A l’occasion de ses 10 ans de ré-ouverture, le Muséum de Toulouse lance une Visite Mobile innovante et extrêmement séduisante! Et c’est Maud Dahlem, Chargée de projets multimédia au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, qui nous la présente que je remercie mille fois d’avoir écrit ce précieux billet!
Enfin vous savez que je ne suis pas fan d’outils, de gadgets numériques, mais ce musée mobile est bien différent :gratuite, sans téléchargement et sans abonnement internet,voici une offre de visite en toute simplicité et qui ne vous prendra pas la tête pour vous délivrer ses histoires.Prise en main facile! Une attention toute particulière a été donnée aux scénarios : l’un propose plus de 60 objets documentés géolocalisés à consulter selon ses envies et sa curiosité, le second répond aux visiteurs plus classiques qui souhaitent être guidés d’un point A à un point B. Une belle pluralité de médias (interviews filmées, images d’archives, textes, audios, images interactives) contribue à rendre le contenu attrayant.
I – UNE VISITE MOBILE, POUR QUI?
Le Muséum de Toulouse accueille 300 000 visiteurs par an. Ses publics sont principalement des familles de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, séduits par les expositions et par les nombreuses offres qui leur sont dédiées. Quant aux publics adultes individuels, ils sont en forte demande d’en savoir plus sur les objets exposés et sur les notions abordées, notamment dans l’exposition permanente et les Jardins.
Fort ce constat, le Muséum de Toulouse cible en premier lieu :
– les adultes et jeunes adultes
– les touristes étrangers (l’exposition permanente in-situ est uniquement en français) avec des traductions anglaises et espagnoles.
– les visiteurs sourds et malentendants en proposant des traductions filmées en langue des signes.
1- Rendre accessible des ressources
Pour le Muséum de Toulouse, c’est une opportunité intéressante de donner à voir une sélection d’images fixes et animées de la photothèque et de la documentation. Les images sont contextualisées.
C’est aussi une tribune de partage de connaissances où les chargés des Collection et les médiateurs apportent des éclairages sur les objets exposés, sur des connaissances actuelles et sur des notions complexes.
2- Quel équipement technique choisir ?
Pour répondre à cette question, nous nous sommes penchés sur les usages. Les applications natives continuent de se multiplier et pourtant elles sont très peu téléchargées. La curiosité de tester un app a été rattrapé par les contraintes : besoin d’une connexion internet fluide, temps de téléchargement non négligeable, espace mémoire nécessaire sur le mobile. Il s’agissait donc d’offrir à nos visiteurs un enrichissement à la visite sans frein à la prise en main.
Deux possibilités s’offraient donc à nous : celle d’équiper largement le Muséum de tablettes (ou de smartphones) ou celle de s’appuyer sur le mobile du visiteur. La première solution coûteuse et exigeante en logistique a vite été écartée. Quant à la seconde qui contribue à l’autonomie du visiteur et à sa liberté de visite a reçu notre préférence.
Côté administration du back-office, nous voulions une autonomie complète pour alimenter la visite au fil du temps et ajuster les contenus selon les retours de nos visiteurs.
Nous nous sommes donc tournés sur une solution webapp reposant sur un équipement hardware installé in-situ dans les expositions.
II – QUELLE EXPÉRIENCE A VIVRE ?
En France, ce sont principalement les musées d’art qui sont équipés de visite mobile ou d’audioguide. Au muséum, les visiteurs n’ont donc pas le réflexe de chercher un accompagnement à la visite. Certains sont même réticents à utiliser des écrans dans un lieu d’exposition, voir rebelles en choisissant de ne pas s’équiper de smartphone.
Il s’agissait donc de proposer un scénario qui n’enferme pas le visiteur dans l’outil, qu’il ait la possibilité de le consulter, de le laisser de côté et de jongler entre les deux selon ses envies. Nous avons construit l’offre « JE PICORE ce qui m’intéresse » avec 60 objets documentés et géolocalisés afin que le visiteur ne soit pas contraint dans un parcours linéaire, mais qu’il puisse consulter uniquement l’information qu’il recherche. Pour chacun d’eux, les informations sont illustrées et fractionnées abordant différents angles. Une attention particulière a aussi été apportée dans la formalisation des contenus pour favoriser l’aller-retour du regard du visiteur entre son appareil et les objets physiques.
Légende : Une salle est dédiée aux collections ethnographiques. Cet équipement des îles Kiribati attire particulièrement les visiteurs. A l’occasion de la réalisation de la Visite Mobile, l’équipe collection a mené des recherches qu’elle partage maintenant en images avec les visiteurs. En français, en anglais et en espagnol !
