Quelle est l’histoire des hôtels, quand et comment ont-ils été créés? Comment sera la « chambre d’hôtel du Futur » ? Quelles innovations pour répondre au changement climatique ou au désir de nouvelles convivialités ? Une exposition vous dit tout, en ce moment, au Pavillon de l’Arsenal à Paris (Du 16 octobre au 12 janvier 2020).C’est une exposition qui met en avant l’aspect culturel (Histoire, Architecture, décoration, pratiques et usages… ) sans oublier la prospective sur les évolutions des modèles économiques de l’hôtellerie et sur les défis qu’elle doit relever. Les expositions sur ce thème sont hélas rarissimes, alors je prends ma plume pour vous la raconter!
- L’exposition « Hôtel Métropole – Depuis 1818 » fait la part belle à la Métropole du Grand Paris et à l’impératif « 2024 » avec les JO à préparer dès aujourd’hui, mais je témoignerai peu de ce regard un peu trop local car je préfère vous résumer les grandes tendances, en France et à l’étranger que racpontent très bien cette expo. Le rôle pionnier des hôtels dans l’innovation, les nouveaux défis à qu’ils doivent relever, dont, celui, incontournable, des évolutions climatiques sont particulièrment bien illustrés. Les 150 hôtels actuellement en chantier ou à l’étude dans le Grand Paris (Info de l’Atelier parisien d’urbanisme) en vue des JO vont un jour nous étonner, et en voici un avant-goût.
I- QUI DÉCIDE DE CRÉER de NOUVEAUX HÔTELS ? Bien sûr une demande, une nécessité, comme une fréquentation touristique en hausse (Paris, 50 millions de visiteurs annuels…) précède le choix, mais, depuis une dizaine d’années, nous dit l’exposition, les hôtels, comme les bureaux, ont séduit à la fois les financiers et les municipalités. Les premiers voient leur rentabilité*, les secondes, un «catalyseur urbain» susceptible d’animer les quartiers grâce à leurs restaurants, rooftops, espaces de coworking, et à leurs services (restaurant, salles de réunion, piscine, pôle de mobilité…) et, évidemment, à créer des emplois. Enfin les habitants sont de plus en plus concernés par ces lieux d’habitat certes temporaire mais où les locaux peuvent venir boire un petit café, inviter lors d’une fête, ou…regarder un film en plein air, comme au MOB HÔTEL, dernier né des hôtels à épouser toutes les tendances avant même qu’elles n’émergent ! (Photo de leur écran pour le Cinéma, ci-contre).
* L’hôtellerie du Grand Paris a généré un CA de 3,7 milliards d’euros et 47 500 emplois directs, soit 1/6e des 295 000 emplois touristiques en 2017.
II- L’INNOVATION EST LE FIL ROUGE de toute l’histoire des hôtels : premières salles de bains, premiers ascenseurs, climatiseurs ou premières expériences de préfabrication ou informatique… l’hôtel est depuis deux siècles le laboratoire de la construction et l’accélérateur de nouvelles pratiques.
Très tôt, les grands hôtels intègrent des fonctions annexes : galerie d’art (Grand Hôtel du Louvre, 1855), salle des fêtes (Grand Hôtel, 1878), chapelier et fleuriste (Élysée Palace, 1899), boutiques de luxe (Ritz, 1913), piscine (Claridge, 1918), minigolf (Scribe, 1863), bar à cocktails (Crillon, 1909), tailleur et cordonnier (Hôtel populaire pour hommes, 1910), bibliothèque (Meurice, 1918), salon de coiffure (Hôtel de Paris, 1928), boutiques (Castiglione, 1932)… Ces services multiples nécessitent de ga¬gner de l’espace, dans les cours (Prince-de-Galles, 1929), sur le toit (hôtel Continental, 1878, et Terrass’ Hôtel, 1911), et offrent des vues inédites – « plafond vitré amovible grâce à des machines hydrauliques. Et ce n’est pas fini ! Les changements d’usage continuent, les Hôtels s’adaptent !Voici quelques défis à relever.
