Chaque début d’année nous avons l’habitude, en France, de voir fleurir des bonnes idées ou de bonnes résolutions pour refaire le monde. Des Rapports ou des ouvrages tracent un « état des lieux »,toujours intéressant pour bien comprendre le « back office » quand on travaille entre partenaires, car ils soulignent les freins et proposent des solutions pour améliorer cet état des lieux. Cette semaine, nous avons choisi le tout récent Livre Blanc du Tourisme (27 janvier dernier) et, pour la Culture, un petit livre plein d’énergie, magistral, étonnant, celui de Jean-Michel Tobelem, « La Culture pour tous », ouvrage auquel nous avons eu la joie, d’ailleurs, de participer. Avec un appel révolutionnaire, celui fait aux Directeurs généraux des Services, dans la So Hype « Gazette des Communes », la semaine dernière, par Jean-Michel Tobelem qui, hélas, ne sera pas ministre de la Culture aujourd’hui, à ce que nous entendons…Pour la prochaine fois?🙂
A- LE LIVRE BLANC DU TOURISME EN FRANCE
Ce Livre Blanc, rédigé par des professionnels du secteur, Alliance 46.2 fait le point sur les chiffres-clés qui devraient nous alerter et propose les réformes à engager pour que le Tourisme français, qui ne va pas bien, retrouve des couleurs. Notre Tourisme souffre par rapport à ses concurrents directs (Espagne ou Allemagne) d’une part, mais mais aussi face à la création de nouvelles régions touristiques le monde entier.
I- Résumé et plan de l’ouvrage : l’ absence de stratégie nationale et d’une promotion efficace au niveau national arrivent, à juste titre, selon nous, en toute priorité du Livre Blanc. Puis diffférents chapitres traitent des « serpents de mer », si j’ose dire, que sont la complexité des règles d’urbanisme;les freins à l’accueil des Congrès et grands événements ou encore l’encadrement des pratiques collaboratives qui concurrencent l’Hébergement ou les transports traditionnels (Hôtellerie et Taxis). Un chapitre est aussi consacré à l’amélioration de l’Accueil et, après les événements de Novembre, à celui de la Sécurité. http://parisweloveyou.fr/
Pour l’Emploi,on retrouve les dispositions récentes des zones de tourisme international et de l’ouverture du dimanche et leur impact sur les employés, ainsi qu’une solution pour le recrutement des saisonniers grâce à une plate-forme digitale où s’inscrirait leur parcours.
II- Quelques chiffres-clés et tendances de fond à connaître et qui pourraient vous être utiles :
– Croissance du Tourisme mondial : le volume du tourisme international a été multiplié par 45 en 65 ans, et qu’il a plus que doublé ces 20 dernières années.En 1950, seulement 25 millions de touristes
avaient déjà franchi une frontière. Ils étaient 507 millions en 1994 et… 1,135 milliard en 2014!
– Contribution du tourisme à l’économie mondiale : 9 %, soit un emploi sur onze, 5 % de
l’investissement mondial et 6 % du commerce international et 30 % des exportations de services.En France, l’emploi est relativement « émietté », avec 200 000 entreprises en France, dont 92 %
comptent moins de 10 salariés.
Les grandes tendances de fond qui se pousuivent :
– 1- Croissance et diversification des destinations touristiques dans le monde : en 1950, les dix premières destinations mondiales captaient 88 % des touristes internationaux ; elles n’en attiraient plus que 60 % en 1980, et ce chiffre est de 44 % de nos jours.
– 2- Nouvelles clientèles, nouveaux visiteurs : Les Européens de l’Ouest ont longtemps été, avec
les Américains et les Japonais, les grands voyageurs du monde. Sous la triple poussée de la croissance d’économies émergentes, de la baisse du prix relatif des transports aériens et de l’ouverture au tourisme de la Chine et des pays de l’ex-URSS, des clientèles nouvelles se sont formées.Ainsi, en 1990, la Chine constituait le 7e marché émetteur mondial et, avec 10,3 milliards de dollars, représentait moins de 4 % de la dépense mondiale des touristes. Une vingtaine d’années plus tard, les touristes chinois sont devenus les premiers touristes internationaux et, avec 165 milliards de dollars dépensés en 2014, comptent pour 13 % de la dépense mondiale.
– 3- La troisième grande tendance à l’oeuvre s’inscrit dans la diversification des activités pratiquées par les touristes :
• tourisme culturel ;
• tourisme d’activités physiques et sportives ;
• tourisme de découverte et de nature ;
• tourisme de shopping ;
• tourisme religieux ;
• tourisme de plage et de croisières ;
• tourisme de bien-être et de santé ;
• tourisme de jeux et de divertissement ;
• enfin, tourisme d’affaires.
Ces larges catégories abritent aujourd’hui plus de 300 types d’activités offertes aux touristes, avec en toile de fond un accélération des investissements, dont le niveau a été évalué à 760 milliards de dollars en 2012.
