Coachella, un Festival innovant aux USA

Burning Man 2007 Pete SlinglandPour améliorer l’offre culturelle, rien de mieux que d’observer ce qui émerge dans le monde, comme de nouvelles tendances et de nouveaux comportements. Aujourd’hui, nous vous proposons de faire un petit tour aux USA. Car de « nouveaux formats d’événements », comme celui du Festival de Coachella, en Californie, ou celui de Burning Man , au Nevada,   revisitent le « cloisonnement » des offres tel que nous le connaissons en Europe.
En effet, si Coachella, Festival de musiques actuelles, est régulièrement désigné comme le meilleur au monde depuis 10 ans par le magazine Rolling Stone, c’est qu’il se réinvente à chaque édition. Pour la musique, tout d’abord, car  il est très vite devenu  l’un des meilleurs événements des musiques électroniques. On y trouve aussi du rock alternatif, hip-hop et autres musiques du monde (Tomorrowland, l’Ultra ou l’EDC3). Les artistes s’y produisent sur huit scènes différentes : Coachella Stage, Outdoor Theatre, Gobi Tent, Mojave Tent, Sahara Tent et Yuma Tent.

  • Pourtant, cette année, les conférences de Presse sur le programme ont surtout porté sur….l’apport de l’art contemporain lors de Coachella 2016, qui ouvre aujourd’hui.
    PROFESSIONNALISER : Coachella a toujours eu une ambition de croiser la musique avec l’art, mais jusqu’à cette année, l’art était plutôt « art amateur » ou « art-entertainement », avec ces grosses formes gonflables que l’on voit aussi dans nos carnavals ou fêtes organisées par les offices de tourisme.
    En 2016 Coachella fait mieux, en professionnalisant ses propositions d’installation d’art contemporain. Le groupe de sa production, Goldenvoice, a recruté un directeur-commissaire spécialisé en art afin de nous présenter ce qu’il y a de meilleur en terme d’art « monumental » dans le monde.
    Par ailleurs, toujours aux Etats-Unis, nous observons que cette « mixité » des arts contaminent les formats habituels. A Miami, la dernière Biennale d’art a invité des cinéastes, des écrivains ou des acteurs de cinéma, des artistes de BD ou de dessins animés, d’art numérique, etc…L’ « entre-soi du milieu de l’art contemporain » s’est élargi à d’autres horizons.
  • DÉCLOISONNER! En France, le « cloisonnement culturel » continue. Pour les grands événements de ce printemps et de l’été prochain, nous avons un choix par thématiques  : Cinéma à Cannes, Théâtre à Avignon, Chanson à Bourges, Jazz à Vienne, Antibes ou Marsiac, etc… Avec des spectateurs « fans » et des journalistes spécialisés par thématique.Soit une offre « sur mesure » pour les baby-boomers qui lisent Télérama, mais qui ne rend pas compte de la pluralité des arts et qui, à force d‘excellence, d’exigence, de prises de risque,  comme disent les artistes, ne parlent pas à tout le monde, loin s’en faut. Une offre hiérarchisée, presque « académique », qui ne reflète en rien les pratiques actuelles (Co-création; participation;choix libres…).
    LES ÉVÉNEMENTS à la fois mixtes,  de qualité et « grand public »  sont-ils réservés à certaines villes (Nantes, Lille, Lyon)? Oui! Et de façon très volontaire, car ces trois villes ont carrément « théorisé » le fait qu’une culture ouverte, polymorphe, décloisonnée, correspondait aux demandes plus transversales des plus jeunes. Cessons d’ « enfermer » la culture, nous disent ces villes. Ce sont apr exemple la Fête des Lumières à Lyon, le Voyage à Nantes ou Lille 3000, dont les programmes multi-facettes sont vraiment très séduisants. Ce sont aussi ces « parcours » de la Seine-Saint-Denis, qui jonglent avec la grande diversité de l’offre locale et la mettent en valeur.
  • Ces villes-événements produisent cet étonnement dont les plus jeunes ont besoin et qui disparait de nos grands évènements culturels tant ils sont « convenus », au sens où il se renouvellent peu. Mais faisons attention à cette absence de renouvellement : la dernière étude parue sur les comportements des moins de trente ans nous apprend que ces « Millenium » préfèrent leur Instagram à une visite dans les musées... Et l’âge moyen des spectateurs de Jazz à Juan-les-Pins était celui d’une maison de retraite géante.

