ABBATIA, un réseau d’abbayes, en France!

SIGLE ABBAYE_n“ABBATIA n’est pas un nouvel itinéraire de visite”, me disait , il y a quelques mois, Xavier Bouyer, directeur de  l’EPCC de l’Abbaye de Saint-Savin, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. “Notre réseau, ABBATIA  a été créé en juin 2015 pour que nous partagions, nos bonnes pratiques entre abbayes voisines, et pour que  nous unissions nos forces, par exemple pour réfléchir tous ensemble ou mieux gérer nos sites”.Cette démarche est si rare que le projet m’a immédiatement séduite. Le voici plus en détail, avec une Journée d’étude le 15 Octobre prochain, la présentation du jeune  réseau et… des photos!Cette Journée du 15 Octobre d’autant plus importante que, avec la fusion des trois  régions “Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin”, penser l’avenir de toutes les abbayes dans ce nouveau périmètre est aussi incontournable!

1)LA JOURNÉE D’ÉTUDE DU JEUDI 15 OCTOBRE 2015 : L’abbaye, élément structurant du territoire

J’aurai le plaisir, avec Xavier Bouyer, Président de l’association ABBATIA,  d’animer cette journée  dont voici le programme en résumé et le programme détaillé ICI! Venez nombreux, mes amis!

PROGRAMME DE LA JOURNÉE DU 15 OCTOBRE
9h00 Accueil des participants et Présentation du réseau Abbatia par Xavier BOUYER, Président d’Abbatia et Directeur EPCC Abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe et Vallée des Fresques.
+1280px-Abbaye_de_Saint-Savin_DSC_1732I- ATTRACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
10h20-Œ10h40:Tourisme, patrimoine et économie, état des lieux et observation.
Aurélie INGREMEAU, chargée de mission “tourisme” Région Poitou-Charentes.Valoriser des abbayes dans un réseaunational, implanté en régions : l’exemple de La Sauve-Majeure au sein des monuments nationaux, avec Olivier du PAYRAT, administrateur,Centre des monuments nationaux.
10h40-11h00 : D’un tourisme culturel à une expérience culturelle.Olivier AMBLARD, directeurde Charente-Maritime Tourisme et Jean-Luc BOULIN, directeur de la MOPA.Les évolutions des comportements et des attentes des consommateurs entraînent  la naissance et l’affirmation de nouveaux besoins. L’offre (services et produits) doit s’adapter pour continuer à créer de la valeur pour déclencher un échange monétaire.L’offre culturelle n’échappe pas à ce défi.
11h00- 11h20:Entreprendre dans la culture.Martha GUTIERREZ, Responsable Europe créative culture pour le relais culture Europe.
11h20-12h00:Table ronde et discussion.
Déjeuner (Merci de vous inscrire 🙂)
II-PATRIMOINE, UN DIALOGUE A RÉINVENTER
13h30-13h50 : Patrimoine, un dialogue à renouveler, par Claude ORIGET du Cluzeau C.O.C.
13h50-14h10 : Enjeux et difficultés spécifiques de la médiation du patrimoine médiéval-Christian GENSBEITEL : Maître de Conférences en histoire de l’art médiéval à l’Université Bordeaux-Montaigne.”Comment,en somme, éviter le double écueil  du discours académique rébarbatif et du consumérisme racoleur ?”, est-il noté dans la présentation 🙂
14h10-14h30 : Interpréter l’architecture et le patrimoine : regards croisés entre la France et les pays anglo-saxons.
par David JURIE, animateur du patrimoine de la ville de Bordeaux.
14h30Œ15h00 : Table ronde et discussion et Pause (15h00Œ15h15)
III-PATRIMOINE ET COLLECTIVITÉS
15h15-15h35: Exemple de projet structurant pour la ville :l’abbaye royale de St-Jean-d’Angély. Cyril CHAPPET, Vice- Président de l’EPCC et Jean-Louis BONNIN, Président de l’EPCC (sous réserve)
15h35-15h55: Fédération européenne des sites clunisiens, la diversité d’un réseau à l’échelle de l’Europe.
Luc JOLIVEL, Trésorier de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens. Directeur du Prieuré de La Charité,
Centre culturel de rencontre.
15h55-16h25: Table ronde et discussion.
16h25: Synthèse de la journée et clôture par Xavier BOUYER, Président d’Abbatia et Evelyne Lehalle
800px-Choeur_de_l'église_de_Saint-Savin_DSC_1704RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS/
EPCC Abbaye de Saint-Savin sur Gartempe
Place de la Libération
86310 SAINT-SAVIN
Tél. 05 49 84 38 65 – Fax : 05 49 84 30 01
– Frais d’inscription au déjeuner du midi : 16 euros.Merci de transmettre votre paiement à l’ordre d’Abbatia à l’adresse ci-dessus.Clôture des inscriptions pour le déjeuner : 6 octobre 2015
Email : reseau.abbatia@gmail.com

2) – LE NOUVEAU RÉSEAU ABBATIA, l’idée du siècle!

Sept abbayes se sont donc rassemblées dans un même réseau, ABBATIA, au sein d’une association en juin 2015.Elles sont toutes située dans  l’actuelle Région Poitou-Charente, à  Saint-Jean-d’Angély, Saintes, Fontdouce, Trizay, Saint- Savin, Celles-sur-Belle et Saint-Amant-de-Boixe. Toutes ces abbayes sont de hauts lieux de l’histoire monastique qui ont  vocation à transmettre leur histoire mais aussi de la poursuivre, aujourd’hui, par la création :
« Transmettre, c’est interroger le sens des pierres, de leur mémoire, pour construire une parole contemporaine et
développer un sentiment d’appartenance », dit  le texte de présentation d’ABBATIA.