4- Autre grande évolution: la numérisation massive du tourisme, devenu le premier pourvoyeur de ventes en ligne.
III- Et voici le Rapport! , en conclusion, avec le portrait d’ d’Alliance 46, composé des entreprises suivantes : Accor • Aéroports de Paris • APST • BNP Paribas • Caisse des Dépôts et Consignations • Cityvision • Club Méditerranée • Compagnie des Alpes • Elior • Euro Disney Galeries Lafayette • GL Events • Groupe Flo • Kering • Lagardère Services • Groupe Lucien Barrière • Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs • SNCF • Viparis • Homair Vacances • Yelloh ! Village. Stratégie à paraître sur les quatre thèmes Accueil ; Emploi / formation ; Promotion et Investissement
B- LA CULTURE POUR TOUS, le petit essai magistral de Jean-Michel Tobelem, fait lui aussi un état des lieux revigorant : oui, la Culture institutionnelle est bien élististe et la démocratisation des pratiques culturelles n’a pas eu lieu. Alors, faut-il poursuivre les politiques actuelles? De la même façon? L’Etat, par exemple, dépense preque 100 millions pour la « démocratisation culturelle », est-ce bien raisonnable au vu des résultats? Ne faut-il pas, après l’évaluation qu’en font Jean-Michel et la vingtaine d’invités associés à sa réflexion, revoir et corriger nos directives, nos façons de penser, de faire? Quelles pistes proposer, après avoir tourné la page?
I- Le Constat :
1) -Médiateurs, guides conférenciers, personnels de l’accueil : l’auteru souligne le dévouement et l’enthousiasme des personnels « chargés des publics dans les institutions culturelles, tous des « acteurs motivés, dévoués et enthousiastes, qui déploient des efforts importants pour
partir à la conquête de nouveaux publics », mais ilconstate que leur place et leur rôles sont secondaires dans la gouvernance et la hiérarchie des institutions « où ces acteurs, les plus proches des publics, pourtant, ne disposent que d’un pouvoir réduit dans la prise de décision, d’une reconnaissance limitée de leur action de la part des responsables d’institutions et des tutelles. Alors qu’ils auraient de très bonnes idées, vu leur proximité avec les visiteurs, ils ne prennent pas part au choix des offres culturelles.L’absence de capitalisation des bonnes pratiques ajoute un peu plus d’impuissance à leur capacité de valoriser et faire évoluer leur métier.
2)- Inégalités de l’accès à la culture en France : une élite socioculturelle vénère de grands artistes au motif légitime qu’ils expriment le meilleur de la production humaine, tout en s’accommodant du constat qu’une partie notable de la population n’y a pas accès.[…] l’ensemble des citoyens contribuent par leurs impôts au financement des institutions culturelles dont cette élite profite au premier chef (mais pas
elle seule, bien évidemment).
– « La priorité des musées consiste essentiellement à équilibrer leur budget. La recherche de revenus autonomes les pousse à se concentrer plutôt sur les publics acquis qui sont prêts à payer pour fréquenter les musées, délaissant ainsi certaines catégories sociales. » Yves Bergeron, professeur de muséologie et patrimoine, université du Québec
3) Quelques chiffres :
– Equipements culturels (musées, théâtres …): les titulaires d’un diplôme de deuxième ou troisième cycle sont deux fois plus nombreux que ceux qui ont le Bac, et cinq ou six fois plus nombreux que ceux qui n’ont pas de diplôme.
– Visites des ouvriers dans les musées : entre 1 et 3 % des visiteurs, selon l’Observatoire des Publics, alors qu’ls représentent 20,6% de la population active. Le Louvre-Lens : moins de 3% des visiteurs appartiennent à cette CSP. Pour le MAC VAL de Vitry s Seine : 1% seulement.
– La Cité des sciences et de l’industrie de La Villette, Explora : 10% des visiteurs n’ont pas de diplôme supérieur ou égal au bac (70 % des Français sont dans ce cas).
– Le Centre Georges-Pompidou : la part des ouvriers représente entre 1 et 2 % (hors Bibliothèque publique d’information)
II- Des Solutions!
– Profiter des changements actuels : reconnaissons toutefois que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les techniques de l’information et de la communication d’aujourd’hui permettent à la plupart des individus vivant dans les pays développés d’accéder légalement à un réservoir inépuisable de contenus culturels via leur ordinateur, leur tablette ou leur téléphone portable.
– Revoir les partenariats actuels, l’ancrage territorial ou encore les pratiques sur le terrain au niveau de chaque établissement ou projet :
-Mieux connaître les visiteurs
– Revoir les offres culturelles ( Thèmes, présentation..), mais aussi les espaces d’accueil, de
l’information ou des services; mais aussi certains tarifs. « Entre 2000 et 2010, les tarifs de base du Louvre et de Versailles ont connu une hausse de 35,5 % au Louvre et de 113 % à Versailles. Alors que l’indice des prix n’avait crû que de 19 % et l’indice des prix des services récréatifs et culturels de 25 % ».