1- LE DÉFI DE LA CONVIVIALITÉ et de la rencontre entre habitants et touristes
photo Le MOB HOTEL dit, sur son site internet, vouloir développer en un véritable mouvement coopératif.
« Vous souhaitez créer votre MOB HOTEL et prendre part à notre mouvement, écrivez-nous et racontez nous votre projet, nous vous dirons comment faire.becomemob@mobhotel.com »
On retrouve cette tendance dans les propositions du grand concurrent des hôtels, Aibnb, qui incitent les hôtes à échanger « localement », entre habitants ou avec les clients d’un hôtel, pour former des Communautés d’idées ou de partages de bons plans ou de savoir-faire. (PHOTO BECOME MOB!).
2- LE DÉFI DE L’ARCHITECTURE : tout un programme!
– LE PROGRAMME Architecture classique ou non, ce programme des hôtels – accueillir, héberger, satisfaire des clients- est à géométrie variable, selon ses clients-cibles et sa palette de services, mais, un peu comme la Culture, l’Hôtellerie sait réinvestir des bâtiments et lieux qui avaient une autre vocation : « parkings, tours, centraux téléphoniques, anciennes postes, hôtels particuliers et même les bureaux ces dernières années ». Le temps du séjour est aussi de plus en plus court, avec des hôtels éphémères qui se multiplient, comme le pionnier, cet hôtel d’un soir perché en haut d’un musée (Hôtel Everland,création de deux artistes en 2007-2008)
– LES CHAMBRES : fin des espaces dédiés en priorité au sommeil ? En tous cas la distinction entre ce qui relève de l’habitat, du travail ou d’un autre usage particulier tend à s’amoindrir. L’espace même de la chambre d’hôtel, peut donc devenir « une salle de réunion, un espace de travail, un lieu de shooting photo, un espace familial temporaire, parmi diverses autres fonctions, et ce malgré son plan statique et son aménagement ».L’exposition cite aussi les différentes fonctions et formes correspondantes : chambre familiale, lit-capsule, dortoir, suite XXL, toiture habitée, location d’hébergement de particulier.Et propose ce croquis de « chambre-type » (KPMG):
– AUTRES LIEUX-CLEFS : L’exposition présente les lieux-clefs : la marquise de l’entrée extérieur (Photo 1) pour abriter de la pluie ; une terrasse (notre photo de celle du Mob Hotel ou la fameuse cour intérieure du Ritz en 1900, ci-dessous); un grand Lobby, et ces inévitables « couloirs » qui ont souvent fait le décor de films…).
– Conclusion : l’hôtel, au cœur des croisements et des flux, peut lui aussi devenir un lieu phare de l’économie circulaire, où l’on peut monter un sens de l’adaptation, de la durabilité, de la convivialité.
3- LE DÉFI de la RÉVOLUTION VERTE toutes questions bioclimatiques vont stimulent déjà les nouveaux hôtels, mais si 8 français sur dix affirment que les voyages ont un impact négatif sur le développement durable, « seuls 18% des Français choisissent des lieux de séjour éco-labellisés, et 12% considèrent que les vacances ne sont ni le moment, ni l’endroit d’une réflexion sur l’environnement ».
•L’hôtellerie continue pourtant, pour ce domaine comme pour d’autres, à jouer un rôle important de « laboratoire de l’évolution des comportements pour notre empreinte environnementale et carbone ».Dans le parcours de l’exposition, « Une chambre pour demain », élaborée par des partenaires experts (Ciguë + Le sommer environnement + Vuna + Aquatiris + TBI), présente tout un cycle d technique d’économies avec par exemple une salle de bains vertueuse en matériaux de réemploi qui permet de consommer moins d’eau, rappelant que chaque client utilise en moyenne 300 litres d’eau par nuitée à l’hôtel. .
