Heureusement que la Revue Espaces existe, me disais-je ce matin. Car où trouver, en effet, aujourd’hui, un portrait des musées avec les grandes tendances et leurs stratégies actuelles, comme la place qu’ils accordent aux visiteurs et leurs projets? Espaces, Revue du Tourisme et des Loisirs, a réalisé cette enquête!
La construction récente de nouvelles « vedettes » architecturales comme celles du Louvre-Lens ou le Centre Pompidou à Metz, mais aussi la vraie fracture qui sépare les musées « innovants » des autres, tout cela nous a conduit, ces dernières années, soit aux clameurs béates des journalistes pour les musées-phares, soit à des marronniers « Les français adorent leurs musées ! » ou « les musées font le plein cet été ! ». Les vrais chiffres sont évidemment escamotés (seulement 30% des français visitent leurs musées et seule une poignée des 3000 musées « fait le plein » ). L’innovation, quant à elle, disparaît souvent des écrans et n’est pas assez encouragée par rapport à un train-train médiatique de bon aloi (conservation et expositions, médiation culturelle des années 80 ; jamais d’analyses de la provenance les visiteurs étrangers – un milliard de voyageurs en 2013 ! – qui ont pourtant des goûts bien affirmés…) .Quant au tourisme culturel, toujours pas un seul spécialiste professionnel du Tourisme au ministère de la culture et dans ses services déconcentrés en France, tout un symbole ! D’autant que ce ministère compte plus de 27 000 fonctionnaires…A qui s’adresser si on a un projet, une idée, une ressource nouvelle à diffuser ou les difficultés d’une fréquentation décevante? Au Tourisme bien sûr, puisque la Revue espace propose cet état des lieux des musées mais surtout l’actualité de leurs enjeux et le futur des musées.
Bref, nous avons beaucoup aimé ce numéro de mai de la Revue Espaces, une véritable enquête sur les pratiques des musées, et sur la quinzaine d’articles qui font le point sur l’état actuel, nous en avons retenu sept qui construisent de nouvelles stratégies et nous présentent des projets passionnants. Ces sept articles ont en effet en commun de tenir compte des usages du numérique et des nouveaux comportements des visiteurs, dont le désir de participation est démontré.
Voici pour chacun un petit résumé, pour vous donner envie d’acheter ces articles en ligne (3€ l’article, vous ne vous ruinerez pas !Voir notre Pour en savoir plus pour commander les articles).
I- LE MUSEUM DE TOULOUSE. UNE STRATÉGIE PARTICIPATIVE SUR LE WEB 2.0
Francis Duranthon, Maud Dahlem – (francis.duranthon@mairie-toulouse.fr et maud.dalhem@mairie-toulouse.fr)
Voilà un article qui nous a beaucoup plu pour trois raisons :
Au lieu des incantations habituelles « Nous voulons devenir un lieu de vie ! », l’équipe est passée à l’action, et de façon très inventive, en collant réellement aux demandes des visiteurs des musés de sciences : vivre des expériences et les partager! Ensuite le directeur du Museum, Francis Duranthon, a co-signé l’article avec Maud Dhalem, Chef de projet multimédia, ce qui est rare. Enfin leurs propositions sont si justes que l’on ne peut qu’admirer et adhérer à leur démarche. Voici quelques exemples, extraits de leur article :
– UN MUSÉE AVEC DES RÉSEAUX SOCIAUX Le muséum de Toulouse n’est pas seulement un lieu de diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle, c’est aussi un lieu de débat sur la science, voire un lieu de co-construction des savoirs scientifiques. Voilà le postulat, qui fonde sa politique. Pour rejoindre, concerner et dialoguer avec ses publics potentiels, le Museum a mis en place une stratégie active sur les réseaux sociaux, qui va du partage de veille scientifique à l’organisation du concours de photos, en passant par une collaboration active avec Wikimedia. Les contributions du Groupe sur FLICKR, par exemple, concernent les actions pédagogiques et naturalistes du Muséum, le commentaire d’images , l’illustration d’un livret pédagogique, l’introduction artistique d’une exposition ou encore une exposition virtuelle thématisée. Sur Twitter, que le Museum a adopté dès ses débuts, c’est une vraie documentaliste qui propose en permanence des contenus, et le musée se classe régulièrement parmi le top 10 des musées et lieux culturels français présents et actifs sur Twitter. En 2013, le Museum a aussi réalisé un projet transmédia sur la thématique de l’Ours, avec la même constance de toujours placer le visiteur au centre d’une expérience participative et collaborative.Avec le Museum, nous avons réellement une très bonne analyse des mutations en cours. En résumé : « La relation de l’institution aux visiteurs change et se reconstruit progressivement, avec de nouveaux repères. Ces bouleversements invitent l’institution à être ouverte, créative, et à accepter le mode expérimental. »
– COLLABORATION AVEC WIKIMEDIA « À ce jour, pour Wikimedia monde, nous avons versé 2 457 images et nous occupons de 149 167 pages dans 325 langues. 2085 images sont utilises (84,86%) . Grâce à cette stratégie, 115 millions de connexions ont été utilisées sur les pages à cette stratégie, 115 millions de connexions ont été utilisées sur les pages présentant les objets du Museum, soit bien plus que sur un site web. »
La forte présence du muséum sur les réseaux sociaux témoigne d’une volonté de l’établissement d’aller à la rencontre de tous ses visiteurs, de se trouver là où il faut. P[…]L’internaute n’est plus un simple visiteur, qu’il faut convaincre de venir. Il devient contributeur[…] Développer notre image de marque en essayant de faire du muséum une personnalité aimée de tous.Si vous n’allez pas au musée, il vient à vous.
