- RÉFLÉCHIR AVEC VOUS ?
Comment réinventer le Tourisme Culturel? La fin de l’année approche et l’heure du bilan arrive, avec les Ken d’Or 2016 qui récompenseront les meilleurs exemples d’un tourisme culturel qui reflète vraiment notre activité culturelle, ses réussites et ses grands projets. Et, cette année, vous le constaterez bientôt dans mon dernier billet 2016, une bonne cinquantaine de démarches, de réalisations et d’innovations seront au rendez-vous! Les acteurs du Tourisme et de la Culture ont encore fait du très bon travail, portés par de nouveaux idéaux, de nouvelles utopies et de nouveaux usages : partager, co-construire, surprendre les visiteurs et les fidéliser! Tous ces exemples, du plus modeste au plus brillant, ont en commun d’adopter les comportements des visiteurs d’aujourd’hui comme fils rouges.
- Pourtant – et je pense que nous en sommes tous d’accord- les très bons exemples n’ont pas la visibilité qu’ils mériteraient en « hauts lieux ». Il est donc important de se moliliser, de faire appel à toutes les imaginations et à toutes les compétences! Les réseaux sociaux sont, en particulier, bien pratiques et bien plus efficaces qu’un film de promotion classique.
- Il faut bien entendu s’interroger sur cette communication à l’ancienne,même si le nouveau tourisme culturel finit toujours par l’emporter grâce à une multitude de stratégies indépendantes de ces « haut-lieux » que sont les ministères, agences et organismes nationaux. Si ces nouvelles stratégies donnent aujourd’hui leur chance à tous, y compris les plus « petits », la communication officielle communique surtout sur les « phares », souvent représentatifs d’une France vieillotte, qui commémore à tout va et n’encourage pas assez les bonnes expériences (Stratégies créatives ; offres culturelles innovantes ou intense participation des habitants à l’offre touristique et culturelle) comme nous allons le voir. Et les territoires communiquent aussi du haut en bas, avec peu d’initiatives et de moyens mis à disposition des plus jeunes. Enfin le « Faites des photos de vous sur nos lieux touristiques et envoyez-les à la Ville, à l’Office du Tourisme!« , a ses limites, d’autant que ce travail n’est pas, la plupart du temps, rémunéré.
I- LA France VIEILLOTTE
« Vieillotte, tournée vers un passé et un art de vivre qui n’existent plus que dans les musées, les boutiques de souvenirs ou les vrais -faux bars authentiques , la recette française n’est plus au goût du jour. Une fois qu’on y a goûté et qu’on a fait le plein de souvenirs, on n’y revient pas, ou moins souvent. Pour réinventer un tourisme durable qui ferait (re)venir les touristes, capable de résister aux menaces, il faut miser sur les points forts de la marque France , l’audace et l’inventivité, et non les clichés sépias. Mais ce nouveau monde tarde à émerger. »Johan Hufnagel, Libération 31 octobre 2016, page 2.
En lisant cette phrase j’ai pensé qu’elle résumait très bien le frein majeur du tourisme culturel aujourd’hui : sa communication, au niveau national et des aides financières beaucoup trop tournées vers le Passé et les clichés. Contrairement à nos gentils concurrents (Espagne, Italie, Royaume –Uni, Allemagne..), très peu est fait pour communiquer sur notre société d’aujourd’hui bien que d’excellents sites et événements culturels témoignent de la vie et du désir de partage des habitants : les contenus de Lille 3000 ou Seine-Saint-Denis-Tourisme, leur audace et leur inventivité n’ont pas la promotion internationale qu’ils méritent et je pourrais multiplier ces exemples par mille! Comme dit Johan Hufnagel :
« Dans Paris est une fête, brandi l’an dernier comme symbole de résistance et de résilience, Hemingway racontait les déambulations de la Lost Generation entre Saint-Germain -des-Prés,Montparnasse et Opéra. S’il revenait aujourd’hui raconter un Paris post-Bataclan, nul doute qu’il marcherait entre République, Aubervilliers et Montreuil. Car la mythologie Paris-France n’est pas morte. Elle revit au- delà du périph, se réinvente, diverse et créative, dans ses friches et ses terroirs. Mais elle ne bénéficie pas d’un nécessaire branding comme Brooklyn ou Berlin. »
II- UN ÉTAT DES LIEUX
Sans s’appesantir sur l’état des lieux, qui empêcherait de passer à l’action, voici un petit constat en trois points.
1) Nous sommes dépassés….
D’autres continents dans le monde construisent des musées à tout de bras, si j’ose dire, comme la Chine ; d’autres pays ont bâti cette année des politiques conjointes entre Tourisme et Culture, comme l’Italie depuis 2013 avec son Ministère des Biens et Activités Culturelles et du Tourisme . Et d’autres villes, sites culturels ont une offre mais aussi un accueil si innovants, si variés que seul le mot « excellence » peut les résumer (Une cinquantaine d’exemples dans ce petit blog, de Vienne à Londres en passant par Santa-Cruz (Califormie) ou Amsterdam qui chouchoute les « publics en ligne, et seulement en ligne grâce à sa banque de 150 000 images à leur disposition in all over the world).Et la Communication suit, avec par exemple la campagne délurée de Great Britain.