-Trois autres équipes pluridisciplinaires présentent les résultats du devenir des espaces hôteliers (prototypes à échelle 1) pour les Enjeux climatiques : Jean-Benoît Vétillard réinterprète l’enseigne hôtelière et le lobby avec une marquise réalisée en fibre végétale et alimentée par l’alternateur d’une porte tambour.
Lina Ghotmeh questionne le potentiel des nouveaux usages de la chambre adaptable en bureau, salle de fitness, espaces de travail, studio d’enregistrement en libérant dans un « App Wall » l’ensemble des fonctions de couchage et d’hygiène. Associé à l’agence Vorbot, Nicolas Dorval-Bory propose de décarboner le couloir, véritable colonne vertébrale de l’immeuble accueillant l’ensemble des gaines et réseauxL
III- HISTOIRE : les suisses ont-ils inventé les hôtels?
Si l’Hôtel moderne, nait en 1815, « quand le Calaisien Charles-Augustin Meurice ouvre, au 223, rue Saint-Honoré, point d’arrivée des diligences de Calais, un hôtel portant son nom », précise l’exposition, c’est effectivement un ingénieur suisse, en 1874, Eduard Guyer qui » révèla les enjeux de l’hébergement touristique et du programme hôtelier dans son traité Das Hotelwesen Gegenwart – traduit en français trois ans plus tard par l’architecte Henri Bourrit. Son analyse, fondée sur l’expérience des voyageurs et l’examen d’une trentaine d’établissements internationaux pionniers, dont, à Paris le Grand Hôtel du Louvre (1855), le Grand Hôtel (1862) et le Splendide (1869), croisait les préoccupations encore très acutelles, comme « les attentes d’un flux de voyageurs croissant ou la géométrie des espaces jusqu’à leur ameublement »
Quelques dates-clefs suivent, pour la capitale : « le « grand hôtel » suit le modèle américain naissant, avec ses espaces de sociabilité, les volumétries et le langage architectural . Ces immeubles, parfois spectaculaires, accompagnent l’haussmannisation de la capitale.Puis arrivent le Palace,les hôtels de l’après -guerre avec le tourisme de masse et enfin
la période plus actuelle, dans les années 60 , avec les hôtels au « style international » (1966, inauguration du Hilton Suffren à Paris) ou encore le « premier hôtel aéroportuaire à Orly. Ce dernier préfigurait , les premiers services au tourisme d’affaires et aux voyageurs en transit » Au cours des années 1980, les deux et trois étoiles se multiplient et une préfabrication rapide et peu coûteuse fera partie des normes. .
BELLE CONCLUSION !
J’aime beaucoup cette petite définition des hôtels: Qu’est ce qu’un hôtel aujourd’hui? Une maison, un bureau, un refuge dans une ville étrangère, le lieu de tous les rêves…? Présence familière, l’hôtel cache néanmoins une mécanique complexe: industrie et habitat, commerce et équipement de proximité, l’hôtel est un véritable laboratoire social et un condensateur urbain. Lieu de services, il est également le programme des avant-gardes constructives et du progrès.
- POUR EN VOIR OU EN SAVOIR PLUS
Lien du Dossier de presse, à lire avec gourmandise ! - LE CATALOGUE HÔTEL MÉTROPOLE – Depuis 1818 – Aux Éditions du Pavillon de l’Arsenal, octobre 2019 Conception Graphique : Look specific Format 19 x 30 cm, 352 pages, 370 illustrations Prix public : 39 € ISBN : 978-2-35487-051-5 ( sur le site de l’Arsenal )
– Le lieu de l’exposition : créé en 1988, le Pavillon de l’Arsenal, Centre d’information, de documentation et d’exposition d’Urbanisme et d’Architecture de Paris et de la métropole parisienne, est un lieu unique où l’aménagement de la ville et ses réalisations architecturales sont mis à la portée de tous. Le site a vocation à expliquer «l’architecture» de la ville, comment elle s’est constituée à travers les siècles, quel est son état actuel et quelles sont ses perspectives d’évolution, mais aussi présenter à l’étranger le savoir faire urbain de la Ville de Paris et des maîtres d’œuvres qui y travaillent.
