TABAKALERA, RESOLUMENT INNOVANTE !

 

Ken, vous comprendrez pourquoi à la fin du billet, est fou d'Espagne en ce moment...

Ken, vous comprendrez pourquoi à la fin du billet, est fou d'Espagne en ce moment...

Tabakalera est  un  projet culturel tellement innovant en Europe que, par comparaison, 90% des lieux ou démarches culturelles, en France, semblent un peu convenus, bien-pensants, comme coincés dans les modèles pré-existants. Il y a en effet en France un format musée, un format Centre d’art, un format Opéra, etc…et très peu d’innovation pour les  schémas qui les déterminent. Les 20% restants , heureusement, sont là pour témoigner de la vitalité des projets et des capacités étonnantes des nouveaux acteurs, élus et professionnels en particulier. 

Il s’agit d’expérimentations réussies, de pépinières de projets artistiques, comme le fabuleux Lille 2004, de villes et département réellement contaminés par l’innovation et l’accueil de tous les publics, comme Nantes et les Pays de la Loire, ou bien d’évènements tellement bien gérés qu’ils ont inclus la possibilité d’un renouvellement, dès le départ (le travail de La Cellule pour les arts vivants, ou le Festival Interceltique de Lorient). 
Aujourd’hui nous évoquerons un projet européen, la Tabakalera, qui, avec quelques autres du Royaume Uni, de Berlin et des Pays bas, est tout de même en train de changer la donne. Une nouvelle ère a commencé, où :
– les publics peuvent enfin participer, et ne plus seulement contempler , « consommer » de l’action culturelle;
– l’exposition, ou le spectacle,  ne sont donc plus le seul moyen de communiquer, avec tous les rites qui lui sont associés ( production d’un catalogue ou livret, vernissage ou avant-première, tous réservés à une élite, offre intangible et choix artistiques relevant d’un « commissaire »omnipotent )
– une très forte ingénierie  est nécessaire pour renouveler la création de ces lieux et la maîtrise du projet, de son calendrier, de son budget, des compétences nécessaires de l’équipe ou de  la production : les directeurs de ces nouveaux sites culturels et de ces jeunes démarches créent  en effet non pas des spectacles de plus, dans la ville, mais des moyens d’organisation, de fonctionnement , et d’appropriation  de la culture.
II – LA FIN DES ANCIENS MODELES : on l’aura compris, ces jeunes projets sont très liés à de nouvelles générations, nées avec le Web. L’intelligence collective, les échanges communautaires ont un point commun : tout le monde peut y participer, à sa façon, dirons-nous, mais réellement. On ne contemplera plus passivement, car on prendra parti, on apportera sa part de connaissances ou de plaisir, on participera à la décision et à l’histoire culturelle. Et de cette façon on trouvera du sens, on ne sera pas mis en échec mais » immergé « dans l’action culturelle vue  comme un enjeu d’un pays et de son histoire, ancrée dans les projets locaux.
 Le web et les technologies de l’information et de la communication  ont  donc modifié en profondeur les pratiques culturelles, qui ne sauraient plus être  imposées   par en haut, la véritable valeur ajoutée de ces lieux formant  une chaîne de valeurs,  celle des apports formels et informels des habitants ou des visiteurs  occasionnels, qui souhaitent tous s’ approprier  un nouveau  lieu. Faute de quoi, ils le rejetteront ou y seront indifférents.
III – LA TABAKALERA, en Espagne, au Pays Basque, nous parait être le meilleur exemple de cette nouvelle génération de lieux culturels. C’est, en plein centre de  Saint Sébastien, une ancienne – et magnifique ! –  usine de tabac transformée  en un Centre International de Culture Contemporaine. Cet immense bâtiment  préfigure magistralement ce que seront les sites culturels de l’avenir :  des lieux de travail, de production, et de création, à la fois très bien insérés dans le contexte local en réseau avec l’international, avec des lieux de « convivialité »- même si le mot est tarte à la crème –  et de surprises !
Alors que le projet est en cours de développement et que les préparatifs sont en pleine avancée pour la rénovation du bâtiment, Tabakalera organise une préfiguration, exemplaire, depuis trois ans , de ce que sera le lieu après les travaux de rénovation. Ses activités cohabitent dans les espaces de l’usine avec des activités très différentes : enregistrements,  télévision,  vidéo et cinéma, linterventions d’artistes,  design , son, expositions, etc.. Tabakalera est déjà un lieu vivant de la ville!
IV – LES CARACTERISTIQUES URBAINES ET SOCIALES DE DONOSTIA/ SAINT SEBASTIEN représentent un potentiel considérable pour le projet de Tabakalera :
Rappelons que Donostia/Saint-Sébastien, la capitale de Gipuzkoa, est une charmante ville de 190 000 habitants,  sur la côte de la mer Cantabrique, avec  une importante activité touristique sur fond d’activités de services . Une ville culturelle qui comprend l’Auditorium du Kursaal, le théâtre Victoria Eugenia et les musées San Telmo et Chillida-Leku ; avec des événements reconnus à l’échelle internationale tels que le Festival du Cinéma, le Festival de Jazz, la Quinzaine Musicale, un ensemble de Centres Technologiques, des Universités et un Palais de Congrés, et qui a expérimenté récemment  la fameuse « Manifesta » européenne, en 2005.
V – ANALYSONS SON PROGRAMME DE PREFIGURATION ces mois-ci, pour voir en quoi il y a, en ce moment, une véritable révolution de l’offre en matière de projets culturels.
Parcourons pour faire cette analyse  le site Internet, à la recherche des indices de cette collaboration nouvellement possible entre les habitants et le centre culturel, pour mieux comprendre de quoi est fait un « nouveau  lieu » en  résumant  les propositions actuelles
1 -Premier indice , sur une page, on nous pose la question :  « QU’AIMERIEZ-VOUS TROUVER A TABAKALERA? Nous aimerions connaître votre opinion et avons conçu pour ce faire à Tabakalera un kiosque interactif où vous pourrez vous exprimer. Vous pourrez ici voir et écouter certaines des opinions que nous avons recueillies. »
http://www.tabakalera.eu/look-again/index.php?op=videomaton
2 – « Nous réalisons et enregistrons notre regard avec un travelling » ( C’est nous qui soulignons!)
Dans le cadre de l’exposition un atelier de tournage sera organisé. Avec la caméra en travelling, les participants à l’atelier seront chargés d’enregistrer leur regard, ce qu’ils observent dans le regard des artistes et dans les propositions qu’ils mettent en avant.  Il y aura également des visites animées par les artistes et les créateurs audiovisuels ayant participé à l’exposition. Une occasion unique de visiter l’exposition au travers l’expérience et l’approche des artistes.
3 – On s’interroge aussi sur ce qui fait œuvre artistique, ou pas, comme dans l’expo-action cinema ouverte il y a deux jours , «  Un chien andalou.  80 ans plus tard (17 septembre au 8 novembre)  » . En reprenant la présentation de cette exposition, on y lit notamment : Cette exposition est un projet qui démontre la pertinence d’une des œuvres les plus importantes dans l’histoire du cinéma et l’un des plus influents dans la culture visuelle contemporaine

