« La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend plus indispensable » a dit Jean-Marc Ayrault, notre Premier Ministre, avant de quitter sa mairie de Nantes, le 15 juin. Ce jour là il a inauguré « Le Voyage à Nantes », nouvelle saison de tourisme et de culture contemporaine de la ville. « Il n’y aura pas de redressement de la France sans les artistes, les créateurs, les professionnels du monde de la culture » et « Moi, je ne me résignerai jamais à ce que la culture soit un privilège : elle est un ciment de notre cohésion sociale si elle est accessible à tous », a ajouté Jean-Marc Ayrault. La Culture est définie, selon lui, comme suit :
– Un Axe de développement important pour les grandes villes: « Les études économiques menées dans diverses grandes villes françaises montrent que la culture est un investissement rentable : un euro public dépensé dans une manifestation culturelle engendre 3 à 6 euros de retombées et c’est vrai en termes d’emploi ».
– « La Culture n’est pas un luxe dont, en période de disette il faudrait se débarrasser; la culture c’est l’avenir, le redressement », a encore estimé M. Ayrault.
– Ni une variable d’ajustement du budget de l’Etat – « A budget constant, car la culture n’est pas une variable d’ajustement du budget de l’Etat, il faut surtout que les moyens soient investis dans le bon sens, ce sera notre défi, celui du ministre de la Culture ».
Voilà qui est réjouissant : le premier ministre fait ici une annonce en or : que l’Etat investisse « dans le bon sens », ce qui n’est pas arrivé depuis de longues années.
La politique culturelle de Nantes, menée depuis plus de 20 ans avec Jean Blaise aux commandes artistiques et Jean-Marc Ayrault à la mairie a fait passer la ville de « belle endormie », son surnom des années 1980, à l’avant-garde la plus pointue : en art contemporain (Les Allumées, Fin de siècle, Estuaire), en musique classique (La Folle Journée) ou en spectacles de rue géants (Royal de Luxe).Ces évènements ont un immense succès à l’étranger : Xolo est allé au Mexique, la Petite Géante s’est réveillée à Berlin!(Voir l’Article de l’AFP/15/06/2012 /Gazette du 16 juin 2012 où nous avons trouvé ces informations )
I – INVESTIR DANS LE BON SENS , selon Jean-Marc Ayrault et ses équipes
Rien ne vaut une nouvelle visite à Nantes pour analyser les actions, les stratégies qui les ont orientées, les projets politiques qui les portent, « dans le bon sens ». Pour résumer, si vous ne connaissez pas encore la Ville et ce qu’elle propose, trois grands axes qualifient l’excellence des projets, qui ont tous en commun :
– 1- Une Culture très actuelle… des évènements surprenants -que l’on a jamais vus ailleurs- dont profiteront les habitants et les touristes ! Les deux services Culture et Tourisme ont d’ailleurs fusionné en janvier 2011. Apprendre et découvrir en s’amusant est aussi un impératif, pour comprendre. On laisse donc l’apprentissage formel (livres, durée d’apprentissage, maître et élève, « apprendre et retenir »……) à l’Education nationale, qui est bien entendue invitée à déguster ces merveilles.Et on appelle les artistes.
– 2- …Qui s’appuie sur un passé revisité : à Nantes, c’était sans doute plus difficile qu’ailleurs, car c’est l’esclavage, la Traite négrière qui ont fait la fortune de la ville au XVIIIéme siècle. Comment ? (Château-musée des Ducs de Bretagne ; Les Anneaux de la Mémoire en 1992 ; Mémorial de l’Abolition de l’esclavage en 2012)
– 3- Une Culture réellement accessible à tous : il existe même une liste de tout ce qui est gratuit, pour organiser une visite de plusieurs jours… à l’oeil ! Tout gratuit : bien mieux qu’un long discours sur l’impossible démocratisation culturelle, « impossible » si l’offre ne change pas.
– Comment ont-ils fait? Pourquoi, en France,certaines villes et régions ont 20 ans d’avance, et d’autres ont 10 ans de retard? Notre hypothèse : toutes les actions culturelles et touristiques de la Ville de Nantes sont bien compliquées à mettre en œuvre durablement : travailler avec les compétences locales, y repérer sans cesse la meilleure expertise qui soit ; ne jamais se replier sur ses acquis, inviter des expériences étrangères, des artistes venus d’ailleurs ! En ce sens, Nantes avance comme une « Creative City », qui n’oppose pas les tenants d’une culture réservée aux seuls secteurs publics à la vraie vie de la ville (La vraie vie, ce sont aussi ses habitants, ses entreprises, son développement urbain, ses commerçants, ses touristes et ses partenaires étrangers…) . Sans l’adhésion de l’ensemble de très nombreux partenaires, de financements divers, le Voyage à Nantes aurait sans doute été impossible à réaliser! Et la Mairie, le maire font confiance : Jean Blaise, les artistes, les techniciens, les pros de la culture n’ont pas « carte blanche », mais on leur fait confiance.
