Les Capitales européennes de la Culture sont toujours des succès!

P1090428La Direction de la Stratégie touristique du Commissariat général au Tourisme (Administration du tourisme de Wallonie – Belgique) était un petit peu inquiète, au printemps dernier,  sur l’évolution de la préparation de Mons 2015,année où Mons sera Capitale européenne de la Culture! Pour rassurer cette excellente équipe j’ai rédigé, à sa demande,  un petit article qui fait le point sur les avantages du Label « Capitale européenne de la Culture « , et pourra tranquilliser tous les futurs autres candidats à ce Label. Car, à  bien regarder les Capitales du passé, trois  constats : oui, c’est bien la Culture qui conduit la programmation ; oui, les délais sont toujours dépassés, car le temps de la Culture n’est pas du tout celui du Tourisme; et oui, enfin, malgré tous les aléas de la préparation, le « succès » est toujours au rendez-vous! Voici donc le texte de cet article,  paru en Belgique dans le Numéro 9 des excellents CAHIERS du TOURISME de ce pays, texte qui avait donc  pour but de résumer les enjeux et défis auxquels sont confrontés toutes les villes et pays lors d’un travail pour le développement du territoire et de la notoriété grâce à un super événement culturel.  

Mons calendrier à reboursINTRODUCTION / Le 10 janvier 2014 l’aéroport de Marseille communiquait officiellement son bilan 2013, avec une bien mauvaise nouvelle pour le tourisme culturel local : l’année capitale européenne de la culture n’a pas fait bondir la fréquentation internationale, loin de là… Car après avoir gagné 1 million de passagers en 2012, soit +12,7% par rapport à 2011 – quatrième plus forte progression des aéroports européens – l’aéroport Marseille Provence a connu en 2013 un trafic stable, en progression de seulement 0,5% avec près de 8,3 millions de passagers. On peut s’interroger sur ces chiffres, d’autant qu’à cette « stabilité » de la fréquentation en 2013 de l’aéroport de Marseille Provence on pourrait aussi ajouter, en toute logique, le contexte de croissance mondiale du secteur, soit environ +5% par an de nouveaux touristes internationaux annoncés par l’OMT, Organisation mondiale du tourisme, en 2013.
Si le bilan officiel de Marseille Provence 2013 ne sera connu que dans les mois à venir, on peut, en analysant ceux d’autres capitales, tenter d’apporter des réponses à cet échec relatif : le format des capitales européennes, de nouvelles clientèles, de nouveaux comportements et pratiques numériques ont changé la donne du tourisme depuis cinq ou six ans. Comme les autres activités, le tourisme culturel doit en tenir compte, ce qui n’a pas toujours été le cas lors de l’évènement de Marseille, mais aussi pour d’autres capitales européennes comme Istanbul (en 2000) ou Patras (en 2006).
Cependant, comme nous le verrons en conclusion, aucun indicateur ne peut infirmer le vrai succès des capitales : une nouvelle notoriété internationale, la fierté de découvrir, pour ses habitants, des atouts inconnus et le désir de poursuivre l’aventure, rarement déçu!
Quels ont été les moteurs d’une bonne dynamique de conduite des Capitales ? Voici quelques exemples.
list_Pistil_Hiromi_Tango_2012_1I- LE FORMAT DES CAPITALES EUROPÉENNES DE LA CULTURE
1) Les programmes, objectifs et stratégies des CEC sont avant tout de conforter ou de faire émerger une identité culturelle. L’industrie touristique, toujours ravie qu’une grande opération ait lieu sur son territoire pour communiquer cette offre mais aussi faire travailler les secteurs de l’Hébergement, du Transport ou d’autres activités, doit donc s’adapter à cet objectif prioritaire d’investissement et de développement de la culture locale sous la houlette des acteurs culturels. Les actions visant à « créer du lien social, rassembler les habitants et réduire les inégalités » grâce à la culture sont recommandées par le programme européen des CEC.
2) Les recommandations aux villes candidates précisent, par exemple : « Une ville n’est pas désignée Capitale uniquement pour ce qu’elle est ou pour ce qu’elle fait. Le patrimoine et la vie culturelle permanente de la ville sont autant d’atouts mais ne peuvent suffire pour organiser l’événement.[…]. Le contenu des manifestations doit tenir compte de la dimension européenne, des diversités culturelles et de l’implication citoyenne. La diversité culturelle implique que soit prise en compte la richesse apportée par l’ensemble des populations résidentes, migrantes ou nouvellement arrivées en provenance de pays européens et au-delà ».
3) Par voie de conséquence, toute l’ingénierie – les programmes ; leur financement ; les recrutements de l’équipe organisatrice et les profils retenus pour porter l’événement…- obéit généralement à ces projets purement culturels par des actions similaires pour toutes les CEC : augmentation de la fréquentation des événements culturels par les résidents ; amélioration des infrastructures culturelles ; amélioration de l’offre dans des quartiers en déshérence ; développement des liens avec d’autres villes proches et d’autres régions ; promotion de la créativité, de l’innovation et des artistes locaux.
slideshow_Timm-Schneider-tt-width-590-height-374-crop-1-bgcolor-000000-except_gif-14) Le programme de l’année Capitale européenne de la culture doit revêtir un caractère exceptionnel spécialement créé pour le titre qui couronne une année phare pour la ville sur le plan culturel, conseille également l’Europe. C’est ainsi que Liverpool gagna ses galons de Capitale exemplaire en 2008. L’événement exceptionnel fut même double, avec les deux concerts des Beatles Ringo Starr et Paul Mac Cartney dans la nouvelle Arena, gigantesque salle de spectacle inaugurée par Ringo Starr.
Le bilan de Liverpool est éloquent : 754 millions de livres (soit 925 millions d’euros) de retombées économiques, par rapport à un investissement de 55 millions de livres (soit 67 millions d’euros) au cours des cinq années précédentes. Avec un record de fréquentation : 15 millions de visiteurs son venus visiter la CEC, dont 9,7 millions prioritairement motivés par les événements culturels – soit 3,5 millions de nouveaux touristes. Un taux d’occupation hôtelier record fut aussi enregistré par la ville qui n’avait, faut-il le préciser, que peu de stratégie touristique auparavant.
Aujourd’hui Liverpool est la troisième ville préférée des Britanniques et on y dénombre le plus grand nombre de musées de Grande-Bretagne après ceux de Londres. Et la ville continue de susciter la fierté de ses habitants. Depuis 2008, l’ancienne ville industrielle qui déclinait a bénéficié d’un exceptionnel renouvellement urbain et d’une notoriété internationale dû à son succès « chiffré », très largement diffusé, aujourd’hui encore, par les Britanniques.

