Toujours plus haut! Les signes de puissance des continents et des états n’en finissent pas de grimper au ciel.Ce samedi 20 juillet, les travaux du plus haut gratte-ciel du monde viennent de commencer, en Chine, au moment où La tour Eiffel a fait un nouvel coming out sur le web : un accord commercial entre sa société d’exploitation et Google Institute la met à nouveau en scène. A défaut de construire, il ne nous reste plus qu’à commémorer? Pas seulement, car avec cette mise en ligne de son histoire, de sa construction, Google met sa grosse machine (Street View; Google Art Project..) en marche pour que des milliards d’internautes du monde entier profitent de la Tour Eiffel, en connaissent l’origine et profitent de sa vue! Car les gratte-ciel ainsi que tous les belvédères naturels ou construits sont aussi le meilleur endroit pour découvrir une ville, lire son tracé et son histoire et découvrir ses limites et son environnement proche.
Le tourisme culturel, loin de se limiter à la visite des monuments et des musées, peut lui aussi profiter de ces nouveaux croisements entre prouesses techniques et concurrence des continents, urbanisme et lecture du paysage, icônes des siècles passés et nouvelles destinations du monde. Quand l’art et l’architecture, l’urbanisme et l’innovation mais aussi le tourisme sont en jeu, voilà aujourd’hui notre nouvel épisode, de la Tour Eiffel en France à la Sky City de Chine.
I- LA TOUR EIFFEL
trois expositionsont été développées en haute définition présentent tout ce que vous voulez voir, savoir sur le monument emblématique de Paris et le contexte de la naissance de la tour, avec une cinquantaine d’images, les plans originaux, et les gravures de l’époque et les photos du fonds patrimonial de la tour Eiffel. La surprise, c’est la vue panoramique de Paris depuis le monument,et, pour l’émotion, un petit scoop avec un enregistrement audio inédit de la voix de Gustave Eiffel par Thomas Edison! « C’est à vous en réalité mes chers enfants que je m’adresse. Je suis très heureux que ce cinéma parlant reproduise, avec mon image, les intonations de ma voix et je vous dis au revoir, mais sous une nouvelle forme ».
-1- La naissance de la Tour 1883-1887
– La Tour a été « inventée » en 1883 et pas vraiment par Gustave Eiffel. Lorsque le projet d’une Exposition universelle parisienne fut adopté en 1983, deux ingénieurs de l’entreprise Eiffel, Émile Nouguier et Maurice Koechlin, eurent l’idée d’une tour métallique, un « pylône » de 300 mètres, pour épater les visiteurs du monde entier! Puis les deux ingénieurs peaufinèrent leur pylône avec l’architecte Stephen Sauvestre, lequel affina et décora l’édifice conçu par les deux ingénieurs. (Voir nos photos en fin de billet) Gustave Eiffel, d’abord réticent au projet,racheta un an plus tard, le 18 septembre 1884, leur brevet d’ invention qui permettait de construire des « piles et des pylônes dépassant les 300 mètres », soit le double de ce que l’on construisait à l’époque en Europe.
-2- Comment Gustave a « vendu sa tour » : Gustave Eiffel agit en temps qu’entrepreneur et promoteur, et doit tenter de vendre son projet. Il commence par le proposer au maire de Barcelone, qui refusa, jugeant le projet « peu réaliste et surtout beaucoup trop onéreux ». Après des mois de lobbying (articles de presse, publicité et relations publiques auprès du ministre du Commerce et commissaire général de l’exposition de 1889), le projet fut retenu le 1er mai 1886, et une convention signée avec le gouvernement, le 8 janvier 1887. G. Eiffel avançait 80 % des frais des travaux, estimés à 8,5 millions de francs or. Les autorités lui accordaient une concession de vingt ans, à dater du 1er janvier 1890, au terme de laquelle la tour devait appartenir à la ville de Paris. Ce qui fut fait !(Notre photo : Gustave Eiffel, archives de la Tour Eiffel).
-3– La tour est avant-tout une prouesse technique à son époque : en plus de son petit appartement privé situé au sommet, Gustave Eiffel installe dans ce sommet un laboratoire de mesures et d’expériences scientifiques ( baromètres, pluviomètre, anémomètres, paratonnerres, etc..).
