Aujourd’hui partons joyeusement pour le Mexique pour y rejoindre les artistes de rue! L’association d’artistes mexicains Germen Crew vient d’intervenir dans un quartier très déshérité de la ville de Pachuca de Soto, au nord est de la capitale de Mexico et, fait rarissime, cette « intervention » a associé étroitement le millier d’habitants du quartier de Palmitas. L’objectif de cette intervention des artistes? Diminuer la violence!
Pour rénover Palmitas, ses couleurs fanées, son ambiance délétère, toute l’énergie de la jeunesse qui y vit et l’aval de ses anciens a donc été mobilisés pendant un an .
Cet « appel à la Culture » , à ses acteurs, à ses moyens est assez courante au Mexique où les peintres « muralistes » sont reconnus et acceptent de jouer ce rôle de mettre en oeuvre, dans chaque projet, un dialogue social et un débat sur les choix artistiques.Les 452 familles, soit 1 808 personnes ont donc été sollicitées pour participer, de près ou de loin, au projet.
I- CINQ MOIS DE RÉALISATION : après le choix, proposé aux habitants, des thèmes et emplacements définitifs, les artistes sont passés à l’étape « peinture », grimpés sur des grues du village . Il a fallu réparer, reblanchir puis remettre en couleurs, avec des fresques murales sur 20 000 mètres carrés de surface des 209 maisons et de leurs abords. Le résultat, cet « arc en ciel » qui joue de la perspective, avec des couleurs fortes comme traditionnellement au Mexique.
– VOIR ICI L’AMBIANCE ET L’ARRIVÉE DES ARTISTES dans le village, qui ont réellement « joué avec le feu » au milieu des habitants.
II- – COMMENT PEINDRE UN VILLAGE ENTIER? Sur cette seconde vidéo, on admire la prouesse technique et la grande expérience des artistes de Germen Crew : choix des supports, des thèmes, puis mise en oeuvre du chantier, avec des grues, la plupart du temps. Le projet de autre projet, on voit un « ‘grand ensemble » d’immeubles complètement restauré et c’est vrai qu’il a fière allure!
Nous sommes à « Colonia Miravalle », à Guadalajara, en 2013 . Pour les plus pressés d’entre-vous, la réalisation commence à 2’50. ( Vidéo de Germen Films – Musique : « Thy Enemies » de Shabazz The Disciple (eMusic • iTunes)
III- D’ AUTRES EXEMPLES d’interventions d’artistes dans les villes:
– EN AMÉRIQUE LATINE : Buenos Aires, l’une des capitales mondiales du street art, a aussi organisé très officiellement l’intervention de « ses » artistes et compte aujourd’hui des milliers de fresques sur les maisons et les bâtiments publics. Les artistes peuvent disposer d’espaces dédiés dans les rues pour s’exprimer, comme dans la rue Tres de Febrero qui compte 400 fresques. L’inauguration et la promotion des nouvelles fresques sont des moments forts, qui attirent par la suite des milliers de visiteurs. Les équipes artistiques locales organisent alors des rencontres ou des festivals avec le soutien des élus. Certaions artistes sont invités à l’étranger (ART3, Martin Ron et Fio Silva) et les gouvernements nationaux et locaux apportent leur soutien. A Buenos Aires, Patricio di Stefano, sous-secrétaire de l’Espace public pour la ville de Buenos Aires, alloue chaque année 60.000 dollars pour encourager ces oeuvres d’art dans la ville. C’est peu, mais l’important est que le street art soit « accepté » et encouragé plutôt que maltraité comme c’est généralement le cas en France et dans d’autres pays d’ Europe.
IV- ET LE TOURISME DANS TOUT CELA? DESTINATION STREET ART!
le Street art ayant, au niveau mondial, le vent en poupe, de nombreux tours opérateurs et voyagistes ont pris ce thème comme thème principal d’un voyage et d’un séjour dans toute l’Amérique Latine. Un exemple?