sidebar-mapII- L’IMPRÉPARATION DE LA CULTURE AUX STRATÉGIES ET CALENDRIERS DU TOURISME
Nous le savons bien, le nerf de la guerre pour le calendrier touristique est bien le long terme, et la préparation de l’événement peut commencer trois ans avant son ouverture!
Les tâches sont en effet complexes et demandent ces délais pour, par exemple :
Préparer une documentation parfaitement à jour pour la diffuser dans les grands Salons internationaux ou sur les sites Internet, sites vidéos, réseaux sociaux, Presse, Télévision…
Cibler les clientèles « Touristes culturels » attendus selon leurs propres stratégies (Bas, moyen ou haut de gamme ; jeunes ou séniors ; visite en famille ou en groupes « Affaires » ; clientèles matures ou visiteurs des pays émergents, etc.)
Travailler avec les Tour opérateurs et agences de voyages, avec les aéroports et autres transporteurs, avec les autres acteurs que sont les hôteliers locaux, les restaurants ou encore les différents services du tourisme local réceptif.
– Réaliser une démarche-qualité pour l’accueil et l’adapter à chaque produit ; créer des forfaits voyages/événement ou des City Pass favorisant la fréquentation.
Assurer enfin la promotion locale, nationale et internationale de l’événement en respectant la « promesse-client ».
Pour ce faire, l’ensemble des acteurs ont besoin de programmes précis et d’images, d’études du potentiel et de statistiques, de benchmarking ou de prospective, bref, d’un ensemble de données pour prendre le moins de risques financiers possibles et garantir les bénéfices de leur investissement dans la promotion d’une CEC.
Le milieu professionnel culturel ne comprend pas grand-chose à ces impératifs, à ces tâches, pétri d’une « culture publique » où les enjeux financiers sont la plupart du temps mineurs par rapport à la « qualité de l’offre à tous prix », vraie et seule finalité de leur travail, pourrait-on dire. Le public ciblé n’existe pas, par exemple, l’offre étant destinée au « Public le plus large possible », même si celui –ci, n’existe pas vraiment, mis à part qu’il fait plus d’un mètre quatre vingt.Enfin, le rôle social de la culture est largement prioritaire et implique une quasi exclusivité des habitants comme destinataires de leurs offres.
Les élus locaux de la Mairie soutiennent la plupart du temps ces choix artistiques et culturels car d’une part les habitants sont mis à contribution pour l’organisation (Impôts et participation des entreprises au mécénat ou au sponsoring, via des Clubs dédiés) et d’autre part une Capitale européenne ne peut connaître le succès sans une forte participation des habitants.

list_Capture_d__cran_2014-07-01___15.58.29III- LA PRIORITÉ AUX HABITANTS est donc le bon choix!
Quoi de plus artificiel et improductif que de « parachuter » un événement? En ce cas, pas de fréquentation importante, car ils forment une base fidèle de multivisiteurs des événements. Pas de porte-parole, pas d’implication pour l’accueil des visiteurs étrangers, pas de bénévoles, pas de Greeters, ces merveilleux ambassadeurs qui partagent leurs passions en guidant les visiteurs touristiques! Seuls des habitants convaincus du bien fondé de l’événement pourront convaincre d’autres visiteurs locaux ou étrangers de l’intérêt d’une visite à Mons en 2015 et…les aider à prendre patience pour les difficultés inhérentes aux grands rassemblements : difficulté de gestion des flux ; bruit ; surcapacité de charge de nombreux sites de la ville ou parkings surchargés, etc…
Surtout, à l’heure où un jeune de Mons peut convaincre, grâce aux réseaux sociaux, un jeune chinois de son âge de venir partager avec lui la liesse locale, il est impossible de se priver de la communication des habitants vers de futurs touristes ! Moins conventionnelle que la communication institutionnelle, elle établit des liens affectifs et un amateurisme sympathique au puissant « effet de vérité » : le Comité régional du tourisme de la Côte d’Azur, en France, réussit avec succès ce type de dialogue pour faire connaître directement la destination via les réseaux sociaux chinois (Opérateur Hotelitour, Claude Bénard). .

– Le partage : Think international, Act local !
Le partage est aujourd’hui la porte d’entrée de nombreux comportements et donc la clef de la fréquentation : co-voiturage et couch surfing, avis et prescriptions sur les blogs ou sites comparatifs, échange de points de vue via les discussions et les forums : le touriste culturel veut aujourd’hui « vivre une expérience », et la vivre de façon active. Il préfère participer, faire et comprendre plutôt qu’apprendre. Le Tourisme créatif, les séjours Storytelling sont certes des niches, mais ces pratiques du « partage » deviennent si nombreuses que, à mon humble avis, elles finissent par « faire masse » !
Elle sont de plus de plus en plus « partagées », de plus, par les touristes du monde entier. Les clientèles vieillissantes de l’Europe peuvent donc compter sur le relais des milliards d’individus des pays émergents, friands aussi de ces nouvelles technologies qu’ils ont adoptées sans passer par la case « rupture générationnelle » que nous avons connue en occident.

leaderboard-54ecce6834741925061a5eb1b8900423IV- À MONS : DES JEUNES ET DU NUMÉRIQUE !

– Ces deux priorités – Jeunes et Partage – sont très lisibles pour le projet Mons 2015, à la fois dans les intentions de mettre au coeur de la Capitale culturelle une « Rencontre entre technologie et culture » et, plus concrètement, dans l’organigramme de l’équipe de réalisation, composé d’un bon quart de pros du numérique. En ce sens, l’énergie créative des premières propositions rappellent aussi bien Liverpool que Lille 2004.
Mons2015 et ses huit territoires sont d’ailleurs associés à Lille 3000 qui a su, après 2004, gérer sur le long terme son année « Capitale » avec une suite de dix années de nouveaux grands rendez-vous très réussis, une réelle exception dans l’histoire des CEC depuis 1985.

