Les métiers d’Art et l’excellence française!

Les Journées Européennes des métiers d’art, qui viennent de se dérouler du   1er au 7 avril sont le rendez-vous annuel des métiers d’art, vivier de compétences de notre pays et qui ont tout pour plaire ! Un nouveau Rapport de 300 pages (70 personnes auditionnées et six mois de travail…) est sorti récemment et je vous en résume les préconisations. Alors, pour ces métiers d’Art, où en sommes-nous, aujourd’hui?
– Généralement bien ancrés sur un territoire avec des traditions locales fortes, les métiers d’art sont souvent l’emblème de villes ou de régions : dentelle du Puy ou de Calais, soierie lyonnaise, horlogerie franche-comtoise, vitraux de la Loire, émaux de Longwy, céramique de Sèvres, porcelaine de Limoges, tapisserie d’Aubusson, verrerie de Biot… « Des territoires les choisissent aussi pour leur développement : la ville de Reims y voit comme un vecteur fort de développement touristique et économique pour compléter son offre traditionnelle du Champagne  ;  la ville de Suresnes installe des professionnels  de métiers d’art pour réhabiliter un quartier, tant économiquement que socialement. On trouve ces   dynamiques à Pézenas, à Limoges, à Richelieu, à Montpellier et, de façon plus large, dans tout le réseau Ville et Métiers d’art, soit 391 communes de France qui ont choisi de placer les métiers d’art au cœur de leur stratégie de développement, misant sur leur potentiel d’image et d’attractivité territoriale comme vecteurs de rayonnement », écrit le Rapport Huppé, présenté ci-dessous (III).                                                                                                                                                          Vitrine de l’Office de Tourisme de Vallauris (06)  avec des oeuvres d’artistes et d’artisans, en 2016.(Designer Olivier Gagnère et Artiste Céramiste Claude Aïello). Photo E.Lehalle. 

Enfin, comme en Seine-Saint-Denis, ces métiers d’art passionnent aussi tous les visiteurs par une approche «métiers», en présence des acteurs qui font souvent la visite eux-mêmes!( Initiative d’EstEnsemble dont nous vous parlons souvent dans ce petit blog) .Les visites d’ateliers de métiers d’art sont en effet toujours interactives car elles permettent de poser des questions sur les savoir–faire des artisans, de parler « Technique » avec un ébéniste, de faire quelques notes avec un luthier ou de sentir un Parfum dans les coulisses d’un Atelier de Fragonard et, pourquoi pas, de fabriquer son propre parfum?
– Le grand nombre d’acteurs et l’éparpillement de l’offre, des formations, des expositions et de la commercialisation ne permettent cependant pas une grande lisibilité des métiers d’art, qui mériteraient de se fédérer grâce à un regroupement de leurs forces vives – 60 000 entreprises et 120 000 emplois de salariés ou d’entrepreneurs – comme le propose le Rapport de Philippe Huppé, sous forme d’un GIE.
Si nous soutenons tous, amis du blog, ce projet de restructuration, je crois que la visibilité es métiers d’art sera assurée!
N’ayez pas peur, elles sont  en céramique, les petites souris! (Oeuvre de Maeng Wook-Jae, The Imperceptibles – Vallauris, Biennale Internationale de la céramique, avec la Corée invitée en 2016)Photo E.Lehalle 

I- « MÉTIERS D’ART, SIGNATURES DES TERRITOIRES »
Les Journées européennes des métiers d’art, c’était près de 2 500 événements dans les régions cette année près de (Programme ici), partout en France, comme le montre la Carte des événements et nombre (Voir ICI la carte )
Une grande exposition a aussi été inaugurée à Paris, qui durera jusqu’au 21 avril prochain, pour découvrir , les savoir-faire des territoires. L’exposition met en scène toute la richesse et l’innovation des métiers d’art français et en présente une sélection, avec de jeunes talents ou des Maîtres d’art, des écoles et des ateliers confirmés. Le parcours comprend 14 escales au cœur des savoir-faire de métiers d’art emblématiques de nos régions pour témoigner des atouts de la filière.  Exposition « Métiers d’art, Signatures des territoires »
Du 29 mars au 21 avril 2019 – Du mardi au dimanche, de 11h à 18h Entrée libre ! Lieu : Mobilier national, Galerie des Gobelins 42 avenue des Gobelins – 75 013 Paris.

