On connait l’importance des images culturelles dans la communication touristique, et il faut dire que ce sont surtout les images du monde anglo-saxon qui inondaient Internet! Pourquoi ? Parce que, depuis 2011, des centaines de milliers d’œuvres y étaient en accès libre et gratuites, ce qui n’était pas le cas en France. Résultat: » Les collections françaises et les connaissances associées sont peu visibles sur le web ; on constate une prééminence des collections anglo-saxonnes et nord-européennes » , dit le nouveau Rapport d’Octobre 2018 sur les images en ligne (p.44, référence du Rapport et présentation ci-dessous).
♦ Dans notre pays, pour obtenir une photo d’une institution culturelle, il faut souvent compter deux ou trois jours pour joindre une personne qui vous renseignera sur les droits d’une image (droits d’auteur, des ayants droit, droit de Panorama, des photographes, etc..), sans compter les frais pour les acquérir. Nous allons donc volontiers sur les sites des musées, bibliothèques et archives aux USA ou ailleurs, pour disposer plus rapidement d’ images de qualité. Les images d’oeuvres françaises, comme celles de ce billet, sont d’ailleurs souvent disponibles ailleurs, comme ici à l’Art Institute of Chicago (Licence creative commons,CC0 Domaine public, depuis quelques jours).
♦ En France, on peut espérer un mouvement similaire d’accès libre pour les images des collections publiques dans deux ou trois ans, car les premiers frémissements ont commencé, avec, ce mois-ci, ce Rapport sur le Droit des images que nous vous nous présentons aujourd’hui, avec un autre cadeau : une très belle stratégie venant du minsitère de la Culture du Luxembourg pour organiser, en vrais professionnels, ces datas.
-I- LE RAPPORT SUR LES IMAGES, Octobre 2018.
Le titre est un peu long et classique(Droits des images, histoire de l’art et société ), mais peu importe car ses auteures font des pas de géantes : Martine Denoyelle, Katie Durand, Johanna Daniel et Elli Doulkaridou-Ramantani!
Voici ce qui nous apparait être le plus important, dans le sommaire, pour le Tourisme Culturel, et le lien pour ouvrir et télécharger ce Rapport, ICI !
SOMMAIRE
Le contexte juridique de diffusion des images des collections publiques en France – page 9
1.1 Droit d’auteur, propriété intellectuelle et exceptions appliqués aux images- 10
♦Partie III
“Le labyrinthe des images” : une communauté professionnelle sous contraintes – 29
3.1 Une problématique qui touche tous les secteurs d’activité – 30
♦ Partie IV
Un paysage en mutation : l’essor international de l’Open Content – 49
4.1 Les dispositions gouvernementales actuelles pour l’Open Data culturel en France – 50
4.2 L’ampleur du mouvement international vers l’Open Content – 53
4.3 Côté français : initiatives et frémissements – 60
4.4 Les images comme “agents de valeur”. Bénéfices de l’Open Content pour les musées 65
4.5 Images d’œuvres sous droits : Fair Use for Visual Arts et autres perspectives 72
♦ Partie V
Appropriations et pratiques créatives – 77
5.1 Artistes vs copyright 78
5.2 Copies, citation, récréation : artistes et domaine public – 79
II- UN ÉTAT DES LIEUX est également fait, un peu impressionniste et sévère, mais juste ! Extraits :
• L’absence d’infrastructure culturelle publique en ligne est en décalage avec la politique publique française qui promeut un accès ouvert aux données issues du service public ;
• Il y a un décalage voire une contradiction avec la volonté affichée d’une “démocratisation culturelle”; une occasion pour l’instant manquée de donner aux musées un rôle essentiel dans la vie sociale en profitant de l’aspect fondamentalement inclusif du numérique (publics empêchés, publics distants, nouveaux publics) ;
• Les pratiques françaises en matière de diffusion d’images d’œuvres d’art ne répondent pas aux attentes des divers communautés des utilisateurs, notamment (mais pas seulement) celle des professionnels de l’histoire de l’art et du patrimoine.
Vis-à-vis de son rôle d’acteur dans la sphère culturelle et scientifique européenne :
• La situation est incompatible avec les exigences de l’Union européenne qui stipule que tout contenu issu d’un projet soutenu par l’UE doit être publié en Open Access.