Avec une excellente conclusion, l’ouvrage comprend aussi une bibliographie et ces « regards de professionnels sur les inégalités culturelles qui périment d’u coup toutes les incantations de type « Continuons, nous allons bien y arriver! » . Ceux qui profitent très largement de notre système culturel ttrès inégalitaire vont faire sun grand silence sur ce livre, à mon avis. Car ils entendent conserver le système tel qu’il est! Les références permanenetes de l’establishment à André Marlraux, qui, en 1959, créa le premier ministère de la culture sont consternantes : jamais cet homme n’aurait créé un ministère en se référant à des orientations datant de plus de 50 ans!
Le Texte complet est ICI! Merci à la Fondation Jean-Jaurès!
C- LETTRE OUVERTE AUX DIRECTEURS GÉNÉRAUX DES SERVICES
Comme le texte précédent, cet appel aux dirigeants des collectivités territoriales est très réussi, très bien argumenté, et son objectif de à porter remède ce nouvel isolement de la culture par rapport aux autres politiques territoriales est à mon avis prioritaire.
Jean-Michel Tobelem apporte des réponses aux DGS sur les questions importantes :
-Comment optimiser la dépense culturelle au sein de votre stratégie de développement territorial ?
– Comment élargir les publics de la culture ?
– Comment mieux déployer ses potentialités au profit des habitants du territoire ?
– Comment créer de nouvelles ressources dans le respect du service public ?
– Quels modèles alternatifs de financement (mécénat, crowdfunding, valorisation des actifs immatériels…) ?
– Comment s’assurer que les équipements phares sont réellement structurants pour le territoire ?
– Comment renforcer les liens du secteur culturel avec celui des industries créatives ?
– Comment mieux garantir les missions quotidiennes de vos équipements culturels dans un environnement financier difficile ?
Après avoir rappelé les difficultés actuelles, l’auteur fait en conclusion des préconisations souveraines. Vous savez, celles que vous lisez en vous disant « Mais c’est tout à fait cela que les DGS pourraient faire! ».
Les voici, in extenso:
– Premier point, il convient d’intégrer pleinement la politique culturelle dans l’ensemble des axes de la politique publique territoriale, en termes éducatifs, urbanistiques, sociaux, touristiques, économiques et d’image. Il s’agit ici de « décloisonner » la culture, de mobiliser ses ressources humaines et techniques au profit des projets pédagogiques, de la cohésion sociale ou encore de l’attractivité du territoire.
– Deuxième point, il paraît utile de formaliser le projet stratégique de chacun des établissements culturels publics du territoire en s’assurant d’une part de sa pertinence ; et, d’autre part, de sa parfaite intégration dans le projet de la collectivité, en lien avec les initiatives privées (citoyennes, associatives ou entrepreneuriales).
– Troisième point, il pourra être nécessaire d’accompagner les directrices et directeurs d’équipement en termes d’assistance, de méthode et de formation pour les aider à construire leur projet stratégique, à préciser leurs choix de développement et à restructurer leurs actions, le cas échéant.
Si ces trois points sont acquis, vous pourrez alors disposer d’une vision globale du rôle des arts et de la culture dans votre territoire et de sa contribution potentielle à la mise en œuvre du projet de votre collectivité.
Et cela d’autant plus que chacun saura précisément le rôle qu’il pourra jouer dans la réalisation des objectifs de la politique publique et aura utilement la possibilité de se référer aux critères qui permettront d’évaluer régulièrement le fruit de ses efforts ; qu’il s’agisse du rayonnement artistique, de la démocratisation de l’accès à la culture, de la progression du tourisme culturel ou encore de l’amélioration de l’image de votre territoire.
Si cela est effectivement le cas, vous savez que la place de la culture sera assurément reconnue et respectée de tous.
Lire aussi, ou relire notre petit article sur ce blog pour « La démocratie participative en Espagne » , afin de vous donner l’envie de changements!
KEN LE TOURISTE PARFAIT « Vous avez encore jusqu’au 24 février 2016 à 17 h (HNE) pour soumettre votre proposition dans le cadre du programme Histoires de chez nous », annonçait le texto que Ken avait reçu, bien assis dans sa gondole vénitienne à Venise .Il fallait qu’il raconte une histoire, d’après l’annonce « Le programme s’adresse aux musées communautaires et organismes patrimoniaux. Divers établissements sont admissibles, tels que musées, galeries d’art, maisons et sites historiques, bibliothèques et archives ». Alors il hésitait : raconter son périple de « Touriste Parfait », celui qui voyage sans cesse, répand des retombées économiques par milliers, visite mille hôtels par an et jongle entre Jet Privés et Cruisers de Luxe? Yes!
Portrait dans le texte : Jean-Michel Tobelem,Professeur à l’Université Paris 1, directeur d’Option Culture. Photo © Jean-Michel Tobelem.
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