Actualiser l’offre culturelle et touristique!

  

Ken et la Fille de Staline ( Voir légende à la fin du billet)

 La très intéressante étude des desiderata des clientèles européennes  du tourisme urbain avait mis en évidence, pour la France, la nécessité d’actualiser son offre culturelle. (Voir ci-dessous les références de cette étude). 
Ce billet est dédié aux jeunes professionnels du Tourisme institutionnel -ou non,   surtout si leur Chef est  une bête de marketing mais se méfie des idées nouvelles, surtout celles des plus jeunes,  parce que Môssieur «  a de l’expérience, lui, et sait ce qui marche ou non et là où il faut investir, ah mais ! »
Prendre ce chemin, présenter la création dans tous ses états – gastronomie, oenologie, nouveaux hôtels, nouvelle offre culturelle – et oser ! Par exemple faire se rencontrer artistes et  touristes :  quoi de plus sympathique pour les artistes qui aiment les rencontres, et pour les visiteurs, qui raffolent de convivialité (ou alors j’ai mal lu les 17 enquêtes et études sur le sujet…)? 

Car  l’attractivité de notre pays est tout de même basée sur son art de vivre et sa culture, à 80%, pour les visiteurs étrangers lors de leur séjour, et c’est la même chose pour le tourisme français. Ils rencontreront à coup sûr les hôteliers et autres hébergeurs, les restaurateurs et les vendeurs de prestations, mais ces professionnels n’ont pas vraiment de temps à leur consacrer, la convivialité n’est pas leur priorité, et  rencontrer des gens, des créateurs d’aujourd’hui, serait une alternative. 
Une niche, me direz-vous ? Certes, mais une niche+une niche+une niche, ça peut faire du monde, non ? Et cela peut aider, quand on a moins de touristes, comme en ce moment, et surtout renouveler l’offre, chers amis du tourisme, attirer des clientèles plus jeunes, fidéliser tous ceux qui ont déjà vu la Tour Eiffel ou le Mont-Saint Michel. Sans vous dire, parce que vous le savez, que les clientèles de la culture actuelle font en général partie du haut de gamme, ces clientèles à très fort pouvoir d’achat qui vous donnent moins de travail que le tourisme de masse et dont votre chef, justement, a inscrit la présence dans son schéma de développement 2008-2012 !  
1 – Une offre française banalisée ?
Le patrimoine
: sur les sites des Offices de Tourisme, l’offre actuelle est peu présente : une grande majorité d’églises romanes et de cathédrales, de remparts militaires ou de lavoirs avec un peu de lierre, certes des images typiques  de la France, mais aussi typiques de toute l’Europe, donc pas forcément différenciantes, avec la concurrence actuelle ( Italie, Espagne, Europe du Nord…)
Renouveler l’offre en  partie : perpétuer les traditions, parfois de façon un peu artificielle, lorsque par exemple l’objectif est   « juste pour faire plaisir aux touristes », car ils s’attendaient à ça, dans votre pays ou votre ville, est chose normale. Fest-Noz bretons et Noêls alsaciens, chants Corses ou Pelote basque, ces traditions perdurent, il est vrai, et nous pouvons nous en réjouir.  Mais les bretons ou les basques ont aussi d’autres activités culturelles, ils écrivent, peignent, tournent des films ; ils sont architectes, artisans du verre ou designers de mobilier, marionnettistes ou encore intermittents du spectacle, doués.  Organiser les rencontres avec et autour de leurs œuvres, prolonger la visite du passé, qui éclaire bien des aspects d’aujourd’hui, vous permettrait aussi de développer de réelles identités nouvelles.
Renouveler l’évènementiel :  revisiter les formats et l’esthétique  des festivals traditionnels, des carnavals un peu épuisés, des feux d’artifices du 14 juillet, de la mise en lumière des monuments et des villes ( Cf. l’excellente initiative de Lyon, pour la Fête des Lumières, de Lille 2004, de Nantes-Saint Nazaire – un million de visiteurs pour ces deux dernières manifestations…) serait aussi une très bonne stratégie. Voyez grand ! Pour que notre offre ne ressemble pas à celle de l’Italie ou de l’Espagne, offrons du contemporain ! Pour attirer d’autres clients que les 15% d’aficionados de la culture et du patrimoine classiques, qui viendront de toute façon –  ne vous inquiétez pas, ceux-là sont prêts à tout pour visiter, ils consomment allègrement toute notre offre classique, quoi qu’il leur en coûte !- Et rêvez aussi  à ces centaines de millions de chinois, brésiliens, russes, ou du Moyen –Orient, qui ne savent plus où aller car tous les dépliants qu’ils reçoivent, de l’Europe, sont les mêmes !!! (Car vous savez bien que, au-delà de 2000 km, on voit mal les différences, n’étant pas du coin, et « tout se ressemble, en gros… ).  
2 – Nos atouts pour une offre plus contemporaine :
– Toute l’architecture ultra contemporaine, souvent laissée à l’abandon par les Villes et Pays d’Art et d’Histoire, hélas, l’architecture et le design  des pubs, bistros, boutiques des dix dernières années ! Déguster un petit vin blanc à l’apéro dans un décor étonnant, c’est très agréable.