– Lille avait choisi de créer/rénover/réaffecter à la culture de nouveaux sites (Le Tri postal reconverti) qui ont séduit de nouveaux visiteurs, à commencer par la jeunesse locale et régionale. Mais ce qui « fait la différence » et a sans doute contribué à la réussite actuelle de Lille 3000, c’est bien ce dialogue permanent avec les internautes du monde entier. L’effet Communication joue à plein : même si la plupart des internautes ne viendront jamais, ils peuvent aujourd’hui converser entre eux et parler de Lille 3000, grâce à l’excellent dialogue permanent qu’à su construire Lille avec son public potentiel sur le web et, si possible, en présentiel.

– Mons, déjà très gâtée – patrimoines classés par l’Unesco, ville d’histoire mais aussi d’expériences pionnières comme celles de Mundaneum ou de l’installation de Google – en faisant ce choix du numérique, s’assure d’une « première », car aucune autre CEC n’avait franchi le pas vers cette priorité. Et Mons fait aussi a démonstration que faire confiance aux jeunes est la meilleure des stratégies, surtout en temps de crise où cette classe d’âge souffre avant les autres et sans doute plus fort que les autres.
En terme marketing, ce choix est déjà une immense différenciation qui facilitera la prise de décision vers la destination. A notre connaissance, aucun autre grand événement international en Europe, mise à part l’Exposition Internationale de Milan, n’attirera les publics favoris du Tourisme culturel en Europe!
En conclusion cette alliance entre Culture, nouvelles technologies et, espérons-le , un Tourisme, actif, correspond à de nouvelles attentes qui ne sont que très rarement satisfaites par les institutions officielles de la culture. Une chance, donc, pour Mons d’agir en pionnière de ce « nouveau tourisme culturel » qui est à la croisée des trois secteurs Culture, Tourisme et Innovation numérique!

SLIDESHOW-HOME4V- « UNE BONNE ORGANISATION VAUT MIEUX QU UN GROS BUDGET »… disent sagement les pères de l’étude permanente des Capitales européennes , Robert Palmer et ses amis, dans les différentes analyses de chaque Capitale et lors des conseils qu’ils prodiguent aux futures capitales .
Tourisme et Culture, travailler ensemble !
Dans les différents freins évoqués par les études de Robert Palmer, celui du manque de coordination entre Culture et Tourisme est le plus prégnant et le plus tardif, comme nous avons pu aussi le constater en visitant de nombreuses capitales, dont San Sebastian le 2 mars dernier, ville qui se prépare pour 2016. Seules deux capitales ont excellé dans le rapprochement culture et tourisme : Weimar, qui, via un groupement d’hôteliers, la Weimakulturstadt, fit la promotion de l’évènement culturel et Reykjavick, qui créa un organisme « Tourisme et Culture » comme le fit la Ville de Nantes en 2011 avec « Le Voyage à Nantes ».
Créées comme nous l’avons vu (CF.I) pour la Culture, par des professionnels européens, les Capitales connaissent généralement des difficultés avec ce « travail ensemble » si peu défini, il est vrai, là où il faudrait préciser les moments et les tâches communes tout en respectant les spécificités des deux secteurs.
1- La complémentarité Tourisme et Culture : l’un travaille sur la demande, l’autre sur l’offre. L’un a un grand besoin de plannings prévisionnels établis très en amont de l’événement, l’autre gèrera dans l’urgence imprévus et dysfonctionnements, davantage préoccupé par l’excellence artistique dont il veut marquer son évènement.
2- Des formations à sens unique ! Nous avons toujours constaté que la Culture, pour les Capitales européennes, forme sur place les acteurs du Tourisme aux contenus culturels à venir. Par contre nous n’avons hélas jamais rencontré, pour les Capitales, de formations conjointes ou de formation des acteurs culturels aux fondamentaux du tourisme :
a) Comment fonctionne le Tourisme aujourd’hui ? Quelles sont les stratégies ? Pour quels objectifs?
b) Quels sont les métiers impliqués? Pour quels résultats?(Présentation des tâches, de la promotion à la commercialisation de l’offre)
c) Pourquoi tout ce marketing ? ¨Pourquoi « cibler »-les clientèles et répondre à leurs attentes repérées? Par exemple, dans le cas du Tourisme culturel, pourquoi fait-on la différence entre visiteurs assidus, occasionnels ou simplement « furtivement culturels ».
d) Quelles bonnes pratiques, bons exemples de la bonne entente entre Touristes et Habitants? (Il en existe un peu plus de deux cent en Europe, par exemple) ; Comment la Culture peut-elle profiter des compétences spécifiques du Tourisme et de son « avance » en matière de technologies numériques?
Pour en avoir souvent réalisé, j’ai pu constater que ces formations conjointes lèvent les préjugés ordinaires et les « représentations » négatives du domaine du Tourisme, et produisent des résultats, par exemple celui de profiter de cette rencontre pour faire le point et répartir les tâches selon les compétences nécessaires en fixant un nouveau planning jusqu’à l’ouverture des événements.

SLIDESHOW-HOME3VI- DE TOUTES FAÇONS, VOUS RÉUSSIREZ!
Les retards de planning et ajustements organisationnels sont des « classiques » des capitales, tant sont grandes les ambitions et sans doute la peur de prendre le risque d’un échec.
Rassurons donc dans notre conclusion les experts et associés de l’action touristique actuelle : aucune capitale n’a échoué! Les objectifs des Capitales sont en général suffisamment flous, au départ, pour permettre des souplesses d’adaptation lors de la réalisation. Ce flou offre le bénéfice secondaire de ne pas rendre possible une évaluation trop rigoureuse.
Plus sérieusement, la Ville et la Région y ont toujours gagné en professionnalisation, en fierté de découvrir leurs atouts ou d’avoir surmonté les dernières difficultés budgétaires.
Des partenariats, de nouvelles entreprises ont aussi vu le jour, locales ou internationales et les entreprises du secteur touristique sont, il est vrai, les plus gâtées par la dynamique et les retombées.
Une chose est certaine : l’immense intérêt de tous les continents et pays du monde pour le format des Capitales, quelles que soient ses imperfections, a assuré une immense notoriété à toutes les villes candidates : il suffisait d’être désignée, et Mons a gagné, alors bonne chance à tous!

