Musées et Hôtels en Chine

Liu Haisu Art MuseumQue devient le tourisme culturel dans les pays émergents ? Aujourd’hui nous ferons un petit tour en Chine, où, sans surprise, tourisme et culture marchent très fort et très bien ensemble ! Des offres plus spectaculaires, immenses, pour les musées, et un décor hallucinant pour un nouvel hôtel, à Macau, où une nuit coûte 100 000 euros. Et pourquoi? 
I- CHINE : AGRANDISSEMENT ET MULTIPLICATION DES MUSÉES.
1- La rénovation du musée d’art du XXème siècle à Shanghai, le Liu Haisu Art Museum,. Ce nouveau musée (2013) était auparavant dédié aux œuvres de l’artiste Liu Haisu (1896-1994) qui avait initié le Nouveau Mouvement de l’Art chinois en 1912, et créé la première école d’art « actuel » , l’Académie de Peinture chinoise . Après trois ans de travaux, le musée annonce en ce moment qu’il exposera aussi les artistes actuels de la scène chinoise ; le nouveau bâtiment a d’ailleurs été conçu avec un mur spécial pour le graffiti art ! (Photo :des étudiants de la Shanghai Université recopiant des oeuvres de graffeurs célèbres, avec leur consentement, sur les 300 mètres d’un mur expétieur conçu pour les recevoir).
Long Museum2- Plus impressionnante est la multiplication, en Chine, de grands musées de mécènes privés, qui implantent leurs bâtiments hors de Pékin et de Shanghai, villes déjà bien loties en musées et centres culturels, pour aller dans l’intérieur du pays. Wang Wei and Liu Yiqian, deux célèbres et jeunes collectionneurs, ont, en seulement quatre ans, ouvert leur troisième musée à Chongqing (30 millions d’habitants, province de Sichuan), soit .10 000 M2 sur 3 étages dans l’immeuble du Guohua Financial Centre, dont Liu est propriétaire.
Petite histoire des deux mécènes : après l’inauguration de leur Long Museum à Shanghai, ouvert en 2012 dans le quartier de Pudong puis, en 2014, d’un nouveau bâtiment dans le quartier de Xuhui. Liu et Wang, ont commencé leurs collections avec des calligraphies chinoises, puis avec l’art contemporain à partir de 2005 (Yayoi Kusama et Olafur Eliasson). Mais de temps en temps ils font une acquisition « phare », comme à l’automne dernier, avec le Portrait de nu Couché de Modigliani (1917-18) acquis 170.4 millions de dollars : « Nous devons collectionner des artistes étrangers pour que nos musées soient à la hauteur des autres musées du monde », disait Wang à une interview en janvier au Financial Times.( Lire les articles du  Art Newspaper en bas du billet, “pour en savoir plus)-Photo : Long Museum, intérieur. 

Louis XIII MacauII- L’HÔTELLERIE, PILIER DU TOURISME, avec les Transports et les Activités, est aussi en telle croissance, en Chine, que pas un jour ne passe sans que la Chine ne communique sur de nouvelles constructions, mais aussi fusions, acquisitions de marques américaines ou européennes. Cette semaine nous avons eu droit à l’augmentation de la prise de participation des chinois dans les hôtels du Groupe ACCOR Et au groupe hôtelier Jin Jiang qui continue de monter au capital d’ACCOR à près de 15% et devient le premier actionnaire, devant Colony Capital et Eurazeo (5,18%), tous deux voués à sortir du capital, commente lEcho Touristique
– Le groupe chinois HNA va aussi, dit Tour hebdo,  racheter Carlson Hotels (USA, Minneapolis) qui exploite à 1 400 hôtels dans 115 pays et territoires, dont les hôtels Radisson. Après être entré dans le capital des résidences de Pierre et Vacances Centers Parcs à hauteur de 10% au début de cette année. (HNA est présent dans l’aéronautique, la finance, le tourisme et la logistique, etc…).