 Coachella, ses 150 000 visiteurs sur deux week-ends, et ses petites folies! Même si nos goûts, en Europe, sont assez différents de ceux des Etats-Unis, adeptes du « mainstream », il n’en reste pas moins que cet « effort » de décloisonner Coachella, d’y installer des Lab, des oeuvres d’art, des espaces de réflexion pour développer une réelle transversalité « art et numérique » n’a pas d’équivalent de cette envergure en Europe et en France. « Entreprendre dans la culture » est encore à l’état de projet et le véritable déploiement inter-culturel et numérique bénéficie de trop maigres récompenses (20 000 euros pour l’IFCIC, une misère….). De plus,  il faut aujourd’hui   « candidater » à l’un de ces concours à répétition qui sont aussi épuisants que la course à l’échalotte.
coachella-pharrell-1024x684EN CONCLUSION :

1- Dépasser les petites cases des organigrammes: « Patrimoine/musées/arts vivants/musique/danse/théâtre/cinéma/ numérique/industries culturelles«  ,  serait, à notre avis, à la fois urgent et salutaire, en France, pour permettre une nouvelle fuidité ( des compétences; des formes culturelles; des pratiques culturelles des plus jeunes).
Cette nécessaire et nouvelle « agilité » permettrait aux événements mais aussi au patrimoine plus durable (monuments ou  musées),  de reprendre du souffle, grâce aux échanges ou  partages avec la fin des frontières.(Notre photo : Coachella, Colin Pharrell)

2- Réconcilier « qualité » et « tourisme » serait le deuxième progrès, tant les organismes de tourisme sont pauvres en professionnels et conseillers culturels et nous offrent régulièrement des trucs soit-disant populaires mais souvent très médiocres et de faible qualité (merci pour le peuple!). Nos événements culturels, l’été, sont souvent « coupés » en deux groupes : ceux de la culture, à l’accès difficile, et ceux du tourisme, pas assez professionnels.

3- Les Data : Etats-Unis ouvrent enfin le chemin, que nous taisons, je ne sais pourquoi, du lien entre les Datas et les événements culturels (Voir ci-dessous la mise en perspective des datas dans le sponsoring).
Situation de CoachellaI- COACHELLA
fondé en 1999 par Paul Tollett , dans le désert, le Coachella Valley Music and Arts Festival commence le 5 avril et aura lieu ce week end et le suivant. Comme d’habitude, le programme de musiques est épatant, avec… la française Christine and the Queens!

Paul Clemente, le Directeur, a déclaré qu’ aujourd’hui, les visiteurs attendaient quelque chose de plus grand, plus ambitieux, en matière d’art, et il parti en repérage pour trouver des oeuvres fortes à la Biennale de Venise ( Katrina Neiburga et Andris Eglitis), à celle de la Havane (Alexandre Arrechea) et à Art Basel Miami,  explique-t-il dans ses interviews.

II- COACHELLA VALLEY MUSIC § ARTS FESTIVAL?  petite vidéo d’ambiance  (2 minutes) :

Photo Wikimedia CommonsIII – COACHELLA DEUX OU TROIS CHOSES INTÉRESSANTES:

– 1- Aux Etats-Unis, les journaux ne font pas seulement la promotion des spectacles présentés, mais renseignent sur les coûts, la fréquentation ou et les retombées économiques et sociales des événements culturels. Ces informations sont  beaucoup plus discrètes en Europe et en France, où les questions d’argent, pourtant vitales, ne sont que rarement évoquées. Par exemple, quand un événement ferme ou quand une subvention baisse – ce qui est souvent le cas, hélas, en ce moment, dans notre pays…- il est toujours difficile de savoir comment l’événement vivait, si cette baisse met en danger et comment, le festival. On signe donc les pétitions les yeux fermés, en toute ignorance des causes et conséquences.
-2-  Le Festival comme remède « anti-krach immobilier »? Oui, car Coachella a porté secours, ces dernières années, aux graves problèmes financiers d’Indio, sa ville hôte. Indio a un budget annuel de 49 M $, le festival lui en a rapporté 500 000 $ par an  grâce à un poucentage sur chaque billet vendu, et cela par contrat conclu jusqu’en… 2030!
– Une nouvelle édition de Coachella aura lieu à New-York cet été, dès juillet prochain (Du 22 au 24 Juillet au Randall’s Island Park). Au programme : Musiques, Installations artistiques, Innovation numérique et Gastronomie.
-3- Fréquentation et retombées économiques locales :Festival le plus rentable des Etats-Unis, d’après le Huffignton PostCoachella a aujourd’hui des retombées d’environ 50M$ pour les deux week-ends (17M$ en 2007). L’affluence est forte ( 579 000 personnes dont 150 000 pour les concerts en 2014) et les tickets rapportent : $224 to $269 par personne pour un week-end. Des « forfaits VIP comprennant des parking et les meilleures places se vendent 1449.50$ pour deux personnes. Le Billboard Boxscore, qui estime aux Etas-Unis les événements,  juge du succès au temps écoulé pour vendre les billets (158,000 tickets in 20 minutes pour Coacella en 2013) et communique ces chiffres  aux investissseurs pour qu’ils ré-investissent au plus vite, si les scores sont bons,  pour l’année suivante.