Vannerie au marché d’Apt- 14 août 2010 – Auteur Giåm-  Flickr- Photo sous licence cc-by-2.0

II- ÉCONOMIE et DÉFINITION DES MÉTIERS D’ART
Rappelons que Cette définition concerne des métiers d’art qui sont composés à 86 % d’entreprises unipersonnelles, donc une nébuleuse d’entreprises aus statuts différents (env. 60 000 emplois).

Quelle économie pour ces filières artistiques? Tous les experts soulignent l’atout économique des métiers d’art, avec 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel ; leur atout social, avec ces 60 000 emplois non délocalisables, dont 30 000 salariés, avec environ 60 % des personnes qui rejoignent les métiers d’art qui sont des professionnels en reconversion ; et, bien évidemment, leur atout artistique, culturel, patrimonial, touristique, qui fait la part belle à l’innovation ; enfin, l’atout identitaire, d’authenticité, participe à l’image internationale et à l’attractivité de la France et de ses territoires.
Voici une LISTE 281 DES MÉTIERS D’ART,  bien faite !
Les   fiche-métier de l’Institut des Métiers d’Art, sur L’Emploi, les débouchés et les Formations pour chaque métier sont très complètes et très bein présentées, à voir  ICI!
Une définition légale et juridique des métiers d’art existe, citant toute le références élgislatives, mais je vous en épargne la lecture un peu aride car il est très difficile d’y reconnaitre des artistes ou artisans innovants et d’y retouver les métiers les plus connus : céramistes, verriers, orfèvres, bijoutiers…Ou les derniers métiers recensés : émailleur sur lave, malletier, fresquiste, guillocheur, feutrier, restaurateur de cuirs.

III- AU RAPPORT !L’auteur est Philippe Huppé, député de l’Hérault et président de l’association nationale Ville et métiers d’art, qui l’a donc rédigé en six mois et des dizaines de rencontres (70 personnes-clés et 127 visites d’ateliers). Philippe Hupé évoque la bone réparticiton des métier d’art sur le territoire et leur rôle d’atout dans nos régions. Il cite la région Occitanie, qui a adopté en novembre un plan 2018-2021 en faveur des métiers d’art, avec un « pass métiers d’art » pour aider les professionnels doté d’une enveloppe de 200.000 euros en 2019 ; ou la région Grand-Est qui soutient aussi financièrement les manifestations de promotion des métiers d’art.
– Les Préconisations Philippe Huppé et de son Rapport remis le 11 décembre dernier,  donne un coup de projecteur sur l’évolution du secteur et les actions pour y répondre. En voici les principales préconisations, parmi les 22 recommandations du Rapport que vous pouvez voir dans cette liste au grand complet, ICI :
1- Une tutelle unique : pour rassembler les acteurs et mieux assurer la visibilité des aides  publiques, le rapport préconise de créer une nouvelle structure, sous forme de groupement d’intérêt économique (GIE), France Métiers d’Excellence. Cet opérateur d’Etat piloterait l’ensemble des actions, via ses ministères impliqués (Economie, Culture, Tourisme et Affaires étrangères) pour en assurer le contrôle, avec les collectivités. Et il disposerait d’un budget de 5 à 6 millions. L’objectif de préserver et développer des savoir-faire d’excellence allierait les compétences de l’Institut supérieur des métiers (ISM) et de l’Institut national des métiers d’art (INMA) et permettrait de représenter et d’accompagner l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur ;
Associé aux associations et au syndicat professionnel, Ateliers d’Art et ses 6000 artisans, le GIE piloterait aussi un observatoire, une plate-forme de Formation et la gestion des Labels, comme suit.
2- L’Observatoire : pratiques et process de la transmission des savoir-faire ; export et protection des outils, etc…
3- La formation, Atelier-école pour les formations pour l’exercice des (métiers rares comme ceux de plumassier, solier, perruquier…) menacés de disparaître sans cette transmission des savoirs. Permettre aux Maîtres d’Art de former plusieurs élèves fait aussi partie des recommandations.