Salon Louis XIIIIII- L’HÔTEL LE PLUS CHER DU MONDE sera DE STYLE FRANÇAIS, et A MACAU ! Un hôtel à 100 000 euros la nuit, cela existe aujourd’hui.Très impressionné par Versailles et sa richesse spectaculaire, le Chinois Stephen Hung ( à gauche sur la photo) vient de construire un hôtel qui a coûté plus d’un milliard (1,4M$) en construisant un nouveau monument de 230 suites ( et tout autant de personnel, une personne veillant sur chaque chambre.. ).Et, pour le conseiller, il a nommé La Princesse Tania de Bourbon Parme comme  conseillère spéciale auprès de lui et de sa holding,  la société LOUIS XIII LTD! )( !  L’emphase du vocabulaire de différentes époques et styles emprunte à tous les styles : Renaissance, Baroque Haute Epoque. Les fresques , l’or et le marbre, le vitrail et les sculptures, tout se mélange, et les sièges du design d’aujourd’hui ajoutent à ce qui nous parait peu « orthodoxe » car trop ostentatoire.  Avons-nous oublié les folies ostentatoires de Versailles, mais aussi celles des palais de Venise, qui affirmaient, a minima, la grandeur d’une dynastie et, avec elle, la supériorité de l’occident après les incessantes querelles « Orient/Occident » ? ?
Bien sûr nous sommes loin de Versailles, où le Roi voulait surtout inventer un nouveau style français, pour sortir de la prédominance italienne qui dominait largement l’architecture et ses décors, avant lui. Pas d’invention, dans cet aménagement, mais des «emprunts » d’un peu partout : Versailles, mais aussi l’Italie, du classique mais aussi du Baroque.

Chambre Louis XIIIIV- NOS PÉRIODES BLING BLING EN FRANCE!
N’ayons pas la mémoire courte et ne condamnons pas au nom du seul « bon goût » dont nous aurions l’apanage une fantaisie venue d’ailleurs. Nous aussi avons adoré l’éclectisme des formes – voir le Sacré Cœur à Paris, la Major de Marseille ou encore l’Hôtel de Ville de Paris-. Nous aussi, en des temps plus lointains, avons emprunté et pas toujours de façon conforme :  la Renaissance italienne, par exemple,  a repris  le vocabulaire de l’art le plus classique de la Grèce ou de la Rome antique, mais seulement en partie et en mariant leur classicisme à de nouvelles audaces . En France,  nous avons aussi osé mélanger ce pur classicisme en y ajoutant des éléments « gothiques » sur une très longue période,  du XVéme siècle au début du XXéme siècle; et  y compris pour ce que nous nommons aujourd’hui des des chefs-d’oeuvrs (Les petites fantaisies que concocta Viollet –Le Duc pour les ajouter à Notre Dame de Paris ; ou encore les remparts et clochetons imaginaires de Carcassonne).
Bref, condamner ce dictionnaire de formes « détournées, empruntées, inventées » serait oublier les libertés que nous avons prises depuis des siècles. Que pensaient, d’ailleurs, les Japonais et les Chinois auxquels nous avons emprunté leur vocabulaire stylistique pour notre « Japonisme » (Littérature, peinture, décors intérieurs et l’architecture au dernier quart du XIXéme siècle) ? Comment les orientaux jugèrent-ils notre « Orientalisme », qui, dans l’architecture comme dans la peinture, s’ingénia à dérober des petits bouts d’Orient pour les remettre en forme et à notre goût ?

Le "mur pour des graffiti" du nouveau Musée Liu Haisu de Shanghai. les étudiants recopient les oeuvres de graffistes chinois.

Le “mur pour des graffiti” du nouveau Musée Liu Haisu de Shanghai. les étudiants recopient les oeuvres de graffistes chinois.

CONCLUSION
ces emprunts à Versailles et à d’autres palais nous choquent pour plusieurs raisons :
– d’abord, on n’emprunte pas Versailles, on n’y touche pas, et voilà !
– Ensuite « copier c’est voler », car rien ne vaut, pour nous, un « original »;
– Enfin : réinterpréter, « mettre à son goût », pour qui a dominé le goût du monde pendant quelques siècles, est-ce bien raisonnable ?
– Et surtout ! En occident, la richesse visuelle ( profusion de matériaux, d’emprunts, de couleurrs et de formes…) est devenue ostentatoire (le fameux bling –bling), pour nous, depuis longtemps. Nous avons opté pour une architecture et une décoration intérieure minimalistes, issues des mouvements artistiques allemand du début du XXéme siècle, « Less is more » et de l’abstraction. Eh oui, nous sommes en période « moins c’est mieux ».La sobriété, voire le passe-partout, sont un gage de sérieux et la discrétion nous semble la plus belle des qualités (Cf. Les décorations et architecture des hôtels et restaurants de Jean-Michel Wilmotte).
– D’autres pays émergents suivent notre « modèle » de formes simples et leurs concours internationaux font appels aux architectes classiques. Le Moyen-Orient a choisi cette route, avec, par exemple, les nombreux musées de l’Emirat du Qatar ou ceux des EAU, Emirats, dont nous reparlerons car plusieurs  inaugurations sont imminentes!