2) …Alors que nous sommes excellents !
Nous avons, en France, de véritables pépites pour le Tourisme Culturel ! Les repérer, les observer, les analyser, chaque année – Pourquoi sont-elles si efficaces ? Peut-on transférer leurs « modèles » ? – ne serait pas bien difficile. Cette liste, qui s’allonge chaque jour, pourrait être réalisée collectivement, et donner à tous la possibilité de progresser! Mais comme il y a peu d’échanges, je constate au fil des années que les inégalités se creusent : les meilleurs exemples cultivent leur excellence pendant que les plus mauvais n’ont pas les moyens et surtout pas les ressources pour améliorer leur offre.Je constate que des villes ont pris depuis cinq ou dix ans le tournant des Smart Cities (Lyon) et ont embarqué la Culture et le Tourisme dans l’aventure; je vois aussi que les Creative Cities et les régions créatives ont fait de même, un peu chacun dans son petit coin mais les résultats sont inouis! Nantes par exemple, avec Jean Blaise qui prévient : « Ne copiez pas Nantes à la lettre, copiez sa démarche!« . Mais voilà, son expérience, née dans les années 85-86, n’est pas si facile à bien comprendre. Copier est plus facile.
– Nous aurions donc une permière tâche à accomplir : lister collectivement les très bons exemples, en France et ailleurs et les transformer en « ressources » à partager . Cette recherche serait, à mon avis, une bonne idée car elle permettrait de réfléchir aux critères mais surtout aux enjeux, aux moyens et aux stratégies.
Pour établir cette liste, quelques objectifs :
- établir « collectivement » ces critères et bien connaître les offres de nos concurrents (Connaissances de très bons exemples France/Etranger ou mise à jour des savoirs et usages…).
- chercher comment redonner de l’autonomie aux acteurs, pour qu’ils utilisent plus librement les moyens financiers existants à tous les échelons de l’Etat et des territoires.
- On peut rêver, enfin, d’une volonté politique qui redonnerait la parole aux acteurs sur le terrain , seuls capables de « réinventer un tourisme durable qui ferait (re)venir les touristes, capable de résister aux menaces », en misant sur les points forts de la marque France, l’audace et l’inventivité, et non les clichés sépias. », comme le dit Johan Hufnagel .Si ce nouveau monde tarde à émerger, c’est que ces acteurs ne sont pas suffisamment écoutés, hiérarchies obligent. Et donc pas suffisamment aidés : mutualiser les aides financières souvent inaccessibles -mille et un guichets- ou réservées aux « mêmes », souvent les plus « gros », permettrait aussi d’aller plus vite. Il faudrait vraiment, plutôt que ces incessants « Rapports et Constats » officiels, qui dénoncent depuis vingt ans cet enchevêtrement, passer à l’action : mutualiser, simplifier et décentraliser la multitude d’aides pour les rendre efficaces.
III- UNE SOLUTION POUR L’AVENIR !
Face à la crise actuelle, réagir devient urgent. Pas une semaine, pas un jour sans que la Presse ou de véritables experts professionnels ne signalent le dévissage de la France. Les titres sont éloquents : « Tourisme : un passage à vide et des failles structurelles » (Libération, Par Christophe Alix — 30 octobre 2016), ou « Les musées en berne » et , presque chaque jour : « Nouvelles baisses de la fréquentation touristique ».
Les réponses à cette crise sont faibles pour développer l’innovation, car il s’agit surtout, au niveau national, régional ou municipal, de parer au plus pressé, et en particulier de compenser la baisse de la fréquentation , avec des d’euros millions distribués pour éponger les manques à gagner (Hébergement et Hôtellerie). Ou encore de faire de la Communication classique. Mais il n’y a pas eu d’appel massif à une mobilisation ou de sollicitation des acteurs les plus imaginatifs, ceux qui ont fait leurs preuves et pourraient, collectivement, apporter leur petite pierre à un nouvel édifice.
Voilà pourquoi j’ai fait ce billet car je pense que des solutions venant du terrain, et en particulier des solutions pour des offres actuelles et innovantes, devraient être sollicitées !
SI VOUS VOULIEZ PARTICIPER A RÉINVENTER LETOURISME CULTUREL, CE SERAIT TRÈS TRÈS BIEN! MERCI DE LAISSER UN COMMENTAIRE : une idée, une proposition, ce que vous voulez !Par exemle si vous avez réfléchi, mes amis, à des solutions. Ou si vous voyez-vous d’autres freins à la redynamisation d’un tourisme culturel innovant. Quelles alternatives au tourisme culturel vieillot ? Quelles voix pour porter les offres et l’énergie du Présent? Merci de partager vos avis!