4- Les Labels et leur gestion, avec le suivi et amélioration du Label EPV ( Entreprises du Patrimoine vivant) ; développement du label IG , indication géographique ; création d’un label « Métiers d’Art et d’excellence »
5- Désigner dans chaque région un chargé de mission « métiers d’art ». Il s’agira d’un interlocuteur pertinent, actif sur son territoire pour impulser une politique dynamique sur ce sujet en lien avec les partenaires territoriaux (chambres consulaires, EPCI, villes…). Ce chargé de mission « métiers d’art » sera l’interlocuteur privilégié du nouvel opérateur ;
6- Intégrer dans les politiques de redynamisation des centres-villes du plan Action Cœur de Ville une dimension « métiers d’art et du patrimoine vivant » pour les territoires disposant d’un écosystème pertinent à cet effet ;
7- Créer des espaces de coworking dans les territoires intégrant des métiers d’art lorsque cela est pertinent. Cette action pourrait s’inscrire dans le cadre du plan gouvernemental de développement des tiers lieux annoncé en septembre de cette année par le Ministre de la Cohésion des Territoires, plan doté de 110 millions d’euros ;
8- Lancer des projets innovants autour de la sauvegarde et de la transmission des savoir-faire à l’aide du numérique dans le cadre du troisième programme d’investissements d’avenir (PIA 3) régionalisé, et plus particulièrement son volet « ingénierie de formation » .

CONCLUSION : SÉLECTIONNER LA QUALITÉ !
La réussite du développement  des métiers d’art est bien celle du désir des visiteurs de ne plus être dupés par des marchés de faux artisans, de copies habiles d’ œuvres ou de bijoux de la pacotille.
S’il est toujours difficile de sélectionner de bons professionnels de métiers d’art,  pour les acteurs du Tourisme, il me semble qu’ils peuvent  laisser  ce choix à des professionnels de la Culture qui peuvent s’entendre sur des critères.
Par exemple, le Comité de Sélection des Journées européennes des métiers d’art a sélectionné cette année des  « Coups de Coeur »,ICI, et cette sélection est, à mon avis, la bienvenue.

ET DÉCENTRALISER?

De façon générale, mon avis est que ces questions ont aussi trouvé des solutions intéressantes avec la réflexion des Creatives Cities et Régions créatives, que des villes anglaises, américaines ou basques , en Espagne, ont parfaitement réalisé. Les métiers d’art n’y sont pas isolés des politiques globales, ce qui, à mon avis, facilite l’évaluation des stratégies et des objectifs. Car, si je peux me permettre une critique, c’est que cette recentralisation d’un opérateur d’Etat risque de privilégier des acteurs de poids et de frustrer des tout petites structures, pourtant très largement majoritaires.

Centraliser n’est pas, à mon avis, la meilleure solution . Mieux vaudrait  élaborer collectivement une stratégie pour mesurer les retombées sociales de ces métiers, largement façonnés par des initiatives locales et, aujourd’hui, participatives.

Dans ces rapports commandés par l’Etat, osons dire que  les situations ont des solutions venues d’en haut, mais que le regard des responsables nationaux ne peut être, par définition, au plus près des territoires. Les décisions, par exemple, ne tiendront pas compte des habitants, des autres politiques locales, qui, par définition, sont spécifiques à chaques territories. Le  risque est que  ces métiers soient isolés de ces autres politiques, toutes celles qui font lien avec les habitants ou accueillent les touristes, donc rapprochent les centres d’intérêt et les passions entre Touristes et Habitants!

Et vous, mes amis lecteurs du petit blog, que pensez-vous de ces propositions pour fédérer les métiers d’art, si vous avez déjà une expérience dans ces domaines?

La jolie petite ville de Vallauris, qui a peu à peu chassé ses « marchands du temple »pour ne garder que la qualité. Bravo!Photo E.Lehalle

POUR EN SAVOIR PLUS!  

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KEN LE TOURISTE PARFAIT avait lu ce Rapport avec un grand intérêt ! C’était un très bon menu de propositions pour…gonfler son chiffre d’affaire déjà pléthorique et qui atteignait le double de ce qu’il avait prévu! Son idée était d’intégrer des métiers d’art dans tous les Hôtels, Transports et dans toutes les activités de ses firmes américaines. Il terminait donc sa liste, tout content. Il ne lui restait que les Balades dans le Désert du Colorado et son Voyage en navette spatiale à fournir en métiers d’art. « Et si tu faisais venir deux Métiers d’Art Mystère, à deviner ? lui souffla Barbie, son ex, jamais à court d’idée.Sauf qu’il fallait tout de même qu’il les trouve, ces deux métiers …

1 Commentaire

    • Antoine sur 18 avril 2019 à 14 h 18 min

    TEST ANTOINE qui n’est pas un robot

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