Carcassonne, art contemporain et concertation

Une œuvre d’art exposée dans l’espace public était vandalisée ce mardi. Une fois de plus des habitants ont protesté contre l’art contemporain, et sans doute contre le fait d’avoir été mis devant fait accompli, n’ayant pas été informés d’un projet d’une telle ampleur par le maire de la ville ou par l’Etat, à l’origine du projet. A mon avis, loin d’être un simple accident ou l’expression d’une mauvaise humeur des habitants, cette contestation montre qu’aujourd’hui, l’art dans l’espace public ne peut se décider de façon autoritaire, par en haut.
Les faits : des morceaux de l’œuvre de Felice Varini sur les Remparts et monuments de Carcassonne, 15 cercles de couleur jaune, ont été détruits, avec « arrachage de bandes jaunes dans les parties inférieures de l’œuvre », disent les journaux, et le Centre des Monuments nationaux, opérateur et gestionnaire des remparts de Carcassonne, a porté plainte hier, contre x. L’œuvre devrait être restaurée dans les prochains jours avant son inauguration prévue le 4 mai prochain..(Voir le reportage de France TV Info après notre conclusion )

I- L’HOSTILITÉ A L’ART ACTUEL dans les espaces publics pose, à mon avis,  trois questions :
− Est-il acceptable, aujourd’hui, d’imposer des œuvres d’art à un ensemble d’habitants et de leurs proches voisins de la proximité, soit des milliers de personnes, sans les associer un minimum aux décisions?
− Est-il possible, aussi, que les visiteurs de passage, les touristes français ou étrangers, soient considérés comme de simples publics « captifs », au même titre, d’ailleurs que les enfants des écoles, publics à qui l’on « propose » mais auxquels on ne demande jamais : «Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?».
− Pourquoi faire si peu de cas des destinataires des œuvres de l’espace public, en ne leur accordant aucun crédit et, pire, en ne publiant jamais le coût de réalisation d’installations artistiques :« Le CMN  ne communique pas sur le budget des œuvres, c’est un principe » , a déclaré le Directeur du développement culturel et des publics du Centre des Monuments nationaux, .Edward de Lumley au journal l’Indépendant
Le Design des services publics : Il existe des solutions concrètes, avec des démarches participatives et collaboratives comme « Le design de services publics. » Ces méthodes connaissent un intérêt croissant, car « la complexité et l’interdépendance des problématiques publiques nécessitent des approches croisées pour y apporter des réponses. Or, le design est à la fois un ensemble de méthodes créatives et une façon différente d’aborder les projets. Il permet, en outre, de mobiliser l’intelligence et l’expertise des agents, tout comme celle des usagers. » (Voir la référence en 1) de notre « Pour en savoir plus », ci-dessous).

II- QUE S’EST –IL PASSÉ à CARCASSONNE ?
1) L’ artiste, l’oeuvre et son financement public 
L’œuvre d’art, pourtant éphémère, fait polémique depuis son installation en avril. Elle a été choisie pour fêter les 20 ans du classement du site de Carcassonne au patrimoine mondial de de l’Unesco et ne sera visible que 5 mois, de mai à septembre 2018.
L’oeuvre,  intitulée « Cercles concentriques excentriques »,  est financée par l’Etat (par le Centre des monuments nationaux) . pas de coût diffusé, puisque l’Etat s’y refuse, comme vu ci-dessus, mais évaluations plusieurs centaines de milliers d’euros. . En plus du financement de l’Etat il faut ajouter ceux de la Région Occitanie du Département de l’Aude, du syndicat mixte Opération Grand Site (État, Région, Agglo, Ville etc…) et des fonds privés du groupe Cité Hôtels,de la société de cordistes Stam et de la fondation suisse Pro Helvetia.
L’artiste, Felice Varini, qui est intervenu dans des dizaines de villes, paysages, bâtiments en France et à l’étranger, avec toujours un projet d’anamorphose : pour voir son œuvre, vous devez être à un certain « point de vue ». En dehors de ce point unique, vous n’en verrez qu’une partie.
– Que dit l’artiste ? Sur le site Internet de Felice Varini:
« L’espace architectural, et tout ce qui le constitue, est mon terrain d’action. Ces espaces sont et demeurent les supports premiers de ma peinture. J’interviens in situ dans un lieu à chaque fois différent et mon travail évolue en relation avec les espaces que je suis amené à rencontrer.
En général je parcours le lieu en relevant son architecture, ses matériaux, son histoire et sa fonction. A partir de ses différentes données spatiales et en référence à la dernière pièce que j’ai réalisée, je définis un point de vue autour duquel mon intervention prend forme. »