QUI A FAIT CETTE EXPO ? Alexandre Labasse, Directeur général du Pavillon de l’Arsenal, Catherine Sabbah et Olivier Namias, Commissaires invités et tous les contributeurs qu’ils ont choisi : Joanne Vajda, architecte, docteur en histoire et enseignante chercheuse Anne Bony, historienne de l’art, spécialisée dans les arts décoratifs Jean-Louis Violeau, sociologue Joachim Lepastier, critique, Cahiers du Cinéma Marcello Tavone, architecte, On Cities Virginie Picon-Lefebvre, architecte, urbaniste, docteur en histoire Paris 1- Sorbonne Julien Dossier, fondateur de Quattrolibri, auteur de Renaissance Écologique Jérôme Mathieu et Marc Fasiolo, S2T Ingénierie Jean-Benoît Vétillard, architecte Nicolas Dorval-Bory, Sammy Vormus et Clément Talbot, architectes Lina Ghotmeh , architecte ciguë + Le Sommer Environnement + Vuna + Aquatiris + TBI, avec un nombre important de professionnels du Tourisme, dont Mark Watkins, passionné par le devenir de l’Hôtellerie et son renouvellement (Entreprise Coach Omnium) .
AUTOUR DE L’EXPOSITION Pendant 3 mois, « Hôtel Métropole », manifestation plurielle, diverse et destinée
à tous les publics, propose, autour de l’exposition et de l’ouvrage qui l’accompagne, de nombreux évènements et rencontres pour partager ces architectures. Conférences et nocturnes, ateliers pédagogiques et visites guidées, Tea Time au coeur des expositions… le programme « À la carte ! » conçu par le Pavillon de l’Arsenal permet à chacun de découvrir l’histoire, l’actualité et le devenir de cet habitat temporaire.
•TROUVER LE MOB HOTEL au 6 rue Gambetta à l’angle du 50 rue des rosiers – 93400 St Ouen- 01 47 00 70 70- Métro Garibaldi – Ligne 13 (à 5 minutes)- Métro Mairie de St Ouen – Ligne 13 (à 10 minutes) – helloparis@mobhotel.com
- Un petit article sympathique sur…L’Equipe : Ces hôtels délirants qui vont voir le jour à Paris pour les JO 2024
- PHOTOS 1 – verrière de l’entrée du Shangri La Hotel Paris 2014, 23 January 2014- Source travail personnel -AuteurFLLL -10, avenue d’Iéna, à Paris, domaine public.
PHOTOS 3, 4 et 5 : copies/écran site Internet ( très beau!) – BECOME MOB! Le MOB HOTEL se développe en un véritable mouvement coopératif.( Voir ci-dessus en II-1″Vous souhaitez créer votre MOB HOTEL et prendre part à notre mouvement,écrivez-nous et racontez nous votre projet, nous vous dirons comment faire.becomemob@mobhotel.com) et tableau du Jardin Intérieur de l’Hôtel RITZ en 1904 (Paris ) Tableau de l’artiste français Pierre Georges Jeanniot (1848-1934) « Le Diner à l’hôtel Ritz à Paris (1904) »
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:RitzParisGarden_alt.jpg ; oeuvre aujourd’hui « Domaine Public ».
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KEN LE TOURISTE PARFAIT , entre trois voyages et leurs 21 réunions d’affaires, avait bien l’intention d’investir dans l’Hôtellerie! « Tous les cordonniers étaient mal chaussés!« , lui avait dit son ex, Barbie Chérie, ce qui l’avait évidemment un peu vexé… Piqué au vif, il devait réagir. Avec sa jolie petite tête de romain et ses beaux yeux noirs, il avait une envie de terrain en France, et particulièrement en Corse. Sans rire…Un lecteur du blog qui connait un terrain libre?