I – Mettre les pratiques artistiques et culturelles au service de l’autonomie des jeunes
Marc-Philippe Daubresse, Ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, a lancé en juillet le premier appel à projet dédié à la culture et financé dans le cadre du fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) . Doté de 2.5 millions d’euros, cet appel à projets culturels part du constat que les pratiques artistiques et culturelles des jeunes constituent un des leviers de l’accès à l’autonomie. Vaste programme! Cette nouvelle expérimentation est née sur un terreau fertile, née du travail, depuis 2007, du ministère de la Jeunesse. En effet , en juillet 2009 un débat avait été organisé par l’INJEP en collaboration avec le Festival d’Avignon, les collectivités territoriales, les associations et fédérations d’éducation populaire, les professionnels de la culture et de la jeunesse. L’INJEP avait alors conduit, avec les mêmes acteurs, un groupe de travail qui avait abouti à une contribution sur les politiques culturelles de jeunesse, et une étude passionnante avait été réalisée sur les pratiques des jeunes soit 7 433 jeunes de 13 à 30 ans interrogés en France. Etude de Pascal Verbèke (Cahiers de l’Atelier) / mars 2009 disponible et gratuite sur le line suivant : http://www.joc.asso.fr/stockage/presse/Resultats%20complets-%20enquete%20culture%20loisirs.pdf
II – Il est tout à fait important et réjouissant que ce ministère ait repris la main sur le sujet. En effet un « jeune », ce n’est pas simplement un scolaire, et le partenariat avec l’Education Nationale, central dans les mileiux culturels, ne fait, hélas, que très rarement part au « plaisir » de la visite. Pour la visite scolaire des lieux culturels , les jeunes sont considérés comme des élèves ou étudiants à « enseigner ». On fait peu appel à leur autonomie car l’objectif n’est pas, pour la visite culturelle, de passer un très bon moment. Les jeunes doivent y apprendre quelque chose, et si possible retenir ce qu’on leur propose de découvrir.
Les objectifs d’un ministère de la jeunesse ne sont pas du tout limités l’enseignement, car ils concernent les jeunes dans leur globalité, avec toutes leurs activités (Les temps de la vie : temps scolaire, tâches ordinaires et temps de loisirs). Les animateurs Jeunesse s’adressent donc à un enfant, à un adolescent, à un jeune adulte et ne font donc jamais d’interrogation écrite au lendemain d’une visite d’un musée ou d’un monument. A l’éducation « formelle » de l’école , du lycée ou de l’université ( Un maitre, un temps donné, un espace précis, des outils comme le livre, l’écrit, etc…ils préfèrent la « non formal »éducation , comme disent les américains. C’est -à-dire l’éducation qui prend en compte les possibilités de choix du jeune, sa vie, ses capacités ludiques, physiques, etc…Le secteur des animateurs Jeunesse ne dispose donc pas de programme normé d’enseignement pour les jeunes , mais plutôt un menu, une palette d’ activités qui peuvent , ensemble, contribuer à leur développement. Leurs évaluations rendent d’ailleurs plus lisibles les blocages, les inégalités, les particularités rencontréées par les enfants ou les jeunes adultes.. Ces menus « interrogent » la culture, ce qu’elle propose, et tiennent compte de la richesse des objets culturels (monument, musique, musées…) et pas seulement leurs compléments éducatifs pour l’Ecole ou l’Université. Enfin une excellente connaissance des comportements et souhaits des jeunes caractérise les professionnels de ce ministère, puisqu’il ne coupe pas le jeune en deux (profil scolaire et …tout le reste : profil social ; conditions et lieux de travail et d’apprentissage, sa famille, son lieu de vie, ses « différences », ses échecs, ses, réussites et leurs causes… ) et surtout tient compte de ce qu’il fait aujourd’hui , de ce qui l’intéresse (ou non, et pourquoi ?), et de ce qu’il voudrait mais ne peut pas toujours faire. Enfin ce ministère ne fait pas la part belle aux institutions. Et pense au futur, aux marges, à ce qui est moins normé. Dans l’appel à projets, on peut lire, par exemple : « Une attention particulière sera portée aux pratiques artistiques « non instituées » dans leur diversité et aux pratiques de création numérique » .