–  Et des acteurs :    des milliers de groupes pour la musique, plus de 50 écoles d’art, viviers de jeunes artistes, des centaines d’acteurs, d’organisateurs de spectacles, des milliers de musées et de galeries qui connaissent bien le contemporain.
 Et des vedettes : une architecture très en  forme, avec des ténors de qualité, comme J.Nouvel. Même chose pour le design, avec Ph. Starck ou P.Jouin.   
– Et la passion de maires qui affichent leur goût pour des propositions moins conventionnelles, une culture plus actuelle comme celle que soutiennent  les maires de Lyon, Lille, (Lille 2004)  Bordeaux ( l’an dernier) Nantes, Roubaix, Angoulême ( BD) La Rochelle, Lorient (Festival Interceltique), Carhaix ( Vielles Charrues) ; Giverny (EPPC musée américain) , Versailles (Art contemporain au château), Sète (le MIAM), Annecy ( Image animée), Bourges ( musiques actuelles), Cannes (musiques actuelles), Draguignan ( art dans la nature), Paris ( Nuits Blanches), St Etienne ( Design), Vallauris (Biennales de céramique internationale), Vandœuvre-lès-Nancy ( Théâtre)…
Notons enfin que très peu de villes revendiquent cette image « contemporaine » via leurs sites de Tourisme, mais Lille, Paris,(Voir la dernière présentation sur son site Internet, étonnante, car on ne  parle même plus de la Tour Eiffel, rien que d’offres contemporaines…),  Bordeaux et surtout Nantes et Lyon, toute ces villes  en font une marque de fabrique, ainsi que les villes qui aident un évènementiel puissant (Carhaix ou Lorient).
Notons aussi, si vous n’étiez pas convaincus, que, au passage,  ces villes retiendront leurs jeunes au pays, car on pourra s’y amuser. Comme les jeunes cannois avec ce festival de musiques actuelles de Cannes ( Techno),  ville un peu compassée hors  Festival de cinéma, mais que  cet évènement rend la plus joyeuse de tout le sud-est  durant l’été.Pourquoi croyez-vous que les jeunes français préfèrent la Grèce?
3 – Un argument de choc, toujours pour votre Chef, le Roi du Marketing, s’il doutait encore  …
Les plus grandes institutions, les vénérables Manufactures Françaises à la Colbert, s’y sont mises ! La création a droit de cité dans toute leur production. Et si la porcelaine de Limoges se vend encore, malgré  des concurrents redoutables, comme la Chine, c’est grâce à ses formes et décors renouvelés par les artistes d’aujourd’hui ! Pour une fois, donc, copiez cette posture très « marketing » de la Culture, en proposant, donc, de renouveler votre image, votre notoriété ou votre Carnaval !
Prenons pour exemple les très vénérables maisons de création ( Dior/Chanel/Hermès…), mais aussi ces Manufactures où s’épanouissent, depuis Colbert , les artisans et les métiers d’art. Elles offrent toutes leur chances à des créateurs actuels, en France. Les artisans sont ravis, mettent  leur talent au service de nouveaux défis , qui les passionnent. Renouveler les traditions est leur exigence. Ne pas se complaire dans la seule tradition est leur projet, qui accompagne leur métier, leurs savoirs faire.
Ce que l’on ne demande donc même plus à des institutions vénérables, on pourrait aussi le demander aux   artisans des Carnavals, aux organisateurs des feux d’artifice ou  de l’éclairage des monuments : « Renouvelez vos propositions, les clients tradis viendront tout de même, mais on gagnera de nouvelles clientèles – cettte  obsession du tourisme –  et on la fidèlisera sur la base de cet étonnement garanti ! »    
http://www.mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/missions.html
 4 – Enfin, voici de quoi pouvoir parler de ces institutions.tourisme et art contemporain, foire des milliardairezs
1 – Mobilier national et manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie
Le Mobilier national conserve encore aujourd’hui plusieurs centaines de « Savonneries » dont les tissages s’échelonnent du XVIIe siècle à nos jours. Les tissages, aux formats très variés, vont du simple dessus de tabouret ou de banquette jusqu’à des pièces pouvant dépasser les dix mètres de long. Les pièces les plus exceptionnelles proviennent d’un ensemble de quatre-vingt treize tapis destinés à garnir le plancher de la grande Galerie du Louvre, commande réalisée de 1670 à 1685.
Charles Le Brun (1619-1690) en avait donné les modèles, qui font souvent référence à la mythologie ou comportent des allégories à la gloire de Louis XIV.Au XVIII ème et au XIX siècle, la création se poursuit.
La manufacture de la Savonnerie a produit récemment des tapis importants de François Rouan, de Claude Lévêque, de Marc Couturier ou de Christian de Portzamparc, tous des artistes vivants.
A la Manufacture des Gobelins, ce vendredi 12 mars 2010,  eut lieu la tombée de métier de la tapisserie  Le Grand silence d’après Vincent Bioulès, artiste français du mouvement « Supports-Surfaces » 

