22% n’ont pas fait de visite
En conclusion : « Les personnes disposant de hauts revenus forment la frange sociale la plus assidue en termes de visites de monuments ou d’autres lieux patrimoniaux ». Rappelons, dit l’étude,  que parmi les bas revenus, 86% sont obligés de s’imposer régulièrementdes restrictions budgétaires (contre 62% en moyenne) et seulement 30% sont partis envacances dans les 12 derniers mois (contre 54% en moyenne). Difficile pour ces publics d’assumer les frais annexes d’un séjour éventuel (transport, logement, locations diverses).

3-  L’âge : avec ce diplôme en forme de Pass Culture, l’âge des visiteurs est aussi préoccupant : le public viellit ! Les « jeunes seniors » (âgés de 60 à 69 ans) sont beaucoup plus friands de patrimoine que les autres classes d’âge.Même si les visites scolaires se multiplient, grâce aux ateliers dédiés, les jeunes, une fois sortis de l’école, ne fréquentent pas massivement les lieux culturels. Selon l’étude du CREDOC,   les sexagénaires,comparativement aux autres tranches d’âge, ont environ deux fois plus de chances de se rendre au musée ou dans une exposition que leurs cadets ou que leurs aînés.

Mon avis sur le bilan Age+CSP+Diplôme : on peut faire l’hypothèse que l’offre semble très bien adaptée à ces classes d’âge avancé, aux diplômés, aux plus fortunés, et qu’un ensemble de freins  existe pour  la visite des plus jeunes, des moins érudits, des plus déshérités, lesquels sont d’ailleurs rarement consultés, d’ailleurs, pour renouveler l’offre ou y participer. Alors, que nous répond-on, du côté de la culture, devant ce triste constat? Qu’il faut continuer! En effet, 80% des professionnels, mais aussi des élus (Cf.la FNCC) et 99% des universitaires et des journalistes  culturels (Télérama, Le Monde…) pensent qu’il faut  « élever le niveau », « choisir l »excellence », « enseigner les visiteurs » et ne jamais transiger sur ces trois  missions. La solution est de  poursuivre, donc, et de multiplier l’action de médiation auprès des publics, d’expliquer, encore et encore. Mais revoir l’offre, son choix, sa présentation, sa communication ne les effleure pas une seconde. L’offre est difficile, élitiste?  Ce n’est pas grave, nous répond-on , il faut continuer, et multiplier les aides à la visite, les baisses de tarif, la communication. Ce que l’on fait, par parenthèse,  depuis 20 ans – nous sommes champions européens de l’offre difficile et donc de la médiation-  mais, comme on ne peut mettre un médiateur derrière chaque visiteur, cela ne fonctionne pas. Comme on veut apprendre, faire découvrir, cela ne peut fonctionner que pour les initiés.

– Connaître la demande? Vous plaisantez, j’espère? « C’est démagogique! », vous répond-on aussi dans les milieux professionnels de la culture, » Il ne faut pas  adapter l’offre à la demande, enfin si, aux jeunes enfants (ateliers), aux personnes handicapées, ou aux « groupes« .  Il n’est donc  pas nécessaire de connaître les visiteurs, leur provenance, leurs différences et leurs souhaits. L’oeuvre est « universelle », la liberté de création est « totale » et le public un tout, homogène et bien pratique :  le « grand public ».

Jusqu’à quand allons-nous subir le choix de l’élite? J’ai bien peur que, puisque de nombreux directeurs et programmateurs de sites culturels choisissent souvent leur programmation pour être reconnus et félicités par leurs pairs, par les institutions, que les statistiques présentées par le CREDOC n’empirent. Les bravos des publics érudits et des journalistes spécialisés  légitiment aussi les choix de ces programmateurs et directeurs. (Voir VII- Satisfaction des visiteurs).