II- LE PROJET MUSEOMIX. UNE AUTRE VISION DU MUSÉE
Aube Lebel, co-organisatrice de Museomix en 2013, Directrice de ClicMuse [aube.lebel@wanadoo.fr]
On ne présente plus Museomix, issu du même Museum de Toulouse et que précède sa réputation : Museomix, ce sont les premiers essais d’un musée collaboratif en France et aujourd’hui un appareil théorique et d’évaluation, grâce en particulier à Samuel Bausson qui, malgré son jeune âge, est devenu le véritable Sage du web culturel en France. En bref, Museomix c’est aussi une équipe à dimension variable qui investit les musées pour expérimenter des visites. Des visites réelles, in situ, du site que les équipes vont évaluer, puis des visites améliorées ( celles qui seraient plus faciles à comprendre, plus ludiques et moins didactiques) pour lesquelles les Muséomix vont faire des propositions. . L’ événement se déroule dans un musée « volontaire » pendant quatre jours (et quatre nuits) au cours desquels des équipes de passionnés (designers, codeurs, médiateurs…) élaborent et construisent des prototypes numériques de médiation du musée qui les accueille. Les Dessous menteurs (au Musée dauphinois de Grenoble), Blablamix (au musée de Lens) et Archi+ (au musée des Arts décoratifs de Paris) sont quelques-uns de la cinquantaine de dispositifs élaborés au cours des sessions, dans différents musées, organisées par Museomix. A chaque événement de nouveaux participants sont formés, de nouveaux conservateurs sont conquis. Museomix, c’est aussi bien que ce que font les plus grands musées, au Royaume Uni ou aux USA, mais eux ont des moyens colossaux.
III- INSTITUT CULTUREL DE GOOGLE. LA TECHNOLOGIE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE LA CULTURE
Laurent Gaveau, directeur.
L’Institut culturel de Google poursuit à Paris sa vocation de préserver et de promouvoir la culture en ligne. Sur sa plate-forme, la vingtaine de partenaires de l’institut peut participer à trois grands programmes : Art Project (œuvres d’art numérisées en haute, voire en très haute définition), World Wonders (présentation des sites du patrimoine mondial à l’aide de Street View et de la modélisation 3D), expositions virtuelles d’archives. Un musée largement virtuel, donc, mais aussi un outil de travail, car Le Lab de l’Institut culturel a été voulu comme un espace de travail et d’échanges entre les mondes de la technologie et de la culture, équipé d’outils technique et animé par une équipe spécialisée Notre avis : un lieu trop opaque/top secret, à notre goût, qui ne diffuse qu’aux intimes, mais bon, c’est Google à Paris, comme Martine à la Mer, alors on aime!
IV- LA COMMUNICATION DES MUSÉES ET LIEUX CULTURELS S’EMPARE DES RÉSEAUX SOCIAUX
Sébastien d’Anjou Responsable du développement des ventes, direction de la communication et des publics- Établissement public du Parc et de la Grande Halle de la Villette [s.danjou@villette.com]
L’enjeu, pour demain, est de faire de la communication « crossmédia » (transposition d’un même contenu sur différents canaux), voire « transmédia » (adaptation spécifique aux canaux et complémentarité des contenus).Beaucoup de musées ont intégré la gestion des réseaux sociaux dans leurs organigrammes. Comment font-ils de la communication virale ? L’article propose des solutions.
