Aéroports et Culture

Ken à l'Espace Musée, aéroport Charles de Gaulle

Culture et aéroports : le divertissement contre le stress ? Tout comme les gares, les aéroports ont bien d’autres priorités que d’accepter un site ou un événement culturel sur leur territoire.  Embarquer, transporter et accueillir des millions de passagers dans un temps imparti et leur assurer, ainsi qu’aux avions, les  infrastructures et équipements nécessaires,  la meilleure sécurité, voilà leur job. Pourtant les avantages d’une présence culturelle dans les aéroports sont bien réels, avec une nouvelle image et un nouveau service pour l’aéroport, pour ses personnels, pour ses passagers et ses visiteurs. LES DEUX ENJEUX ACTUELS, selon nous : a) d’après les études prospectives, comme celle d’AMADEUS (Reinventing the Airport Ecosystem, 2011) les aéroports passent peu à peu du modèle « arrêt de bus » à celui de villes complètes, comme si  l’avion n’était plus  qu’un prétexte (Ce qui est faux, bien sûr, mais les revenus des aéroports passeront aussi par de nouveaux services additionnels !). Quelle place aura la culture dans ces futurs aéroports/villes, sachant que la concurrence avec d’autres activités sera rude? b) Ensuite les aéroports ont beaucoup exploité le thème « identité locale », depuis 20 ans avec de l’Art local , ou l’histoire du patrimoine et celle des coutumes ou de l’histoire locales : l’aéroport étant la première porte d’entrée pour les visiteurs lointains, on devait leur  présenter un territoire convaincant. Sachant que, aujourd’hui, le monde entier est à portée de souris, d’une  part, et que les jeunes préfèrent pianoter sur leur smartphone plutôt que de visiter un site culturel classique, d’autre part, quel impact aura le numérique  dans les futurs sites « Culture et aéroports ?

I- PETIT REPERTOIRE D’EXPERIENCES ACTUELLES(1)

– SAN FRANCISCO :  LE MUSEE SFO (USA): l’ancêtre !!!Créé en 1980,  ce fut la première institution culturelle à s’installer dans un aéroport international. Il s’agissait  en fait d’une véritable  invasion de l’art dans tous les espaces de l’aéroport, avec beaucoup de programmes pour les enfants, un musée de l’aviation, une bibliothèque et une importante équipe ( à voir ici)

Schiphol Rijksmuseum

– LE RIJKSMUSEUM D’ AMSTERDAM a son antenne dans l’aéroport Schiphol depuis…2002 ! Il faut préciser que dans sa stratégie, l’aéroport annonce vouloir être « plus qu’un aéroport , une plate-forme multimodale d’échange de flux, d’économie et d’information,  de connaissance et de culture » Ouvert de 7 à 22 heures, avec deux ou trois expositions temporaires par an, le musée de l’aéroport présente régulièrement les chefs d’oeuvre hollandais, et comprend tous les services (boutique de vente, librairie) d’un « vrai musée » ! Cet aéroport fut aussi le premier à ouvrir une bibliothèque.
INCHEON (Corée du sud) : L’art et l’artisanat mais aussi la culture urbaine et les arts numériques, la musique, des performances, du théâtre… sont au programmede l’aéroport d’Incheon, en Corée. Le musée d’art est situé au 4éme étage (art royal ; patrimoine, instruments de musiques traditionnels, trésors de l’ère Chosŏn -1392-1910). Au même étage un autre site, « Culture de la rue »  présente l’architecture traditionnelle,  et enfin un troisième site est consacré aux métiers d’art traditionnels (Céramique, vêtements…). Une galerie de photos de la culture coréenne se trouve enfin dans le hall d’arrivée. Un ensemble de sept jardins réjouiront également , classés par genres botaniques, votre culture scientifique  , à voir ici.

HELSINKI (Finlande)mais aussi – TORONTO ou MONTREAL(Canada)  présentent  aussi des  programmes triés sur le volet. Montréal,  avec  l’Aérogalerie , comprend quatre volets : les arts médiatiques, les arts lumineux , des expositions de photos et des expositions sur les sciences  et œuvres permanentes.

Magic Carpet ...

BERLIN (Allemagne ) développe plutôt les domaines de l’Art et de l’architecture : « Air and Land est un programme qui présente six grands formats choisis par un comité qui a retenu des artistes allemands (berlin) mais aussi internationaux (Pays Bas, Japon et USA). The Magic Carpet de Pae White,(USA) est bien adapté à l’ambiance départs/arrivées de la zone d’enregistrements du terminal, avec ses 1000 m2 flottant entre passagers et plafond…  (1) Une offre culturelle intéressante, cela n’est pas trop difficile à évaluer, mais un « bon » aéroport, de quoi est-il fait ? Avant de sélectionner des  exemples, à travers le monde, de la symbiose entre Art et aéroports, nous avons donc fait un petit détour par les World Airport Awards pour sélectionner de bons aéroports, selon un critère acceptable : l’avis des passagers!