safari_2012_011– 4- LE SPONSORING des événements culturels : voilà ma dernière nouvelle, lue dans un Rapport (IEG) qui annonçait dès 2014 de fortes mutations de l’Evénementiel aux Etats-Unis avec l’utilisation des big data.
D’après le Rapport, 1.34 milliard de dollars ont  été injectés dans l’ensemble des festivals de musique en 2014 aux USA, mais les Big Data vont consolidier ou déplacer certaines actions du Sponsoring. (The Economics of Music Festivals- Jun 13, 2015).L’agence FRUKT, dédiée au sponsoring culturel, confirme aussi l’apport de 447 marques qui ont aidé 300 festivals en 2013, Coca-Cola arrivant en tête avec 27% des marques sous son sponsoring.
Le rôle croissant des big Data dans le parrainage :
« Les détenteurs de droits capables d’organiser et de relier les données peuvent aller bien au- delà du simple fait de vous dire qu’ ils ont en moyenne 20 millions d’ adeptes de Twitter, trois millions de visiteurs unique sur leur site Internet  par mois ou 19.000 membres inscrits. Ils peuvent vous dire qui sont ces personnes :  ce qu’ils font, où ils vivent, ce qu’ils achètent, et plus encore. » Donc le tri et l’analyse des « données-visiteurs » ont aujourd’hui une immense valeur car ils permettent aux sponsors de joinde des clients potentiels. Voilà ce qui interessera de plus en plus les sponsors et conditionnera leur choix, qu’on le déplore, ou non.(Voir l’article complet, ICI).

Burning Man

Burning Man

POUR EN SAVOIR PLUS
– Artnet, cette semaine, dans sa Newsletter Annonce des nouveaux projets de Coachella en 2016.
– Retombées économiques de Coachella, ICI.
Sept clés du succès numérique pour les détenteurs de droits liés à des événements culturels 

LES CONCURRENTS DE COACHELLA et quelques chiffres:  Burning Man, le Festival « Anti-Capitaliste » génère 25M$ de recettes (Voir les dix prinicpes du Festival ci-dessous). Celui de Bonnaroo (Manchester, Tennessee) vend aussi ses places à toute vitesse et à peu près au même prix que Coachella ( 269$ par personne et un package VIP à 1449.5 $).En 2015, de nouveaux Festivals ont fait leur appartion (Rock in Rio USA à Las Vegas; Kaaboo in San Diego et Eaux Claires Music & Arts Festivaldans le Wisconsin), qui s’ajouteront à la centaine de Festivals américains dont les plus « connus » sont : Chicago’s Lollapalooza,Hopscotch Festival in Raleigh, N.C Electric Zoo, Electric Daisy Carnival, Hangout Fest, Firefly, Electric Forest, Tomorrowland, Governor’s Ball, Austin City Limits, Riotfest.

ET, pour finir en beauté,  LES DIX COMMANDEMENTS DE BURNING MAN, FESTIVAL « ALTERNATIF »!

Principes de Burning Man

PHOTOS Coachella : Photo Robot Poetics Kinetics, Escape Velocity (2015).Courtesy of Coachella.PHOTOS Burning Man – Le dragon de camion Photo Credit Pete Slingland, 2007- Big Rig Jig by Mike Ross and crew- The Giant Roving Head, an art car by Dale Huntsman Credit Ron Lussier

Affiche de Coachella

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Voiture BugattiKEN LE TOURISTE PARFAIT « Alors, es-tu prête, Barbie Chérie?« , demanda Ken, du haut du balcon de la chambre, à son ex qui nageait dans leur piscine de L.A. Après une dure semaine de rendez-vous d’Affaires, de jets privés et de Palaces, de taxis chinois  ou de  Bugatti à Milano,  notre « Touriste parfait » fut refroidi par la réponse « Mais Ken, tu sais bien que je déteste Coachella ou Burning Man! Ces trucs dans les déserts, ça met du sable dans toutes mes articulations pendant des semaines et après, bonjour pour m’en débarasser!« . Photo : Ken et sa dernière Bugatti milanaise.

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  1. […] vous fera de la publicité » en guise de rémunération est une phrase inconnue, pour ce festival. VOIR notre billet sur le blog.  Ex-aequo avec le travail de l’artiste El Seed au Caire :  VOIR notre billet sur le […]

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