Street art : Je vous salis ma rue!

Aujourd’hui, un petit pas au royaume des Graffiti, avec le titre d’un petit film, « Je vous salis ma rue », et un grand pas vers un  Tourisme plus social et rajeuni. Le Street art, que nous présentons régulièrement dans ce petit blog, ( Le street art comme nouvelle destination, l’été dernier ) propose des œuvres un peu partout en France et dans les villes étrangères, mais aussi dans des lieux insolites, comme d’anciens ponts, usines, voies de chemin de fer, souvent désaffectées et vestiges de nos activités passées. Des lieux libres, en plein, air, où les codes des lieux fermés de l’art (Musées ou Centres d’art et Galeries) n’existent pas ; pas de billetterie ou de parcours de la visite, et on a le droit de toucher les œuvres ! Mais avec le Street art, de nouveau codes, entre artistes et entre artistes et amateurs, habitants ou représentants des forces de l’ordre, sont apparus !En tous cas, partout dans le monde, ces visites sont très demandées et le tourisme s’est donc emparé de ces visites libres, qui permettent de découvrir des paysages urbains, des sites insolites et, bien sûr, la personnalité des graffeurs. Habitant presque toujours les environs des sites où ils s’expriment, ils y proposent leur vision de la vie et leurs espoirs, avec des oeuvres insolentes ou qui, plus simplement,  témoignent  de leurs communautés artistiques ou de proximité.
Aujourd’hui, pour préparer votre une visite ou pour compléter vos connaissances, voici deux petits films et un souvenir personnel, celui de la première expo des graffiti dans un musée national en 1990 (C’est « moi qui l’avais faite » , avec le rôle de deux ministres, Jack Lang et Philippe Douste-Blazy, qui ont  donné une chance à la culture dans les quartiers. Sans volonté politique, c’est plus difficile…

I- MIEUX CONNAÎTRE LES GRAFFEURS ! Deux films sont mis en ligne gratuitement, par le CNRS et diffusés sur le site de Hypothèses/ Mondes Sociaux dans un bel article de Virginie Grandhomme, sociologue.   Ces films vous proposent de mieux connaitre les graffeurs, leurs envies et leurs projets. Pour ceux qui connaissent bien les Graffiti ,ce film est un focus sur ceux de Nantes. Pour les amateurs plus timides ou réticents, je pense que ces petits films lèveront les appréhensions contre cette forme d‘expression ( comme :  « C’est moche,  sale, violent, etc...) ». Virginie Grandhomme a croisé les interviews des graffeurs avec ceux d’un un brigadier de police, d’un substitut du Tribunal de grande instance, d’un agent de maîtrise du service de nettoyage de la ville, d’éditeurs de La Table Ronde Alternatives, et du directeur du collectif Pick Up Production, qui propose des murs pour une expression libre et légale.

  • Les autorités ont aussi compris, peu à peu, que jouer au « chat et à la souris » avec les graffeurs était très chronophage et souvent improductif. Des négociations sur les surfaces et murs « autorisés », permettent une bien meilleure entente. Cet art est, par nature, éphémère et réversible, sachons saisir les occasions pour le découvrir, en vrai ou en ligne, des milliers de plateformes étant à votre disposition.

II- LE BACK OFFICE DES TOURNAGES ! dans le premier film (Luc Ronat « Je vous salis ma rue ») Virginie Grandhomme rencontre les graffeurs et leur pose des questions. Elle a conduit pendant trois ans une enquête sur la pratique du graffiti à Nantes et dans ses environs et donc vécu le quotidien des graffeurs. En les suivant partout, y compris dans les lieux interdits , car elle voulait comprendre  la complexité et l’originalité de leur démarche. Elle a donc découvert «une communauté structurée et dense ». Dans l’article d’ « Hypothèses, monde sociaux », elle voit dans les graffeurs « les lointains continuateurs des peintres de la préhistoire : leurs ancêtres projetaient leur peinture avec la bouche sur les parois des grottes, eux se servent d’aérosol pour couvrir celles de la ville ». Mais ils sont aussi des artistes ultra-contemporains : tout le message de leurs œuvres tient en quelques lettres, celles de leur signature. Virginie Grandhomme  souligne enfin la difficile « réception  » de ces oeuvres, l’agression permanente que sont les graffiti dès qu’on les voit : « L’apparition des graffitis symbolise le désordre. Toujours hyper stylisés, ils sont vécus comme une forme de surgissement d’autrui dans son quotidien, d’autant plus illégitime, que les graffitis sont illisibles et, ce faisant, inquiétants ». Un peu moins, à mon avis,  que le Guernica de Picasso, ou les milliers de scènes de massacres et de guerre de la peinture classique, mais c’est un autre débat…

