Qu’est-ce qu’un musée? Un bâtiment ouvert au public, qui conserve une collection permanente dans des salles et des réserves. Ses équipes conservent, restaurent, font des recherches, des expositions temporaires et accompagnent les visiteurs (Accueil, aides à la visite et vie du musée en ligne). Enfin, à géométrie variable selon les musées, on y trouvera des espaces pour les services, culturels ou non: auditorium, ateliers pour les enfants, boutique, librairie, cafétéria, restaurant ou cafétéria…
Aujourd’hui, nous évoquerons les relations LES HABITANTS et ces MUSÉES, avec une belle expérience du Museum de Toulouse : faire participer ses habitants à la réalisation d’une exposition, la « co-créer », comme on dit aujourd’hui. Il y a quelques mois, ce musée a posé la question aux habitants : Que garderiez-vous aujourd’hui comme « objet remarquable », selon vous, pour une future « collection » du Museum? Pouvez-vous nous prêter un objet que vous possédez et, selon vous, pourquoi il pourrait prendre place dans une exposition? Exposez votre Objet et donnez-lui du sens!
Une idée généreuse, qui va donc emmener les Toulousains et habitants des alentours dans le débat promis par ce Museum. Car oui, on réfléchit aussi, dans un bon musée comme celui-ci, aux enjeux, aux objectifs, aux stratégies de l’avenir : « Outil de partage, critique des savoirs, le Muséum est une plate-forme d’information et de débats instruits dédiés à la relation Homme-Nature-Environnement à travers la thématique « Science et Conscience du vivant », dit le Museum sur son site Internet pour se présenter.
I – HABITANTS ET CULTURE, c’est banal, non?
En fait les musées, s’ils s’adressent toujours aux habitants, les sollicitent rarement de travailler avec eux et de « participer à la production d’une exposition temporaire ».
Les musées demandent surtout aux adultes de « venir voir »,de « découvrir« , « d‘augmenter leurs connaissances« , d‘assister à une conférence, un spectacle.. Et pour les plus jeunes, le musée a préparé une offre pédagogique pour qu’ils viennent apprendre, s’éduquer », avec des visites ou via des ateliers de création d’art, d’histoire ou de sciences.
– Rappelons aussi que, si les expositions affichent des thèmes totalement inconnus ( Histoire, Sciences, art) cela ne « donne pas envie » d’y aller à la grande majorité des habitants. C’est toujours à peu près la même population qui se déplace et qui est prête à renforcer et à prolonger ses connaissances:
– des adultes, dont le profil a peu évolué depuis qu’on l’étudie ( 1985 au niveau national) : leurs revenus sont plus élevés et ils sont plus diplômés que la moyenne des français. Ces publics « déjà-cultivés » sont globalement satisfaits, mais ils sont peu représentatifs, loin de là, des habitants d’une ville ou d’un territoire et de l’ensemble de la population alentour (Autres communes, Départements, Région).
– des scolaires, lycéens, emmenés par leurs enseignants et des étudiants, des chercheurs.
II- ET LE MUSÉE de DEMAIN?
Le muséum de Toulouse a eu la bonne idée d’associer tous les habitants à cette réflexion sur l’avenir du musée pour qu’ils donnent leur avis et proposent des objets pour « faire une « expo », “Imaginons le Muséum de demain”! qui prendrait place dans leur grande expo « Les Savanturiers » (Octobre 2015- Juin 2016, l’occasion des 150 ans du Muséum)
1 – L’appel aux habitants était très bien préparé! Avec une bonne communication ( Affiche, réseaux, médias…) et avec les « règles du jeu » de leur participation. A leur dispostion sur le site Internet, le musée a montré des exemples des premiers objets choisis et les critères du choix des visiteur-prêteur.(Voir l’appel aux habitants « en détail » en annexe ci-dessous, tout en bas du billet).
2- Il y a même un « Catalogue » – autre métier des musées – qui rassemble les objets ou oeuvres proposés par les habitants au fur et à mesure de leurs prêt, et des des petits entretiens conduits par les équipes du musée avec les prêteurs.
3- « Que présenteront les vitrines d’un muséum d’histoire naturelle aux prochaines générations de visiteurs ? » . Evidemment on trouve de tout dans cette collecte auprès des habitants : des objets du quotidien, des pinces à chapeaux, une pierre d’alun et même un « Rien », une « absence d’objet » proposée par un habitant. (Nos deux photos ci-dessous, extraites du Catalogue : un paquet de mouchoirs; l’épouvantail)).