Logo abbatiaLES OBJECTIFS DU RÉSEAU
– Expérimenter de nouvelles idées, grâce à des projets communs et une communication plus efficace : la synergie du réseau permet de développer des projets communs plus ambitieux et aussi de pouvoir expérimenter de nouvelles idées.Le réseau associe également les connaissances sur les sites monastiques de chacun, au sein d’un espace ressources partagé.La communication commune autour de projets partagés assure une meilleure information auprès des publics par un renvoi entre toutes les abbayes partenaires et une promotion plus forte et plus efficace de nos sites et de nos actions. Le réseau permet aussi d’asseoir la notoriété de nos sites.
– Vers un décloisonnement des sites afin de renforcer et faciliter la pratique professionnelle et de rompre avec
l’isolement en offrant un espace d’échange et d’entraide, le réseau assure un décloisonnement des sites pour répondre aux besoins des gestionnaires des sites, pour mieux se connaitre et répondre à l’envie de :
▶ Se rencontrer, de disposer d’un espace de dialogue et d’assurer une entraide entre sites.
▶ Échanger sur les expériences pour améliorer et enrichir nos propres pratiques professionnelles.
▶ Mutualiser les moyens notamment pour le recrutement et la formation du personnel ainsi que sur les actions culturelles fortes.
– Vers une visibilité renforcée auprès des acteurs et un rayonnement sur un large territoire
Vis-à-vis des partenaires, nous nous présentons comme un réseau structuré partageant des objectifs communs
Une action concertée permet d’assurer un rayonnement territorial large (Région, Département et
intercommunalités) afin d’être présents dans le cadre des politiques culturelles et éducatives.
– Avec de la création ! Aujourd’hui, grâce à une volonté politique et sociétale forte, nous sommes des pôles de
rayonnement ouverts aux échanges culturels et artistiques aux vocations variées attachant une grande importance à la création contemporaine. « Nous nous voulons des espaces de création, prolongeant ainsi ce que fut autrefois le fertile mouvement d’innovation des abbayes. Des échanges intellectuels, une effervescence artistique, de multiples activités !
Nos lieux cherchent à produire du sens, à l’heure où la société, par certains aspects, semble en être privée. »
De propriété publique ou privée, ces monuments “partagés” assurent le lien entre le publics, les gestionnaires de sites et les autres acteurs de la vie culturelle et économique. Nos activités nous réunissent au sein d’un réseau, autour de valeurs communes.
POUR TOUT RENSEIGNEMENT SUR LE RÉSEAU :
EPCC Abbaye de Saint-Savin sur Gartempe et Vallée des Fresques
Place de la Libération
BP 9 – 86310 SAINT-SAVIN
Tél. 05 49 84 38 65 – Fax : 05 49 84 30 01
Email : reseau.abbatia@gmail.com
https://www.facebook.com/AbbayeSaintSavinUNESCO/timeline/

ET UN GRAND MERCI À XAVIER BOUYER qui m’a envoyé toute la documentation nécessaire pour écrire ce petit billet!

– POUR EN SAVOIR PLUS!  1- Revoir notre billet sur l’Abbaye de Fontevraud, qui a  parfaitement réussi sa mue : devenir un nouveau lieu de vie et accueillir les visiteurs dans un nouvel hôtel à la fois design et à la pointe du numérique : voir ICI la suite.Et abonnez-vous à sa Newsletter de Fontevraud et à sa page Facebook, super bien “animée” et qui présente chaque événement organisé par l’Abbaye avec brio! Un modèle aussi, Fontevraud, pour concevoir et organiser des événements qui correspondent à  la vraie vie d’aujourd’hui.  2- Visiter le site de l’EPCC de Saint-Jean d’Angely, ICI! 3- Lire le Dossier de Presse de l’Association ABBATIA (sept.2015).

comptoir-des-abbayes-14105142093– COMMENT LES ABBAYES  DÉVELOPPENT-ELLES  LEURS FONDS PROPRES? Deux très bons articles en ce début du mois sur les BOUTIQUES et autres revenus des abbayes, avec, par exemple,  le monopole d’un transport (Abbaye de Lérins), ou la création d’hôtels ou de restaurants, mais surtout  ces 200 boutiques (pour les 340 abbayes en France).Soit, disent les Echos, 75M€ en jeu pour ce marché. Les  Abbayes ont le sens du commerce et des lieux très chics relayent cette vente en ligne ou en plein Paris, au Comptoir des Abbayes .

“Ce secteur commercial “de niche” prend les codes panier-bien-etre-de-ganagobiedu haut de gamme de l’épicerie fine”, des produits bio pour le soin du corps avec des baumes, des savons ou de l’artisanat. Les moines fabriquent donc  des fromages, du miel, des confitures.A Bricquebec dans la Manche, 18 salariés travaillent, sous la houlette du Père Marc, à la fabrication de cochonailles en tous genres,élaborées à partir d’un élevage élevé en plein air et estampillé “cochon du Père Marc”. La Chartreuse La SA Chartreuse Diffusion, quant à elle, écoule 1.5 million de bouteilles par an d’une dizaine de liqueurs différentes. La sociét,  implantée en Isère, emploie aussi  50 commerciaux laïcs pour 14 millions de ventes.
En savoir plus sur LES ECHOS et sur Le Monde (sept.2015). Et Voir  les produits  avec le diaporama des Echos, ICI. (Photo : Panier Bien-Etre  de Ganagobie, Comptoir des Abbayes, Paris)

 

 

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P1090934 (2)KEN LE TOURISTE PARFAIT était en pleine discussion sur Messenger “Non, lui écrivait son ex, Barbie Chérie, je n’y crois pas,mais tu fais quoi dans ce bateau? Tu l’a acheté quand? Pourquoi tu ne m’en as pas parléééé? Mais, et ton avion, alors, tu abandonnes?”.Harrassé de fatigue, ayant une fois de plus fait trois tours du monde et visité 17 palaces cette semaine pour son fabuleux job de touriste parfait, Ken répondit “Mais tu vois bien que c’est une fresque! Comme à Disney, ma Chérie, un faux bateau peint sur un mur,en France, dans une église, au XIéme siécle.

 

3) UN PEU D HISTOIRE… ET DES IMAGES!