Et vis-à-vis de son rôle d’acteur culturel et scientifique à l’international :
• Les collections françaises et les connaissances associées sont peu visibles sur le web ; on constate une prééminence des collections anglo-saxonnes et nord-européennes ;
• La recherche et les institutions françaises ne sont pas en mesure de participer à des projets numériques nationaux et internationaux (portails, méta-catalogues, ANR, ERC etc.). »
III- DES DÉFINITIONS !
Comme le précisait Camille Domange dans son rapport Ouverture et partage des données publiques culturelles (2013): « La problématique de l’ouverture des contenus culturels ou open content doit être dissociée de la démarche d’ouverture et de partage des données publiques culturelles, bien qu’elles soient complémentaires. Comment distinguer entre ces notions dans le cadre d’une étude sur les images d’oeuvres d’art?
– L’OPEN CONTENT (les contenus ouverts) est la mise à disposition gratuite sur Internet des reproductions numériques des oeuvres sous une licence garantissant leur libre accès et leur réutilisation par tous, sans restriction technique, juridique ou financière.
– L’OPEN DATA (les données ouvertes), intimement lié, est la mise à disposition gratuite sur
Internet des données (comme les métadonnées qui accompagnent une image par exemple).
– L’OPEN ACCESS (le libre accès) est la mise à disposition en ligne de contenus numériques,
soit sous licences libres (Creative commons, etc.), soit sous un des régimes de propriété
intellectuelle. L’Open Access est principalement utilisé pour les articles de revues de recherche
universitaires.
– L’OPEN KNOWLEDGE (la culture libre) est un mouvement social qui promeut la liberté de
distribuer et de modifier des oeuvres de l’esprit sous la forme d’oeuvres libres. Il puise sa
philosophie dans celle du logiciel libre en l’appliquant à la culture et à l’information.
- QUE SIGNIFIE “OPEN” DANS UN CONTEXTE CULTUREL ? Articulation entre Open Content et contenus sous licences Creative Commons- Les oeuvres placées sous licences Creative Commons ne sont pas pour autant libres de droit, ni gratuites. Le titulaire des droits détermine les conditions précises dans lesquelles l’oeuvre peut être partagée et réutilisée (voir tableaux des Licences Creative Commons en annexe). Seuls les contenus mis à disposition sous licence CC0 ou Public Domain peuvent être considérés comme
ouverts dans le sens de la culture libre.
- IV – UNE STRATÉGIE NUMÉRIQUE, VITE ! Voici une petite perle, un vrai chef d’oeuvre pour construire une stratégie, sur un pdf repéré au Luxembourg ! On vous dit comment faire, organiser la recherche, recruter des compétences et les différentes étapes sont très bien expliquées.
Document : Vers une stratégie numérique du patrimoine culturel national 26 juin 2018 - V- SAUVEGARDE NUMÉRIQUE : quand les images témoignent d’une collection
Le terrible incendie du dimanche 2 septembre qui a totalement détruit le Museu Nacional brésilien à Rio a été un choc. Choc émotionnel mais aussi désespoir de reconstituer un jour la collection. Le milieu professionnel a déploré, partout dans le monde, que le musée n’ait pas sauvegardé numériquement sa collection. Cet incendie renforce, à l’avenir, l’urgence et l’impérieuse nécessité d’une telle numérisation, quels qu’en soient les coûts et la durée. Faire appel aux équipes et aux visiteurs de ce musée pour reconstituer la collection perdue est une maigre consolation car, au total, ce serait 20 millions d’artéfacts (Objets, enregistrements sonores, films, documents…) qui auraient disparu.Il faudra donc des années, faute de copies et surtout de photos, pour réaliser cet inventaire après l’ incendie tragique.
CONCLUSION : Répétons aussi, une fois encore, que « Les collections numériques offrent un accès à des millions de personnes qui ne peuvent pas ou ne voudront jamais se rendre dans les grandes villes dans lesquelles se trouvent les beaux-arts et offrent à des millions d’érudits, d’enseignants et d’étudiants des ressources qui n’étaient auparavant disponibles que pour une poignée de privilégiés« . Même chose pour les Sciences, l’histoire, le Design ou l’architecture, le Spectacle vivant, les Métiers d’art, le patrimoine et les arts visuels, et tous les autres domaines de la Culture !