– Les défis techniques de la construction furent permanents, depuis la conception jusqu’à la réalisation ( le choix du fer puddlé, par exemple, prit des mois après essais). Le montage de la Tour commença le 1er juillet 1887 pour être terminé fin mars 1889. Toutes les pièces furent fabriquées à l’avance dans les ateliers d’Eiffel à Levallois-Perret, après leur calcul et leur traçage (16 000 pièces de gabarits différents ; perçage de 7 000 000 de trous, pose de 2 500 000 rivets…). Le plus difficile fut cependant le calcul des éléments atmosphériques, (température, vents, orages…) ou celui des ascenseurs car il fallût adapter les calculs existant au maxi-format de la tour. Lire toute l’épopée technique ici !
EN SAVOIR PLUS SUR LA TOUR EIFFEL:
Voir les projets du futur premier étage rénové sur la vidéo du site officiel de la Tour, qui présente aussi la liste de ses très nombreuses copies, dans le monde, ainsi que des chiffres-clefs croustillants . Vous pouvez aussi y télécharger l ’appli de la visite de la Tour pour votre smartphone. Le site est relayé par un site Facebook qui vient de gagner son premier million de visiteurs ! A ajouter aux 7 millions de visiteurs annuels payants de la Tour Eiffel .Voir aussi de nombreux sites historiques, notre préféré ici. Ou un autre défilé des copies de la Tour, à voir ici.
II- TOUJOURS PLUS HAUT, LES TOURS ! En 1889, année de l‘inauguration de la Tour, le Monument de Washington (169 mètres) détenait le record du monde depuis quatre ans. Quarante ans après la Tour Eiffel, le Chrysler Building à New York la dépassa (319 m), battu ensuite par l’Empire State Building (381 m) en 1949. Aujourd’hui, les tours font toujours la course ! Après celle de Taipei (508 mètres) le Burj Dubaï (800 mètres) est encore le plus haut, en attendant la Sky City chinoise. Et les tours de plus de 400 mètres ont émergé depuis la fin du siècle dernier comme des champignons. La tour d’un kilomètre de haut est de l’ordre du possible, et les pays émergents en
seront le théâtre. Voir les prévisions des tours en construction (source : Wikipedia) :
III-LA CHINE BATTRA le record du monde en 2022 avec 1.318 gratte-ciel de plus de 152 mètres. Actuellement les Etats-Unis sont encore en tête du classement du rapport de Motiancity avec 533 gratte-ciel, alors que la Chine n’en compte que 470. Mais 848 gratte-ciel sont déjà en construction ou programmés en Chine , alors que seulement 30 sont prévus pour être construits aux États-Unis, indique le rapport, qui compare leurs modes de production et de financement des deux pays.
SKY CITY, AU TOP ! Le plus haut gratte-ciel du monde sera une ville chinoise, dès l’an prochain.
Signe du basculement du monde vers l’Est, la Chine vient de poser la première pierre du plus haut gratte-ciel du monde à Changsha. Huit mètres de plus que la tour Burj Khalifa de Dubai, ce qui lui permet de communiquer cette semaine dans le monde entier. Le budget (1,1 milliard) met en avant les 43% d’économie réalisés par rapport au coût de la tour de Dubai, l’éco-construction ainsi que les normes antisismiques supérieures à la réglementation. Cet immeuble est en fait une ville verticale de 208 étages pour 30 000 habitants, avec appartements et commerces, hôtels et restaurants, mas aussi des parcs, des piscines, des théâtres et des cinémas, des écoles et un hôpital, avec une promenade de 10 km pour les badauds et les joggers… Un million de mètres carrés qui, une fois les fondations posées, seront réalisés en quatre mois seulement, son achèvement étant prévu pour avril 2014.
Un projet fou, évidemment…
On ne peut que comparer avec la Tour Eiffel : même buzz autour de la communication officielle – il faut bien vendre…- ; même réalisation anticipée de tous les éléments préfabriqués; même construction-assemblage de style Légo ; et même hurlements des critiques qui condamnent les conditions de production, la mégalomanie, l’inhumanité, la démesure, bref, la folie du projet et en guettent le moindre signe de défaillance.
– Terminons en effet ce petit voyage au pays des tours en rappelant les critiques du milieu intellectuel de l’époque Eiffel qui, dès les premiers coups de pioches, rédigea une condamnation sans appel. Comme cela se passe aujourd’hui avec la tour Sky City de Changsha, on retrouve dans les protestations des intellectuels les mêmes arguments, les mêmes accusations au niveau du vocabulaire employé : le mercantilisme, la peur du « rapetissement » des pays développés face aux innovations des émergents, ces barbares…Ou l’ombre odieuse qu’ils jettent, pour l’avenir, au « génie de tant de siècles » de l’Occident.