 

NOS PHOTOS : l’Abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe, http://www.abbaye-saint-savin.fr/
L’église abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe et son histoire.
L’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe est située à Saint-Savin dans le département de la Vienne. Elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco car elle abrite un très bel ensemble de peintures murales romanes très complet, bien conservé et unique en Europe.
Durant de très nombreuses années, Saint-Savin est restée l’une des plus influentes abbayes de France.Fondée sous Charlemagne au début du IXe siècle, elle fut édifiée pour y vénérer les reliques des fréres saints Savin et Cyprien(Vs.) au début du XIIéme siècle et ses peintures datent de 1100-1300. L’église frappe par l’ampleur de ses dimensions : 76 mètres de longueur totale, 77 mètres de hauteur pour la flèche et 31 mètres de longueur pour le transept.L’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe est caractéristique de la maturité du style roman. Même si l’abbatiale Notre Dame est connue pour ses peintures murales,elle est aussi une référence majeure en architecture, avec sa symbiose entre architecture et peinture murale, chapiteaux et autels, alliance qui confère aux églises romanes leur caractère incomparable.Les peintures murales représentent uniquement des scènes de l’Ancien Testament: la Genèse et de l’Exode. Elles se lisent comme un grand livre. Deux registres de peinture se déploient de chaque côté d’une frise qui divise la voûte dans toute sa longueur.
L’abbaye de Saint-Savin a accueilli en 2013 plus de 50 000 visiteurs, soit une augmentation 7,5 % par rapport 2012. Les étrangers sont en hausse de 6,5 %6.
NOS PHOTOS DANS LE TEXTE 

– L’abbaye vue depuis le pont neuf.L’abbaye vue depuis le pont neuf.GuyFrancis — Travail personnel- CC BY-SA 3.0-Abbaye de Saint-Savin DSC 1732.jpg- Téléversé par GuyFrancis- Téléversé : 2011-09-19

–  (Chœur de l’église de Saint-Savin. GuyFrancis — Travail personnel-CC BY-SA 3.0 6 File:Choeur de l’église de Saint-Savin DSC 1704.jpg- GuyFrancis- Téléversé : 2011-09-19

– Ken est sur l’Arche de Noé . Cette célèbre scène représente l’arche de Noé naviguant sur les eaux du Déluge où flottent des noyés. Deux géants s’accrochent au toit de chaque côté du pont. L’arche qui ressemble à un vaisseau viking terminé par une tête de chien/dragon, est constituée de trois étages avec les animaux quadrupèdes en bas, puis les oiseaux et enfin la famille de Noé.Voir le contexte ci-dessous dans la nef:

1280px-Fresque_de_la_nef_de_l'Eglise_de_Saint-Savin_(Compartiment_A5_à_D6)_DSC_1693
-LES PEINTURES Elles ont été peintes directement sur les murs par un procédé intermédiaire entre la fresque et la détrempe. Les couleurs employées sont peu nombreuses, ocre jaune, ocre rouge et le vert, mélangées au blanc et au noir (et peu de bleu dont les pigments étaient très coûteux à l’époque).Sur les 61 scènes d’origine de la voûte (d’après la distribution mentionnée dans l’ouvrage de l’inventaire sur l’abbaye), 44 sont conservées, dont certaines endommagées et peu compréhensibles.En voici deux autres photos pour vous “faire une petite idée”, avec la belle gravure de l’Abbaye au XVIIéme siècle.
1) Fresque de la nef de l’Église de Saint-Savin (Compartiments A1 à D2).
GuyFrancis — Travail personnelFresque de la nef de l’Eglise de Saint-Savin- CC BY-SA 3.0 Téléversé par Guy Francis

 

1280px-Fresque_de_la_nef_de_l'Eglise_de_Saint-Savin_(Compartiment_A1_à_D2)_DSC_1685

 

 

 

2)L’abbaye en 1688, planche gravée du Monasticon Gallicanum.Dom Germain — Bibliothèque nationale de France

Abbaye_de_Saint-Savin-sur-Gartempe_dans_Monasticon_Gallicanum
 3) Vue de la nef de l’église abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe – photo personnelle de françoise Thurion prise en août fr:2001-Released under the GNU Free Documentation License.CC BY-SA File:Saint-Savin nef.jpg- Téléversé par Accrochoc 2005-03-03

800px-Saint-Savin_nef

 

En Italie, la révolution continue !

Uffizi Leonard de Vinci Battaglia di Anghiari(copie Tavola Doria)La « Révolution du tourisme culturel » portée par Matteo Renzi et son ministre de la Culture et du Tourisme Dario Franceschini, a pris un nouveau tournant cet été avec deux annonces-phares du ministre : pour l’investissement, une somme de 80 millions d’euros sera affectée à la restauration du patrimoine, dont 18 millions pour le Colisée de Rome, monument le plus visité d’Italie. Le Colisée devrait retrouver son sol d’origine, en plancher et sable, où les romains organisaient les Jeux et leurs combats.
Ensuite la réforme des musées a commencé par la nomination de 20 nouveaux directeurs qui prendront leurs fonctions cet automne. Ces nouveaux directeurs ont été « choisis sur leurs CV pour apporter innovation et modernisation » aux musées italiens. Parmi eux,une moitié de professionnels étrangers ou d’Italiens de retour de pays étrangers a créé la polémique (Et nous ? ont demandé les conservateurs italiens). D’autant que certains ne sont « même pas » conservateurs, ont fait remarquer les plus corporatistes.
Ce grand chantier des musées, annoncé dès le début de l’année – cf notre billet “Italie, une révolution culturelle”  – vise à placer les 4588 musées, aires archéologiques et monuments historiques ouverts à la visite au niveau de la meilleure muséologie internationale. Stratégies, financement, gestion, accueil des visiteurs : l’ICOM, International Council of Museums, sera sollicité et organisera d’ailleurs sa prochaine Conférence Générale à Milano, en juillet prochain.
ColiséeI- LE COLISÉE DE ROME, déjà restauré par le mécène Diego Della Valle, qui y investit 25 millions (2013-2016), va bénéficier de 18,5 millions pour la rénovation du sol de l’arène (3.357 m2), ce qui permettra aussi de restaurer et réaménager les sous-sols pour que les visiteurs comprennent plus facilement le fonctionnement du lieu à l’époque romaine, et peut-être d’y créer un nouveau musée sur l’histoire du site. Rappelons que le Colisée est le plus grand amphithéâtre romain au monde, avec son ellipse au périmètre de 527m capable d’accueillir plus de 70 000 spectateurs pour vivre les « Jeux », sports et  combats. Les combats  eurent lieu jusqu’au milieu du VIéme siècle sous leurs trois formats : entre les animaux (Venationes), entre condamnés à mort et animaux (Noxii) ou entre les  gladiateurs entre eux( Munera). L’ensemble des spectacles faisaient le bonheur des romains, « Panem and Circenses », du Pain et des jeux !
L’an dernier le circuit « Colisée, Forum et Palatino » a reçu 6.265 669 visiteurs, d’après le ministère des Biens culturels.
Il n’est pas annoncé à ce jour de programme précis mais  le Colisée se dotera d’une structure et des compétences pour l’organisation de « Spectacles », comme celle de Versailles  qui gère toutes les activités et spectacles du  Domaine, ou celles de Cultures Espaces qui gère les spectacles dans les arènes de Nîmes. Pour l’instant, le ministre a seulement annoncé que les visiteurs touristiques pourraient enfin visiter les sous-sols pour mieux  comprendre le fonctionnement du Colisée antique; et que des spectacles de haut niveau y seraient organisés ( « et non pas des concerts de rock ou des parties de foot, comme se plaisent à le dire certains.. », a-t-il précisé dans le 19 août dernier (El Pais).

