Google à Versailles!

Ken, hier, avec son amie artiste Joana Vasconcelos, au château de Versailles

Le mariage de Google et de Versailles ne fait pas autant jaser que celui des people de l’été.. Pourtant il faut s’interroger : c’est quoi ce coup de foudre ? En plus, un nouveau riche, Google, marié à une aristocrate de bonne famille comme Versailles, cela fait jaser…Le couple tiendra-t-il? Qu’y avait-il dans la Corbeille des mariés ? De tout cela nous ne saurons rien, car pour Google et Versailles les gardes rapprochés veillent et les paparazzi sont priés d’admirer leur premier bébé, Versailles3D.com,  sans trop poser de questions.

Et pourtant il faut s’interroger en toute simplicité : quel fut le deal? Mes collections et mon sérieux « scientifique » (Versailles) en échange de vos conceptions de nouveaux produits et photos/films en HD et de votre force de diffusion et de communication (Google)? La propriété des monuments et objets à l’Etat et  celle des « reproductions » à Google ? Un contrat précise –t-il la durée de ces partages? Qui aura la paternité des produits dérivés? Et, s’il y avait un divorce, que se passerait-il ? En particulier pour leurs petits, nés de cette magnifique union de célébrités mondiales, que nous vous présentons ci-dessous (III).

Je connais votre optimisme, car je le partage en permanence : si Google met à disposition du monde entier les images de Versailles, où est le problème ? Que le-public-le-plus-large-possible profite enfin de milliers d’images, d’un accès à la connaissance « gratuit » et que les touristes potentiels jouent à Pagaille à Versailles ou écoutent Phoenix sur leur ordi,  bref, s’amusent bien et aient envie de « voir en vrai » le parc, le Château et les jardins, que demander d’autre?

Il faut pourtant, à note avis,  très fortement tempérer ce « paravent » bien pratique, cette très apparente générosité de Google. Car aujourd’hui celui qui contrôle les images et  les marques gouvernera le monde. Or rien ne peut échapper aujourd’hui à la puissance de frappe des majors américaines, qui utilisent avec patience les richesses inouïes des « contenus », avec une stratégie hors pair sur tous les continents: malgré les premiers refus ( dont la BNF, bibliothèque de France), Google sait convaincre, apparemment, et les USA renouvellent à chaque occasion leur emprise culturelle et politique internationale avec ce type de partenariat.

Louis XIV

En conclusion les deux questions majeures, à notre avis sont les suivantes:

1- Ce partenariat est très fructueux aujourd’hui, le partage des rôles  semble équitable, mais demain?

2- Pourquoi n’avons pas su faire les projets Versailles 3D tout seuls comme des grands ? Pourquoi ne savons-nous pas « valoriser » en espèces sonnantes et trébuchantes, en influence internationale, nos biens culturels? Cela leur enlèverait-il une seule qualité esthétique, scientifique? Non, le partenariat montre le contraire car,  en numérisant /diffusant ces images via le web,  la culture ne perd pas son âme.

Par contre, en « partageant » le travail et ses résultats avec Google, la Culture  perd beaucoup d’argent, qui aurait pu être redistribué aux publics défavorisés, aux musées plus pauvres que ne l’est Versailles, aux expositions temporaires,  ou aux acquisitions. Et ça, c’est dommage. Comme est regrettable cette naiveté affichée sur le site de Versailles : « Une politique technologique ambitieuse est mise en œuvre à Versailles depuis plusieurs années pour soutenir le discours scientifique et culturel, diffuser plus largement les savoirs et la connaissance, développer de nouveaux liens avec les visiteurs et avec de nouveaux publics. ». Certes, mais il faut en contrôler la stratégie sur le long-terme, pour ne pas risquer, un jour, de perdre les acquis.

Car Bien au-delà delà des productions multimédia, d’une simple « politique technologique », de la médiation culturelle devenue traditionnelle, le Château de Versailles partage aussi sa « marque », donc sa notoriété, avec Google. Quant on voit que la marque « Tour Eiffel « vient d’être évaluée à plus de 434 milliards d’euros, Versailles aurait dû garder la maitrise totale de sa marque (Voir l’étude en fin de billet) . En pleine crise économique et perte d’influence de la France à l’international, cela aurait été bon à prendre, et bon à poursuivre!