POUR EN SAVOIR PLUS

Nos photos : le Louis XII : hall, salon et chambre. ©Holding  LOUIS XIII LTD!

  • Sur le musée de Shanghai : ici 
  • Sur le musée de Chongqing , ici
  • Sur Stephen Hung : d’abord étudiant en médecine , il est ensuite partit aux Etats-Unis pour faire un MBA (en administration des entreprises) à l’université de Californie du Sud) .De retour en Chine, il a repris les affaires de son père (Promotion, finances à Hong Kong).
    Une citation de Stephen Hung : « Oubliez mes cheveux rouges,. Je suis avant tout un investisseur. », dit –il dans une interview du Financial Times, avec un plaidoyer amusant : « Je suis au luxe ce que Google est à la connaissance. Je ne suis pas assez narcissique pour me comparer à une telle marque, mais c’est le même principe. Google n’a pas inventé l’information. Elle circulait déjà sur le Web, ils l’ont organisée. Idem pour Facebook. Les gens qui se parlent et échangent des photos, ce n’est pas nouveau, mais ils leur ont donné une plateforme. A ma modeste échelle, je ne fais rien de plus. Les produits de luxe existent. Nous les regroupons pour les offrir à nos clients. ».
    Voir davantage de Photos du Louis 13 de Macau sur l’Internaute ou le Dailymail, ici, et ou .
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P1090610KEN LE TOURISTE PARFAIT “Suis-je Bling-Bling, my Dear Ken?“, demanda son ex, Barbie Chérie, à un petit Ken tout classique, ce soir (en costume cravate au bord de la piscine de leur hôtel à Miami Beach). “Mais bien sûr! Regarde tes amies, les Kardashian, tu leur ressembles!”. Barbie tenta l’impossible “Oui, mais moi je suis au Musée des Arts déco, à Paris, et chez Colette, le temple de la branchituuuuuude!”. “Est-ce que cela suffit, Barbie?”, répondit Ken qui détestait ce genre de question existentielle…..

Au Louvre avec Will.i.am

La Joconde après restauration_ Laboratoires du LouvreLe 12 avril dernier a eu lieu l’événement le plus intéressant et le plus spectaculaire qui soit pour “communiquer une offre culturelle” ! Le Louvre, premier musée du monde, d’Europe et de France, a diffusé sur son site officiel une vidéo qui rend hommage au musée, tournée par une star, le célèbre chanteur et producteur américain, Will.i.am. Depuis trois ans, le chanteur travaillait avec les équipes du Louvre à ce tournage, “MONA LISA SMILE”, et à ce jour cette vidéo  a déjà été vue par plus d’1,5 million de visiteurs sur Dailymotion.
La voici, avec une présentation de cette aventure. Disons simplement, pour introduire notre sélection, qu’elle correspond exactement à la définition de notre « nouveau tourisme culturel », avec :
De la culture en ligne, pour ce public qui ne viendra jamais, sans doute, mais qui, grâce aux établissements culturels, peut voir, apprendre, prendre du plaisir, à l’autre bout du monde! Et, pour les professionnels, ces oeuvres en ligne représentnet un gros travail, mais elles garantissent des contenus  auxquels les visiteurs touristiques auront accès « avant la visite », soit  avant ce tout petit moment très important où les futurs touristes prennent la décision de venir « chez vous »…ou d’aller ailleurs. Car la concurrence est forte!
– La force du Soft Power : quand des américains font la promotion du Louvre, avec des millions de vues sur le web, pour ce clip, croyez-vous que les jeunes auront envie de visiter le Louvre, un jour? Mais bien sûr!
Mieux adapter l’offre, depuis sa conception jusqu’à sa réalisation, aux visiteurs actuels : ici un jeune chanteur/producteur/pro du numérique renouvelle le discours traditionnel sur les musées, sur ses œuvres. Mais ce clip nous parle aussi des les visiteurs de la France « classique », de la France un peu arrogante, où les minorités restent invisibles, et dont l’accueil, en général mal noté par les visiteurs étrangers, fut cette fois-ci parfait. Bravo au Louvre qui, avec ce clip, propose un nouveau modèle de communication, un modèle de travail et un exemple pour tous les domaines culturels.
I- MONA LISA SMILE, vidéo Will.i.am et Nicole Scherzinger
Durée : 3minutes 35 secondes