Evelyne Lehalle, mars 2014. A l’attention de Vanessa GRANDGAGNAGE, Attachée, Direction de la Stratégie Touristique Commissariat général au Tourisme de Wallonie – Belgique. 

list_rue-poterie---Mons---simulatiePOUR EN SAVOIR PLUS ! DÉCOUVREZ MONS 2015 ET PRÉPAREZ VOTRE VOYAGE l’an prochain! Avec l’Exposition Internationale de Milan 2015, Mons sera effectivement The Place To be et vous ne regretterez pas votre séjour! Aller sur le site Internet faire une petite visite:ICI En 2015, en plus de Mons, la Belgique comptera 17 capitales dont 3 en territoire français ! Antwerpen, Brugge, Bruxelles, Charleroi, Gent, Kortrijk, La Louvière, Le Roeulx, Liège, Lille, Maubeuge, Mechelen, Namur, Soignies, Thuin, Valenciennes et WAPI sont les  17 grandes villes (et territoires) partenaires. Etroitement associées dès la candidature, elles feront résonner Mons 2015 dans leurs chaumières en mettant su/r pieds chez eux un événement culturel de grande ampleur, inscrit au sein de la programmation 2015.( Voir le dossier des institutions culturelles et des villes associées :ICI  . TÉLÉCHARGER LE N ° 9 DES CAHIERS DU TOURISME BELGE, ICI!

2015 FACONS DE PARTICIPER est une rubrique très sympathique où les habitants de Mons et d’ailleurs sont déjà invités à participer à toute une série de projets très intéressants, comme « RÊVEillez la rue » , pour les 7-27 ans :  « la ville n’attend que toi pour devenir un grand terrain de jeu » ! (– Jette des bombes à graines dans les fissures des trottoirs – Trace des paroles de chansons à la craie sur les murs – Colle des yeux en balle de ping-pong aux poubelles publiques – Imagine des « selfies » avec le singe du Grand Garde et le Doudou- Organise un tournoi de finger-skate sur les marches de Ste-Waudru- Prends une photo ou une vidéo et poste-la sur Facebook/Twitter/Instagram/Google+ avec le hashtag #reveillezlarue @mons2015.). Voir le lien ICI  et nos photos dans le textes légendées ci-dessous. 

P1090429KEN LE TOURISTE PARFAIT s’interrogeait ( enfin, parfois…) sur le sens de la vie et sur le temps, insaisissable. Ses journaux, bien serrés dans le porte-revue de son siège « Affaire » du Boing qui l’emmenait vers les Emirates, affichaient tant et tant de montres à la rubrique « Luxe » qu’il n’était pas rassuré : pourquoi souligner ainsi son angoisse du temps qui passe et le conduisait donc irrémédiablement vers la fin?Une forte secousse le réveilla : ce n’était qu’un cauchemar, ouf!   

PHOTOS DE KEN / Ken pose et se repose sur le temps de deux jolies montres (Montre Piaget, Limelight Bloming Roseet la montre Rotonde de Cartier Terre et Lune, 50 exemplaires), le Luxe n’étant pas réservé aux Barbies….

 

NOS PHOTOS dans le texte  sont extraites de l’appel à participation que fait Mons, Capitale européenne de la Culture en 2015 sur son site Internet : EN 2015, MONS SERA CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE : « UNE AVENTURE QUI N’ARRIVE QU’UNE SEULE FOIS DANS UNE VIE.Mons 2015 c’est avant tout une fête dont vous êtes le héros. L’ambassadeur. Le concepteur. L’acteur. Prêt à entrer dans la danse ? Rien de plus simple : il y a de la place pour tout le monde, peu importe votre envie, votre savoir-faire ou votre emploi du temps ! Découvrez les projets et inscrivez-vous ! ». Les photos de haut en bas : 1- Photo « save the Date », page d’accueil du site Internet de Mons Capitale, avec le compte à rebours...2- L’artiste Hiromi Tango,qui inervient pour le projet « Bienvenu(e) à l’Hiromi Hotel-Mons« . Ce projet est inscrit dans le cadre de l’Ailleurs en Folie MelbourneLes Hiromi Hotels sont des installations artistiques éphémères créées uniquement grâce à la participation et à l’implication du public, des habitants et des différents acteurs locaux.L’artiste Hiromi Tango est la fondatrice et la directrice des Hiromi Hôtel séries, refuges accueillants, agréables et chaleureux.3- Projet  Réveille la rue et Regarde ce qui t’entoure : la ville n’attend que toi pour devenir un grand terrain de jeu ! Alors laisse faire ton imagination… 4-Carte de Mons et des capitales proches.5- Qui êtes-vous? Karelle Ménine (auteure & Cheffe de projets Littérature Mons2015) et Ruedi Baur (signaléticien & graphiste) vont, durant toute l’année 2015, venir inscrire la littérature au cœur de Mons au-travers d’un projet nommé « La Phrase » dont vous avez peut-être entendu parler. Un trajet de 10km. 6- Bande-annonce de la rubrique « participez » pour les jeunes monsois.7-Façon n°379 de participer au programme de la Capitale européenne :  -8- Groupe The Rocking-Chairs : plus de trente rockers et se réunissent toutes les semaines depuis plusieurs mois dans les coulisses de Mons 2015. Ce groupe musical investi et généreux comprend peut-être votre voisine Annette ou votre grand-père Léon dans un rôle inattendu et détonnant: chanteur de rock!9- « Song Lines » veut rendre hommage à la multiculturalité de la ville de Mons, en proposant une installation poétique et internationale. En amont de la fête, les habitants de Mons sont invités d’une part à être pris en photo et d’autre part à enregistrer vocalement une chanson d’Adamo.

Le Carrousel des Mondes Marins (Nantes)