En conclusion, même si les participants à cette belle opération seront majoritairement des visiteurs fidèles du Museum ou les habituels amateurs ou professionnels des sciences (Professeurs, étudiants, chercheurs…), cette première rencontre peut aussi viser, à l’avenir, d’autres habitants, plus défavorisés.
III- LES 5 QUALITÉS DE CE PROCESSUS
1- Le Musée sort de sa Tour d’ivoire, ce n’est plus lui qui propose, tout seul, (Impose?) une expo. La conduite du projet d’exposition n’est plus réalisée « du hatu vers le bas », puisque les habitants peuvent rencotnrer et discuter avec les équipes, choisir les objets et donner leurs avis,chacun apportant sa petite pierre à l’édifice et lui donnant du sens, avant sa mise en commun avec l’ouverture au public le .
2- Le musée prend connaissance de l’air du temps mais aussi de ses visiteurs et de leurs attentes, qui lui permettront de faire évoluer ses missions et son rôle social : un grand nombre d’objets proposés expriment des enjeux et les évolutions de la société (Beaucoup d’objets pour les rapports de Homme/Environnement. : mouchoirs en papier;épouvantail; bouteille d’eau en plastique…).
3- Les habitants peuvent donner un avis…et discuter entre eux! Par le choix des objets, à travers un rendez-vous ou mais aussi par l’expression des critères de leur choix, chaque habitant peut s’exprimer, et ceux qui l’ont fait volontairement commencent un dialogue avec les équipes du musée, et un dialogue d’avenir. On imagine que ce dialogue se pousuivra dès l’inauguration de l’expo et grâce à l’excellence des animatrices du web du Museum! Et qu’il évoluera vers un « dialogue entre les habitants ».
L’avenir des musées, mais aussi sans doute des monuments, Bibliothèques, Archives ou autres sites culturels, est bien là : « Passer de la Conservation à la conversation , » comme avait dit le très sage et très savant Samuel Bausson qui travaillait, il y a quelques années au…Museum de Toulouse!
4- Fidéliser les visiteurs habituels et…en gagner de nouveaux! Comme tout bon musée, le Museum dispose d’un observatoire des Visiteurs, et vous lirez comme moi avec plaisir que les résultats de cet observatoire sont commentés et donnent beaucoup de nouvelles idées au Directeur et à ses équipes!
5- Mieux comprendre le fonctionnement des musées! De celui-là mais aussi de tous les autres. Les collections des musées sont, au final,rarement représentatives d’une société. Par exemple,les collections des musées de Beaux -Arts sont le fruit de butin de guerres (Napoléon ou guerres coloniales ), de la Révolution (Collections royales…) et les sujets représentent rarement le peuple , ses habitudes, ses objets. Pour les musées de sciences,la collecte est aussi savante et représente davantage l’histoire des sciences que l’histoire humaine.Mais, comme dit sur le site du projet , « Hier, les objets étaient collectés par des missionnaires, des explorateurs, des militaires… Aujourd’hui, l’enrichissement des collections prend une toute autre forme. Il existe une déontologie sur les végétaux, sur les animaux mais aussi sur l’Homme. Il n’est plus question de ramener une momie ! »
IV- LES HABITANTS de la proximité… et les autres? .En lisant les bilans du Museum -en ligne!Bravo!- on voit que gagner des visiteurs est un pari réussi ces dernières années, et que les stratégies ont comme objectif de fidéliser les habitants de Toulouse et des alentours. Voici les évolutions de la hausse de fréquentation : entre 2011 et 2012: 6,59%; entre 2012 et 2013: 16,85%; entre 2013 et 2014: 21,09%). Les prêteurs seront donc en majorité des Toulousains, fidèles du musée ou passionnés des sujets traités au Museum . Mais le travail d’élargissement de la fréquentation aux territoires proches portera ses fruits car le Muséum a, en 2014, battu tous ses records de fréquentation, avec plus de 300 000 visiteurs!
– Deux pistes de « visiteurs potentiels » ne sont volontairement pas empruntées par ce musée :
– Les touristes? Le site Internet du Museum est accessible en en trois langues (FR, EN, Es). L’analyse des visieurs touristiques est rapide mais bien faite (Observatoire), cependant ni les stratégies ni les équipes du musée ou l’organigramme n’affichent un travail sur ce vivier de milliards de visiteurs prêts à venir ou à « supporter », de loin, ce Museum.