Will.i.am – Mona Lisa Smile ft. Nicole Scherzinger par louvre

  • Will.i.am – Mona Lisa Smile Featuring Nicole Scherzinger
    Track available on his album #willpower po.st/WillPoweriTunes
    Based on a concept by will.i.am -Directed by Michael Jurkovac -Edited by Igor Kovalik – Painting brought to life by Pasha Shapiro – Add’l post effects by Ernst Weber – Executive produced by will.i.am – Line produced by Bill Boyd
    Lien Dailymotion : http://www.dailymotion.com/video/x43159u
    • Date de publication : 11/04/2016

-Will.i.am_in_2012II- QUI EST WILL.I.AM ?
“Il y a cinq ans, j’ai écrit une chanson qui s’appelle Smile Mona Lisa. Puis j’ai eu envie d’en faire une vidéo. En collaboration avec le Louvre, nous avons réalisé un clip où des œuvres, dont « la Joconde », étaient animées […]”On a fait ouvrir le musée spécialement, à 2 heures du matin. C’était un privilège. On a installé un mini-studio pour enregistrer les parties de guitare. Si j’écrivais une chanson sur Mona Lisa, je voulais l’enregistrer à côté d’elle.“, a dit Will.i.am au journal Le Parisien du 13.04.2016 .
– C’est au collège, à l’âge de 13 ans, que le jeune William James Adams Jr, né en 1975 et qui a commencé sa carrière en 1987, découvrit la Joconde et le Peintre. Depuis, seul ou avec son groupe les Black Eyed Peas, le jeune homme a déjà vendu 46 millions d’albums et reçu plus de sept Grammy. Mais ce n’est pas tout. Il est devenu designer après ses études dans une Ecole de Design, puis auteur, producteur, compositeur, de musique et récemment Coach pour The Voice en Australie et au Royaume –Uni.

  • Will.i.am est un militant qui a aussi activement participé à la campagne d’Obama et en 2008 (album : Change is Now: Renewing America’s Promise, et single Yes we can !) .
  • Enfin il a, comme de nombreux musiciens aux USA, une liste de coproductions musicales impressionnante : avec Michael Jackson , Justin Bieber , Britney Spears , Miley Cyrus , David Guetta , U2 , Rihanna , Lady Gaga , Usher , Justin Timberlake ,etc… Fort de ces succès, il a monté et  dirige Angel, son association caritative, dédiée à l’éducation des jeunes les plus défavorisés de son pays.
  • Aujourd’hui, Will.i.am mixe ses différents talents avec ceux d’un pro du numérique qu’il est devenu après avoir été directeur de l’Innovation créative chez Intel Corp en janvier 2011, lancé, avec la NASA, la première chanson sur Mars, « Atteindre les étoiles » en (2012 NASA/Jet Propulsion Laboratory (JPL) in Pasadena, Calif.USA). Il est aussi Chief Creative Officer of 3D Systems. Les Télécom allemandes l’ont recruté dans leur équipe comme assistant au design des Smart Watches d’une compagnie allemande, Dial, fin 2015.( voir ici) 

 