P1090402I- LE CARROUSEL DES MONDES MARINS a reçu l’Award international de l’attraction de plein air  la plus originale du monde en avril dernier , prix décerné par la Themed Entertainment Association (1) . Les auteurs du carrousel des mondes marins, François Delarozière Directeur artistique et Pierre Orefice, directeur des Machines de l’Ile, sont même allés chercher leur récompense à Los Angeles le 5 avril 2014. Pourtant, peu d’éclat fut donné à cette récompense dans la presse ou les médias nationaux. Il est vrai que le monde du show bizz, en France, ne la trouve pas assez « bizz », sans doute, et que nos bien-pensant culturels font la moue devant un tel objet de plaisir et de divertissement, fut-il, comme c’est le cas, le plus ingénieux possible dans sa conception et son esthétique. Les Machines de l’Ile et ce Carrousel des mondes marins brouillent les pistes, il faut le dire, et sont beaucoup trop interdisciplinaires (Sciences et design ; histoire et techniques ; Recherche pointue et large ouverture aux publics; habitants et touristes ; plaisir et éducation…) pour entrer dans les cadres, très compartimentés, d’une culture officielle normée par cases souvent étanches. Nous pouvons le regretter, car ce savoir-faire, « créer du rêve », devient de plus en plus l’apanage des américains (Disney) alors que nous avons « les mêmes à la maison », si j’ose dire. Et alors que nous pourrions exporter cette ingénierie, surtout si d’autres pays la reconnaissent comme la meilleure du monde!
carrousel-mondes-marins-2555695_0 (1)JULES VERNE ET SES NOUVEAUX AMIS ! Avec ce carrousel géant (22m de diamètre, 25 m de haut, 85 places assises et 200 personnes debout) on entre dans un monde enchanté, un monde imaginaire, celui des océans, de la faune marine, et c’est éblouissant d’inventions. L’esthétique séduisante est d’autant plus appropriée que Nantes est aussi la ville natale de l’écrivain Jules Verne.Le « manège » traditionnel des fêtes foraines est du coup réinventé, ce dont il avait bien besoin aussi. (1) TEA est une association internationale à but non lucratif créée en 1991. elle représente les créateurs, développeurs, concepteurs et producteurs de spectacles. sa mission, comme indiqué dans ses statuts, est de faciliter le dialogue et la communication entre ses membres, stimuler la connaissance et la croissance professionnelle, élargir la taille, la diversité et la sensibilisation de l’industrie du divertissement à la thématisation.
• Voir la vidéo de la présentation du Carrousel marin:


Pierre Orefice(g) et François Delarozière (d)

Pierre Orefice(g) et François Delarozière (d)

II- ESTUAIRE, MÉMORIAL,CARROUSEL… POURQUOI tout cela à NANTES?
1) Nous avons souvent évoqué « Estuaire » dans ce blog, l’expérience entre Nantes et Saint Nazaire des 40 kilomètres devenus lieux de parcours d’art contemporain, à découvrir en bateau, en vélo ou en voiture.  La Biennale Estuaire est née en 2007 et a connu un tel succès, artistique et aussi populaire, que suite à son succès la mairie a décidé de regrouper les deux services du Tourisme et de la Culture en une seule entité, « Le Voyage à Nantes ».
Pour ceux qui ne connaissent pas cet événement, Estuaire et ses trois éditions (2007-2009-2012) est aussi très présente sur Internet, et l’on peut se régaler des œuvres « in situ » qui ont été commandées tous les deux ans, avec les commentaires des oeuvres de chaque artiste : Ange Leccia ; Atelier Van Lieshout ;Daniel Buren & Patrick Bouchain ; Roman Signer Jean-Luc Courcoult ;“;Erwin Wurm Huang Yong Ping , Felice Varini ;Gilles Clément ou Claude Lévêque (Pour Le Jardin du Tiers-Paysage”À Fontevraud), etc…. Chacune des 29 œuvres de la collection permanente a été installée sur un  site remarquable des  douze communes de l’estuaire.

2) Réconcilier Nantes avec son passé : le Mémorial de l’abolition de  l’esclavage est l’aboutissement de plus de dix ans de recherches, de diffusion, de discussions entre nantais sur leur passé esclavagiste. Notons que c’est la première ville en France à avoir osé faire une sorte de coming out sur ce sujet dès les années 90 avec l’exposition incroyable des « Anneaux de la mémoire », qui disait en substance  : « Oui, les habitants de Nantes sont participé à la traite des Noirs . Oui, ils ont collaboré, financé, bénéficié de ce commerce ». Que s’est-il passé? Comment réconcilier les mémoires? Quels dialogues engager pour y arriver?
3) Tout cela ne serait pas possible sans un grand projet de ville, qui a commencé dans les années 85-87 après la perte des chantiers navals et à partir de cette date c’est l’action culturelle et, en particulier, l’invitation d’artistes étrangers, qui a permis à la ville de repenser son passé, ses « friches industrielles » et de faire un grand projet d’urbanisme. A l’inventivité des équipes artistiques, invitées en retour par « les meilleurs » (Liverpool Capitale européenne de la culture en 2008) a répondu celle des équipes d’urbanistes et d’architectes et de la conduite du projet urbain (SAMOA) qui aménagent l’Ile de Nantes depuis des années ! Concertation avec les habitants, très bonne connaissance de ce que peut être une smart city ou une ville créative, Nantes se distingue surtout par sa définition de la ville aujourd’hui, comme Lyon ou Lille.
images4) EN CONCLUSION , ces modèles, très politiques, ne peuvent être copiés : ce n’est pas en créant ex nihilo une « attraction » dans une ville qu’on la rend créative. C’est parce que ses habitants ont été conduits, peu à peu, à assimiler leurs identités, même douloureuses,ou leur ex-passé glorieux qu’ils ont validé les projets d’urbanisme. C’est le message de Bilbao, c’est aussi celui de Nantes : pour vous développer, commencez par repérer les compétences locales et à vous ouvrir aux expériences étrangères les plus fertiles. Après, vous pourrez inviter qui vous voudrez !
III- L’ILE DE-NANTES CET ÉTÉ : soutenu par la Métropole , le site de 337 hectares est aujourd’hui l’un des plus grands projets urbains en Europe. Nantes fait même visiter son travail de fabrication de la ville : « Profitez de l’été pour découvrir l’île de Nantes sous un nouveau jour ».

Cet été, découvrez l’île de Nantes au travers de balades urbaines, d’expositions,d’activités insolites et de nombreux événements !
L’expositio ntemporaire « Fabriquer la ville autrement«  est visible au Hangar 32 jusqu’au 17 novembre, ou encore les balades urbaines gratuites proposées par la Samoa tous les samedis matin.

29122012JDo39_zps1ac01824IV- COMMENT CRÉER DE LA VIE, DANS UN QUARTIER, AVEC DES MÉTHODES COLLABORATIVES ? Découvrez les projets collaboratifs ICI. Puis courrez vite à votre mairie pour demander de telles pratiques collaboratives! Personne ne sait ce que c’est, dans votre mairie ? Alors, expliquez-leur que « Tous les jeunes de la ville, à force de ne jamais leur demander leur avis, vont partir ! ». Les maires adorent les jeunes, pour d’autres raisons, bien sûr : pas de jeunes, déclin assuré!Mais peut-être qu’en proposant, en expliquant, en organisant un petit voyage à Nantes pour vos élus et décideurs…Qui sait ? Bon courage ! 🙂
POUR EN SAVOIR PLUS
– Le Carrousel des mondes marins, ici – Les Machines de l’Ile sur le Site Internet ou par téléphone N° azur : 0810 12 12 25.