II- QUI GÈRE ET FINANCE LES PROGRAMMES CULTUREL D’ UN AÉROPORT ? La plupart des aéroports, comme nous allons le voir,  ont intégré les programmes culturels et n’ externalisent pas leurs responsabilités ; ils ont  créé une direction et formé des  équipes dédiées. Leurs process s’inspirent largement de ceux de musées ou de galeries traditionnelles : programme, comité de sélection pour les oeuvres, expositions permanentes et temporaires, catalogues, manifestations temporaires ou inventaire des collections.

Montréal -Aerogalerie

1- Montréal a une équipe complète et « mixte » dans son  Comité consultatif.Afin d’assurer la bonne gestion du Programme d’identité montréalaise, l’Aéroport de Montréal (ADM) insiste beaucoup sur la qualité de  la collaboration des membres du Comité consultatif . Présidé par Christiane Beaulieu, Vice-présidente Affaires publiques, ce comité est composé des membres culturels, de ceux de l’aéroport et du Tourisme : Danielle Sauvage, directrice générale, Conseil des arts de Montréal ; Pierre Bellerose, vice-président, Recherche et Relations publiques; Tourisme Montréal ; Johanne Brouillet, conseillère artistique ; Michel Hardy, responsable conception, Cardinal Hardy Architectes ; Marc Thompson, architecte, ADM ; Stéphanie Lepage, conseillère, communications corporatives, ADM.
2- Toronto ou Philadelphie depuis 1998 et Atlanta sont aussi dans ce cas,  avec Seattle dont  les œuvres du nouveau terminal, apr exemple,  ont été choisies  par un jury de sept membres spécialistes de l’art.(Un programme évalué à  de 5 millions de dollars).

3- San Diego (Californie)  s’est aussi doté d’un plan stratégique « Art et aéroport »dès  2007 !

4- Pour les financements, plusieurs sites annoncent des chiffres importants ( 5 à 8 M€ pour acquérir des collections) et Nashville fait appel à un double financement pour son fonctionnement , celui de l’aéroport ( MNAA, arts visuels de l’aéroport de Nashville Metropolitan Authority) et celui de la  Commission des Arts du Tennessee (TAC).La musique, très présente dans l’aéroport, fait aussi l’objet d’un budget important pour l’invitation des artistes.
5- Los Angeles à établi un partenariat entre l’aéroport et la ville de Los Angeles( Département des affaires culturelles)

6- L’espace Musées de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. Rappelons que l’aéroport parisien  est la seconde  plate-forme de correspondance  d’Europe, après celle  d’ Heathrow en Grande-Bretagne et le septième aéroport mondial pour le trafic passagers avec 61 millions de voyageurs en 2011. L’aéroport est le siège d’environ 700 entreprises générant 86 000 emplois. Il serait aussi,  d’après la Région,  à la source de 10 % de la richesse créée en Île-de-France.Mais voilà, cet aéroport serait aussi Le Pire Aéroport du monde…le site  CNNGo, qui agglomère les avis des passagers du monde entier ( blogs, presse, avis sur les sites comparatifs.. 😉 confirme ce cruel constat :  personnel désagréable, manque de signalisation, propreté limite,  scanners en panne et des services restreints ;   ou manque d’information aux portes d’embarquement» et  «pires bars et restaurants de Paris.les aéroports de Los Angeles (2e) et celui d’Heathrow (3e )le suivent…L’espace Musées, avec Rodin, changera-t-elle l’image de RCDG ? Espérons-le ! « Depuis son ouverture voici quelques semaines, nous estimons que 600 à 800 visiteurs sont entrés chaque jour dans cet espace. Lorsqu’il sera complètement identifié par les passagers, nous tablons sur 1500 à 2000 par jour, soit 600 000 à 800 000 par an », dit Augustin de Romanet, PDG d’Aéroport de Paris, société qui exploite l’aéroport. Chaque année, deux expositions d’œuvres prêtées par les plus grands musées parisiens et français seront organisées sur les les  250 m2 disponibles.(Interview du Parisien) Bien que l’exposition Rodin présentait d’excellentes œuvres, nous avons un peu regretté que ce musée,  pourtant tout récent,  soit un « musée de musée »  en quelque sorte, avec tous les codes habituels : tons de gris, de noir et de blanc cassé et matériaux nobles « façon Wilmotte…avec  vitrines classiques renforcées par des barrières. Il y a bien quelques écrans d’information , mais aucune interaction n’a été organisée entre ce qui est montré et les visiteurs, ou pour favoriser le dialogue et le partage des visiteurs « entre-eux ». Bilan de cette absence de convivialité  : 89 visiteurs seulement ont aimé l’espace Musée sur sa page Facebook à ce jour et  depuis son ouverture. Le musée a également « oublié » tous les visiteurs qui pourraient visiter son  site Internet ou un réseau social pour en savoir plus sur Rodin et son époque ; ou pour  préparer sa visite, recommander l’Espace Musées, émettre des avis, etc.
III- ET AÉROPORT CULTUREL, demain ?