– Quelle politique de démocratisation? Les professionnels, les plus érudits, les « plus riches que la moyenne » et les personnes âgées forment donc une majorité des visiteurs. Soit, mais comment, dans ces conditions,  faire vivre et fonctionner, à l’avenir,  les sites culturels sans un fort accroissement des visiteurs? Cela sera très difficile, car on préfère, en haut lieu, se dispenser d’évaluations formatives  et toujours dire « Espérons, espérons, on va bien finir par y arriver! ». Des mesurettes sont prises à chaque nouveau Gouvernement (Gratuité; mutualisation des moyens; circulation des oeuvres; « le tourisme doit payer! », etc…).Sans jamais tenir compte de faits essentiels, comme celui  l’avenir de la « destination France », avec en particulier une trop forte concurrence interne entre les collectivités locales et entre les sites culturels et les Festivals : concurrence entre régions, départements, villes; entre monuments-phares et les plus petits; entre musées, et surtout entre les autres activités possibles, sur place. Mais à cette concurrence culturelle interne, il faut en ajouter une encore plus puissante , celle entre pays, aujourd’hui, pour le patrimoine ; ou entre « artistes » et « commissaires » des différents pays. Quant aux activités concurrentes de la visite culturelle, voyez vos jeunes, cet été,  pianoter toute la journée ou  discuter avec leurs « amis », vous aurez une petite idée de ce qui est, pour eux, prioritaire dans leur temps de loisirs… Enfin  on ne peut guère augmenter les impôts, locaux ou nationaux, pour financer l’ensemble des lieux existants- plus de 10 000 monuments historiques ouverts aux publics- et pour renouveler l’offre avec des nouveaux projets, plus innovants, qui sont  aussi les victimes de ce double manque de discernement et de financement en temps de crise.

IV- VISITES CULTURELLES EN SOLITAIRE OU ACCOMPAGNEES ? Dans 88% des cas, les visites culturelles et patrimoniales s’effectuent en compagnie d’autres personnes. A choisir, on s’y rend davantage avec des adultes de son entourage (76%), avec des enfants (32%) et, parfois, en groupe organisé (15%). Les visites s’effectuent rarement en solitaire (12% seulement).

V- UNE ASTUCE QUI A BERNE TOUT LE MONDE!

Regardons ici de plus près comment on aboutit au résultat global : Près de six personnes sur dix (57%) déclarent avoir  visité un monument, une ville ou un pays d’art et d’histoire. On remarque que le  périmètre habituel (Musée, monuments.. ) a été considérablement élargi avec la visite globale de « villes et pays d’art et d’histoire ». En fait, les  VPAH »(163 labels décernés, pourtant depuis 1985, sur un total de plus de 10 000 villes pouvant prétendre à être aussi des villes d’art et d’histoire, car l’Etat exige des recrutements d’anuimateurs). Toutes  les personnes enquêtées connaissaient-elles les VPAH? Cela serait étonnant…Nous pensons plutôt que les enquêtés ont, bien évidemment, visité, circulé dans  un village, un « pays »,  une ville où il y a de l’art et de l’histoire   au cours des 12 derniers mois. Comme dans presque toutes les villes et pays de France,  ils y ont vu de l’art et de l’histoire (un ou plusieurs monuments, édifices  anciens,musées…). Cet élargissement du périmètre des sites de visites culturelles habituelles ( musées, monuments, sites archéologiques, églises..) aux VPAH a pourtant permis au CREDOC et aux journalistes de faire croître les statistiques « 6 personnes sur 10 visitent la culture ! ».Car  il n’y a aucune raison pour que les chiffres des enquêtes précédentes aient bondi de 20% environ. (Voir d’ailleurs ci-dessous les résultats de l’étude : entre 10% et 37% des personnes interrogées ont visité un site culturel, au sens commun de cette expression (musée, monuments, site industriel,archéologique,  mémorial,maison-musée d’écrivain ou d’homme célèbre, etc..).   ). Je pense d’ailleurs qu’en élargissant encore le périmètre de l’étude, la prochaine fois, aux  émissions culturelles de la télévision sur le patrimoine  et aux  sites (Internet) des musées, des monuments, de l’art et de l’histoire, on arrivera à « 100% des français visitent la culture! ».

Les résultats de l’étude : un peu plus d’un tiers des personnes interrogées (37% exactement) indique avoir visité un monument religieux cette année. Les visites de châteaux, de fortifications et de palais ainsi que celles d’une ville ou d’un pays d’art et d’histoire attirent 32% de la population. Au total, lorsque l’on comptabilise l’ensemble de la diversité patrimoniale en intégrant les visites de bâtiments d’architecture contemporaine (14%), de sites archéologiques (12%), de maisons d’hommes ou de femmes illustres (11%), les sites industriels (10%) et les mémoriaux (10%), 6 personnes sur 10 visitent la culture.