Salon de Provence/Felice Varini/Marseille Provence 2013
Photo: André Morin

2) QUE PENSENT CEUX QUI SONT CONTRE ?: Sur la page Facebook de l’Indépendant, plus de mille commentaires reprennent à peu près les mêmes avis que ceux de la pétition lancée sur le site « mesopinions.com ».   – Notons aussi, qu’aucun  commentaire n’a de réponse sur  le site officiel des remparts (Remparts-Carcassonne :Explorer/ Réseaux Sociaux, ce qui est un peu dommage aussi. Car certaines critiques pourraient trouver réponse sur les réseaux sociaux.
Nous en avons lu plus de deux-cents, que l’on peut regrouper quatre ou cinq groupes :
a) Tous les noms d’oiseaux : « affreux, honteux, moche, » etc… sans arguments
b) « On ne touche pas à un monument historique », « ça enlève la noblesse de la Cité »,mieux argumenté, avec l’idée que le patrimoine est déjà une œuvre à part entière, qu’il faut lui laisser cette authenticité, n’a donc pas besoin d’art contemporain ajouté. Les rempart et monuments de Carcassonne sont un paysage à respecter, etc..
« Ces remparts ont des siècles de vie. Ils ont vu passer des générations qui ont réussi à la restaurer, à l’aider pour rester telle qu’elle est depuis toujours. Ce joyau d’architecture médiévale ne mérite pas d’être dénaturé. Si la cité a été autorisée au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est pour sa protection.. »
c) Difficulté à comprendre l’art contemporain : « Je travaille dans l’hôtellerie et mes clients ne comprennent pas .. Je ne sais pas leur expliquer que cette œuvre est artistique. Je n’ai pas de mot. »
d) Hors-la-loi-pour les habitants « Je dois demander une autorisation à la mairie pour repeindre mes volets(-500m de l’église) et on badigeonne les murs de carcassonne de cercles jaunes qui ne ressemblent à rien! » Daniele – Montpellier – Le 15/04/2018 à 14:53:10 OU « les lois internationales, y compris celles de la guerre de porter atteinte à la façade d’un édifice classé. ». Ou enfin : « Il est Inadmissible que des individus s’approprient un lieu qui appartient à tous »
e)L’argent public mal utilisé « devrait servir aux plus démunis en cette période difficile pour certains citoyens ».Ou « Pour cette soi-disant œuvre d’art , on a trouvé l’argent. Mais pour l’entretien de la CITE , il n’y a pas d’argent.’ Et « Cet argent ne serait-il pas mieux utilisé pour préserver certains monuments ? »