– Le Voyage à Nantes  ( Nantes.Tourisme; Estuaire ; Les Tables de Nantes; Les Machines de l’île ;Château des ducs de Bretagne;Mémorial de l’abolition de l’esclavage).Et « Découvrir Nantes et sa région en vidéo sur Vimeo, ici !
– Voir aussi d’autres vidéos les Machines de l’Ile, l’Eléphant, le Parcours Estuaire Nantes d’art (Estuaire par Gaëtan Chataigner, où Julien Doré parcourt l’estuaire sur un surf rouge un regard sensible, drôle et poétique sur l’estuaire), ici !

625x474xIMAGE_20140214_23677540-625x600.jpg.pagespeed.ic.cfy_Eoctc32016 :  Le futur projet d’aménagement des berges de l’île de Nantes: la rive nord (Superficie : 7 hectares.Estimatif travaux : 7,05 M€ HT.)L’agence Base a été choisie comme lauréate de l’aménagement des berges du Faubourg, au centre de l’île de Nantes (les autres agences ayant pris part au concours : Agence de Paysage Sébastien Sosson (Paris), In Situ (Lyon) et Latz+Partner (Munich)). Au programme défini par la Samoa, Nantes Métropole et l’équipe Smets/UapS/SCE – maître d’œuvre de la seconde phase d’aménagement de l’île : valoriser l’existant et retisser des liens entre le quartier et la Loire, dans la continuité des premiers aménagements réalisés par Alexandre Chemetoff, qui fut l’urbaniste de l’île pendant dix ans. Calendrier prévisionnel : début des travaux, printemps 2015 ; livraison, fin 2016. A découvrir ICI  , avec l’article complet du  Moniteur Hebdo, publié le 01/08/2014. Lire aussi , sur Le Moniteur,pour comprendre  les choix faits pour ce futur  aménagement  : Ile de Nantes: une intervention frugale pour des bords de Loire généreux .

P1090403KEN LE TOURISTE PARFAIT était ravi ! Le propriétaire des fameux vins de Château Lafite-Rothschild l’avait invité aux prochaines vendanges de ses premières vignes en Chine, et il voyait déjà la fête qui serait organisée sur les sept hectares du vignoble Penglai, dans la province de Shandong de la côte est de la Chine.Hé…hé…le marché du vin en Chine décollerait dans un proche avenir et il y avait des affaires en vue, pensa Ken. Il appela son ex, Barbie Chérie, pour lui annoncer la bonne nouvelle. En plus des nombreux et longs voyages touristiques de leur destination Chine, Ken pourrait comme à son habitude en profiter pour monter un nouveau business. D’accord pour les vendanges, lui dit Barbie, mais…Est-ce qu’ils ont du Coca Cola, là-bas? Barbie lui avait donné une bonne idée…
NOS PHOTOS
– Le Grand Eléphant peut déambuler tout doucement à travers la ville à trois kilomètres à l’heure, avec une cinquantaine de personnes à bord. Son grand corps est truffé d’un moteur de 450 chevaux-vapeur, 60 cylindres, 2000 litres d’huile, et d’un système complexe de prises, de poulies et d’engrenages. Un squelette en acier forme la base du corps en bois rempli de rides creusées sous ses yeux qui clignotent.
– Ken en haut, pose devant le musée du XXéme siècle de Kanasawa (Japon, province d’IshiKawa), des fameux architectes SANAA du Louvre-Lens. – Ken en bas, est dans une salle du Musée Shaulager, Bâle (Suisse)construit par les célèbres Herzog et de Meuron. Le musée contient les collections de la famille Hoffmann ( Cf. notre billet sur Arles)

 

Italie : une révolution culturelle!