– Et les habitants du monde, en ligne? Si le musée craint la fameuse « surcapacité de charge » s’il accueillait beaucoup de visiteurs touristiques en plus de ses habituels visiteurs de proximité, les enjeux du musée du Futur sont, comme le démontrent chaque jour les museum du monde entier, dans un dialogue avec les habitants du monde, joignables via les usages du numérique. S’adresser à eux en ligne, par des offres immatérielles, virtuelles (Collections, mais aussi jeux, services…) augmenterait les compétences et évidemment la notoriété, l’influence du musée mais aussi celle de sa ville et de sa région. Cet avenir est-il lointain? Eh non,il existe déjà! . Museum§The Web me demandait, aujourd’hui, de lui envoyer mes histoires aant le 10 juillet prochain afin de les partager avec les habitants de Baltimore et du monde entier! ( » We want to hear your stories of the history, culture, and people of Baltimore in order to connect the city’s many voices with global and local audiences »). (Photo :Baltimore, Newsletter du 15 juin, envoi deMuseum and The Web).
CONCLUSION : cette voie « collaborative », avec une participation des habitants, est loin d’être une nouveauté car elle fut, à partir des années 60, la base du travail des Ecomusées qui incluaient la voix et la participation des habitants de l’histoire de leur territoire. Les usages numériques permettent aujourd’hui de généraliser ces pratiques mais bien peu d’établissements, y compris les écomusées ou les musées de sciences, en profitent à grande échelle, comme le fait le Muséum pour les Savanturiers. Cette voie collaborative devra , pour durer, s’appuyer sur des « organigrammes » et une gouvernance différents de celles des musées actuels. Le meilleur exemple que nous connaissons, à ce sujet, étant la gouvernance du Musée d’Art et d’Histoire de Santa-Cruz ( Californie), qui a complétement « déverticalisé » sa gouvernance. On y travaille par compétences complémentaires et en mode projets, et les recrutements en disent long sur ce que l’on attend du musée : un rôle très actif dans la ville, avec ses habitants, y compris pour en revoir l’urbanisme, le système de circulation ou l’Histoire. Le musée est devenu plate-forme de liens et de solutions!
UN PEU D’HISTOIRE! Quelques exemples d’expositions temporaires importantes faites « avec la population » : elles commencent,en France, aux Etats-Unis et en Amérique-Latine en 1972/75
– Le Musée l’Objet, l’Enfant, Musées de Marseille (1980): tous les enfants choisissent et expliquent un objet choisi dans les 6 musées de la ville, réserves comprises.
– Objets recommandés , Musée de la Poste/DMF, Paris, 1995 : quel objet vous parait le plus important à conserver aujourd’hui pour demain?
– Victoria § Albert Museum : expositions Le Mariage, 2000 (Contribution internationale à la collection du musée ; tenues de mariages en photo, puis en live ( vernissage) , puis en don!
– BBC/British Museum : Une Histoire du Monde , qui collecte en ligne l’objet « qui vous tient le plus à coeur, et pourquoi? » accompagné d’une fiche descriptive+ argumentée (2009-10) http://www.bbc.co.uk/ahistoryoftheworld/about/british-museum-objects
– Le Grenier du Siècle, Nantes, 2000 : des boites de conserve contenant les objets choisis par les habitants seront ouvertes le 1er Janvier 2110!
Et la dernière-née, en Guyane: UNE EXPOSITION COLLABORATIVE « Objets de musées, Objets partagés », fruit d’un partenariat entre le Centre Régional de Ressources Kaleda, le Musée des cultures guyanaises et le Musée Alexandre-Franconie. http://www.anlci.gouv.fr/Actualites/Culture-societe/Visitez-en-ligne-l-exposition-collaborative-Objets-du-musee-Objets-partages-realisee-en-Guyane
Cette exposition a été présentée à Saint-Laurent-du-Maroni puis à Cayenne, vous pouvez aujourd’hui la découvrir en ligne, en cliquant sur les liens ci-dessous:http://amazonian-museum-network.org/fr/objets-de-musees-objets-partages
Contact : Florence FOURY, chargée de mission régionale ANLCI GUYANE / Kaleda – kaleda-florence@orange.fr – tel : 05 94 39 04 41
ET VOUS, MES AMIS, AVEZ-VOUS EN PROJET UNE EXPOSITION COLLABORATIVE AVEC LES HABITANTS? Merci de bien vouloir partager vos expériences et projets innovants sur ce petit blog!