Le partenariat Jeunesse et ministère de la Culture (ce dernier co-pilote le projet )- très puissant pendant des décennies ( ah ! les années Leo Lagrange ! Et L’INEP , devenu INJ, de Marly-Le-Roi!)) s’était malheureusement resserré à partir des années 90 , car celui de l’Education nationale avait repris le leadership.
Nous ne pouvons donc que nous réjouir de cette nouvelle donne et souhaitons bonne chance au projet, qui sera ce qu’en feront les candidats.
L’appel à projets : http://www.injep.fr/L-Injep-se-felicite-du-lancement.html
III – L’appel à projets
Intitulé « mettre les pratiques artistiques et culturelles au service de l’autonomie des jeunes», cet appel à projet est ouvert à tout porteur de projet public ou privé (hors Etat).On peut déplorer, à sa lecture, la « langue de bois » administrative des rédacteurs, cette obsession d’ « ancrage territorial » ou de « mise en cohérence « des politiques ; ou les mots-valises, qui trahissent leur croyance que les jeunes sont « défavorisés »s’ils n’accèdent pas à la culture institutionnelle, des jeunes qu’il faut à tout prix « insérer » par ce type de fréquentation ; pour notre part nous pensons plutôt que ce sont les lieux institutionnels de culture qui sont défavorisés, en dehors des clous, hors-sol, pas le non -renouvellement de leurs publics, et l’absence de désir des jeunes urbains de les visiter, d’y laisser la trace de leurs créativités, de leurs collaboration, de leurs projets…On peut surtout regretter , dans l’appel d’offre, l’absence d’un volet de « Formation » des acteurs, pourtant toujours très riche pour assurer la pérennité et la professionnalisation. Limites de la « cohérence » des auteurs de l’appel d’offre ? Ou le triomphalisme du « C’est la première fois qu’un Gouvernement… !», alors que les projets se succèdent (des PCQ à « Imaginez maintenant »….). Mais bon, ne boudons pas notre plaisir !
– Le principe du projet :
Des jurys indépendants procèderont à une phase d’analyse des dossiers reçus. Leur analyse porte à la fois sur le contenu, la méthodologie et les modalités de mise en œuvre de l’expérimentation, mais aussi sur une analyse sur la qualité du protocole d’évaluation.
– Les critères
Concernant le projet d’expérimentation, trois critères fondamentaux président à l’analyse des projets :
• l’originalité et la valeur ajoutée des réponses apportées ; l’appel à projet intégrera notamment plusieurs concours pour encourager la réalisation par les jeunes de films courts ou clips vidéos visant à revaloriser l’image des jeunes
• la capacité à produire des enseignements généralisables,
• la qualité de la construction du projet (la méthodologie rigoureuse, des modalités opérationnelles explicites, l’ancrage territorial, les partenariats institutionnels, la viabilité financière, etc.)
Ce projet permettra non seulement de garantir aux jeunes un accès à la culture sur tout le territoire, en sortant des dispositifs classiques d’avantages tarifaires, mais aussi de faire de leurs pratiques et engagements artistiques un vecteur d’insertion sociale et professionnelle.
– Les résultats de cet appel à projet seront connus début décembre, et les premières expérimentations lancées en janvier 2011.
– Financement et objectifs : concrètement, une enveloppe de 2,5 millions d’euros est dédiée à cet appel à projets, dont 500 000 euros dans le cadre du FEJ, et 2 millions d’euros apportés par la Fondation Total.
IV – Le fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) et la démarche d’expérimentation
L’article 25 de la loi généralisant le RSA du 1er décembre 2008 a prévu la création d’un « Fonds d’Expérimentation pour la jeunesse ». Ce fonds est « doté de contributions de l’État et de toute personne morale de droit public ou privé qui s’associent pour définir, financer et piloter un ou plusieurs programmes expérimentaux visant à améliorer l’insertion sociale et professionnelle des jeunes de seize à vingt-cinq ans ».
Son budget a été porté à 150 millions euros sur deux ans (60M euros en 2009 / 90M euros en 2010) qui seront consacrés aux expérimentations sur la politique de la jeunesse. A cela s’ajoute la contribution de Total à hauteur de 50 millions d’euros et celle de l’UIMM à hauteur de 3 millions d’euros.