 

 

pinacothquedebreraentreeII- LE FONCTIONNEMENT DES MUSÉES
Dario Franceschini disait aussi à El Pais en août dernier:  « Nous n’avons pas un grand musée national, comme vous avez le Prado, mais 4000 musées importants. Le plus grand, celui des Offices de Florence, est douze fois plus petit que Le Louvre ! ».Avec ces réformes, la fréquentation devrait considérablement augmenter- actuellement de 40 millions de visiteurs chaque année, dont 2 millions de visiteurs pour les Offices de Florence – car de très grandes collections, faute d’une bonne organisation, ont une très faible fréquentation.
– Les préconisations du ministre sont classiques, celles qui existent dans les grands musées français, anglais ou américains : plus d’autonomie, une vraie comptabilité, des réseaux régionaux, une direction, l’entrée dans le monde numérique.

Voilà ce que vont connaître chacun des 400 musées des régions et les 20 musées d’Etat, qui n’avaient donc rien de tout cela. Aux vingt nouveaux directeurs s’ajouteront des fonctionnaires de la MIBACT (le ministère) pour organiser la mise en place des nouvelles orientations qui devraient essaimer sur l’ensemble des musées et sites historiques (5000 environ). Les Services font évidemment partie des nouvelles priorités pour le confort des visiteurs. Aux fonctions traditionnelles (Conservation/restauration/recherche) s’ajouteront des compétences « Publics, Mécénat et Marketing » ainsi que celle de la « Sécurité ». Enfin le ministre annonce aussi une réforme des politiques horaires et tarifaires afin d’ouvrir davantage les musées aux visiteurs et aux habitants de proximité. Voici la liste des vingt premiers musées concernés :
1) Galleria Borghese (Roma)
2) Gallerie degli Uffizi (Firenze)
3) Galleria dell’Accademia (Firenze)
4) Galleria Estense (Modena)
5) Galleria Nazionale delle Marche (Urbino)
6) Galleria Nazionale dell’Umbria (Perugia)
7) Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea (Roma)
8) Gallerie dell’Accademia (Venezia)
9) Gallerie Nazionali d’arte antica (Roma)
10) Museo Archeologico Nazionale (Napoli)
11) Museo Archeologico Nazionale (Reggio Calabria)
12) Museo Archeologico Nazionale (Taranto)
13) Museo Nazionale del Bargello (Firenze)
14) Museo di Capodimonte (Napoli)
15) Palazzo Ducale (Mantova)
16) Palazzo Reale (Genova)
17) Parco archeologico di Paestum (Paestum)
18) Pinacoteca di Brera (Milano)
19) Polo Reale (Torino)
20) Reggia di Caserta (Caserta)

 

 

Nuovi Uffizi - Première RennaisanceIII- LES 20 DIRECTEURS ET LEUR RECRUTEMENT :14 historiens de l’art, 4 archéologues, 1 gestionnaire culturel et 1 spécialiste en muséologie ont été choisis parmi les 1222 candidats, après une annonce du ministère postée sur « The Economist ». Ils prendront leurs fonctions entre Septembre et Novembre, a annoncé le ministère, qui avait choisi les critères suivants:
– Proposer des « programmes culturels innovants pour être en phase avec les visiteurs locaux et internationaux ».
– Imaginer des solutions des modèles de financements alternatifs et complémentaires des financements actuels). http://jobs.economist.com/job/8738/directors-of-italian-museums/
– Avoir une expérience de gestion d’au moins cinq ans avec une spécialisation culturelle ou scientifique
– Et une forte expérience internationale
Les nouveaux directeurs : 80 candidats étrangers ont candidaté, et sept des futurs directeurs choisis sont européens – trois allemands ; deux autrichiens, un français, un anglo-canadien et quatre italiens qui occupaient un poste à l’étranger
“Ils ont été choisis sur la base de leur expérience et de leur CV; naturellement, ils ont besoin de comprendre l’art italien et de parler l’italien, mais ils doivent surtout être prêts a relever “grand défi” “, a ajouté le ministre, « celui de redonner aux musées italiens la place de leaders qu’ils occupaient autrefois dans le monde ».
Démission aux OfficesIV- L’ACCUEIL DES RÉFORMES : La Presse a largement relayé la polémique de conservateurs irrités par l’arrivée d’étrangers à la tête des musées italiens pour en diriger les 20 sites majeurs, La Stampa du 19 août a demandé son avis aux lecteurs, avec un petit sondage-flash, « Cliquez oui ou non ! » qui donne tout de même une meilleure image de l’accueil des directeurs choisis.