2 –La  Tapisserie d’Aubusson , inscrite au Patrimoine Mondial de L’UNESCO 

Des anonymes du 15ème siècle au célèbre Braque, Le Corbusier, Lurçat, Toffoli, Texier… la tapisserie d’Aubusson retrace l’histoire de l’humanité. Six siècles de patience, d’humilité et de créativité ont fait de la ville la capitale de la tapisserie de basse lisse. Toute une chaîne des métiers y est représentée : filateur, teinturier, lissier, restaurateur… Une quinzaine d’ateliers, de galeries et de manufactures y produisent toujours des tapisseries murales, des tapis de sol, des petits sujets…
  C’est de Jean Lurçat qu’allait venir l’orientation vers un art neuf. Avec Elie Maingonnat, directeur de l’Ecole Nationale d’Arts Décoratifs, Jean Lurçat initie d’autres artistes au métier :   Gromaire, Braque, Vasarely, Cocteau, Dali, Picasso, Ernst, Calder, Le Corbusier… séduits par l’art séculaire de la tapisserie, viennent travailler à Aubusson.
Aujourd’hui  nos contemporains continuent à mettre leur talent au service du lissier et créent encore des cartons. Olivier Debré peint de grands aplats maçonnés au couteau, les lissiers tissent « Révolution » ; Sylvain Dubuisson s’oriente quant à lui vers un tapis ras symbolisant l’entrecroisement des fils de chaîne et des fils de laine. Garouste et Bonetti réalisent des cartons pour un canapé, le lissier tisse de la tapisserie de siège. En 2000, dix sept majestueuses tapisseries sont tombées de métiers. 

3 – La Manufacture de Sèvres : le nouvel établissement Sèvres – Cité de la céramique vise à la création d’un Pôle national de la céramique et des arts du feu http://www.sevresciteceramique.fr/site.php?type=P&id=23 

La Manufacture de Sèvres a encouragé ce mouvement dès les années 1960 en accueillant Jean Arp, Michel Seuphor, Yaacov Agam, Alexandre Calder… jusqu’à, aujourd’hui,  Louise Bourgeois, Arman, Pierre Soulages, Johan Creten ou Elsa Sahal

Bref rappel de l’histoire de la Manufacture : rappelons qu’elle a été en 1740, dans l’une des tours du château de Vincennes,   pour travailler  la porcelaine tendre – ce succédané de la véritable porcelaine, dite porcelaine dure, composée de kaolin à près de 75 % – Cette porcelaine est en effet très convoitée par les cours européennes au XVIIIe siècle, qui ne possèdent pas encore le secret détenu depuis 1710 par la Saxe, celui de l’adjonction du kaolin – une argile blanche – à la pâte de porcelaine.
Louis XV accorde ainsi rapidement son intérêt à la jeune Manufacture de Vincennes et, en 1756, la transféra dans des bâtiments construits spécialement pour elle à Sèvres, à mi-chemin entre les Tuileries et Versailles.
 