V – L’ETUDE SUR LES PRATIQUES DES JEUNES (disponible et gratuite sur le lien ci-dessous) :
http://www.jeunesse-vie-associative.gouv.fr
ET LES AUTRES PUBLICATIONS DE L’INJEP sur les pratiques culturelles De 2002 à 2009, l’Injep organisait deux rendez-vous par an pour développer une réflexion commune à l’ensemble des acteurs de la jeunesse, de la culture, du social et de l’éducation autour de -l’éducation populaire et de l’action artistique. Certains de ces rendez-vous ont donné lieu à publication. les voici : .
– Identifier, accompagner et partager les actions artistiques en amateur
– Education populaire et action artistique
– Les artistes revisitent le social
– La culture à l’épreuve des territoires (1) : Comment travailler ensemble ?
– La culture à l’épreuve des territoires (2) : L’in-discipline culturelle et les collectivités territoriales
– Les pratiques artistiques et culturelles des jeunes : mieux connaître pour mieux accompagner (3) : Nouvelles formes artistiques, nouveaux modèles économiques ?
– Les pratiques artistiques et culturelles des jeunes : mieux connaître pour mieux accompagner (1) : Continuité et/ou ruptures ?
– La culture à l’épreuve des territoires (2) : L’in-discipline culturelle et les collectivités territoriales
POUR EN SAVOIR (encore) PLUS : ces publications sont disponibles et gratuites sur le lien
http://www.injep.fr/Sans-titre.html?var#form1)
LA RUBRIQUE DE KEN LE TOURISTE PARFAIT : KEN EST-IL JEUNE?
Oui et non, pense-t-il…Le problème, vous avez deviné, est son éternelle jeunesse…Cinquante ans qu’il fait jeune, et parfois il pense qu’il va craquer, faire un procès à Mattel, sa maison-mère qui l’a lâchement abandonné au profit de ces Action Joe et autres combattants rutilants et assez moches. Barbie, son ex, ne vieillit pas non plus et ça c’est vraiment super. Mais il y a mieux….Il a rendez-vous ce soir avec une petite française, Vanessa, la copine de son ami Johnny, et, elle non plus, pourtant une vraie humaine, ne prend pas une ride…Il va encore jouer au Touriste Parfait, coupettes au clair de lune et voyages avec ses deux amis, hôtels de luxe et gastronomie de rêve! Mais il sera en vacances pour une journée, la seule qu’il s’accordera cette année.Ses affaires attendront…
PROCHAIN BILLET : DES NEWS! UNE VRAIE COLLECTION DE NOUVELLES!
NOTRE JEU DE L’ETE : selon vous, quel âge à Ken? Les 10 premières bonnes réponses donneront droit à la photo-souvenir de la soirée-rencontre de KEN et PRINCE! Autant dire un collector!
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Excellent exemple! Les adolescents, il est vrai, n’aiment pas trop le patrimoine et les musées. Trop labellisés par les parents et les profs?Trop dans « le passé » à un moment de la vie où l’on tangue un peu, question « temps » de sa propre vie? Mauvais souvenir de la viste-obligatoire-et-y’a qu’au-prof-que-ça-plait? Peu importe, ils préfèrent de nouvelles expériences – créer des trucs – et aiment surtout se parler entre amis et, pour la culture, ils préfèrent la musique et le cinéma . L’art actuel et ses questions posées au monde, pourquoi pas? Je crains cependant que ces quelques centaines d’ados ne soient pas très nombreux, en France, et ne soient les mêmes que ceux des « Nocturnes du Louvre »: des ados bien comme il faut. Pourtant c’est vrai, il faut aussi une offre pour les ados intellos ou bien nés, vous avez raison, et cet exemple est super, pour eux! En plus, dans cette salle, il y avait de moins en moins de monde, en fait, car elle était consacrée à des expos assez confidentielles ( dommage, car certaines étaient vraiment super) .Ce petit programme la revivifie!
[…] Un petit coup de jeune? se demandait Évelyne Lehalle à propos d’un appel à projet pour mettre les pratiques artistiques et culturelles au service de l’autonomie des jeunes […]