Suivez le guide!

 
 
 

Ken à l'expo des Playmobil, de bons amis à lui, au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Attention! Changements à l’horizon 

pour les 3 000 guides du Tourisme Culturel qui exercent en France! dont   80 à 85 %  de femmes et  plus de la moitié des troupes  à Paris en Ile-de-France et en PACA. 3000, dites-vous? Oui, car si l’on recensait  9 555 cartes professionnelles de guides  enregistrées  par les préfectures en 2007 ,  tous les guides ne sont pas en activité et de nombreux guides ont plusieurs cartes.
Changements de tous ordres, depuis les décrets du 23 décembre dernier, liés à la réorganisation du Tourisme . (Loi n° 2009-888 du 22 juillet 2009 de développement et de modernisation des services touristiques, chapitre III,  consacré aux visites dans les musées et monuments historiques (NOR: EC ER0922132D).
Et une étude très récente pour connaître parfaitement l’état des lieux : 
L’étude sur l’exercice des métiers de guide-interprète et conférencier est tout à fait intéressante. (2009,Richard Lewy Consultant – Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services/MEIE  Rapport final « Étude sur l’exercice des métiers de guide-interprète et conférencier » (2008/2009)pour le Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi)qui trace  un état des lieux des métiers de guides-interprètes et conférenciers ainsi que des propositions sur l’évolution du métier, à l’avenir.(Nous l’appelons « L’étude 2009 dans ce  billet, ndlr).Les  nouveaux décrets  du 23 décembre concernent en particulier quatre catégories différentes de guides, ces différences n’étant celles  du métier (le même, c’est à dire la prise en charge de visiteurs, pour une durée limitée,  avec les mêmes rémunérations, en moyenne)  mais celles de concours, d’examens différents, tout comme le périmètre de leurs interventions ou encore le statut des monuments ou musées où ils exercent leurs talents.
On distingue ainsi, même si cela ce qui n’a pas grand sens pour leurs  clients, quatre grandes familles de guides  : 
1 et 2 – Le guide-interprète national  ou  régional,  qui assure la prestation dans la langue du touriste dont il a la charge, dans les musées ou sites, monuments  en France sous tutelle de l’Etat (guide national) ou dans une région pour les monuments, visites ou sites qui ne sont pas sous la tutelle de l’Etat.(guide régional). 

 3 – Le guide-conférencier des villes et pays d’art et d’histoire (VPAH) qui, après un examen, peut exercer dans les collectivités territoriales labellisées « VPAH ».
4 – Le guide-conférencier national , qui assure, au cours d’une visite, une conférence sur un thème particulier dans un musée ( 150 guides de la Réunion des Musées  nationaux sous tutelle de l’Etat) ou dans un monument sous tutelle de l’Etat ( CMN, Centre des monuments nationaux). . 

On n’oubliera pas le métier de guide-accompagnateur, responsable  d’un groupe de voyageurs, de la gestion de leur quotidien (sécurité, planning, hébergement, transport, budget, visite, contacts avec les relais,  gestion de ce groupe, dont sa cohésion).Toutefois ce guide n’est pas habilité à faire des visites culturelles s’il n’a pas l’une des cartes des 4 catégories précédentes. 

Le métier de guide : voyons les contenus du métier de guide-interprète, très représentatif de la profession.
Le guide interprète (régional ou national) est chargé d’accompagner des groupes de visiteurs, pour commenter les visites organisées dans les villes, les monuments, des sites et des musées de France. Ces commentaires sont  faits dans la langue du groupe concerné et adaptés au niveau de chaque public. Ceux-ci sont fort divers, puisqu’un guide peut très bien avoir à gérer un groupe d’hommes d’affaires, de scolaires, de personnes du troisième âge…  français ou de nationalités variées..
Avant la visite : il faut faire des recherches, des synthèses des documents et ouvrages, travail  parfois long et jamais rémunéré. . Il faut également être à jour des autorisations nécessaires a (administrateurs des sites) , parfaitement au point pour tout le pratico-pratique (parcours ultra précis de la visite, connaissance des aléas ( salles fermées, objets prêtés à l’extérieur…), heure réelle de fermeture, emplacement du parking, des toilettes, d’un point de change…).
Ce travail est éprouvant  physiquement – trois visites à Orsay ou au Louvre = 15 km avec les allers-retours, sur un sol dur, tout en parlant, sans parler de sites archéologiques où l’on a vite soif)…)
 Des conditions de travail difficiles : les guides sont employés par des agences de voyages réceptives ou encore par des organismes publics (généralement les offices de tourisme). Ils peuvent également travailler pour un musée, un site, une association culturelle, un autocariste, un comité d’entreprise, une mairie… La profession est sévèrement réglementée. Une carte professionnelle est délivrée aux titulaires des diplômes de guide interprète national et guide interprète régional. Les guides,  en France ont, moyenne, plus de 4 employeurs. Des contrats précaires –  Seulement 7,6% des répondants se déclarent en contrat à durée indéterminée (CDI)-,  un métier peu reconnu, les guides se sentent isolés et souffrent de petits salaires, de l’absence de statut et  de visibilité de leur profession. 