Ken et MatteoLA RÉFORME DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DU TOURISME
I-UNE VRAIE RÉVOLUTION! comme titre toute la presse italienne. Et  TOUS EN ITALIE! avons nous envie de dire, car cette révolution, dont nous aurions eu grand besoin aussi, est un examen complet de l’ensemble du système de gouvernance de la culture et du tourisme pour reconstruire et redéfinir des stratégies nouvelles.Et  très vite, car les insuffisances en sont, comme chez nous,  bien connues. C’est à partir de l’exercice de réduction les dépenses publiques, qui souligna de nombreuses sources de gaspillage dans le fonctionnement de l’administration publique italienne  (délais de la décision trop longs ; doublons de postes entre l’administration centrale et régionale ; bureaucratie ; conservatismes et pesanteurs  …) que Dario Franceschini, ministre de la Culture et du Tourisme (MiBACT, Ministère des Biens et Activités culturelles et du Tourisme) a décidé de faire cette réforme. Objectif clair : mieux valoriser le patrimoine artistique et culturel.
« Il est temps, dit avec véhémence Dario Franceschini, de travailler sur le patrimoine, l’histoire et l’archéologie et sur les investissements à réaliser pour qu’ils deviennent aussi des outils pour la croissance « .  Les musées et les monuments de l’Etat y sont présentés, par exemple, comme une «mine d’or inexploitée à ce jour ». Ce « Il est temps »renvoie aux années 2007-2013, car la Culture a rejoint le Tourisme en 2006,sous le gouvernement Romano Prodi II ; on a beaucoup parlé,  mais peu de choses ont été réellement accomplies depuis. Le site national de Pompei sert de thermomètre, en Italie, à l’efficacité d’un ministère (Voir VI,ci-dessous) et se trouve en danger s’asphyixie.
II- Les cinq priorités de la réforme du ministre pour arriver à ses fins :
Une pleine collaboration entre la culture et le tourisme 
logoMIBACT• La diminution du temps de la décision
• Une simplification et une plus grande agilité de l’échelon central avec une meilleure organisation de ses échelons régionaux (37 directions sectorielles disparaissent au profit de mutualisations selon les nouvelles politiques) ;
• Une plus grande autonomie des musées ;
• De nouvelles les politiques pour la formation et l’innovation.
le Ministre annonce donc comme prioritaire la pleine intégration des deux domaines stratégiques d’intervention du ministère de la culture et du tourisme. A cet effet, conformément aux dispositions de la récente loi-décret. 83 de 2014 ,les connexions entre les filières seront renforcées: tous les pouvoirs de la Direction générale du tourisme seront mis à jour pour garantir une intégration maximale entre les deux secteurs confiée à un Secrétaire général aux pouvoirs accrus .
III- LE RAPPORT sur lequel s’appuient les réformes :
Le ministre a évoqué pour la première fois sa réforme lors de la présentation du rapport annuel, qui s’appelle en 2014 « Io sono Cultura » ( « Je suis Culture ») publié par la Fondation Symbola et Unioncamere, qui soulignait l’apport des domaines de la culture à l’économie du pays. 85% des touristes étrangers qui viennent en Italie sont attirés par note offre culturelle » en 2013, la valeur ajoutée produite par les entreprises culturelles était près de 75 Md €, soit 5,4% de l’économie nationale. L’emploi, (443 000 ) entreprises culturelles représentent 7,3% et les emplois induits (1,350 000, soit 5,8% de l’emploi total en Italie). Le secteur culturel a « tenu » la barre mieux que les autres secteurs de l’économie italienne. L’export des produits culturels est en hausse (+5,5% en 2013) La culture est donc bien le moteur du développement du secteur tertiaire, à commencer par les transports et le tourisme, dit le rapport, et, en ce sens, culture et tourisme sont indissociablement liés… « Quand j’ai été élu, dit le ministre, j’ai eu l’impression de devoir diriger le plus grand secteur du ministère de l’économie », dit le ministre en souriant. Avant de conclure que « dans un monde globalisé, où chacun doit démonter ses atouts, l’Italie peut s’appuyer sur son patrimoine historique, artistique et culturel, inimitable, et que « le reste du monde nous envie ». Requalifier le parc hôtelier, promouvoir les offres régionales, augmenter les incitations fiscales pour les mécènes étrangers font aussi partie du plan de ces réformes
IV- PENSER LE CHANGEMENT EN MODE INNOVATION
Pour le ministre mais aussi pour Matteo Renzi, des propositions nouvelles mais aussi de nouveaux modes de travail ont été élaborés pour faire apprécier le patrimoine et la culture par des ressources publiques mais aussi privées. Les deux hommes pensent que les secteurs publics et privés doivent travailler ensemble sur le sujet pour mutualiser leurs compétences. Si l’Etat reste garant de la protection, des questions juridiques, le patrimoine appartient à tous et les entreprises peuvent participer. Pas seulement les grands groupes, mais aussi les petites entreprises et entreprises moyennes (mécénat) ou très jeunes comme les start up qui sont encouragées dans le futur programme.

– UN BON EXEMPLE : revoir la place de l’ art actuel, avec un argument de poids : « Il faut reconnaître la légitimité de l’art contemporain et de l’architecture pour, par exemple, revitaliser les périphéries urbaines » . La Direction générale redéfinira les missions de ces deux secteurs pour qu’ils « participent directement à l’élaboration des travaux publics des périphéries des villes, grâce à leurs conseils et orientations et à leurs compétences (Design) ».Et le meilleur exemple est l’apparition d’une volonté d’intégrer le numérique dans toutes les dimensions du projet de réforme.
1402310920101_CatturaV- LE LAB « TOURISME DIGITAL DES BIENS CULTURELS » ,créé en avril dernier pour que soient bien présents, voir surreprésentés, dans la réforme, à la fois les plus jeunes professionnels et l’innovation. Dans le décret « révolutionnaire » de réorganisation des missions, le ministre a décidé de « mettre à jour les compétences de toutes les structures centrales et périphériques du Ministère, afin de stimuler la numérisation, la collecte de l’information et, surtout, la communication transparente de l’action administrative. Le Lab comprend trois thématiques:
1- LE DÉVELOPPEMENT du secteur numérique, qui doit promouvoir concrètement les activités du privé et du public du secteur touristique et culturel, et doit accroître leur compétitivité ( Conseil ; Relations avec les politiques du numérique en Europe ;
2- LA PROMOTION ET LA COMMERCIALISATION des services touristiques et culturels ainsi que des produits typiquement italiens et de l’artisanat;
3- LE GROUPE « INTEROPÉRABILITÉ », qui conduit la recherche sur les standards en la matière et l’intégration des data et des process numériques dans le tourisme (Dirigé par Euro Beinat, professeur de géo informatique à l’Université de Salzburg).
Tous ces groupes fonctionnent sur le mode collaboratif et tout internaute peut souscrire pour travailler dans l’un des trois pôles. Ils ont aussi un blog et de la documentation en open data, à la disposition des professionnels.
– Enfin ces groupes font une veille experte à laquelle l’ensemble des réformes peut puiser . Nous y avons trouvé, par exemple, une présentation du Think Tank de Visit Britain très intéressante, qui a pour objet de conseiller les opérateurs du tourisme et de la culture sur leurs pratiques numériques, dans toutes les phases et composantes de leurs travail, à voir ICI, si vous voulez !
– Voir aussi le décret du 10 avril dernier portant la création de cette partie digitale du travail du Lab , ICI .