Voici aussi les thématiques préférées des visiteurs des musées selon l’étude:

VI- INTERNET AVANT, PENDANT ET APRES LA VISITE ’Internet joue un rôle important dans les visites culturelles, dit l’étude. Les chiffres – effet générationnel et retard des sites culturels pour leur visibilité et les usages d’Internet? –  sont pourtant faibles, à notre avis (notre commentaire en italique) :  28% de la population  ont, au cours des douze derniers mois, recherché des informations pratiques (horaires, tarifs, accès, etc.) sur Internet;on sait que 80% des visiteurs utilisent Internet pour préparer leur visite et leur séjour… 10% ont réservé ou acheté un billet en ligne (Peu de sites proposent ce service…) ; 16%ont effectué une visite virtuelle sur Internet d’une exposition  d’un musée ou d’un monument (Il y a a très peu d’expos virtuelles dignes de ce nom, donc 16%, c’est normal); 5% ont téléchargé les commentaires des oeuvres exposées et 6% ont parlé, sur un réseau social, un  blog ou un forum de discussion d’une exposition ou d’un établissement.(Egalement des chiffres très faibles, qui seraient à mettee en  relation avec le profil  des visiteurs,le nombre et les pratiques des utilisateurs des réseaux sociaux).

VII- SATISFACTION DE LA VISITE « Trois fois sur quatre, la visite d’un lieu culturel correspond, pour ceux qui la font,  à leurs attentes  : « Dans 75% des cas, la visite du musée, de l’exposition ou du monument correspond aux attentes du public ».[…]On observe une relative homogénéité des réponses de la part de toutes les couches de la population ». Une observation que nous avions aussi notée, il y a plus de dix ans,  dans le bilan de l’Observatoire permanent des publics des musées (L.Mironer- Cent musées à la rencontre du public-France Editions, nov. 2001).

VIII- NOTRE AVIS

1 – le fait que l’étude montre qu’il y a une majorité de touristes en mobilité  –une nuit en dehors de son domicile habituel –  dans les sites culturels est réellement important et devrait inciter les acteurs de la culture à s’y intéresser, pour au moins trois raisons :

a. Ces visiteurs ont des conditions de visite très différentes des visiteurs de proximité. Ils ne connaissent généralement pas bien la ville, le pays, ou leurs environs,leur  histoire ;  ils ont des demandes d’aide à la visite particulières (Traduction en langue étrangères, par exemple ; ou demande d’autres idées de visites proposées par la localité);

b. Ils sont « en mobilité », et cette situation présente des avantages et inconvénients qu’il faut connaitre. D’ou viennent-ils ? A quelles conditions se déplaceront-ils pour une visite culturelle?  Combien ont-ils de temps pour visiter? En dehors de la culture, que font-ils?Peut-on, et de quelle façon, les faire revenir ?

c. Les publics potentiels, qui sont-ils? Quels pays, ou régions, ne sont pas représentés par les visiteurs présents sur le site culturel, et pour quelles raisons ? En particulier si la ville a une stratégie pour améliorer la fréquentation, ou une politique de jumelage, ou encore si l’Office du Tourisme travaille déjà avec des pays étrangers.

d. Le site culturel peut aussi contribuer à l’évaluation annuelle des visiteurs d’un territoire et à ses projets de développement ; pour que la culture ne pas vive en vase clos, indépendamment des autres stratégies locales; pour que soit effective  la fameuse « inscription sur le territoire » de l’action culturelle, si souvent convoquée mais rarement réalisée.
2 – Le profil du visiteur culturel est toujours aussi  majoritairement plus « haut de gamme » que la moyenne, avec des revenus et des diplômes plus élevés que ceux de la moyenne. Ce  profil ne change guère depuis des décennies, en France. Ce qui est normal, selon nous,  car l’offre et la gouvernance de la culture n’ont guère changé. Les tentatives de changement restent « à la marge », et   les classes moyennes et supérieures sont ravies de leurs visites et ne souhaitent pas changer la donne. Les colloques des professionnels et des élus prônent toujours la pluridisciplinarité, l’ouverture, mais , de facto, on reste entre soi (Secteur public du Patrimoine ; des Musées ; de la création et de l’art contemporain ;  Spectacle vivant ;  médiation culturelle, etc…). Ce cloisonnement est très courant, accompagné d’un repli vers des partenaires au fond très semblables, ceux qui partagent avec la culture institutionnelle l’objectif d’enseigner ou de former tout le monde de la même façon (Education nationale ; Universités, monde associatif…).Il faudrait ouvrir les partenariats à toute la société civile, revaloriser des notions simples comme le confort de la visite, le plaisir, et généraliser la co-création de contenus avec des pratiques plus collaboratives.