Accompagnée des privilèges royaux, Sévres fit aussi otujours appel à des artistes de renom, comme François Boucher, peintre du Roi, premier artiste invité en 1749. Giovanni Claudio Ciambellano, dit Duplessis père, orfèvre du Roi, le créateur de la plupart des formes de 1748 à sa mort, en 1774.
 
 
Pour en savoir plus : Tourisme en ville – Pratiques et attentes des visiteurs européens dans les villes françaises
Etude quantitative en ligne auprès des visiteurs allemands, anglais, belges, espagnols,français, italiens, AtouT France,
Auteur(s) : ODIT France / Novatris Publié en Novembre 2007 – 181 pages Collection : Observation Touristique – Analyses et Perspectives
25,00€
Présentation : avec près de 40% de la consommation touristique en France pour moins de 30% des nuitées des touristes français et étrangers, le tourisme en ville est enfin reconnu comme un incontestable enjeu économique pour les agglomérations françaises. Mais la réalité des pratiques touristiques, notamment celle des clientèles européennes très présentes dans les villes françaises, reste mal connue, faute d’enquêtes d’ampleur nationale.C’est pour tenter de combler cette lacune qu’ODIT France, en partenariat avec la (FMVM) et la Délégation Inter-Fédération des Maires des Villes Moyennes et la Délégation ministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires (DIACT), a fait réaliser, à la fin de l’année 2006, une étude quantitative et qualitative auprès des principaux marchés du tourisme en ville, en interrogeant des internautes allemands, belges, britanniques, français, italiens et espagnols.
Principaux résultats issus du traitement de cette enquête en ligne :
 les caractéristiques des visiteurs pratiquant le tourisme en ville : profils, statuts, motivations, comportements, usages ;
• les villes françaises les plus visitées ;
• les pratiques des visiteurs (en séjour et/ou excursionnistes) dans et hors la ville ;
• les satisfactions et attentes de ces visiteurs.
 – A LIRE AUSSI : Tourisme et art contemporain, Revue Espaces, N° 258, avril 2008.
KEN à la Foire des Milliardaires !
  

Ken devant son canapé fait avec des animaux...

Ken attend vos propals de Tourisme un peu différent. Comme tous les Touristes Parfaits, il s’ennuie un peu en France, il est vrai. « Charmant décor, la France ! » avait dit son ex, Barbie, mais il voyait bien qu’elle préférait le shopping au cathédrales, et que les villes historiques n’ étaient, pour elle  qu’un alibi bien propret pour voyager: jamais elle n’en repartait sans sept ou huit  sacs bourrés de robes ou de bijoux qu’on trouvait aussi à L.A, California. Mais là, elle avait fait très fort : l’emmener à la Foire des Milliadaires!!! Pour la revoir , il est vrai qu’il était prêt à tout, et il lui avait donné rencart à cette foire , qui annonçait  « Les produits les plus luxueux pour les gens les plus riches », le salon où toutes les marques de luxe et du sur-mesure doivent être présentes. Depuis sa première édition en 2005, son succès ne se démentait pas. Les organisateurs en proposaient une tous les ans à Moscou, à Bruxelles, à Amsterdam et maintenant en Chine. Pour les grosses fortunes, comme celle de Barbie,  c’était  l’occasion idéale de faire son  marché :  une voiture de légende, un jet privé, un téléphone en diamant ou une villa aux Caraïbes. Mais voilà, sa fortune, c’est  à Ken qu’elle la devait,  avec son sens  bonnes Affaires, ses amis financiers et ses voyages incessants ,au bout du monde,  du Touriste Parfait qu’il était devenu. Il ne voulait jamais le lui faire remarquer. Car il était parfait, justement. Bling-bling, mais aussi Parfait ! 

LEGENDES DES PHOTOS 

Celle du haut :  « Svetlana, la fille de Staline trichant durant  un examen » collage de 1976 : collecter, coller peindre, de l’artiste  Erro, figuration narrative, Expo Centre Pompidou 2010 

Celle du bas :  le canapé fait d’animaux assemblés :  -banquette 2004 deux frères brésiliens, Fernando et Umberto Campana, connus depuis les années 90. ( Dernière expo en Europe, celle de février dernier, au Vitra Design Museum ( Weil-am-Rhein , Land de Bade Wurtemberg) www.design-museum.de   . Dans leur atelier de Sao Paulo  , les deux frères ne cessent de le répéter : « C’est le matériau qui conditionne la forme et la fonction »!

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