III- CONCLUSION ET SOLUTIONS
Il existe une vraie diversité de commandes d’oeuvres d’art dans l’espace public : celles de l’Etat mais aussi celles des communes ou autres collectivités territoriales peuvent en effet varier, ne serait-ce que par le « collège » qui proposera des noms d’artistes, le mode de financement de ces artistes ou les actes de propriété des oeuvres à établir. Dans le cas de Carcassonne, la commande a été faite a dans le cadre d’un festival, IN SITU Patrimoine et art contemporain, manifestation estivale portée pour la sixième année par l’association Le Passe Muraille. Cette association a pour mission, dit-elle sur son site, d’ « établir un dialogue entre l’architecture patrimoniale et l’art contemporain ». Les installations, souvent spectaculaires, sont éphémères et « adaptées à l’esprit des lieux » et  » Le commissariat artistique est confié à Marie-Caroline Allaire-Matte ». Rien n’est dit, cependant, sur l’associaltion des habitants au projets, bien avant le choix d’un artiste ou l’installation de son-ses  œuvre-s. Alors qu’à notre avis la  médiation culturelle pourrait  commencer dès la conception des projets, et pas seulement pendant et après leur réalisation. Voilà popurquoi nous avons mis plusierus références sur les modes d’élaboration de politiques plus démocratiques, mises en « communs », celles du Design des politiques publiques, dans notre « Pour en savoir plus ». .

Et vous, mes amis lecteurs, que pensez-vous de ces « crises et destructions » de l’art contemporain par les habitants non préparés ? Pensez-vous, comme moi, qu’il serait urgent de revoir nos « processus », d’y associer les habitants, et qu’un peu de pédagogie, bien en amont, pourrait être le début d’un dialogue, d’une participation active, d’engagement, toutes qualités du Design de nouvelles politiques culturelles publiques? Les bibliothèques sont sur cette voie, pourquoi pas l’art contemporain ?  (Notre photo : une association de défenseurs de l’oeuvre de Varini, « Art Majeur »,  propose de s’inspirer des créations de l’artiste. Amusant!).

POUR EN SAVOIR PLUS
1) Le site des Remparts de Carcassonne (Histoire, histoire de l’art…) , Centre des monuments nationaux. http://www.remparts-carcassonne.fr/
2) QU’EST-CE QUE LE DESIGN DE POLITIQUES PUBLIQUES ? Publié le 09/10/2017 Stéphane VINCENT Délégué général de La 27e Région
Le design des politiques publiques, une mode appelée à durer The Conversation, 30 mai 2016, – Elvire Bornand, Université de Nantes et Olivier Ryckewaert. Ancien concepteur de la démarche Pays de la Loire 2040 et responsable du « laboratoire des mutations », il est actuellement directeur de la Plate-forme Régionale d’Innovation PRI Design Pays de la Loire.
Le design au service des politiques publiques 02/05/2016 | par Jean-Christophe Poirot
/ Objectif : améliorer la performance des services publics rendus à l’usager 6 Dans cet article , les explications d’un pionnier de la démarche en France, Stéphane Vincent, délégué général de la 27e Région.
– Design des politiques publiques : / Construire des espaces communs et du tangible ;Penser le cycle de vie des politiques publiques, etc…
– Design des politiques publiques : revisiter les usages des Bibliothèques par  l’innovation (co-construction) 
VOIR LE REPORTAGEavec les acteurs du projet de Velice Varini, sur  France3, ci dessous, et si son lien disparaissait : ici
Avec : Nicolas Patrix, cordiste dans l’équipe de Felice Varini ; Juliette Trouis, étudiante en classe préparatoire aux Beaux-Arts ; Amancio Requena, responsable du service culturel de la Cité de Carcassonne ; Felice Varini, artiste – France 3 Occitanie – Reportage : Alexandre Grellier et Frédéric Guibal
Par Fabrice Dubault- Publié le 24/04/2018 à 18:29 – Mis à jour le 25/04/2018 à 12:39

 


Ken événementiel

KEN LE TOURISTE PARFAIT  avait adoré Barack Obama et, comment dire, il avait un peu de mal avec Donald et ses amis. La forte compétition USA/Europe n’était pas non plus trop sa tasse de thé. Mais à quoi passait-il tout son temps, allez-vous me demander? A revoir Barack quand il avait cinq minutes entre ses Voyages, avec douze avions par semaine, mais aussi sept Palaces et une bonne douzaine de réunions d’Affaires, et une priorité : l’Asie! Mais, avant B, il y avait une autre B, sa B- – – – – e Chérie! La première ou le premier qui remplit les pointillés a gagné un baiser de Ken!

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