Concluons en citant à nouveau John Hufnagel sur la France d Amélie Poulain : « En attendant que le tourisme français mise plus sur le Grand Paris que sur Amélie ( Poulain), l’accordéon et les bérets , cher touriste, tu peux revenir, on n’est pas si désagréables que ça ! »
-POUR EN SAVOIR PLUS
- L ‘ARTICLE « RÉINVENTER » DE JOHAN HUFNAGEL , à voir ici sur lejournal Libération
QUELQUES CHIFFRES
- Si toutes les difficultés du secteur ne doivent pas être mises sur le dos de la violence terroriste, qui a mis en lumière les problèmes des «marques» Paris et France, la chiffres sont alarmants. ll faut prendre la crise du tourisme avec sérieux puisqu’il représente deux millions d’emplois, et un chiffre d’affaires de 170 milliards d’euros et 7,5% de notre PIB : or, sur les neufs premiers mois de 2016, la France à reçu 7% de touristes en moins. L’Ile de France et la Côte d’Azur ont été les plus touchées,(-750 millions pour l’Ile-de-France au premier semestre). La baisse des visiteurs de grands établissements culturels reflète cette baisse des arrivées touristiques : -20% pour le Louvre au premier semestre ;depuis novembre 2015 ont été aussi affectés le Musée d’Orsay(-18%), l’Orangerie (-15%) ou le Château et Domaine de Versailles (-14%).Le Centre Pompidou, qui n’a « que » 40% de visiteurs touristiques (contre 75% pour Le Louvre) , a également connu une baisse de sa fréquentation de 7%. Les clientèles émergentes, relais des clientèles plutôt vieillissante de l’Europe, on enfin beaucoup diminué et un quart des visiteurs manquera vraisemblablement à la fin de l’année, avec 1,6 millions de visiteurs au lieu de 2,2 millions. L’INSEE confirme, pour la saison estivale, une baisse globale de 2,5 % pour la fréquentation touristique. Forte baisse du tourisme étranger (-5,5%) par rapport à clelle des touristes français(-1%). PACA (-6% dont -8,6% sur le littoral ), la Bretagne (-5%) . De janvier à octobre, la fréquentation des touristes étrangers a chuté de 8,1%, a précisé récemment le cabinet du ministre, Jean-Marc Ayrault, à l’AFP. A voir ici et là dans Les Echos et le Quotidien du Tourisme.Baisse de la fréquentation de cet été en France : Les Echos.
En conclusion, même si quelques régions ont résisté à la baisse de fréquentation cet été (Hauts-de France (+1,8%), Grand Est (+0,1%), Nouvelle- Aquitaine (+1,5%), Occitanie (+0,9%), Auvergne- Rhône-Alpes (+2,5%) et la Corse (+2,4%)) il semble difficile de rattraper un retard que d’autres pays concurrents n’ont pas connu : cet été la fréquentation touristique de l’Espagne a connu une croissance de 6,5% par rapport à l’été 2015. (Voir tous les résultats sur le Rapport de l’INSEE,
Et un petit espoir : « Les réservations aériennes jusqu’à la fin de l’année n’affichent plus qu’un recul de 7,9% alors que cet indicateur était encore à -12% mi-octobre« !
- Données internationales sur le Tourisme international : rappelons que, chaque année, le nombre de touriste croît de +4% !
- WORLD TOURISM ORGANIZATION http://www.unwto.org
- EUROPEAN TRAVEL COMMISSION http://www.etc-corporate.org
- WORLD TRAVEL & TOURISM COUNCIL http://www.wttc.org
- OCSE http://www.oecd.org (Enterprise, industry and services)
- FOND MONETAIRE INTERNATIONAL http://www.imf.org
- WORLD ECONOMIC FORUM http://www.weforum.org
COMMISSION EUROPEENNE http://ec.europa.eu/enterprise/sectors/tourism/index_en.htm
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NOS PHOTOS ! La Fête des Lumières à Lyon, un évènement incontournable !
A lyon et en soirées, du 8 au 10 décembre 2016.Regardez le programme! Et Arborelum. L’affiche du film Amélie Poulain, film français de Jean-Pierre Jeunet sorti 25 avril 2001 (2h 00min) Avec Audrey Tautou, Philippe Beautier, Régis Iacono. Une oeuvre de Ben Vautier, « la situation étant désespérée, tout est maintenant possible! » (MAMAC de Nice).
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KEN LE TOURISTE PARFAIT ne comprenait rien au texto de sa Chérie. Après une semaine « parfaite » car il avait accumulé les séjours en Palaces, les tours du monde et les jets privés les plus somptueux, il ouvrit le message de Barbie, son ex, et le trouva in-com-pré-hen-sible : « Help! Ken, mon amie frenchie me demande si elle vote pour l’extrême-droite ou la droite extrême…Tu aurais une idée? » . Dans le doute, il tenta un « S’abstenir, peut-être… » en réponse.
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[…] Si je n’aime pas l’expression Tourisme culturel, je trouve pertinent l’appel d’Evelyne Lehalle pour « réinventer le Tourisme culturel » […]