Pour Buenos Aires, une douzaine de visites existent avec des itinéraires, des rencontres prévues avec les artistes et leur art, et des visites de la ville, là où ils travaillent. Trip Advisor a même donné son label d’excellence en 2015 à l’un d’entre eux, BA Street Art Tours, à voir ici, sur le site de Buenos Aires Street Art.
On connait l’appétence des touristes pour « comprendre un pays, une ville » et leurs habitants ». Cette rencontre avec le Street art est artistique, mais elle témoigne aussi de la société, de son histoire, de ses manques comme de sa créativité. La vitalité des équipes artistiques ont réussi à créer un appel d’air pour toutes les destinations urbaines, et une population de « fans » ainsi que le bouche à oreille
CONCLUSION L’objectif politique rejoint celui des artistes : lutter contre le vandalisme, inciter les habitants à se réapproprier l’espace public, améliorer le cadre de vie, apporter des images et une « vision » nouvelle de la ville ou du village.. « Car ce ne sont pas des simples dessins ou des quartiers « mis en couleurs », ce sont aussi autant de présentations, d’interprétations d’une ville vue par ses artistes.
Laissons le dernier mot à l’artiste JR, qui travaille aussi depuis 2005 à Montfermeil, comme nous l’avions vu dans un précédent billet de ce blog, et qui lui aussi est intervenu en Amérique latine, dans un quartier déshérité , Morro da Providencia, l’une des favelas les plus dangereuses de Rio de Janeiro. JR a habillé la favela d’immenses photos de visages et de regards de femmes, avec l’ identité de celles et ceux qui l’habitent . «C’est un projet fait de bric et de broc, comme la favela elle-même, commente JR. On s’est adapté à cet univers où les murs des maisons sont en plastique et les revolvers des enfants en acier. On s’est débrouillé malgré les rues en pente, les maisons chancelantes, les câbles électriques imprévisibles et les échanges de tirs qui traversent parfois plusieurs maisons.»
«Bien sûr, on ne va pas changer la favela, dit JR. La vie va reprendre très vite comme avant, comme après un meurtre ou une descente de l’armée, mais j’espère que nous avons ouvert une nouvelle perspective.» Et l’artiste conclut en citant le mot d’un adolescent du quartier : «Avec une balle, tu touches un homme, avec une photo, tu peux en toucher cent.» . A voir sur le site de JR.
POUR EN SAVOIR PLUS:
– Germen Crew sur You Tube, ICI, dont « JAMAICA REVIVE! » à la Jamaique .
– Sur Instagram et sur Facebook.
– Voir l’article de Street Art News où nous avons lu cette information.
KEN LE TOURISTE PARFAIT était une fois de plus lui-même : aux fresques que voulait absolument voir son ex, Barbie Chérie, il avait préféré une rencontre avec les banquiers de Copacabna et deux dîners avec des hommes politiques pour faire des affaires. Après sa semaine chargée de vols longs courriers sur tous les continents du monde et un nombre incalculable de palaces et de réunions pour son business, il avait cependant visité le chantier du futur MIS car il comptait bien, un jour, revenir pour le visiter.
Ken pose devant le nouveau Musée de l’Image et du Son ( Museu da Imagem e do Som MIS), oeuvre des architectes nord-américains, Diller Scofidio + Renfro.Pour en savoir plus sur le nouveaux musées de Copacabana, c’est ici!
–QUELQUES PHOTOS DU quartier rénové de Palmitas (Pachuca, Mexique).!
Avant et après
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[…] CULTURE pour tout le monde! Comme nous l’avions vu dans le billet sur le Mexique, l’« art change la ville », cette nouvelle expérience confirme l’intérêt de sortir un peu des lieux clos – […]
[…] lien avec la société, comme ce petit village de Mexique que je vous présentais en 2015 avec des fresques murales sur 20 000 mètres carrés de 209 maisons d’un village (Notre deuxième photo sous celle de l’affiche) . ! En Italie, […]