Les guides ne sont pas bien payés !
La plupart des guides, malgré leur parcours, leurs connaissances et leur expérience, sont vacataires, payés par les agences et les offices de tourisme. On connait des guides payés 24 € bruts pour une prestation de 2 heures vendue, elle, 128 €. Rémunération : un guide qui travaille régulièrement peut espérer gagner, à Paris, environ  1 500 euros mensuel sur l’année. L’étude 2009 précise : les guides disposent d’un revenu tiré de l’activité de guidage qui s’établit en moyenne à 7 500€ annuels, les GCVPAH dépassent à peine les 6000 € de revenus tirés de l’activité Les conférenciers nationaux déclarent tirer un revenu moyen de 11600€. Tours d’après l’étude 2009, 10% des GIC retirent moins de 1 000€ de leur activité en 2007. Enfin  17% des GIC disent gagner plus de 15 000€.
L’externalisation du guidage risque de renforcer ces salaires très bas du secteur non marchand( voir ci-dessous) d’autant que les emplois sont très souvent saisonniers. Et fragiles si une crise (d’une tempête aux grèves de transport en passant par la crise finacière qui a supprimé nombre de voyages des clientèles de  certains pays…).  

D’autres guides  exercent en libéral ou sont salariés d’une association de droit privé .
Les conditions de travail exigent une grande disponibilité : travail le soir, le week-end, travail très dur en haute saison. Les réservations se font souvent à la dernière minute et   le guide peut être sollicité la veille pour le matin pour le soir. Plus il gagne en sécurité (Même monument, par exemple, ou même clientèle) plus il risque aussi la routine ou la lassitude. 