V – LA GESTION DE LA RELATION CLIENT : UN OUTIL PERTINENT POUR LES SITES CULTURELS
Jean-Michel Tobelem, Directeur Option Culture
Un peu de marketing ne nuit plus ! C’est une vraie bonne nouvelle, avec cet article très pédagogique de Jean-Michel Tobelem, notre excellent Bilingue « Musée classique /Nouveau Musée », qui explique avec une patience infinie comment choyer ses clients, heu…pardon, ses visiteurs. Plus sérieusement, Jean-Michel Tobelem y explique comment les musées et les lieux culturels peuvent utiliser les outils et techniques de gestion de la relation client (GRC) afin d’élargir et de fidéliser leurs publics, mais aussi d’améliorer la qualité de l’expérience de visite, de personnaliser la relation avec les visiteurs… La création et l’exploitation de bases de données permettent, par exemple, une plus grande réactivité et une réduction des coûts de gestion. Le marketing relationnel, le yield management sont aussi des stratégies qui offrent de nouvelles possibilités. Les relations avec les visiteurs des musées passent aujourd’hui par différents chemins , comme l’interrogation d’internautes pour concevoir un programme d’expositions et de manifestations ; l’aide personnalisée à la visite ; le recrutement de bénévoles ; le lancement d’une souscription sur internet pour l’achat d’une œuvre ; la mise en ligne de vidéos sur les travaux réalisés par le site ou de programmes de collecte de fonds en ligne, aussi !
VI- L’ART CONTEMPORAIN, UN DÉFI MAL MAÎTRISE PAR LES MUSÉES
Claude Origet du Cluzeau . Cet article vient rappeler, après les 5 propositions qui précèdent, que les contenus des musées, lorsqu’ils sont confrontés au présent, et particulièrement aux oeuvres d’artistes vivants, reprennent une énergie nouvelle. Outre qu’il permet de renouveler l’image des sites qui l’accueillent, l’art contemporain y attire de nouveaux publics. Pour faire entrer l’art contemporain en leurs murs, les musées et lieux culturels – ceux dont l’art contemporain n’est pas au cœur du propos – limitent souvent leur action à l’accueil d’expositions temporaires. De nouvelles formes de collaboration restent à inventer. Voir ici, en complément de cette présentation, la vidéo du projet de l’artiste Xavier Veilhan à Versailles (2009)Et pas de panique, l’AFP fait sa petite crise de nerf , genre « c’est moi qui l’ai faite! Alors cliquez sur « Visionner », ça marche!):
VII- LE RENOUVEAU DES MUSÉES FRANÇAIS EST EN MARCHE
Evelyne Lehalle, directrice Nouveau Tourisme Culturel , evelyne.lehalle@gmail.com
La revue Espaces m’avait demandé ce qui, à mon avis, avait vraiment changé ces dernières années pour les musées en France. Comme tous les dix ans, environ, c’est la façon de communiquer ces objets – leur histoire, ou ce qui nous parle aujourd’hui- qui change, pour que soit accomplie la mission la plus vivante des musées : dialoguer et transmettre. APRÈS AVOIR LU tous les articles, mon avis est que les musées en France, avancent avec deux vitesses différentes:
– Aux gros musées : l’efficacité de la communication institutionnelle, avec l’ouverture récente de grands sites prestigieux, construits par des architectes-phares (MUCEM à Marseille, Louvre à Lens, Centre Pompidou-Metz…), ou l’organisation de méga-expositions associant plusieurs musées et lieux culturels d’une même destination (Estuaire Nantes – Saint-Nazaire, festival Normandie impressionniste…). Ces gros musées ne sont pourtant pas si « nouveaux », car ils confortent les codes habituels classiques des musées, qui sont des « boites avec des objets dedans », objets rares ou scientifiques, objets de peu ou chefs d’œuvres d’artistes, choisis pour vous par des spécialistes .
– Aux musées plus petits, plus agiles : l’innovation, des organigrammes beaucoup moins verticaux, des expériences plus confidentielles mais capitales car elles ouvrent l’avenir et ses mille possibilités : ils vous demandent votre avis, en quelque sorte, en vous associant à leur programmation. Les barrières entre professionnels et publics s’estompent, la médiation traditionnelle n’est plus si nécessaire, puisque vous avez la parole !