La Question : Sept (sur 20) des nouveaux directeurs des prinicpaux musées italiens sont des  étrangers. Etes-vous favorables à leur nomination?Les pourcentages ont été réaqlisés avec les 5600 votes des lecteus de la stampa en ligne : 87% despersonnes sont favorables, 13% ne le sont pas. Ci-contre, démission d’une conservatrice de la Galerie des Offices, après une conférence de presse houleuse. (La photo vient du site Internet des Offices).

Sondage aout 2015 La Stampa (2)

 

 

 

 

 

 

 

 

Le regret des conservateurs est, au fond, que tous les futurs directeurs ne sont pas tous des historiens d’art et des conservateurs attitrés. Et puis, pour la première fois, les conservateurs ne seront plus « maitres des lieux » puisqu’un un directeur ou une directrice décidera « à leur ancienne place » de la vie et de l’avenir du musée. La peur vient surtout de cette nouvelle organisation, de son horizontalité, avec des missions de même valeur, sans hiérarchie affirmée (Conservation/Marketing/Mécénat/Sécurité…). Bref, cette perte du rôle « dominant » nous rappelle ce qui est arrivé en France lors de la création du Musée d’Orsay, puis lors de la Création du Grand Louvre ou de la réforme du fonctionnement du Château de Versailles. L’arrivée de nouvelles compétences (management ; marketing et numérique) est toujours assez mal vécue dans un premier temps, puis ces résistances au changement diminuent et disparaissent…Jusqu’à la prochaine réforme 🙂
ICOM (2)V- MILAN 2016 !
L’ICOM, International Council of Museum, tiendra sa grande Conférence générale à Milan en 2016du 3 au 9 juillet, sur un thème vraiment neuf : « Le Rapport entre les musées et le paysage culturel ».
LE MUSEE DIFFUS : IL MUSEO DIFFUSO !
Le thème propose que tout musée puisse s’affranchir de ses limites physiques et jouer un rôle au niveau de l’ensemble du territoire où il est implanté. L’objectif serait d’élargir son action et ses responsabilités à l’ensemble du patrimoine culturel de ce territoire.
Avec une question : de quelles manière, avec quels moyens, en s’appuyant sur quelles initiatives et propositions, les musées peuvent-ils contribuer à diffuser la connaissance du patrimoine culturel présent dans et hors de leurs murs ?
« Nous pensons que les musées doivent se sentir responsables de leurs collections, mais aussi du patrimoine qui les entoure ! », dit la première Brochure de la Conférence de Juillet.
Si les musées veulent jouer ce rôle de tutelles actives et de conseil auprès des plus petits sites patrimoniaux, grâce à leurs compétences, la fameuse « inscription territoriale » prendrait une fière allure : ingénierie et développement. Pourquoi pas ?
Adresse pour suivre l’ actualité de cette conférence sur Facebook et y voir la première vidéo de communication pour cette conférence.

280px-IMG_0386_-_Galleria_nazionale_d'arte_moderna,_frontEN CONCLUSION, ces nouvelles réformes et ces investissements sont sans doute nécessaires ; il faut espérer que la réforme sera rapide pour que les musées italiens deviennent plus innovants et que leurs collections, parmi les plus belles du monde, soient réellement visitables avec plaisir. Et que l’ensemble des équipes y participeront, car un musée reflète toujours la bonne entente de ses personnels. En quoi une gestion plus précise, une forte internationalisation, une muséographie innovante et la participation à la révolution numérique nuiraient –elles à la conservation des œuvres ?
Je ne vois pas très bien.
Et vous, chères lectrices et chers lecteurs, quelles réformes feriez-vous pour réformer la culture (musées, monuments, événements, …) en France?
006-accademia_florencePOUR EN SAVOIR PLUS
– La page officielle du ministre Dario Franceschini sur Facebook,
– La Stampa La riforma Franceschini rivoluzionerà tutti i 400 musei italiani 
– La Stampa 20.08.2015 Ecco tutti gli ostacoli per i nuovi direttori dei musei : Dovranno combattere contro burocrazia, scarsa organizzazione, veti sindacali 
– La Stampa du 19 août 2015 : Stranieri alla guida dei nostri musei: non è uno scandalo, metodo giusto 
– La Stampa : Ecco cosa ci possono insegnare i direttori stranieri nei nostri musei (Voici ce que les directeurs étrangers peuvent apprendre à nos musées peuvent apprendre à nos musées les directeurs étrangers). Un article très intéressant, qui reprend en les développant 4 thèmes : Le visiteur au centre ; le courage de changer ; le pragmatisme ; de fortes ambitions) @massimo_russo
-La Stampa : la Carte, de Paris à New-York, des italiens importants dans l’art et les musées 
– L’article du new York Times du 18 aout2015, d’ ELISABETTA POVOLEDO: Un historien de l’art allemand dirigera les Offices, à Rome «German Art Historian to Direct Uffizi Gallery in Italy »
– L’article d’El Pais : Los nuevos directores extranjeros de museos dividen a Italia (Les nouveaux directeurs de musées étrangers divisent l’Italie)
– The Guardian du 18 août sur le choix des directeurs étrangers  :
– The Guardian du 23 août 2015 : Could a German spark a renaissance in the revered temple of Italian art?

NOS PHOTOS : Galleria Uffizi à Florence (Leonard-de-Vinci, La Battaglia-di-Anghiari – copie TavolaDoria)
; Colisée de Rome;  Pinacothèque de Brera; Nouvelles petites salles de la Galerie des Offices de Florence pour la première Renaissance italienne.Galeria nationale d’arte moderna de Roma;Accademia de Florence;

 

 

PAVILLON COREE DU SUDKEN LE TOURISTE PARFAIT Ken, pour UNE fois, hésitait…Rome? Naples?Florence? Venise ou la si jolie Perugia? En fait il avait l’embarras du choix. Avant de donner sa réponse à Dario, il appela donc, entre deux réunions d’affaires et dans son jet privé, son ex, Barbie Chérie. Après tout c’est elle qui ferait le “gros effort”, comme elle disait, de quitter L.A pour devenir la meilleure des épouses d’un directeur de musée italien. C’était donc à elle de décider!