Les employeurs
Une grande hétérogeneité  est constatée par l’étude 2009.  Plus des 3/4 des employeurs sont issus du secteur non marchand ou de l’économie sociale.
Les principaux employeurs, en nombre, sont les offices de tourisme, les services du patrimoine issus de collectivités, les EPCC, les EPIC et les associations. Autant de structuresnon marchandes, de services publics ou qui relèvent de l’économie sociale. Les employeurs peuvent être également des autocaristes, des agences réceptives et des entreprises de tourisme inscrits pleinement dans la relation marchande.
Tous ces employeurs sont inégalement soumis aux exigences sociales, fiscales et statutaires.
Les guides sont donc peu organisés face à ces employeurs, ont peu de vision prospective de leur métier (croisement avec d’autres filières, changements induits par les TIC et apport des TIC, par exemple) et le corporatisme reste fort. Les perspectives d’évolution sont peu nombreuses et les guides ont du mal à se reconvertir.
Cependant, comme le souligne l’étude 2009,  la faiblesse de la masse critique (diplômes, examens, dialogue social…)  et une « fédération » qui ne compte que  450 guides (au sein de la plus importante association), ou les 200 étudiants sortant chaque année des 12 universités avec le diplôme de GIN, cela fait assez peu de monde pour faire évoluer et développer la profession, et pour que les guides soient mieux « intégrés » dans les services employeurs. Car les passerelles entre les différents guides ne mèneront pas, à elles seules, et bien que tous les souhaitent, à des évolutions significatives du métier. Des groupes de réflexion ont par ailleurs été mis en place conjointement par les deux ministères de tutelle  (Ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi pour le Tourisme, Ministère de la Culture et de la Communication, depuis novembre dernier, pour travailler au croisement de référentiels métiers ( Guides et Conférenciers) en vue d’aboutir à une simplification.
Formation : le diplôme de guide interprète national qui se prépare en un an et nécessite une formation linguistique, historique et artistique. Et une formation pédagogique ( celle qui est la moins bien  dispensée, hélas, et, à notre avis, le seul défaut de cette profession est tout de même que l’on peut l’exercer avec une base de connaissances, mais  parfois sans aucun talent de communication. Peut-être cela explique-t-il en partie le fait que  45% des organismes qui les emploient disent faire appel à des guides non titulaires d’une carte officielle ? Bref, en principe on peut exercer à bac+ 3 dans les  domaines suivants : histoire de l’art, archéologie, médiation culturelle, communication, ainsi qu’avec un  BTS tourisme de l’option accueil-animation.
Ou se former  pour obtenir un diplôme ?
A ce jour, douze universités sont habilitées pour former les guides (GIN) (Angers, Bordeaux IV, Clermont-Ferrand II, Corse, Lyon II, Nice, Paris- Est – Marne la Vallée, Paris X Nanterre, Perpignan, Rennes II, Toulouse II Le Mirail, Lille.)
Ces universités forment  davantage de diplômés que n’en nécessite la demande, mais n’est-ce pas la même chose pour de très nombreuses professions?. L e recrutement est très sélectif, car la connaissance de deux langues étrangères est requise. Un dossier technique (compte-rendu d’expérience dans le domaine du guidage et/ou projet professionnel personnel) suivi d’un entretien complètent les épreuves de sélection. Les  universités
organisent différemment leur enseignement mais le diplôme national est le même pour tous.
La formation permanente : voilà , à notre avis, la vraie faiblesse actuelle, avis partagé par les auteurs de   l’étude 2009 sur les guides. Avec une absence de statut, un isolement relatif, des organismes employeurs d’une grande hétérogénéité, un petit salaire (en moyenne moins de la moitié d’un ETP par an…) les guides ont du mal à bénéficier, régulièrement,  d’une bonne formation tout au long de leur vie. Ceci explique peut-être leur réticence aux  nouvelles technologies de la communication (TIC), jugées comme étant concurrentes de leur travail par la majorité d’entre eux, alors qu’ils devaient avoir le quasi monopole des contenus des TIC grâce à leur métier.  Car seule, à notre avis, une méconnaissance des TIC peut en faire des « concurrentes ». Les réponses, dans leur ensemble, aux questions relatives aux TIC dans l’étude sur les guides montrent que 80% d’entre eux y sont hostiles, mais, note le rapport, ces réponses montrent que « le marché des audio guides est totalement méconnu ; les remarques sont peu construites et généralement faites de préjugés ». Depuis 30 ans que nous suivons les évolutions de ce métier, pourtant, la demande des guides eux-mêmes porte sur les formations en langues.

Un métier magnifique !
La demande du public est croissante et de qualité, la passion d’exercer, la diversité des situations et surtout le milieu culturel, très valorisant, voilà autant d’atouts repérés par les guides eux-mêmes, qui jugent positivement leur fonction.
 
Les guides-interprètes et conférenciers constituent les principaux vecteurs de valorisation, de présentation et de diffusion des connaissances du patrimoine historique et culturel de la France. Leur rôle est par conséquent fondamental pour l’attractivité de la destination France. À ce titre, on peut penser que l’exercice de ce métier porte, en lui, les potentiels de sa valorisation.
Les données des enregistrements des cartes des trois dernières années montrent que près d’un quart des titulaires sont des jeunes. À cet égard, la profession ne souffre ni de problème de recrutement, ni de problème d’image, tant à l’extérieur qu’au niveau des générations montantes.
L’avenir ?
L’avenir passera sans  aucun doute par l’excellent site , qui est un Forum, FGMP, le Forum des guides et des médiateurs du patrimoine, qui diffuse l’étude 2009  qu’il faut réellement que tout le monde connaisse: 
 fgmp Forum des Guides & Médiateurs du Patrimoine :http://www.fgmp-forum.org
J’y  ai rencontré des hôtes perspicaces et charmants, prêts à dialoguer, à avancer, à changer le monde des guides! Avec de tels professionnels, leur énergie, la qualité de leur réflexion et leur charisme, je ne me fais, depuis quelques jours, aucun souci sur l’avenir de ce forum et, espérons-le, les solutions et bonne idées  qui y seront trouvées collectivement par toute la profession.
– Olivier DUHAMEL – Guide Interprète National (ESTHUA 2005); Guide Conférencier VPAH (Nord – Pas de Calais 2008)
– Yannick SAUNIER – Guide-interprète régional (Provence Alpes Côte d’Azur), Guide Interprète National, Guide Conférencier VPAH (Rhône-Alpes)
– Marie-Laure PALICOT REGUS – Guide Interprète national ( Languedoc-Roussillon) 

Et un grand merci à Marie-Paule, Yannick et  Olivier ! 