– Nantes, un « Modèle » pour l’Etat? Avec les trois principes ci-dessus énoncés et sa réussite, Nantes pourrait, dans cette coopération toujours souhaitée entre l’Etat et les collectivités, devenir un modèle pour l’Etat . Le Grand-Lyon, la Région Rhône-Alpes ou celle de Midi-Pyrénées, le Département de la Seine-Saint-Denis, Lille ou Saint-Etienne sont aussi très innovantes. Ces modèles se ressemblent, beaucoup plus en avance que ne l’est l’Etat dans tous les domaines, car il n’ose plus imaginer. (Ingénierie ; programmation ; relations avec les artistes, relation et participation avec les habitants et les touristes ; formation des acteurs ; sources de financement ; administration des projets ; numérique, etc…). Bref, nous faisons aujourd’hui un souhait : si J.M Ayrault avait 5 minutes de temps en temps pour expliquer à sa ministre le « back office » que nécessite cette parfaite réussite de Nantes, ce serait très bien ! On pourrait aussi décentraliser la formation continue du ministère de la Culture et organiser des stages pour ses personnels au coeur de l’administration nantaise. Ils comprendraient comment cela peut marcher, quels écueils éviter, quelles évaluations programmer, et seraient prêts, avec l’un des meilleurs exemples, à « coopérer » avec les collectivités locales.
EN SAVOIR PLUS Les articles de ce petit blog font régulièrement, et depuis des années, l’apologie de la politique et des orientations de la Ville de Nantes, voici un rappel de nos articles :
– Trois questions à Jean Blaise ; Nantes, Star du Tourisme culturel ; Nantes son panier magique et l’imagination au pouvoir ; Nantes a fait son « coming out » d’un passé difficile ; Fusion des Services Culture et Tourisme à Nantes; Les Greeters de Nantes
– VOIR AUSSI la vidéo de Jean Blaise qui raconte la gestation de la politique culturelle de Nantes depuis les années 80 ! – Le site de développement économique de la Ville ; Un beau dossier du Vendredi 15 juin 2012 , Journal le Monde–(Cahier du « Monde » N˚ 20964) .
II – LE VOYAGE A NANTES, 15 juin 19 aût 2012, est la proposition majeure de la ville en matière de visite et de participation à ses évènements, née de la fusion des deux services Tourisme et Culture. Il s’agit d’une complète relecture de la ville et de ses évènements. Nantes, cette « ville sans monuments », entend bien accroître la qualité de la visite, car il suffit parfois d’un fil rose tracé au sol pour éviter de se perdre, et pour se laisser conduire vers différents parcours . La programmation, comme d’habitude, est éblouissante !
– Quoi de neuf cet été ?
– 1- Le Carrousel des mondes marins Ce carrousel (25 m de haut, 20 m de diamètre) est une incroyable sculpture dédiée à la mer. Les auteurs, Pierre Orefice et François Delarozière, invitent le visiteur à un voyage aquatique sur 3 niveaux dans une dentelle de béton.. Depuis les fonds marins, les abysses, jusqu’à la surface des océans, pour découvrir d’étonnantes créatures marines : Crabe géant, Poisson pirate, Calamar à rétropropulsion, Raie-Manta, Méduse…
– 2- Nantes Tourisme a concocté des petits forfait pas chers !
III- ESTUAIRE, LA BIENNALE D’ ART CONTEMPORAIN, ENTRE NANTES ET SAINT- NAZAIRE, pour vous réconcilier avec l’art actuel ou vous en régaler si vous l’aimez déjà, sur 60 km de bords de Loire, a visiter en croisière, en vélo ou en voiture et a pied. Voir l’édition été 2012 ici et quelques photos à la fin de l’article.
Des Contacts Presse / Stéphanie Olivier : +33 (0) 272 65 30 25 / stephanie.olivier@lvan.frThomas Jaglin : +33 (0) 272 65 30 16 / thomas.jaglin@lvan.fr – PRESSE DESTINATION : Katia Forêt : +33 (0) 240 20 60 02 / katia.foret@lvan.fr
Pour terminer en beauté, regardez le panorama de la ville à 360° !