Nantes, une belle histoire pour l’avenir!

CouverturePour votre rentrée, quoi de mieux pour vous donner de l’énergie que la belle histoire de Nantes, devenue la meilleure ville du tourisme culturel?
Aujourd’hui je résumerai pour vous un excellent petit livre sur la transformation de la ville depuis les années 80, qui  nous raconte, étape par étape, les démarches et l’énergie déployées par les élus, les professionnels et les artistes. Comment fut possible la réussite de Nantes? Quels sont les secrets de cette réussite? Quel fut le jeu des acteurs, la réception des nantais? Et demain?
« Réenchanteur de ville, Jean Blaise » , écrit par le journaliste Philippe Dossal , retrace l’aventure et les choix d’une ville et de ses voisines. Le choix d’une culture ouverte, qui s’adresse aux habitants comme aux visiteurs touristiques et n’a pas besoin de monuments ou de médiateurs pour être comprise et aimée par tous.Une histoire incroyable!

I- 30 ANS DE COLLABORATION entre élus, artistes et Services de la Ville, entreprises, commerçants, industriels, maraîchers, ouvriers et étudiants, c’est tout de même assez rare! Voici les différentes étapes de ce long parcours, qui fait venir aujourd’hui des millions de visiteurs « pour voir et vivre » la culture dans la ville ou sur la Loire :
– Nantes avant cette histoire, dans les années 70, est une ville qui a beaucoup perdu : la construction navale est à l’agonie et les industries agro-alimentaires ont été rachetées par des groupes internationaux et une partie de la jeunesse est en exil sur un lointain campus.
– 1982 : Jean Blaise est recruté par la ville pour préfigurer une nouvelle « Maison de la Culture », avec un un projet qu’il ne changera jamais, au fond : s’ appuyer sur les forces vives de la ville, faire connaître la culture venue d’ailleurs, décloisonner les petites boites où s’enferment les disciplines ( art contemporain ou cirque, théâtre ou danse, arts de la rue, musique classique ou musiques dites populaires).

– « Aujourd’hui réapparait cette idée de la nécessité des échanges, des contacts, des mélanges. L’on parle de convivialité, d’interdisciplinarité, de stimulation. Il ne s’agit ni plus ni moins que de créer des courants novateurs par le métissage » », écrit Jean Blaise en 1983.Il part donc à la rencontre du public, mais pas dans la Maison de la Culture, plutôt dans les rues de la ville, dont il aime les profondeurs, la poésie, les habitants.
affiche2012 1983 : fédération d’un réseau d’élus de villes périphériques avec la banlieue de Nantes, Rezé et Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon, qui poursuivent l’aventure grâce à la volonté de leurs élus (Joël Batteux, Jacques Auxiette, Jacques Floch…) sur des projets culturels puis création du CRDC, centre de développement pour le développement culturel avec une mini-équipe de 6 personnes. Première intervention de Royal de Luxe, avec La demi-finale de Waterclash à Saint-Nazaire, intervention complètement surréaliste et qui sidéra des spectateurs conquis par une longue parade/spectacle restée dans toutes les mémoires. Du « jamais –vu », car jamais il ne faut faire la même chose, autre secret de fabrication. Ne pas se répéter deviendra un light motive, pour ouvrir d’autres horizons, apporter des vents nouveaux au souffle des villes, de leurs périphéries  ou des campagnes.
– 1990-1996 Les Allumées sont un projet très clair : “Pendant six ans, les artistes de six villes étrangères apporteront leur contribution à la Ville de Nantes de six heures du soir à six heures du matin!” Nouveau format, encore, et qui donnera le meilleur :
– Barcelone avec les artistes de La Fura dels Baus et ceux de Carles Santos, dans toute la ville, avec une prédilection pour ses friches, coins abandonnés et chargés du passé, lieux périphériques que l’on atteint en bus à trois heures du matin ; ou encore des lieux à l’envers, comme un cinéma « sleep » avec des lits à la place de fauteuils. Dérision, humour, ambiance bon enfant : des milliers de visiteurs et tout le monde se parle…
 Léningrad/Saint Pétersbourg, l’année suivante, avec 300 artistes venus en cargo et éparpillés dans la ville ; Buenos Aires et la « psychanalyse » de 356 personnes allongées qui précisaient leurs ‘images de la ville de Nantes » ; enfin Naples et ses cours de cuisine avec mandolines sous les balcons puis les 300 artistes du Caire qui firent danser les jeunes des cités périphériques. La dernière invitation à Havane, hélas, fut annulée par le refus de Cuba de laisser partir les 320 artistes choisis, et remplacée par une semaine de débats intenses à Nantes.
– 1995-2000  Lieu Unique, l’ancienne usine LU, est tout d’abord réhabilitée avec le concours de l’équipe du CRDC (Patrick Bouchain, Architecte) qui travaille déjà dans les lieux,  pour accueillir tout à la fois un bar, un restaurant, une librairie, une crèche, un espace d’exposition, une salle de spectacle, des bureaux et un hammam. Lieu Unique est ouvert de 11h à 2 heures du matin et lancera la mode de lieux alternatifs  « à peine retouchés », où les marques du temps sur les murs, la toiture et les différentes fonctions des espaces doivent être conservés donc savamment grattés, assainis et restaurés plutôt que « relookés » avec minimalisme. Pas de mobilier high tech, non plus, pour éviter l’aseptisation et la monotonie  qui gagne les sites culturels et font qu’ils finissent par tous se ressembler..
image_fichier_fr_190810_jdo_10– D’autres formes sont expérimentées, dont La Folle Journée de Nantes,  organisée par  René Martin, qui est la plus connue : elle a entièrement revisité les codes et la  présentation des concerts de la musique classique. Citons d’autres exemples de « nouveaux formats », comme en 1996 : Trafics  et les Quarts d’heure ; ou Cuisine et performances  en 1997 ; Fin de Siècle avec Johannesburg invitée, puis  New –York. La Nuit Unique proposa, en 2003 une question aux nantais qui veulent venir en débattre en s’adressant à eux : « Quelle  place tient l’art dans la vie de chacun ? Environ 15% de la population fréquente régulièrement les lieux dédiés aux arts et à la culture. Pourquoi les 85% restants ne le font-ils pas ? Venez en discuter à l’occasion d’un grand dîner », lequel comportait 1000 places. Même appel à tous les nantais pour le Grenier du siècle, où 11 855 objets choisis par les habitants comme représentatifs de leurs vies et du monde sont mises en boites ou en bidons, qui seront scellés et ne seront ouverts qu’en que le 1er janvier 2100.
– Enfin la demande est toujours très forte à l’étranger et à Paris pour inviter les organisateurs et artistes de ces manifestations culturelles, et Jean Blaise conseillera le maire de Paris pour y créer la Nuit Blanche.