III- LE PROJET
Rien de mieux que cette vidéo pour comprendre comment la vidéo et le clip « Mona Lisa » sont nés! On y voit La curiosité de Will.i.am, qui visite le musée avec le Chef du département des Arts Décoratifs, Frédéric Dassas, puis avec David Rowan, Editeur de Wired UK.Puis,  vous pouvez aller directement à la minute 10’.36 minutes pour voir comment il a géré le projet de Mona Lisa.
Pour les débutants : vous pouvez sous-titrer en cliquant « cc » sur la barre inférieure.
• Date de publication : 11/04/2016
• Durée : 13:43

will.i.am au Louvre (will.i.am at the Louvre) par Off

 

la Liberté guidant le peuple Eugène Delacroix c commons Wikimedia PerseIV- CONCLUSION Espérons que ce clip sera suivi pas de très nombreux transferts sur des supports du monde entier pour faire une belle promotion du Louvre et de notre pays. Espérons aussi beaucoup de petites phrases, dans les bureaux, du type  « Mais, Monsieur, puisque Le Louvre l’a fait, pourquoi pas nous ? », et que d’autres projets audacieux verront le jour! Au fond, on ne peut qu’apprécier l’excellente qualité de la vidéo, l’imagination du projet et, au passage, apprécié la présence des personnages qui nous rappellent que le monde des musées n’a conservé, et très largement, que les objets et œuvres d’exception, ceux qui représentent la « classe dominante », les princes ou les héros du passé, mais que très peu d’objets représentent la population, les pauvres, et encore moins de Diversité dans nos collections nationales de Beaux-Arts!

POUR EN SAVOIR PLUS
1- DéMUSEElé : Une très bonne adresse pour faire le point sur Culture, Communication et vidéo : Le Teaser d’exposition, ou comment les musées inventent la promotion de leur exposition

2- Adresse de la vidéo Mona Lisa : ICI  
3- LIEN COURT de la Visite commentée du Louvre 
4- Adresses de Will.i.am sur les réseaux sociaux
Facebook : https://www.facebook.com/william
Twitter : https://twitter.com/iamwill
Instagram : https://www.instagram.com/iamwill/
5- Interviews sur le Parisien Ici !

 

Boys_&_Girls_will.i.amPHOTOS :
—La Joconde de Léonard de Vinci -Entre 1503 et 1506- Commanditaire : Francesco del Giocondo – Huile sur panneau de bois de peuplier- Lieu de création : Florence — Dimensions (H × L) 77 × 53 cm – Photo : Laboratoire de restauration du Musée du Louvre-
– La liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix licence Creative Commons BY-SA 3.0 Eugène Delacroix (1798–1863)- Huile sur toile- 1830- 260X325 cm- Musée du Louvre  Link back to Creator infobox template wikidata:Q33477 s:fr:AuteurTitle Liberty Leading the People wikidata:Q29530

– Photo de Will.i.am : cc article Wikipedia
– Couverture Boys and Girls (ci-contre)  : By Source, Fair use, This cover art for Boys & Girls by the artist will.i.am featuring Pia Mia. The cover art copyright is believed to belong to the label, Interscope Records, or the graphic artist(s).

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Le Touriste, Ken et son PolarKEN LE TOURISTE PARFAIT était hyper inquiet en lisant son journal  dans son vol-retour: les français allaient moins partir en vacances cette année, à Pâques! Lui qui prenait un jour de vacances par an, pour fêter le Nouvel An, avait beaucoup d’admiration pour ce peuple vaillant qui savait se reposer. Et se reposer souvent.Revenant de l’une de ses semaines habituelles, avec 12 palaces aux 4 coins du monde, 7 avions et tout autant de taxis, avec vingt trois réunions de travail pour ses Affaires, il appela François en vitesse “Mais, que se passe-t-il?“, lui demanda-t-il, “Vous ne dormez plus la nuit, restez debout sur les places publiques, et maintenant j’apprends que vous séchez les vacances? Il faut que tu décrètes l’état d’urgence, cher François!“.   

Coachella, un Festival innovant aux USA

Burning Man 2007 Pete SlinglandPour améliorer l’offre culturelle, rien de mieux que d’observer ce qui émerge dans le monde, comme de nouvelles tendances et de nouveaux comportements. Aujourd’hui, nous vous proposons de faire un petit tour aux USA. Car de “nouveaux formats d’événements”, comme celui du Festival de Coachella, en Californie, ou celui de Burning Man , au Nevada,   revisitent le “cloisonnement” des offres tel que nous le connaissons en Europe.
En effet, si Coachella, Festival de musiques actuelles, est régulièrement désigné comme le meilleur au monde depuis 10 ans par le magazine Rolling Stone, c’est qu’il se réinvente à chaque édition. Pour la musique, tout d’abord, car  il est très vite devenu  l’un des meilleurs événements des musiques électroniques. On y trouve aussi du rock alternatif, hip-hop et autres musiques du monde (Tomorrowland, l’Ultra ou l’EDC3). Les artistes s’y produisent sur huit scènes différentes : Coachella Stage, Outdoor Theatre, Gobi Tent, Mojave Tent, Sahara Tent et Yuma Tent.