1348842873459_image_pompeiVI- SAUVER POMPEI ! est le premier défi du ministre et du Gouvernement de Matteo Renzi. Tous les précédents gouvernements s’y sont essayé, et ont échoué. Pompei, symbole de l’Italie , reçoit 2 millions de visiteurs par an et est le site archéologique le plus visité d’Italie après le Colisée de Rome.
Une urgence: l’Italie, en 2012, après avoir réduit à 0,2% la part de la culture dans la budget de l’Etat, ne pouvait faire face aux nouveaux désordres du site archéologique et avait fait appel à l’Union européenne, qui débloqua rapidement 70 millions d’euros (qui s’ajoutaient aux 30 millions de l’Etat) pour entreprendre une grande campagne de restauration baptisée Grande Progetto Pompei, pour les villas les plus belles et souvent fermées au public pour des raisons de sécurité.Si cette manne n’est pas investie d’ici à la fin 2015, l’argent retournera d’où il vient.
– L’Etat des lieux :  Le chantier est immense, la dégradation du site est très forte, des investissements lourds sont nécessaires pour mettre en sécurité la ville de Pompéi. Seulement un quart de cette somme a été dépensée depuis 2012, un seul des cinq chantiers ouverts à Pompéi est parvenu à son terme, celui de la villa du Cryptoportique. Les quatre autres attendent. « Cette fois, ce n’est pas la faute des intempéries, mais de la lenteur de la bureaucratie et de la justice italienne », disent les techniciens et les politiques.  Par exemple, toute entreprise ayant soumissionné pour un projet de restauration et non retenue peut faire systématiquement appel de la décision devant le tribunal administratif, retardant d’autant le lancement des travaux.
Johannes Hahn, commissaire de l’Union européenne pour la Politique régionale, Dario Franceschini, ministre de la Culture et du Tourisme italien, et Graziano Delrio, secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil des ministres, se sont rencontrés le 17 juillet dernier à Pompéi pour la signature de « l’Action Plan », le plan d’actions de l’Union européenne et du gouvernement italien devant accélérer les travaux qui doivent consolider les structures du site archéologique et dont l’échéance est prévue en décembre 2015.
Un général aux commandes! Pour s’assurer que tout sera fait dans les temps impartis par Bruxelles, Rome a nommé un général des carabiniers, Giovanni Nistri, également chargé du vol des œuvres d’art des collections publiques – pour prendre la tête d’un véritable commando qui dirigera les travaux de sécurisation et de restauration de Pompei qui, en recevant .Un général, car Pompéi est située en Campanie, où la mafia napolitaine est à l’œuvre dans presque tous les échelons politiques et dans l’économie et  les administrations
Le commissaire Hahn insiste sur le respect du calendrier fixé en 2012 et demande un rapport tous les quatre mois sur l’avancement des travaux afin de, dit-il, « créer une pression sociale ». En réponse, Giovanni Nistri, directeur du « Grande Progetto Pompei », prévoit d’ouvrir les chantiers même la nuit et de renforcer les effectifs à tous les niveaux pour respecter le délai imposé par l’Union européenne.

Ministre Culture italienCONCLUSION : UN MINISTRE PROVIDENTIEL
Pour faire cette révolution culturelle et touristique en y associant  le maximum d’acteurs dans tout le pays, il fallait sans doute un expert mais aussi un politique qui ait de l’imagination. Dario Franceschini (notre photo, à gauche) , né à Ferrara en 1958, juriste de formation, homme politique ayant déjà un long passé et écrivain, a ce profil et il est pressé. Nous l’avons suivi à la trace, sur Internet – conférences de presse, interviews politiques, visites de sites…- et ce qui frappe c’est sa détermination, depuis son arrivée au gouvernement en 2014, pour convaincre et faire passer la radicalité de sa réforme avec conviction et pédagogie. Longtemps l’un des principaux opposants de Berlusconi, il veut surtout redonner de l’espoir aux plus jeunes. Par exemple ses arguments comportent souvent le faible pourcentage de jeunes qui participent à telle ou telle action, ou le triste pourcentage de jeunes femmes au pouvoir dans la culture et le tourisme . Enfin il compte, comme Matteo Renzi, sur La Présidence européenne de l’Italie qui aidera. Et surtout sur la lassitude des italiens face à la crise, ajoutant en voix off lors de sa conférence de presse des phrases telles que « Les alibis doivent tomber !», ou « Les syndicats ont « localement » fait connaitre leur opposition, mais l’opinion est, en général, avec nous ! » pour lutter contre les conservatismes qu’il connait très bien. Avec l’aide de tous ses porte-voix, comme Roberto Rampi (Journal Europa) qui résume « Nous ne devons pas avoir peur du secteur privé, car qui investit dans la restauration du Patrimoine fait un geste « public ». Et le rôle du secteur public est bien de transformer ces ressources en « nouvelles ressources ». Pour résumer, en « italien facile » :  «Ogni crisi rappresenta un’opportunità di ripensare organizzazione, motivazioni e obiettivi. I vantaggi saranno significativi sia per i cittadini che per lo sviluppo del territorio »dit le Ministre. Pour ce « ripensare », la Renaissance est donc sa métaphore préférée : bien regarder les « classiques » et les réinventer, les adapter à aujourd’hui, dit aussi régulièrement le ministre.  Nous leur souhaitons de réussir !

Nanni Moretti

Ministre Culture italienBlagounette ! Il peut compter aussi sur sa ressemblance incroyable avec Nanni Morettti, pour les fans de cinéma…(Photo de gauche :  Nanni Moretti, et à droite: Dario Franceschini).

Réforme des Offices, "Le Louvre " italien de Florence

Réforme des Offices, « Le Louvre  » italien de Florence

POUR EN SAVOIR PLUS

LA RÉFORME EN DÉTAIL / VERS UNE NOUVELLE MIBACT, ICI
Le projet des Offices de Florence : ICI /
1) La presse italienne
La révolution culturelle de Dario Franceschini (Europa, 17 juillet 2014), article suivi de  »Même le Ministère change, voici la réforme!’.
Le nouveau ministère : agile, efficace et moderne

Pourquoi la culture est-elle le moteur du développement »
– Patrimoine culturel, Franceschini « Visons notre patrimoine, que le monde nous envie », Europa, 16 juin 2014
– Patrimoine culturel: Franceschini réactive les comités techniques et scientifiques
La Fabrique de biens culturels (Europa, 8.04.2014)
État de la dépense publique en Italie en comparaison avec d’autres pays et économies possibles,
POMPEI « La CGIL à Franceschini « Nous ne sommes pas irresponsables » (24 juin 2014)
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Si vous parlez italien, voir la conférence de presse de Dario Franceschini ici et ici.

2) EN FRANCE , LE JOURNAL DES ARTS a le premier mentionné cette révolution culturelle

3) Outils numériques : présentation d’une production du ministère MIBACT : un guide interactif des principales richesses d’Italie :

P1090494KEN LE TOURISTE PARFAIT regardait Capri depuis la magnifique terrasse de son Hôtel Sirenuse, à Positano, dont les orangers avaient encore quelques fleurs. Etonnant en été mais rien, sur la côte amalfitaine, ne résistait au micro-climat local. Il avait rendez-vous, entre deux voyages d’Affaires, avec Dario et Matteo pour visiter le chantier de Pompei, mais devait prendre son ex, Barbie Chérie à l’aéroport Napoli – Capodichino. En arrivant à Pompei, Barbie sauta de joie en criant à Ken « Génial ! Mais c’est quand le nouveau tremblement, dans 5 minutes ??? Sa copine Barbara lui avait dit, à Los Angeles, que « Pompei, c’était mieux que Dysneyland ! » ,alors Barbie croyait être dans un Parc à Thème….