 

II- ESTUAIRE est aussi une très belle aventure car les artistes ont travaillé  sur 40 kilomètres, entre Nantes et Saint-Nazaire. Nous avons déjà souvent évoqué ce petit chef d’oeuvre d’organisation dans ce blog, et sa longue préparation auprès des communes, associations, entreprises ou institutions proches de l’estuaire de la Loire, plusieurs années avant la programmation de l’opération. Alors rappelons seulement que c’est le contraire de ce que l’on voit généralement ailleurs, le contraire de ces parcours urbains ou ruraux parsemés d’œuvres d’art placées un peu au hasard, choisies on ne sait comment ni par qui ni sur quels critères, l’essentiel étant qu’elles égayent la visite d’un site naturel ou la randonnée sportive.
van_evt_2015– Pour donner du sens à Estuaire, un nouveau défi, politique, attend des réponses culturelles: comment redonner du sens à la Loire entre les deux villes, si différentes ?  Comment reconquérir l’espace abandonné ? Faire lien avec les futurs projets d’aménagement urbain ou rural ? Les élus de la région, les aménageurs qui avaient vu cet estuaire se dégrader peu à peu, avec des navires de gros tonnage, des berges inaccessibles, une nature négligée – malgré sa très grande beauté- et inconnue du million d’habitants tout proches.
Les équipes pour concevoir cette mise en valeur de la Loire se forment, avec une temporalité : il y aura 3 éditions d’une Biennale d’art, pendant  6 ans . Et leurs méthodes habituelles de concertation pour, comme avait dit Jean Blaise , «  choisir les meilleurs artistes » ( Jean de Loisy fut l’organisateur de la programmation)et que, peu à peu, chaque lieu « invente sa propre vie ».Pour chaque installation, l’artiste devait entre en correspondre plus ou moins au projet d’ensemble, celui de redécouvrir un morceau de la Loire, un port ou un site naturel magnifique mais inaccessible ou carrément abandonné. Les riverains du lieu ont été sollicités non pas sur ce qu’ils voulaient ( artistes, types d’œuvres…) mais sur ce qu’ils pensaient par exemple de leur passé dans ce lieu, sur leurs habitudes, leurs façons de le vivre, ou non, leurs espoirs pour le futur.
Etablir des correspondances, étonner, amuser et provoquer des questions   : tout le parcours est une succession d’imaginaires (Celui des artistes) et de surprises (pour le visiteur).Les élus des toutes petites communes, les associations de protection de l’environnement, le Conservatoire du Littoral, le Port autonome et les riverains ont coproduit Estuaire avec  les organisateurs (Jean Blaise, Daniel Sourt, Jean-Luc Courcoult mais aussi Laurent Théry, géographe et urbaniste et la SAMOA, société d’économie mixte qui gère l’urbanisation de l’Ile de Nantes)pour régler le questions de l’occupation du domaine public ou du  montage des œuvres. Laurent Théry, en charge de l’aménagement de l’Ile de Nantes avec le paysagiste Alexandre Chemetoff verra donc la manifestation Estuaire intégrer la pointe de l’Ile dans sa première édition.  Voir les œuvres et les artistes, ICI
Le bilan est très positif, avec un public ravi. Un public très important dès la première année avec des  centaines de milliers de visiteurs et un grand brassage social qui mélange amateurs d’art ou de nature, randonneurs ou touristes étrangers d’un jour, groupe de croisiéristes ou de cyclistes. Ce succès public était inattendu, alors que, pourtant, l’association de plusieurs centaines d’habitants/entreprises locales, grosses ou petites, artistes et élus qui avaient participé à la gestation du projet, représentait à lui-seul autant d’ambassadeurs très impliqués !
appli_vanIII- FUSION TOURISME ET CULTURE, une décision politique
La communauté urbaine de Nantes devenue Nantes-Métropole devait rationnaliser son organisation, regrouper les offices de tourisme de l’agglomération, par exemple, et le maire de Nantes-Métropole, Jean-Marc Ayrault ainsi que Benoist Pavageau, le Directeur général de Nantes Métropole, proposèrent en 2011 la « création d’une structure regroupant Nantes Tourisme, Nantes Culture, Patrimoine et Estuaire dans une structure unique » qui fusionnerait aussi ses atouts et mutualiserait ses moyens, explique Astrid Gingembre dans l’ouvrage (p.108). Evidemment cela ne se fit pas sans difficultés, car «faire cohabiter culture et tourisme dans une même entité apparaissait être à certains une sorte de dévoiement de la culture »(p.109).Jean Blaise fut donc sollicité, quitta la direction de Lieu unique avec ses trente cinq personnes pour la nouvelle entité qui regroupait deux cents employés et de nombreux métiers.
IV- LE VOYAGE A NANTES, nom de la nouvelle structure, était né, avec un vrai nouveau projet , « La ville renversée par l’art », qui est en quelque sorte  l’aboutissement des séquences précédentes avec un vrai parcours artistique nantais( que nous avons présenté dans ce blog) et un projet pour l’avenir du réaménagement de l’Ile de Nantes avec ses nouveaux partenaires : les urbanistes, les architectes, , les paysagistes, les artistes, mobilisés ensemble.
Philippe Dossal termine son livre en observant la « contamination » de tous les acteurs par le virus de l’art : les commerçants, les entreprises, nous l’avons vu, mais aussi le Service des espaces vert devenu force de proposition. Ce Seve qui « installe des jardins potagers dans les parterres du centre-ville, installe des tables de pique-nique pour que les promeneurs y dégustent des fruits, cueillent des légumes ou des herbes aromatiques » ! Contamination des idées et des imaginaires entre ce Service et ses partenaires de Lieu Unique ou avec  Pierre Orefice et François Delarozière (Les Machines de l’Ile) depuis les années 2000, mais aussi contamination grâce au « travail  ensemble » pour le vaisseau spatial végétal, l’Aéroflorale » ,ou pour les Jardins flottants, la grande Cantine en forme de serre  ou « Le Jardin étoilé » de l’artiste Kinya Maruyama.  « Notre collaboration avec les doux dingues du monde de la culture s’est inventée progressivement. On se fertilise les uns les autres », confirme Jacques Soignon, directeur du Seve, qui a même créé un bureau d’étude, au sein du Seve, avec une équipe de paysagistes dédiée aux événements » qui sont les nouveaux interlocuteurs dédiés aux projets de  Jean Blaise et de ses équipes. Et deux millions de visiteurs sont venus visiter le jardin des Plantes confié par J.Soignon à l’écrivain Claude Ponti pour le « revisiter ».Le magnifique poussin géant endormi sur la pelouse, ci-dessous,  est tout à fait dans la ligne « poésie, humour, tendresse » des équipes aujourd’hui en « fusion » !
jardin-dejante-claude-ponti-3192797_6CONCLUSION  : cet automne sortira le Rapport confié à Jean Blaise par le ministère de la Culture sur l’art et la culture dans l’espace public. « Le constat est assez préoccupant, dit Jean Blaise. Les institutions culturelles se sont refermées sur elles-mêmes et touchent au mieux 10% de la population»  (p.120) Souhaitons que la contamination se poursuive et que notre pays tout entier puisse attraper le virus de l’art ! Cela éviterait aussi les tendances du tourisme français à n’utiliser, pour faire des progrès,  que les seuls atouts d’une triste banalité car tous les autres pays concurrents de la France les ont aussi, et déjà (Espagne, Royaume-Uni, Australie, Italie, Etats-Unis, Allemagne, etc…) Ces atouts sont à peu près toujours les mêmes, depuis des années. Il faut soutenir et développer, dit le dernier Rapport, les secteurs suivants « Gastronomie, œnologie, promo du pays sur un site web  unique, Numérique,  Marketing des destinations ou des marques, Formations ……». (On notera au passage  que le Golf et les Spa, multipliés il y a cinq/dix ans, ont tout de même disparu des priorités cette année….) Mais ces atouts classiques suffisent-ils à maintenir notre fréquentation et à l’améliorer ? Notre avis est que tout cela est essentiel, basique “(Bien boire/manger/dormir“),  mais ne fait pas levier pour différencier notre offre de celle de nos concurrents, qui  sont déjà, pour la plupart,  au sommet dans ces domaines! Si la Culture et notre art de vivre sont toujours l’attrait numéro un de notre pays, pour les étrangers, et si plus d’un visiteur sur deux dans nos musées est un touriste, pourquoi ne jamais  parler de l’innovation culturelle? Si Lyon, Lille ou Nantes sont autant visitées par des délégations chinoises très curieuses, qui veulent s’inspirer de nos meilleurs modèles du tourisme culturel aujourd’hui, c’est sans doute parce qu’ils ont de l’avenir.
Enfin nous vous tiendrons au courant de la fréquentation de Nantes cet été car, comme chaque année, Jean Blaise présentera à l’automne le bilan de la fréquentation du Voyage à Nantes  et celui des retombées économiques. Il répètera sans doute, comme chaque année aussi, que la fréquentation est en hausse et que l’argent public investi a fait de la Ville, qui n’était pas très culturelle, une destination de choix, à la fois haut de gamme et populaire, pour le tourisme urbain et que de très nombreux jeunes souhaitent, après avoir choisi Nantes pour leurs études, s’y installer!