POUR EN SAVOIR PLUS
1)RAPPORT DROITS DES IMAGES, HISTOIRE DE L’ART ET SOCIÉTÉ : le Rapport résume et prolonge la réflexion du Programme « Images/Usages : droit des images, Histoire de l’art et société » lancé par L’INHA a lancé en juillet 2017, avec le soutien de la Fondation de France, un nouveau programme d’une durée de quinze mois dédié à la question de l’accès aux images pour les professionnels des arts visuels.
– Ce Rapport sur les régimes de diffusion des images patrimoniales et leur impact sur la recherche, l’enseignement et la mise en valeur des collections publiques est à l’initiative de la Fondation de France et de l’Institut national d’histoire de l’art qui l’a réalisé en Octobre 2018 (ICI, à nouveau).
2)Open access : les musées français à la traîne, LE MONDE IDÉES | 23.06.2018 |Par Laurent Carpentier. Et Pixan.com (droit des images) ainsi que tous les bons sites des bibliothèques en France (Calimaq, avec Lionel Maurel – S.I.Lex/Scinfolex, et les amis des Communs ).
3) Iconautes.inha.fr. La Fondation de France et l’Institut national d’histoire de l’art ont créé ce site d’information, à la fois vitrine et carnet de bord du projet Images/Usages des informations, avec des ressources sur l’accès aux images et leur réutilisation en Histoire de l’art.
4) NOUVELLES ŒUVRES ET IMAGES à L’ÉTRANGER :
– 25 MILLIONS D’IMAGES ANNONCÉES pour un nouveau projet de plate forme agrégeant 14 institutions culturelles, le Projet PHAROS , qui commence très bien!
– 44 000 nouvelles œuvres cette semaine ! L’Art Institute de Chicago a mis en ligne et en Open Access 44 000 nouvelles photos des œuvres (et leurs notices !) de ses collections : ICI!Merci à cette grande et magnifique collection, dont nous mettons en ligne quelques uns des chefs d’oeuvre dans ce billet.
– Rappel : hommage au pionnier, open glam(né en 2011), une initiative américaine d’open knowledge qui promeut un accès libre et ouvert au patrimoine culturel numérique détenu par les galeries, les bibliothèques, les archives et les musées (GLAM : Gallery, Librairies, Archives, Museums…) . Open Glam s’appuie sur un réseau mondial de personnes et d’organisations qui s’emploient à ouvrir du contenu et des données détenus par les institutions.
-Exemple de musées en ligne et oeuvres en open access sur « Open Culture « .
⇒LÉGENDES DES PHOTOS Toutes les photos de ce billet font partie de la collection de l’Art Institute of Chicago et viennent d’être mises sous licence Creative Commons Zero . Pour voir les 44 000 autres œuvres, aller sur ce lien ou sur ceux, très nombreux, de la collection en ajoutant le filtre « Public Domain ».
– Edward Hopper (1882-1967)Nighthawks, (Les Noctambules),1942; – Vincent van Gogh ( 1853-1890) La Chambre ,1889
– Georges Seurat, Un dimanche après-midi sur l’île de La Grande Jatte, 1884
– Grant Wood (1891-1942) Gothique américain, 1930 ; pour voir un exemple de fiche et notice de chaque oeuvre, c’est ICI
– Gustave Caillebotte ( 1848-1894)Rue de Paris un jour de pluie,1877
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KEN LE TOURISTE PARFAIT était tout à fait content ! Non seulement Môssieur avait fait ses 12 000 km en une semaine, avec un ou deux pays d’Amérique, d’Asie et d’Europe pour ses réunions d’Affaires, mais il avait encore gagné des millions et ça, c’était très très bien pour préparer Noël ! Barbie marchait avec nonchalance le long de la piscine de leur fameuse villa de L.A, mais Ken était gêné : elle parlait toute seule en marchant… « Ca va bien ? », lui demanda-t-il d’un ton (forcé mais ) léger? »
– Oui, depuis ce matin j’apprends ma liste de mes désirs pour les cadeaux de Noël, j’en ai plus de 231, ça ira ? « Amen! », répondit Ken, en latin dans le texte!