VOIR LES DEUX FILMS
1- Le lien du premier film, « Je vous salis ma rue » (Durée 37 minutes), coopération entre Mondes Sociaux et CN.RS

2- le lien du second film, Street View, ICI, (Durée 9 minutes.). Ce petit film a été primé au Festival du film de Chercheur « 1 recherche, 1 film », prix décerné par le CNRS et l’Université de Lorraine.

III- MIEUX CONNAÎTRE LES LIEUX DU STREET ART
Dans le monde, les villes se battent pour devenir « Capitales mondiale du Street art »:Bristol,  grâce à la renommée mondiale de l’artiste Banksy, originaire de la ville et dont les premières œuvres sont apparues sur ses murs.L’Europe n’est pas en reste (site Omio.fr, ICI ) .
Les artistes de rue se fédèrent aussi pour proposer des visites , comme à Melbourne, en Australie. Les exemples sont donc innombrables  de la nouvelle passion à partager
Enfin  dans le monde, Google Art  récolte chaque jour des images, dont les auteurs et les contenus sont renseignés, avec des expositions en ligne,  le tout bien classé. Google a produit aussi des   « audio-tours commentés » .
Carte  de la collection en ligne de Google Street Map , ci-dessous: une  carte évolutive où vous pouvez donc ajouter vos découvertes !

 

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IV- MIEUX CONNAÎTRE LA PREMIÈRE EXPO officielle du Street Art dans un musée national : c’était à Paris, au Musée des monuments français et c’est vrai, c’est « moi qui l’ai faite »! Mais pas toute seule. Jack Lang, ministre de la Culture (1981-1993), était d’accord avec le projet, et fut un rempart extrêmement puissant contre ses détracteurs ; il assura aussi lorsque le premier article du Figaro titra rageusement « Marie-Chantal va en banlieue » avec un portrait de lui une casquette à l’envers en couverture.En 1990, je travaillais beaucoup à développer des programmes « Politique de la ville et Culture». Mais les programmes étaient très classiques, avec seulement deux options :  visiter les lieux officiels de la culture , musées et monuments; ou   des ateliers pour les plus petits ou les ados, après les visites.  Et surtout : ces programmes  ne les associaient pas au choix d’une activité. Pas de « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? ». Je  posais donc plusieurs fois la question aux jeunes graffeurs des quartiers, et ils furent unanimes : leur rêve, ce serait une exposition  avec le maximum de graffeurs américains ( leurs idoles…), car ils voulaient les rencontrer et voir « en grand » leurs œuvres.

 

V- UNE VRAIE ET GRANDE EXPO , voilà qui fut décidé, avec tous les moyens d’une grande (dans un vrai musée, avec des Commissaires pour la concevoir et la monter, des scénographes, des artistes invités, une affiche (ma photo) un catalogue, etc…) et des artistes invités  à Paris venus des Etats Unis, avec déjeuners et diners avec les jeunes!

Ce fut une aventure passionnante. Les Jeunes de quartiers « Politique de la Ville » d’Ile-de-France  avaient réussi à se mettre  d’accord sur un seul souhait  : rencontrer des graffeurs américains. Ensuite le musée des Monument français joua parfaitement le jeu, grâce à un directeur et une Secrétaire générale convaincus par le projet. La Réunion des Musées nationaux fut la plus difficile à convaincre. Sur la ligne budgétaire de d’expo, on tricha en inscrivant « lot de menuiserie et de matériels »…

VI-  TESTER LE MINISTÈRE DE LA CULTURE EN 1995 : enfin j’ai souvent recommencé. Et encore énervé mes directeurs en disant que le jour où l’on donnerait autant d’argent pour 70 % des jeunes qui habitaient en périphérie des villes que pour les 30% les jeunes de milieu bourgeois qui y vivaient au centre, je me calmerais.