En savoir plus :
Décret n°2005-791 du  12juillet 2005 (J.O. du 16 juillet 2005) relatif aux personnels qualifiés pour conduire des visites dans les musées et monuments historiques et modifiant le décret n°94-490 du 15 juin 1994 et décrets de la réforme de décembre 2009 :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000021529652&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id
Fiche métier, que nous avons résumée  : http://www.studyrama.com/article.php3?id_article=1366
L’organisation professionnelle au niveau national et international :
En France La FNGI est une association professionnelle à but non lucratif. Elle rassemble environ 700 adhérents, tous titulaires d’une carte professionnelle  Ses objectifs :  rassembler les guides- interprètes qualifiés afin de les représenter, valoriser, promouvoir et défendre la profession de guide-interprète professionnelle. La FNGI siège au Conseil National du Tourisme et à la Commission Nationale des Guides et Conférenciers. La FNGI est membre fondateur de la F.E.G. : Fédération Européenne des Associations de Guides Touristiques. www.feg-touristguides.org, soit  20 pays membres représentant environ 45 000 guides professionnels . La FNGI n’a aucune activité commerciale et n’intervient pas en tant que prestataire de services. Elle dispose cependant d’un annuaire, que nous avons testé et qui est très pratique,  pour mettre les clients en relation avec un guide-interprèt e: , http://fngi.fr/_fr/annuaire.php . Site de la FNGI : http://fngi.fr/_fr/index.php
En Europel’association European Federation of Tourist Guide (FEG),composée des    associations nationales de l’Europe, (liste des associations sur  http://www.feg-touristguides.com/links/73.html) et un groupe d’action, l’ETAG,  http://www.etag-euro.org/, lui-même affilié à la WTO, organisation mondiale du Tourisme. Cependant les informations trouvées sur ce site sont périmées et l’on peut donc douter que les études mises en ligne soient réellement utiles aux professionnels. (Par exemple l’étude TOURISM IN EUROPE – to the Year 2005 and beyond, qui est très bonne mais les meilleurs ouvrages aujourd’hui sont ceux qui évoquent les tendances à l’horizon 2020.) 
Site Internet : http://
www.feg-touristguides.org 

KEN ET BOLTANSKY 

 Ken a tout juste adoré le vernissage, au Grand Palais, de l’exposition de Christian Boltansky. Vous n’étiez pas invités? Dommage, mais vous savez, on ne prête qu’aux riches et, en bon Touriste Parfait, Ken est sur tous les fichiers d’invitation de toutes les institutions qui comptent…Il voulait y rencontrer l’artiste, qui fait en ce moment une vaste collection de battements de coeur. Coeurs à écouter, même après la mort des coeurs collectionnés. Il pense que c’est la meilleure solution, que son coeur soit enfin écouté. Il pense que peut-être Barbie se déplacera pour ça, un jour.  

Notre photo : Christian Boltansky, hier , à la télévision.    

 

5 Commentaires

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  1. Un grand merci à vous Evelyne de présenter cette synthèse qui a le mérite d’actualiser les informations sur notre profession. Et merci également de votre implication à nos côtés !

    • Marie Laure sur 12 septembre 2010 à 22 h 28 min

    Merci Evelyne pour la publication de cet article que je communique dès que je le peux.

    Marie Laure
    (et non Marie Paule ;0)

  2. Pardon, bien chère Marie-Laure! Et merci de votre message! Je viens de recevoir aussi, ce petit message d’un conférencier tunisien que j’ai mis en ligne(http://mes-excuses.blogspot.com/2013/06/suivez-le-guide-guide-touristique-un_21.html) . Il faudrait donc mieux définir les droits des conférenciers, cela devient urgent. Bien à vous et belle journée

    • Lorenzi Soumare Marie France sur 29 février 2016 à 14 h 22 min

    Merci depuis la Corse pour cet article clair et impartial

  1. […] Suivez le guide! Ken à l'expo des Playmobil, de bons amis à lui, au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Attention! Changements à l’horizon pour les 3 000 guides du Tourisme Culturel qui exercent en France! – dont 80 à 85 % de femmes et plus de la moitié des troupes à Paris en Ile-de-France et en PACA. 3000, dites-vous? Oui, car si l’on recensait 9 555 cartes professionnelles de guides enregistrées par les préfectures en 2007 , tous les guides ne sont pas en activité et de nombreux guides ont plusieurs cartes. […]

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