La Galerie des Glaces

I- LE CHATEAU DE VERSAILLES présente son projet sur son site dédié au partenariat avec Google   sans évoquer ces  enjeux stratégiques, juridiques, financiers. La description   reste « technique ».Le  Soft power, les retombées en notoriété, la valeur de la marque « Versailles » n’y sont pas mentionnées.Aucun chiffre et pas de date dans le texte ci-dessous. Pourtant, la dernière phrase évoque des retombées commerciales de la R§D, Google ayant profité de l’expérience pour rôder certains logiciels:

« Les équipes de la conservation, des nouveaux médias, de la médiation culturelle, le bureau des activités pédagogiques et les services du patrimoine et des jardins ont été au cœur du processus de conception, de suivi et de mise en œuvre du dispositif. Dès la conception du programme, l’Institut culturel a été l’interlocuteur technologique des commissaires d’exposition et des équipes de Versailles. Il a permis notamment de mobiliser de nombreux ingénieurs Google à Paris, à New-York ou dans le Colorado. Ils ont mis leur expertise et leur enthousiasme au service des défis technologiques et esthétiques du projet. Versailles et Google ont ensuite confié la réalisation du programme multimédia à des sociétés choisies après mise en concurrence pour leur excellence dans la maîtrise des technologies requises et pour leur sensibilité à la dimension culturelle et esthétique du projet. Elles ont travaillé en réseau les unes avec les autres en étroite collaboration avec Versailles et Google. Ce travail d’équipe a permis des avancées technologiques importantes dans l’utilisation des logiciels Sketch up et Google Earth, sur le rendu des maquettes grâce au moteur Artlantis et sur le langage webGL pour la 3D interactive dans Chrome. »

II- L’INSTITUT CULTUREL DE GOOGLE se présente ainsi sur son propre site Internet : Google Cultural Institute développe des solutions technologiques de visualisation, d’hébergement et de numérisation pour favoriser la création, la protection et la promotion de la culture en ligne.Grâce à une équipe dédiée d’ingénieurs, l’Institut culturel de Google a déjà collaboré avec des organisations de plusieurs pays sur différents projets, notamment pour la mise en ligne de milliers d’œuvres d’art dans le cadre de l’Art Project, la numérisation des archives de Nelson Mandela ou des Manuscrits de la mer Morte.

III- VERSAILLES3D.COM : Pour en savoir plus, vous pouvez découvrir tous les  projets :   les nouvelles salles d’expositions ; les maquettes ; Versailles au cours des siècles.

1- CHAOSPERFECTION est aussi une très bonne idée : Chaosperfection,est une commande du Château au groupe Phoenix, les excellents musiciens Versaillais !Résultat décevant pour qui aime Phoenix et Versailles :  le téléchargement dure de longues minutes et on ne comprend pas le pourquoi des petites  balades filmiques sur de simples maquettes. A notre avis c’était sans doute un bon «projet  arty », mais au final  c’est un peu raté…Enfin, à vous de juger.

Partenariat Google Versailles : Pagaille à Versailles

2- PAGAILLE A VERSAILLES est  un jeu en ligne assez drôle « Aide Louis XIV à construire son Château »  où vous devez construire le Château : «  Vous disposez de 40 ans et de 35 000 hommes pour y parvenir », nous dit-on dans l’intro : Mansart, Le Vau, Lully, Colbert, la Palatine et le roi lui-même vous aideront. . Des jeux d’adresse permettent de reconstituer le fonctionnement hydraulique des jardins, d’aider le Roi à sortir du célèbre labyrinthe des jardins, de planter un jardin à la française ou de peupler la Ménagerie royale…  .(NB:  Ultra-long à télécharger, aussi).

3- REGARDEZ SURTOUT LES 3 VIDEOS de l’histoire du Château, une bonne introduction à la visite, ou un bon moment si vous voulez (enfin) comprendre l’histoire complexe du monument et du domaine; et même  si vous n’avez pas l’intention d’aller visiter Verdsailles, ce qui est votre droit! Trois vidéos intéressantes : De Louis XIII à la Révolution ; Versailles après la Révolution ; Des jardins au Château de Trianon.

IV – ET LA VILLE DE VERSAILLES ? On regrettera  aussi que la Ville, environnement direct du Château, ne soit jamais mentionnée sur le site Internet des projets. Même sans être « partenaire », la Ville est tellement impliquée, (et tellement magnifique!) qu’elle devrait être sollicitée et visitée systématiquement dans les présentations du Château. La rupture de statut (Versailles= musée national, Ville de Versailles= une Commune, collectivité territoriale) ne devrait jamais entrer en ligne de compte pour la connaissance et la découverte culturelle.

****L’étude sur la valeur des monuments et sites culturels a été réalisée à l’aide du registre des entreprises d’Eurostat, des sites officiels avec Anholt Brand Index, Istituto Tagliacarne, Urban Audit, MIBAC, Isnart, Touring Club Italiano et Istat. Elle établit un classement de quelques uns des monuments évalués  :  1 – La Tour Eiffel (France) : 434 milliards d’euros• 2 – Le Colisée (Italie) : 91 milliards d’euros• 3 – La Sagrada Familia (Espagne) : 90 milliards d’euros• 4 – Le Dôme de Milan (Italie) : 82 milliards d’euros• 5 – La Tour de Londres (Royaume-Uni) : 70,5 milliards d’euros• 6 – Le Prado (Espagne) : 59 milliards d’euros• 7 – Stonehenge (Royaume-Uni) : 10,5 milliards d’euros

V- NEWS

1- CULTUREGEEK ET MUSEUM AND THE WEB : déjà plus de 12 institutions participeront à la rencontre Museum and the Web de Porland (Oregon, USA) du 17 au 20 avril 2013 ! Avec les meilleurs pratiques, les meilleurs expériences du thème « musées et web ».