POUR EN SAVOIR PLUS : l’ouvrage REENCHANTEUR DE VILLE, JEAN BLAISE, par Philippe Dossal – Editions HD, Ateliers Henry Dougier, avril 2015, 128 pages.,  ( http://www.ateliershenrydougier.com), une collection qui raconte la démarche singulière d’individus ou d’équipages engagés dans des expériences originales qui renouvellent ou réinventent la société.Diffusion Seuil/Volumen. Et pour le Voyage à Nantes, c’est ICI!

– Ci- dessous, une vidéo du  retour de Long Ma le cheval-dragon, parti en Chine ! Chaque jour, Long Ma se déplaça librement sur la pointe ouest de l’Île à l’occasion du Voyage à Nantes et durant 10 jours, du 14 au 23 août.  Pour le retrouver il fallait partir à sa recherche : le découvrir endormi, au galop, crachant du feu ou mangeant à la cime d’un arbre selon ses envies..

Photos : site de Nantes-Tourisme, et Le Grand Éléphant © Jean-Dominique Billaud

Les horaires de ses apparitions seront donnés au jour le jour sur www.levoyageanantes.fr

 

nantes-digital-week-3778336_19The Jazz LifeKEN LE TOURISTE PARFAIT était, lui, totalement désenchanté! Impossible depuis un mois   de dépenser tous ses milliards tellement il voyageait, en bon touriste d’affaires, consommant chaque semaine plusieurs palaces, une dizaine de jets privés ou quelques voitures avec chauffeur…Il arriva à Londres et fila joyeusement pour piller tous les magasins de luxe, histoire de laisser lors de son bref passage un maximum de retombées économiques. Il faut dire que sa chance, pour cette activité, c’était son ex, Barbie chérie, qui, heureusement pour lui,  a-do-rait les cadeaux de la Vieille Europe, comme elle disait! Il lui avait donné rendez-vous à la Digital Week de Nantes, mi septembre!