  • Pourtant, cette année, les conférences de Presse sur le programme ont surtout porté sur….l’apport de l’art contemporain lors de Coachella 2016, qui ouvre aujourd’hui.
    PROFESSIONNALISER : Coachella a toujours eu une ambition de croiser la musique avec l’art, mais jusqu’à cette année, l’art était plutôt “art amateur” ou “art-entertainement”, avec ces grosses formes gonflables que l’on voit aussi dans nos carnavals ou fêtes organisées par les offices de tourisme.
    En 2016 Coachella fait mieux, en professionnalisant ses propositions d’installation d’art contemporain. Le groupe de sa production, Goldenvoice, a recruté un directeur-commissaire spécialisé en art afin de nous présenter ce qu’il y a de meilleur en terme d’art “monumental” dans le monde.
    Par ailleurs, toujours aux Etats-Unis, nous observons que cette “mixité” des arts contaminent les formats habituels. A Miami, la dernière Biennale d’art a invité des cinéastes, des écrivains ou des acteurs de cinéma, des artistes de BD ou de dessins animés, d’art numérique, etc…L’ “entre-soi du milieu de l’art contemporain” s’est élargi à d’autres horizons.
  • DÉCLOISONNER! En France, le “cloisonnement culturel” continue. Pour les grands événements de ce printemps et de l’été prochain, nous avons un choix par thématiques  : Cinéma à Cannes, Théâtre à Avignon, Chanson à Bourges, Jazz à Vienne, Antibes ou Marsiac, etc… Avec des spectateurs “fans” et des journalistes spécialisés par thématique.Soit une offre “sur mesure” pour les baby-boomers qui lisent Télérama, mais qui ne rend pas compte de la pluralité des arts et qui, à force d‘excellence, d’exigence, de prises de risque,  comme disent les artistes, ne parlent pas à tout le monde, loin s’en faut. Une offre hiérarchisée, presque “académique”, qui ne reflète en rien les pratiques actuelles (Co-création; participation;choix libres…).
    LES ÉVÉNEMENTS à la fois mixtes,  de qualité et “grand public”  sont-ils réservés à certaines villes (Nantes, Lille, Lyon)? Oui! Et de façon très volontaire, car ces trois villes ont carrément “théorisé” le fait qu’une culture ouverte, polymorphe, décloisonnée, correspondait aux demandes plus transversales des plus jeunes. Cessons d’ “enfermer” la culture, nous disent ces villes. Ce sont apr exemple la Fête des Lumières à Lyon, le Voyage à Nantes ou Lille 3000, dont les programmes multi-facettes sont vraiment très séduisants. Ce sont aussi ces “parcours” de la Seine-Saint-Denis, qui jonglent avec la grande diversité de l’offre locale et la mettent en valeur.
  • Ces villes-événements produisent cet étonnement dont les plus jeunes ont besoin et qui disparait de nos grands évènements culturels tant ils sont “convenus”, au sens où il se renouvellent peu. Mais faisons attention à cette absence de renouvellement : la dernière étude parue sur les comportements des moins de trente ans nous apprend que ces “Millenium” préfèrent leur Instagram à une visite dans les musées... Et l’âge moyen des spectateurs de Jazz à Juan-les-Pins était celui d’une maison de retraite géante.

 Coachella, ses 150 000 visiteurs sur deux week-ends, et ses petites folies! Même si nos goûts, en Europe, sont assez différents de ceux des Etats-Unis, adeptes du “mainstream”, il n’en reste pas moins que cet “effort” de décloisonner Coachella, d’y installer des Lab, des oeuvres d’art, des espaces de réflexion pour développer une réelle transversalité “art et numérique” n’a pas d’équivalent de cette envergure en Europe et en France. “Entreprendre dans la culture” est encore à l’état de projet et le véritable déploiement inter-culturel et numérique bénéficie de trop maigres récompenses (20 000 euros pour l’IFCIC, une misère….). De plus,  il faut aujourd’hui   “candidater” à l’un de ces concours à répétition qui sont aussi épuisants que la course à l’échalotte.
coachella-pharrell-1024x684EN CONCLUSION :