♥ En plus de Jack Lang, un seul ministre, tout au long de ma vie professionnelle, me demanda : « Mais à la fin, que voulez-vous, pour faire venir à al culture des jeunes qui n’y vont pas ? », et je lui dis la vérité « De l’argent, Monsieur le Ministre, en lui montrant les chiffres des inégalités France/Banlieues/Ile-de-France/Paris. Dans chaque quartier, il y a des talents. mais ils ne s’expriment pas. Philippe Douste Blazy décida alors  d’une action d’ampleur, sur deux ans, de « 29 projets Culturels de quartiers », avec 20MF en 1995 et 40MF en 1996,un nouveau programme de lutte contre l’exclusion sociale et culturelle ( Soit l’équivalent de 4,3 millions d’euros aujourd’hui en 1995 et 8,6 millions d’euros en 1996, et environ 140 000 euros par projet, sans compter notre travail). Philippe Douste Blazy, comme Jack Lang, s’était investi personnellement dans l’opération « Quand ça bloque, quelque part, vous m’appelez ! » des « 29 projets culturels de quartiers » et y consacre un budget conséquent projets évalués – on y tenait beaucoup – par Jean-Michel Montfort (Voir ICI, les archives du ministère de la Culture sur son site officiel !)

POUR EN SAVOIR PLUS
1- LIENS de l’article « je vous salis ma rue », avec les films en ligne (Publié 15/06/2017 · mis à jour le 24/01/2019) et liens de mes autres billets, Le Street art comme nouvelle destination (été 2019)
Les Nouveaux territoires de l’art ( 2017), avec les parcours de Vitry-sur-Seine
2- Guide du street art en France, Édition 2019/20- Collection Arts urbains – Alternatives Gallimard- Parution : 28-03-2019 -Parcours établis dans 10 villes (Lille, Rouen, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Sète, Marseille, Lyon et Strasbourg), partez explorer des quartiers hauts en couleur, vivant au rythme du street art!160 pages, ill., sous couverture illustrée, 135 x 180 mm, relié.
Pour chaque parcours :• une carte indiquant l’itinéraire à suivre, les sites à voir et les bonnes adresses• un parcours fléché («Suivez leguide»)• des rubriques détaillées pour en savoir plus sur certaines haltes de la balade• des focus («À ne pas manquer!» et «L’artiste à la une») sur des œuvres, des lieux ou des artistes incontournables• des «Bon à savoir», infos pratiques pour signaler festivals et lieux de culture urbaine• un «carnet d’adresses» (bars, restos, galeries, librairies… et suggestions de visites)• un «zoom » pour en savoir plus sur les associations qui font bouger les lignes ou les manifestations autour de l’art urbain
3- Fiche technique des deux films : Catégorie : film-recherche -Producteur : CNRS Images, 2014- Auteur scientifique : Virginie Grandhomme (CENS, Université de Nantes)-Réalisateur : Luc Ronat (CNRS Images, UPS CNRS, Meudon)-Procédé audiovisuel : prises de vues réelles. Commentaire voix off et interventions en son direct. Musiques.- Personnalités : Virginie Grandhomme, Sylvain Maresca (Université de Nantes), Sophie Husson (Tribunal de grande instance de Nantes), graffeurs…

PHOTOS : capture d’écran (le graffeur et la carte du monde de Google Street art) CC Pixabay robertgodo1976 ; CC Wikmedia Commons MsSarahKelly pour le petit oiseau en vélo.

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KEN LE TOURISTE PARFAIT   faisait ses projets pour l’an prochain. Que faire d’autre en confination, confinement, toutes ces confinitudes infinies? Une belle occasion pour Barbie Chérie d’avoir son Ken à la maison. Le problème c’est qu’ils n’avaient plus trop l’habitude de vivre ensemble, avec les voyages du Monsieur, toute l’année, en bon Touriste Parfait. Alors Barbie eut une idée : rassembler dans un site tous ses hôtels,  bars ou restaurants dont il se souvenait! Un critère comme un autre!

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