EN CONCLUSION , on peut encore rêver d’une culture plus participative,qui reconnaisse les  créateurs ou acteurs qui restent « en marge » du système actuel. On peut rêver d’évaluation, de publics potentiels, d’une offre renouvelée dans sa présentation, ses programme, une offre qui aurait du sens pour les plus jeunes ou les non-initiés. On peut espérer une gouvernance plus « agile », moins verticale (hiérarchique, du haut vers le bas), avec des organigrammes adaptés aux changements. Et on peut rêver enfin que l’on commence par une vraie décentralisation de la décision, qui n’est pas une « collaboration », comme on veut nous le faire croire, mais une réelle  dévolution de compétences  de l’Etat vers les collectivités territoriales avec les moyens nécessaires. En gros, l’Etat n’en peut plus, qu’il revoie aussi ses missions, ses directives, procédures, formations des personnels, recrutements…de fond en comble,  plutôt que de vouloir partager des faiblesses actuelles avec les collectivités.

On peut enfin souhaiter que ces objectifs de réflexion+innovation se généralisent rapidement, car ils existent déjà dans de nombreuses villes et régions et pour des sites et évènements culturels (Voir tout note petit blog, qui les recense et en fait l’analyse)! Tout n’est pas aussi « pesant » que les résultats de cette étude : les réussites des villes, des process, des innovations, de nouvelles entreprises, des sites et  des domaines culturels sont innombrables, aujourd’hui, en France et dans le monde entier.

* Références de l’étude LA VISITE DES MUSEES, DES EXPOSITIONS ET DES MONUMENTS , juin 2012 – CREDOC, Emilie Daudey, Sandra Hoibian,Jörg Müller- Département conditions de vie et aspirations. L’enquête a été réalisée en « face à face », entre décembre 2011 et janvier 2012, auprès d’un échantillon représentatif de 2 003 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas. ( www.credoc.fr) – N° 281 Régis Bigot. Voir toute l’étude ici, et la synthèse .

KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken avait décidé de se reposer un peu, de prendre une heure de vacances et de se rapprocher de la culture, comme tout le monde! Touriste Parfait était une profession épuisante, qui l’obligeait à parcourir le monde en jet privé, à loger dans des palaces et à dépenser sans compter, pour laisser des retombées sur place…Et à gâter son ex, Barbie Chérie.Il fila chez Hermès pour sa photo. Après Joseph Albers(2008)  et Daniel Buren(2010), Hermès a invité le photographe Hiroshi Sugimoto à produire sa vision du célèbre foulard carré.Après une exposition  au Museum den Kulkturen de Bâle, en juin 2012, le nouveau foulard est en vente sur le site d’Hermès, ici . Et dépêchez-vouuuuuus! Il risque d’être épuisé bien vite !  Le carré de  140 x 140 cm (notre photo, derrière Ken), est édité en seulement 7 exemplaires numérotés à la main de 1 à 7. Il est en Twill plume 100% soie, roulotté à la main et livré dans un étui cylindrique incluant un certificat d’authenticité et un livre.Enfin le  foulard ne coûte que  7000 euros…Pour vous, je sais, c’est 20 ans de camping, tout de même , mais bon, vous pourrez le porter tous les jours, pendant ces 20 ans! Le bonheur, comme la culture, a un coût, mais il n’a pas de prix! [Sur la Photo, Ken pose devant le bau foulard d’Hiroshi Sugimoto]

– Photo du haut :  suite à notre billet de la semaine dernière, voici l’affiche « I WANT YOU FOR THE US ARMY! ».  4 millions de soldats US ont été mobilisés en 1917 via  cette affiche, signée  de James Montgomery Flagg, (96,5X63,2cm). Exposition 1917, Centre Pompidou Metz.

LA SEMAINE PROCHAINE,  DES JOLIES NOUVELLES!  du numérique, des apps, des Greeters, des  territoires, des expos, et des surprises!