KEN LE TOURISTE PARFAIT Bon, pendant que vous prenez votre pause-déjeûner à la cantine, parce qu’il pleut, Ken est sous le soleil radieux de la piscine du Marina Bay Sands de Singapour (Voir ci-contre les trois immeubles de MarinaBS). Repos total, pour Ken, entre deux avions de voyages d’Affaires. Etre un Touriste parfait obligeait Ken, vous le savez , à loger dans des palaces, à prendre des vols privés hyper chers, pour créer le maximum de « retombées économiques partout où il se déplace en séjour ! Et donc à gagner beaucoup, pour tenir son rang. Il appela son ex, Barbie : « Viens viiiite ! Guy Savoye est à la cuisine, il y a une fête ce soir et la piscine découverte, sur le toit, est la plus grande du monde, tu t’en souviens? Notre chambre est toujours au 55ème étage! ». Car demain Ken allait à Abu Dhabi, et là, pas possible d’y aller avec Barbie Chérie. Barbie était trop, comment dire, trop « voyante » pour les Emirates.
QUELQUES PHOTOS DE NANTES ET D’ESTUAIRE, Biennale d’art contemporain
L’éléphant et les Nefs des machines Copyright Ivan-Nautilus Nantes
Tatzu Nishi – Villa cheminée, Bouée/Cordemais / création pérenne Estuaire 2009 © Gino Maccarinelli
Daniel Buren Les Anneaux, Ile de Nantes / création pérenne Estuaire 2007 © Gino Maccarinelli
Tadashi Kawamata – L’Observatoire, Lavau-sur-Loire / création pérenne Estuaire 2007 – évolutive 2009 © Bernard Renoux
Felice Varini – Suite de triangles, Saint-Nazaire 2007 / création pérenne Estuaire 2007 © André Morintélécharger le fichier
Jean-Luc Courcoult- La Maison dans la Loire, Couëron / création pérenne Estuaire 2007 © Stéphane BellangerBrasserie © lvan_ Argentic & numéric
——————UNE BONNE BONNE SURPRISE !!! Notre ouvrage est annoncé par l’Obsevatoire des Politiques culturelles de Grenoble! Merci à l’OPC!
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Nantes, Lille, la Seine-Saint Denis et plein d’autres collectivités en France… selon les protocoles qu’Evelyne tu as défini à condition que les professionnels jouent le jeu comme à Nantes et que l’Etat en centrale et dans les DRAC se libère de sa graisse inutile et de son arrogance !
Après tout la Suisse a deux fois plus d’artistes par habitant… et quels artistes… sans Ministère de la culture… ce sont les collectivités qui sont à l’origine de ce dynamisme helvétique dans tous les domaines artistiques. En France, le Ministère de la culture était bien nécessaire au cours des 40 dernières années, mais il doit repenser entièrement ses missions face au dynamisme et à l’expertise des collectivités.
Auteur
Je suis d’accord! Mais comment former les 30 000 fonctionnaires de l’Etat à autre chose? Et leur apprendre l’humilité? Pour l’instant, l’abri-alibi suprême, c’est « Cet Etat culturel, une Exception française que le monde entier nous envie! », auquel on ajoute qu’il y a « certes, quelques imperfections » mais que « Nobody’s perfect! » et que tout cela va s’arranger, avec le temps…Sans compter que la première phrase que dit un énarque à une autre énarque, à l’apéro, c’est, mettons pour le premier : « Toi, tu en as combien? » – « 3 562! », répond l’autre. Et il parlent de leurs agents…Ils se mesurent principalement au nombre d’agents de leurs services (il y a beaucoup d’énarques au ministère de la culture), et à la « consolidation » réussie de leur budgets de l’année précédente.En fait, ce qui me choque, c’est que tout l’appareil culturel ne profite qu’ aux seules classes moyennes ou supérieures. L’offre ne varie pas. L’Opéra est payé par les plus pauvres des français, qui ont 0,02% d’y aller eux-mmes un jour ( j’ai calculé!); et payé pour les plus riches, habitant Paris ou près de Paris. Et ça, c’est misérable pour nos donneurs de leçons républicaines.Enfin pour les artistes, pensons aussi à l’art américain, quand on nous dit que notre modèle est le plus vaillant, et relisons F.Martel pour voir d’où vient l’argent et comment ils ont organisé leur soft power. Grâce aux talents, aux artistes, et pas aux ambassades et autres centres culturels trop institutionnels qui ne présentent que notre art officiel, majoritairement, aux bien-pensants locaux. Je crois aussi que, en Allemagne, il y a une école d’art par région, grosso modo, nous on en a 52…Un peu d’air! Il nous faudrait un peu d’air frais! Venu d’ailleurs, si on daigne comparer notre systèmes culturel avec les autres.
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