2- VOIR LES FREQUENTATIONS DES MUSEES DU MONDE : sur le site dédié , Museum Analytics : plus de 2000 résultats…

3- POUR LES AMATEURS DE JARDINS et pour vous changer des jardins à la française : le Bay South Garden de Singapour, inauguré au début de l’été.Ces arbres de béton et d’acier servent de structures à des orchidées grimpantes, récupèrent les eaux de pluies et supportent des panneaux photovoltaïques.Après cinq ans de travaux et 600 millions d’euros d’investissement, les « Gardens by the bay » voient le jour sur un parc de 101 hectares, conçu par les architectes-paysagistes britanniques Grant Associates, trois jardins thématiques seront créés, pour accueillir au total 200 000 espèces végétales. Le premier d’entre eux, le « Bay south garden »,(photo), a été inauguré au début de l’été. Il abrite sur ses 54 ha une forêt tropicale, un biotope méditerranéen et dix-huit arbres géants de béton et d’acier, reliés par une passerelle suspendue. Le plus haut d’entre eux accueille, à sa cime, un café-restaurant avec vue imprenable sur la baie.(Info du Moniteur, août 2012)

KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken Le Touriste Parfait –  celui qui dépense sans compter pour ses voyages de Luxe et ses  cadeaux pour son ex, Barbie Chérie, histoire de faire plein de retombées économiques partout où il passe-venait de re-signer un contrat avec son amie Madonna. Ken et Madonna proposent…Ca avait plutôt de l’allure sur leurs affiches et sur les FanPages de Facebook! En fait ils avaient à peu près le même âge, mais pas les mêmes fans. Un coup double pour le marketing, se dit Ken…Mais ce soir Ken devait partir en urgence pour Versailles, en France, sur ordre de Google et là, ça ne serait pas une partie de plaisir : il lui fallait séduire une conservatrice du musée qui avait annoncé la couleur « Vous n’êtes qu’une poupée, Monsieur Ken, donc je refuse de vous recevoir ! ». « Monsieur Ken… », sourit-il, ces français sont im-pay-ables ! Au sens propre. Il appela les Google Men, car allait faire une surprise à la conservatrice pour calmer ses petites angoisses : un lent et somptueux lâcher d’ un million de roses blanches devant sa fenêtre, sur une musique de Lulli.. C’était peu, comme investissement, pour les résultats attendus.

Notre Photo : Marie-Laure nous a envoyé cette photo de Ken et Barbie prise cet été à Monterey (USA). Photo volée, bien évidemment : Marie-Laure a pris tous les risques, comme à son habitude, car pour le Tourisme Culturel, elle était tout simplement prête à tout!

 

3 Commentaires

1 ping

  1. Au départ, il y a l’absence de soutien aux créateurs, pas seulement culturels, mais d’entreprises: le soutien aux start-up est très sensiblement inférieur à celui de nos voisins anglo-saxons*, car ce ne sont pas les compétences qui sont en cause mais la culture, la culture de nos élites étatiques qui sont hermétiques à l’innovation…
    Des Google, il pourrait y en avoir en France,… mais le soutien à l’amorçage, à la prise de risque initiale des investisseurs nationaux est plus que timorée et soumis à des procédures normatives qui les « plombent » dès le départ… pendant que les autres galopent!

    Bien à vous

    *http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/51587/la-chaine-de-financement-de-l-innovation-n-est-pas-prete-a-generer-un-facebook-francais.shtml
    et:
    http://www.institutmontaigne.org/desideespourdemain/index.php/2012/05/18/963-pme-et-business-angel-leis-au-royaume-uni-un-exemple-a-mediter

  2. vOS INTERROGATIONS ME SEMBLENT BIEN FONDEES.ATTENDONS LES
    REPONSES QUI SERONT APPORTEES.
    CORDIALEMENT

    • hugo sur 13 septembre 2012 à 18 h 27 min

    Pour avoir géré la communication et le développement culturel d’une grande institution, vos interrogations me semble tout à fait pertinentes..même si le cas « Versailles » est tellement à part. Je vais suivre cela de près.
    J’en profite pour vous remercier pour la qualité de votre blog

  1. […] Les stratégies des pros du numérique GOOGLE à VERSAILLES et Google art project […]

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.