Légende : Le mur des 75 squelettes a été reconstitué en haut définition. Les visiteurs peuvent déambuler tout le long tout en interrogeant les squelettes du doigt pour faire apparaître leur nom vernaculaire et scientifique.
Malgré tout, un scénario plus classique a été mis en place pour les nostalgiques des audioguides qui souhaitent être pris en main et se laisser guider. Le premier parcours guidé réalisé concerne l’exposition permanente. Il permet d’appréhender le fil rouge de l’exposition et de pointer succinctement sur un ou deux objets phares dans chacun des espaces.
Comment le visiteur accède-t-il à l’offre ?
Les visiteurs connectent leur smartphone sur le réseau WIFI Visite Museum Mobile déployé spécifiquement. Le navigateur web s’ouvre dynamiquement et affiche la page d’accueil de la Visite. Et c’est parti…
Pour être géolocalisé, le visiteur aura accepté de l’être. Avec l’option « JE PICORE », sa navigation peut prendre plusieurs formes selon ses affinités ou les circonstances.
Légende : la géolocalisation offre trois possibilités aux visiteurs. 1/ « Me localiser » sur le plan à 3 étages. 2/ « à proximité » alerte sur les stations renseignées proches de là où se trouve le visiteur. 3/ localiser l’objet que l’on est entrain de consulter.
III- COMMENT S’ EST ORGANISÉ LE TRAVAIL?
- La volonté du Muséum était de travailler en transversal et d’engager les équipes sur un projet commun d’établissement.
Les productions des contenus, des interviews filmées,des prises de sons ou de vue sont des réalisations internes (seules les traductions et la voix du parcours de l’expo permanente ont fait l’objet d’une prestation extérieur).
Ce sont les médiateurs et les responsables des collections qui ont recherché les objets emblématiques, ceux qui interrogent les visiteurs, ceux qui sont documentés, ceux qui sont porteurs d’informations clés. Pour certains objets, ils ont aussi été interviewés et filmés pour dynamiser leur propos. La médiation a initié ou rédigé les textes et donné des intentions d’illustration. La documentation et la photothèque ont été fournisseurs d’images. Pour l’installation hardware in-situ, l’équipe logistique a préparé le terrain ainsi que la programmation de la vingtaine d’IPAD prévue pour le prêt. L’accueil a planché sur les formalités du prêt et la communication face publics. Le web et la communication ont participé à la diffusion de l’information. Le graphiste et le scénographe ont proposé un stickers à placer au sol et travaillent à la réalisation de totem signalétique à intégrer sur les lieux. La conception, les prises de sons, de vues fixes et animées, ainsi que les montages vidéos, et le suivi de réalisation par la société Livdéo sont effectués par la chef de projet multimédia. - Quel a été le planning de réalisation ?
L’appel d’offre a été lancé fin 2016. C’est la Livdéo qui a été retenue avec sa solution GEED, une start-up très active en constante recherche et développement. Elle propose une base logiciel et ses modules complémentaires. Les scénarios sont construits sur mesure selon les besoins définis par le client.
Fin de l’été 2017, nous avons mis à disposition du public une version béta nous permettant de tester le prototype et ainsi riche de ces retours, d’ajuster l’offre.
Nous continuons à améliorer la Visite Mobile : affinage de la géolocalisation, mise en place d’un questionnaire de satisfaction inclus dans le menu, proposition d’une post-visite partageable avec ses amis.
III – L’ ANNÉE 2018 SERA UNE ANNEE DE COMMUNICATION auprès des publics, d’évaluation quantitative et qualitative, et d’ajustements. Nous allons aussi étudier les partenariats possibles pour augmenter l’offre de reconstitutions d’environnements, d’animaux disparus, d’interactivité, pour donner vie à certains de nos spécimens. D’autres établissements culturels de Toulouse pourrait rejoindre cette expérience, à suivre…
Pour en savoir plus, vous pouvez contacter la chef de projet, Maud DAHLEM, qui travaille au Service des expositions du Muséum de Toulouse, à l’adresse suivante : maud.dahlem@toulouse-metropole.fr . En attendant, voilà sa photo!
Merci, Maud, et vous tous, amis lecteurs, n’hésitez jamais à diffuser ces informations, mais aussi à donner des avis, à nous proposer des idées, prendre votre plus belle plume pour nous racontez ce que vous aimez!
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KEN LE TOURISTE PARFAIT m’avait suppliée d’être placé « juste sous Maud« … Encore un amoureux pour cette petite douée, me disais-je, lorsqu’il prit la parole: »Mais depuis le temps que je pose en touriste culturel, je n’aurais pas mon mot à dire, dans ce blog? C’est quoi, tous vos co-quelque chose? « . Bon, Ken avait raison.On prônait sans cesse la participation et au premier désir exprimé, ça n’allait jamais.