L'arbre communautaire de Changi

1- SINGAPOUR l’avenir de la culture dans les aéroports du monde  est déjà écrit, par exemple avec l’aéroport Changi de Singapore, qui donne la priorité aux pratiques actuelles, à une culture contemporaine, interactive et numérique ou encore à des expériences multisensorielles. La culture, certes, mais en privilégiant les formes qui permettent de raconter , d’échanger ou de participer. A Changi on trouve donc l’Arbre communautaire »où vous pouvez inscrire vos expériences,  ; une galerie multisensorielle ; une banque de jeux virtuels à disposition. Mais aussi un espace connecté musique, un autre connecté « télévisions »,une salle de cinéma. Une zone interactive numérique, et une autre dart interactif ( galerie, musée virtuel années 50 et 60…)attendent le visiteur culturel! Notons que L’aéroport de Singapour est le plus récompensé au monde (420 prix depuis 1981) .Visant bientôt 82 millions de passagers et avec 25 000 employés, 120 restaurants, 330 boutiques, 550 postes Internet, 60 agents munis d’iPad pour guider les égarés, l’aéroport est bien devenu un lieu d’exception (une serre à papillons, bassin pour carpes koi géantes, piscine en plein ciel…).
2- COREE – A l’aéroport d’INCHEON (Séoul, Corée) « l’art et la culture, c’est toute l’Année ! » Avec un choix de programmation plus « classique » que celui de Singapour, il  a pour ambition de  couvrir l’ensemble du champ des productions artistiques et d’assurer en permanence un service culturel= dans tous les espaces disponibles. A suivre !


2- Aux USA, enfin, les débuts d’un partenariat entre l’Indianapolis International Airport et l’ Indianapolis Museum of Art . Selon nous c’est le programme « Art, Culture  et Aéroports » le plus prometteur qui soit , car c’est Maxwell Anderson, le conservateur le plus étonnant du monde, qui s’en charge depuis janvier 2011!  M. Anderson a déclaré que le Musée d’art d’Indianapolis avait  prévu d’utiliser une partie des 100.000 $ qu’il recevrait cette année de son contrat avec l’Administration de l’aéroport pour des installations à grande échelle, comme  la Miller House, une résidence moderniste du milieu du siècle conçue par Eero Saarinen dans les environs de Columbus, dans l’Indiana, récemment acquise pour l’aéroport.

POUR EN SAVOIR PLUS! L’université du Québec à Monréal et son Globe-veilleur!

Ken dans l'avion du futur!

KEN LE TOURISTE PARFAIT Le concept de son nouvel avion conçu par Airbus plaisait bien à Ken , avec sa structure légère comme une dentelle pour réduire les coûts de carburant de l’avion. Enfin, se dit Ken, s’il restait trois gouttes de pétrole d’ici quelques années…A l’intérieur, les  ingénieurs lui avaient aussi réservé d’autres surprises, comme ces  nouvelles «zones»à la place des sièges , avec «morphing» pour s’adapter à la taille de passagers…Que voulez-vous, Ken rêvait d’épater Barbie et entre ses voyages, ses palaces et ses Affaires il avait enfin trouvé là un petit cadeau pour son ex…So chic, le cadeau !
Voir de plus près le TEDGlobal, nouvel  avion de Ken, dans l’article de la BBC de Jane Wakefield, journaliste pour les  technologies.

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Un document très éloquent  dans  l’étude d’Amadeus sur l’évolution des aéroports :

 

LA SEMAINE PROCHAINE NOUS PARTIRONS A L’UNIVERSITÉ DE BARCELONE ! LA MEILLEURE D’ EUROPE POUR LE TOURISME CULTUREL!

1 Commentaire

    • Michaud sur 6 avril 2014 à 21 h 12 min

    Merci de me métrer sur vos listes de diffusion

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