POUR EN SAVOIR PLUS !
– Le Muséum de Toulouse se définit comme » un musée au carrefour du monde des sciences, de la culture, de la pédagogie, des enjeux et des questions de société ».
-Voir le site du musée pour les différents contacts et surtout ses réseaux sociaux où vous suivrez, au jour le jour, ce qui se passe au Muséum! Annabel, Valérie, Elisa, Julia, Patrice vous attendent sur les réseaux sociaux : Tumblr, Twitter, Flickr, Facebook, Scoop.it, Babelio, Netvibes, Delic.io.us, Instagram, Flipboard et Pinterest, et Annabel Saint Paul (Mairie de Toulouse) assure la coordination.
Et faites-lui une petite visite au Musée, si vous passez à Toulouse! 35 allée Jules Guesde- 31000 Toulouse- Téléphone 05 67 73 84 84.
– Catalogue des objets connectés et les fiches renseignées par les visiteurs : boite de tubes à essai ; trois morceaux de pyrite et de lave avec incrustation de souffre; des chaussons de danse bien usés; peluche; doudou; réplique d’un livre de prière; marteau d’orpailleur, trousseau de clef ,bouteille de Cristalline, guitare…C’est ICI et le Catalogue est là .
– Profil des visiteurs du Museum de Toulouse, sur son Observatoire , ICI.
– Questionnaire d’évaluation de la visite, pour les classes! Ici, et ici! ANNEXE : des détails du processus (Textes figurant sur le site Internet du Museum)
I – POURQUOI CETTE EXPOSITION? #MUSEUMDEMAIN #MUSEEDEBOUT #MUSEOMIX #LESCOMMUNS #MEMOIRE
– -Qu’est ce qu’un museum, qu’expose-t-on ? Et le musée de demain, ce sera quoi?
– Avec l’arrivée du numérique, la possibilité d’acquérir du patrimoine immatériel (ex : vidéo de rites) ouvre de nouvelles opportunités : enrichir la documentation d’un objet et proposer de nouvelles expériences.
– De passionnantes discussions ont lieu au sein de la communauté des musées sur « qu’est ce qu’un musée de demain ? ». La question est ouverte et vous concerne tout autant car il s’agit bien là de passer le relais à vos petits-petits-enfants !
I- PROPOSEZ VOTRE OBJET!
Vous pouvez participer à ces échanges avec le Muséum et avec le public en proposant votre objet renseigné de son étiquette. Votre objet sera exposé dans la vitrine évolutive et collaborative “Imaginons le Muséum de demain” de l’exposition temporaire LES SAVANTURIERS.
II- CONSULTEZ LE CATALOGUE NUMÉRIQUE DES OBJETS PROPOSÉS qui évolue au fil des prêts (Voir ici!).
III- FAITES VOTRE PROPOSITION en ligne, c’est pratique vous choisissez votre horaire et vos objets sans contrainte !
– De quoi s’agit-il ? D’une invitation collective à réaliser la vitrine « Imaginons le Muséum de demain » de l’exposition temporaire actuelle Les Savanturiers !
– Comment ? En postant la photographie de l’objet de votre choix et en y ajoutant l’histoire qu’il racontera à nos futurs enfants et petits-enfants
– Vous pouvez participer directement sur le blog dédié (pas d’inscription nécessaire) ou depuis votre réseau social préféré avec #museumdemain :. Votre contribution sera diffusée dans la vitrine près des objets physiques apportés par les visiteurs.
– Pour plus d’informations (idées d’objets, de témoignages déjà apportés…. ), rendez-vous ICI!
TOUTES LES PHOTOS DU BILLET viennent du site ou des réseaux sociaux du Muséum, sauf mes photos personnelles des vues de l’intérieur du musée et de la Boutique d’accueil, prises à l’automne dernier.
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KEN LE TOURISTE PARFAIT était tout à fait d’accord pour participer à une exposition avec les Habitants! Il apporterait un lot de billets d’avions, de réservations d’hôtels, de notes de restaurants et de bars qui tous, témoigneraient de son magnifique job de « Touriste Parfait ». Voyager, faire des Affaires, laisser des retombées économiques, voilà quel était son ordinaire quand il faisait le tour du monde, en moins d’une semaine….Son ex, Barbie Chérie, avait seulement prévenu : « D’accord, Ken, pour ce travail collaboratif, mais à une condition : qu’il n’y ait pas… d’Habitantes! «