1- Dépasser les petites cases des organigrammes: “Patrimoine/musées/arts vivants/musique/danse/théâtre/cinéma/ numérique/industries culturelles ,  serait, à notre avis, à la fois urgent et salutaire, en France, pour permettre une nouvelle fuidité ( des compétences; des formes culturelles; des pratiques culturelles des plus jeunes).
Cette nécessaire et nouvelle “agilité” permettrait aux événements mais aussi au patrimoine plus durable (monuments ou  musées),  de reprendre du souffle, grâce aux échanges ou  partages avec la fin des frontières.(Notre photo : Coachella, Colin Pharrell)

2- Réconcilier “qualité” et “tourisme” serait le deuxième progrès, tant les organismes de tourisme sont pauvres en professionnels et conseillers culturels et nous offrent régulièrement des trucs soit-disant populaires mais souvent très médiocres et de faible qualité (merci pour le peuple!). Nos événements culturels, l’été, sont souvent “coupés” en deux groupes : ceux de la culture, à l’accès difficile, et ceux du tourisme, pas assez professionnels.

3- Les Data : Etats-Unis ouvrent enfin le chemin, que nous taisons, je ne sais pourquoi, du lien entre les Datas et les événements culturels (Voir ci-dessous la mise en perspective des datas dans le sponsoring).
Situation de CoachellaI- COACHELLA
fondé en 1999 par Paul Tollett , dans le désert, le Coachella Valley Music and Arts Festival commence le 5 avril et aura lieu ce week end et le suivant. Comme d’habitude, le programme de musiques est épatant, avec… la française Christine and the Queens!

Paul Clemente, le Directeur, a déclaré qu’ aujourd’hui, les visiteurs attendaient quelque chose de plus grand, plus ambitieux, en matière d’art, et il parti en repérage pour trouver des oeuvres fortes à la Biennale de Venise ( Katrina Neiburga et Andris Eglitis), à celle de la Havane (Alexandre Arrechea) et à Art Basel Miami,  explique-t-il dans ses interviews.

II- COACHELLA VALLEY MUSIC § ARTS FESTIVAL?  petite vidéo d’ambiance  (2 minutes) :

Photo Wikimedia CommonsIII – COACHELLA DEUX OU TROIS CHOSES INTÉRESSANTES:

– 1- Aux Etats-Unis, les journaux ne font pas seulement la promotion des spectacles présentés, mais renseignent sur les coûts, la fréquentation ou et les retombées économiques et sociales des événements culturels. Ces informations sont  beaucoup plus discrètes en Europe et en France, où les questions d’argent, pourtant vitales, ne sont que rarement évoquées. Par exemple, quand un événement ferme ou quand une subvention baisse – ce qui est souvent le cas, hélas, en ce moment, dans notre pays…- il est toujours difficile de savoir comment l’événement vivait, si cette baisse met en danger et comment, le festival. On signe donc les pétitions les yeux fermés, en toute ignorance des causes et conséquences.
-2-  Le Festival comme remède “anti-krach immobilier”? Oui, car Coachella a porté secours, ces dernières années, aux graves problèmes financiers d’Indio, sa ville hôte. Indio a un budget annuel de 49 M $, le festival lui en a rapporté 500 000 $ par an  grâce à un poucentage sur chaque billet vendu, et cela par contrat conclu jusqu’en… 2030!
– Une nouvelle édition de Coachella aura lieu à New-York cet été, dès juillet prochain (Du 22 au 24 Juillet au Randall’s Island Park). Au programme : Musiques, Installations artistiques, Innovation numérique et Gastronomie.
-3- Fréquentation et retombées économiques locales :Festival le plus rentable des Etats-Unis, d’après le Huffignton PostCoachella a aujourd’hui des retombées d’environ 50M$ pour les deux week-ends (17M$ en 2007). L’affluence est forte ( 579 000 personnes dont 150 000 pour les concerts en 2014) et les tickets rapportent : $224 to $269 par personne pour un week-end. Des “forfaits VIP comprennant des parking et les meilleures places se vendent 1449.50$ pour deux personnes. Le Billboard Boxscore, qui estime aux Etas-Unis les événements,  juge du succès au temps écoulé pour vendre les billets (158,000 tickets in 20 minutes pour Coacella en 2013) et communique ces chiffres  aux investissseurs pour qu’ils ré-investissent au plus vite, si les scores sont bons,  pour l’année suivante.

