I- COMMUNICATION, promotion, marketing et positionnement de l’offre : comment faire?
Il me semble que la plus grande rupture entre la France et ses concurrents soit là, dans ces quatre mots du titre. Car nous avons en France une offre culturelle exceptionnelle, plus de 20 000 monuments historiques, musées, itinéraires ouverts à la visite et toutes les régions proposent des festivals, des expositions temporaires, des petits concerts toute l’année. Et cette offre s’accroît chaque mois! Bientôt le Louvre à Lens, la Fondation Louis Vuitton au Bois de Boulogne et Marseille 2013! Nous avons aussi des offres plus globales, durables, celles du Tourisme urbain ou encore des itinéraires en milieu rural. Grosso modo, toutes ces offres sont « en ordre de marche », ouvertes aux publics selon les règles. Bien sûr tout n’est pas si simple : les gros monuments concurrencent les petits, partout en France; et Paris concentre la majeure partie de l’offre; les pros de la Culture, le nez dans les livres ou sur « leurs » oeuvres, remettent quatre pages au lieu de quelques lignes aux pros du Tourisme pour faire passer leurs messages aux visiteurs touristiques et n’envisagent jamais de « re-positionner » leur site culturel 🙂
Mais l’essentiel est là, pour accroître la fréquentation : un pays démocratique, des transports et des routes, des hôtels et autres hébergements, des restaurants, tout cela est bien organisé et les visiteurs y sont en sécurité. La diversité de nos paysages, qui changent tous les 150 km, complètent le tableau. Ajoutons enfin que le Tourisme et la Culture font des efforts considérables pour adopter les trois tendances majeures d’un « nouveau » tourisme culturel » :
– Faire de bons usages des technologies, du numérique, pour ce visiteur mobile et interconnecté en permanence : partage, avis, réseaux sociaux et cocréation des contenus, réservations et vente en ligne bouleversent les hiérarchies du passé mais c’est sans doute tant mieux!
– Préparer l’accueil de visiteurs inattendus il y a encore 10 ans, mais qui prendront le relais de ceux d’une Europe vieillissante; Brésil, Inde, Chine, Russie et tous les pays émergents;
– Créer des « destinations culturelles », ce qui demande un travail collectif, de réelles compétence en ingénierie, avec l’aide d’élus avertis et d’excellents professionnels que nous vous présentons dans ce blog à travers leurs réalisations .
II- POURQUOI N’ OSONS-NOUS PAS? Pourquoi la France fait-elle moins bien que l’Espagne ou le Royaume Uni, pour présenter ces offres culturelles inestimables? a) Question de timing et de cohérence : en juillet dernier, impossible de trouver un accueil pro à Marseille pour l’évènement Marseille 2013. » Pas encore, me dit-on à l’Office de Tourisme…Voyez à la Bourse, je crois qu’ils ont peut-être ce que vous cherchez…« Le « peut-être » a le don de décourager… Par contre, dès janvier dernier, San Sebastian (Espagne) , qui sera Capitale Européenne de la Culture en 2016 avait déjà pignon sur rue depuis quelques mois, avec un centre d’accueil très intéressant, la programmation disponible et une spécialiste des BRIC pour « mes » clientèles chinoises et des petits Tshirts annonçant l’évènement, que je me suis empressée d’enfiler pour faire femme-sandwich et ambassadrice!) b) Question de ton : on vous présente sur les sites web la « magnifique église romane, l’une des plus belles de France, classée aux monuments historiques « , alors que nous en avons plus de 10 000,en concurrence avec celles de l’Italie, de l’Angleterre ou de l’Espagne. c) Question d’offre culturelle classique : sur le site de l’Espagne, l’esprit « Movida » l’emporte sur la description de chaque musée, et Londres vend avec humour (Museum of London) son image culturelle.Et ces deux pays croisent systématiquement la culture classique, celle du passé et celle d’aujourd’hui. La Culture ET autre chose (Gastronomie; balade urbaine; dégustation de vin; shopping; sport, etc…). Ce que fait depuis quelques mois l’Allemagne. Bref, on ne communique plus exclusivement sur le passé, car les Fans de culture classique trouveront de toutes façons le chemin seuls, mais on communique sur la « façon de vivre de habitants, une rencontre possible avec eux, à travers leur histoire, bien sûr, mais aussi leurs façons de faire, façons de penser, de créer ou… de bien manger, aujourd’hui!