A vous de choisir ! 🙂
– POUR EN SAVOIR PLUS…
– POUR ACHETER le Cahier LE RENOUVEAU DES MUSÉES Editions ESPACES – Mai-Juin 2014, N° 318, en intégralité ou par articles, allez sur le site de la Revue Espaces,c’est ICI ! En plus du Cahier sur les musées, vous trouverez dans ce numéro une enquête sur les Labels du patrimoine et une présentation- bilan des classements (Qualité; classements; avis des visiteurs).
– LA PETITE SÉLECTION D’OUVRAGES de la Revue Espaces
Martine Regourd (dir.)Musées en mutation Un espace public à revisiter–“Gestion de la culture”, L’Harmattan, 2013-
Marc TERRISSE- Le Musée dans tous ses états– Éditions Complicités, 2013
Denis Chevallier (Dir.) Métamorphoses des musées de société Premières rencontres scientifiques internationales du Mucem “Musées-Mondes”, La Documentation Française, 2013
INFOS EN LIGNE
– BLOG Nouveau tourisme culturel, – EVELYNE LEHALLE (Hé…hé…Vous y êtes! Merci!)
– JEAN-PIERRE DALBERA Le renouveau des musées, la place prise par le numérique, sur SLIDESHARE
SITES INTERNET
– Louvre DNP – Museum Lab : http://museumlab.fr/
– Museomix: http://www.museomix.org/
– Institut culturel Google : http://www.google.fr/intl/fr/culturalinstitute/about/
KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken était en Indonésie, à Raja Ampat très exactement, l’une des 13000 îles au large de la Papouasie occidentale…Ce qu’il y avait de bien, c’est qu’il avait pris son jet privé pour éviter les escales obligatoires des vols ordinaires (Djakarta ou Singapour). Il était invité par ses amis, propriétaires du bel Alila, 46 mètre s de long et trois ponts (Notre photo volée…). Sept jours de croisière l’attendaient. Un break inhabituel dans sa vie trépidante. Alors, très perturbé, il se posa deux questions : « Allait-il s’amuser? S’ennuyer? ». Bénissez Dieu chaque jour, mes amis, de ne pas connaître de telles angoisses…
1 Commentaire
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Merci Evelyne d’avoir proposé un article qui cernait bien les enjeux du renouveau des musées, à tel point qu’il a paru naturel de le mettre en ouverture de ce dossier. J’espère que les lecteurs seront intéressés par les points de vue et expériences relayés par ce dossier, que j’ai moi-même eu beaucoup de plaisir à préparer…
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[…] Heureusement que la Revue Espaces existe, me disais-je ce matin. Car où trouver, en effet, aujourd’hui, un portrait des musées avec les grandes tendances et leurs stratégies actuelles, comme la place qu’ils accordent aux visiteurs et leurs projets? Espaces, Revue du Tourisme et des Loisirs, a réalisé cette enquête!La construction récente de nouvelles « vedettes » architecturales comme celles du Louvre-Lens ou le Centre Pompidou à Metz, mais aussi la vraie fracture qui sépare les musées « innovants » des autres, tout cela nous a conduit, ces dernières années, soit aux clameurs béates des journalistes pour les musées-phares, soit à des marronniers « Les français adorent leurs musées ! » ou « les musées font le plein cet été ! ». Les vrais chiffres sont évidemment escamotés (seulement 30% des français visitent leurs musées et seule une poignée des 3000 musées « fait le plein » ). L’innovation, quant à elle, disparaît souvent des écrans et n’est pas assez encouragée par rapport à un train-train médiatique de bon aloi (conservation et expositions, médiation culturelle des années 80 ; jamais d’analyses de la provenance les visiteurs étrangers – un milliard de voyageurs en 2013 ! – qui ont pourtant des goûts bien affirmés…) .Quant au tourisme culturel, toujours pas un seul spécialiste professionnel du Tourisme au ministère de la culture et dans ses services déconcentrés en France, tout un symbole ! D’autant que ce ministère compte plus de 27 000 fonctionnaires…A qui s’adresser si on a un projet, une idée, une ressource nouvelle à diffuser ou les difficultés d’une fréquentation décevante? Au Tourisme bien sûr, puisque la Revue espace propose cet état des lieux des musées mais surtout l’actualité de leurs enjeux et le futur des musées.Bref, nous avons beaucoup aimé ce numéro de mai de la Revue Espaces, une véritable enquête sur les pratiques des musées, et sur la quinzaine d’articles qui font le point sur l’état actuel, nous en avons retenu sept qui construisent de nouvelles stratégies et nous présentent des projets passionnants. Ces sept articles ont en effet en commun de tenir compte des usages du numérique et des nouveaux comportements des visiteurs, dont le désir de participation est démontré. […]
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