Si l’ admiration béate du progrès pour le progrès est stupide, les critiques actuelles de la Chine, en particulier, sont toujours teintées d’une telle arrogance – nous serions la seule vraie mesure du monde/Notre passé est le diapason de l’histoire – et cela nous choque. A quand une histoire de l’art et du tourisme plus globale?
– Trois extraits de la Lettre de « Protestation des Artistes contre la Tour Eiffel », signée par Guy de Maupassant, Charles Gounod, Victorien Sardou, Charles Garnier, François Coppée, Sully Prudlhomme, William Bougereau et Leconte Lisle publiée dans Le Temps du 14 février 1887:
– « La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer? »
– « Car la tour Eiffel, dont la commerciale Amérique ne voudrait pas, c’est, n’en doutez pas, le déshonneur de Paris! Chacun le sait, chacun le dit, chacun s’en afflige profondément, et nous ne sommes qu’un faible écho de l’opinion universelle et légitimement alarmée.
– « ll suffit, d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasante de sa masse barbare: Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée. »
KEN LE TOURISTE PARFAIT
Barack avait prêté à Ken sa fusée secrète, car Kate et William l’avaient désigné comme Parrain de leur petit George. Ken était arrivé à l’Hôtel Ritz de Londres en quatrième vitesse, pour rencontrer la Reine, devenue depuis des lustres l’une de ses meilleures amies. « Hello, how is our Perfect Tourist ? » dit Elizabeth en l’accueillant, dans un anglais parfait, vous remarquerez au passage…Puis elle l’accompagna chez Harrod’s pour faire le cadeau du Petit. Que voulez-vous, voyageant sans cesse entre hôtels et avions, Affaires et Finance, le Perfect Tourist se devait aussi de laisser impérativement quelques retombées dans le Royaume, uni autour du nouvel Enfant-roi. Son choix se porta sur une broche pour tétine en diamants, malgré les conseils d’Elizabeth qui trouvait que cela faisait trop « nouveaux riches de Chine » : « Too much! Too bling-bling, Dear Ken! », dit-elle à Ken dans le magasin…
Notre photo (volée!) : Ken dans la salle à manger de sa Suite Royale du Ritz Hotel de Londres, juste avant de filer chez Harrod’s 🙂
NOS PHOTOS !
1) La mythique Tour de Babel, première du genre!
D’après la bible: peu après le Déluge, alors qu’ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinéar et s’y installent tous. Là, ils entreprennent par eux-mêmes de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Dieu les voit, et estime que s’ils y arrivent, rien ne leur sera inaccessible. Alors Dieu brouille leur langue afin qu’ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la terre. La construction cesse. La ville est alors nommée Babel (terme proche du mot hébreu traduit par « brouiller »).Wikipedia , Photo Google Art Project
2) Le Phare d’Alexandrie
Une architecture-phare, kesaco????Pour les architectes de l’Antiquité, ce phare représentait l’immeuble le plus haut de la terre. Le phare a été construit pour protéger les marins de la côte d’Alexandrie et également comme œuvre de propagande. La ville toute entière a été construite de façon démesurée et le phare devait en être le symbole. Le résultat fut tel que, depuis, le mot phare (du latin pharus, dérivé lui-même du nom de l’île de Pharos), est utilisé pour désigner communément ce type d’édifice. est considéré comme la septième des sept merveilles du monde antique ; il a servi de guide aux marins pendant près de dix-sept siècles (du IIIe siècle avant notre ère au XIVe siècle). Sa construction aurait débuté entre 299 et 289 avant notre ère (la date exacte est inconnue) et duré une quinzaine d’années.Wikipedia
4) La Tour Eiffel: un pylône d’ingénieurs très innovants et un vocabulaire d’art plus classique?
Le Pylone des ingénieurs (à gauche)..Mis en décor par l’architecte Stephen Sauvestre (à droite)!
5) L’appartement de Monsieur Eiffel! (Mentionné comme logement sur les plans, souligné de rouge par nos soins 🙂 )
6) L’Empire State Building (1931)
7) Les records de « hauteur » répertoriés, classés, dessinés diffusés dans le monde entier (Google).
8) Aujourd’hui, des villes-gratte-ciel qui ont moins de 20 ans à Hong Kong, en Corée, aux Emirates ou en Chine (Ici, Guangzhou): les pays émergents, leur urbanisme et leur touristes fascinés.
En voir plus , sur les tours en Chine, sur le site de Motiancity.
A la semaine prochaine!