III-LE MEILLEUR EXEMPLE DE L’ANNÉE!
Enfin, l’année n’est pas terminée, mais comme je reçois environ 10 dossiers de presse/jour, et que je les lis tous, j’ai eu la surprise tout à l’heure de trouver EXACTEMENT, dans le projet Mystère à la Baule, les réponses à ces préconisations. J’ai donc filé sur le site du Tourisme de la Ville, et lui aussi était très bien! Voici donc le Dossier de Presse commenté:
a) Bon, ce qui est intéressant c’est le graphisme, pas « années 60 », comme trop souvent, avec ce « jeune couple avec enfant qui sourit », et qui commence, depuis 30 ans, à nous lasser. Nous=moi mais sans aucun doute tous les visiteurs potentiels…Par parenthèse, comme j’ai eu une famille nombreuse, je sais que ces petits qui sourient tout le temps, eh bien, ce n’est pas possible! Et puis cette accroche : UN EVENEMENT ORGANISE PAR LES BAULOIS, voilà qui me tente, côté « vie, authenticité, fin du décor classique » de la Baule ( Plage et casinos, superbe plage avec palaces et population un peu noyée dans le volume des touristes (+ de 15ooo habitants contre 150 000 touristes l’été…).
b)Les coulisses! Mais aussi un petit-déjeuner face à la mer, une balade en forêt et cette Rencontre alléchante avec Danièle…Ce que j’adorerais, c’est de faire le « marché avec un chef! ».
c) C’est quand, où, qui l’a fait, comment réserver? Combien cela coûte-t-il? Toutes les réponses sont là. Un petit problème pour réserver en ligne, mais bon, c’est le seul point faible, et à mon avis cela doit pouvoir se faire via le N° de téléphone que l’on me propose.
d) Dernière page : les contacts . Ah chic! Le Directeur de l’OT accepte de mettre son nom – c’est très très rare! – et je vois que s’il n’est pas là j’ai 4 autres téléphones et adresses e-mails. J’appelle!
EN CONCLUSION
Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est que La Baule, qui n’est pas une ville d’art et d’histoire avec monuments/musées ou sites culturels remarquables, fasse cette offre de culture. Une culture vivante, » immatérielle », pour parler comme les officiels : gastronomie et marchés; rencontre et dialogue; envers du décor…Offre de niche? Dira le Tourisme, toujours très sévère…Mais non, car une niche+une niche+ une niche ( nos 36000 communes…) ça fait quoi, mes amis? Un tourisme de masse intelligent, à condition, comme à La Baule, que la surprise, le plaisir, la poésie, la création et la rencontre soient au menu!
Et merci à Sylvie Huron pour l’envoi du Dossier de Presse! La semaine prochaine, c’est promis, je vous raconte la vie tourmentée de La Joconde! 20 000 visiteurs/jour, mais comment fait-elle?
KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken était à Londres, à la Foire d’art contemporain FRIEZE, car c’est là qu’il faisait le plus beau chiffre d’Affaires de son année! Car si son job de Touriste Parfait lui permettait de voyager en permanence, de dormir dans des palaces et de voler en jet privé dans le « Ken Airforce One », la médaille avait un revers: l’exigence du Tourisme de fabriquer le plus de retombées économiques possibles, et le panier moyen de Ken frôlait, à chaque étape, 100 000$. Son iPhone vibra, et il lu discrètement le sms de Barbie « Come to Paris/ Visit FIAC § buy a lot!/Artworks =free taxes since today in France/Love! ». Il n’avait pas trop envie de rencontrer tous ses amis traders qui allaient, du coup, acheter comme des petits fous, mais bon, il tapota rapido un « Yes! »enthousiaste : voir Barbie suffisait à son bonheur…
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