safari_2012_011– 4- LE SPONSORING des événements culturels : voilà ma dernière nouvelle, lue dans un Rapport (IEG) qui annonçait dès 2014 de fortes mutations de l’Evénementiel aux Etats-Unis avec l’utilisation des big data.
D’après le Rapport, 1.34 milliard de dollars ont  été injectés dans l’ensemble des festivals de musique en 2014 aux USA, mais les Big Data vont consolidier ou déplacer certaines actions du Sponsoring. (The Economics of Music Festivals- Jun 13, 2015).L’agence FRUKT, dédiée au sponsoring culturel, confirme aussi l’apport de 447 marques qui ont aidé 300 festivals en 2013, Coca-Cola arrivant en tête avec 27% des marques sous son sponsoring.
Le rôle croissant des big Data dans le parrainage :
“Les détenteurs de droits capables d’organiser et de relier les données peuvent aller bien au- delà du simple fait de vous dire qu’ ils ont en moyenne 20 millions d’ adeptes de Twitter, trois millions de visiteurs unique sur leur site Internet  par mois ou 19.000 membres inscrits. Ils peuvent vous dire qui sont ces personnes :  ce qu’ils font, où ils vivent, ce qu’ils achètent, et plus encore.” Donc le tri et l’analyse des “données-visiteurs” ont aujourd’hui une immense valeur car ils permettent aux sponsors de joinde des clients potentiels. Voilà ce qui interessera de plus en plus les sponsors et conditionnera leur choix, qu’on le déplore, ou non.(Voir l’article complet, ICI).

Burning Man

Burning Man

POUR EN SAVOIR PLUS
– Artnet, cette semaine, dans sa Newsletter Annonce des nouveaux projets de Coachella en 2016.
– Retombées économiques de Coachella, ICI.
Sept clés du succès numérique pour les détenteurs de droits liés à des événements culturels 

LES CONCURRENTS DE COACHELLA et quelques chiffres:  Burning Man, le Festival “Anti-Capitaliste” génère 25M$ de recettes (Voir les dix prinicpes du Festival ci-dessous). Celui de Bonnaroo (Manchester, Tennessee) vend aussi ses places à toute vitesse et à peu près au même prix que Coachella ( 269$ par personne et un package VIP à 1449.5 $).En 2015, de nouveaux Festivals ont fait leur appartion (Rock in Rio USA à Las Vegas; Kaaboo in San Diego et Eaux Claires Music & Arts Festivaldans le Wisconsin), qui s’ajouteront à la centaine de Festivals américains dont les plus “connus” sont : Chicago’s Lollapalooza,Hopscotch Festival in Raleigh, N.C Electric Zoo, Electric Daisy Carnival, Hangout Fest, Firefly, Electric Forest, Tomorrowland, Governor’s Ball, Austin City Limits, Riotfest.

ET, pour finir en beauté,  LES DIX COMMANDEMENTS DE BURNING MAN, FESTIVAL “ALTERNATIF”!

Principes de Burning Man

PHOTOS Coachella : Photo Robot Poetics Kinetics, Escape Velocity (2015).Courtesy of Coachella.PHOTOS Burning Man – Le dragon de camion Photo Credit Pete Slingland, 2007- Big Rig Jig by Mike Ross and crew- The Giant Roving Head, an art car by Dale Huntsman Credit Ron Lussier

Affiche de Coachella

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Voiture BugattiKEN LE TOURISTE PARFAITAlors, es-tu prête, Barbie Chérie?“, demanda Ken, du haut du balcon de la chambre, à son ex qui nageait dans leur piscine de L.A. Après une dure semaine de rendez-vous d’Affaires, de jets privés et de Palaces, de taxis chinois  ou de  Bugatti à Milano,  notre “Touriste parfait” fut refroidi par la réponse “Mais Ken, tu sais bien que je déteste Coachella ou Burning Man! Ces trucs dans les déserts, ça met du sable dans toutes mes articulations pendant des semaines et après, bonjour pour m’en débarasser!“. Photo : Ken et sa dernière Bugatti milanaise.