4 – On repond aux « trous dans les lacunes «  des professionnels ou etudiants, en favorisant l’apprentissage de la gestion de l’information numérique ou les questions juridiques et commerciales des nouveaux medias : du 13 au 17 septembre 2009  aura lieu   Digital content distribution, un atelier-conférence sur le droit , la régulation et le développement dans les nouveaux médias, en partenariat avec  beActive (Creator of Sophia’s Diary and Flatmates), PortugalFilmotech.com (streaming VoD platform), SpainNOWTILUS (Solutions for on demand film entertainment), Germany.Experts: Nuno Bernardo (beActive), Portugal ,Wendy Bernfeld (Rights Stuff), The Netherlands ,Dr. Frank Brauner (Brauner Rechtsanwälte), GermanyLeander Carell (NOWTILUS), Germany, Francesco d’Orazio (Face Group), UKMario Pena (SafeCreative), SpainDorieke van Helden (Fortissimo Films), The Netherlands, etc…
5 – TABAKALERA RESONNE, exposition-parcours dans le bâtiment ( 11 juillet au 27 septembre), présente   plusieurs œuvres de douze artistes qui travaillent à partir du son. Par des installations sonores, des sculptures ou des travaux audiovisuels interactifs, l’exposition propose une nouvelle manière de découvrir Tabakalera . Des œuvres spécifiquement créées pour l’exposition conversent avec d’autres qui se sont adaptées aux imposants espaces du bâtiment. C’est pourquoi, et dans ce but, nous avons créé un parcours guidé dans le son qui tout en composant une exposition consacrée à l’art sonore nous invite à connaître un bâtiment emblématique comme Tabakalera. (Avec Achim Wollscheid, Pe Lang, Will Schrimshaw, Marcello Liberato, Leerraum , Christophe Havard, Hughes Germain, Yannick Dauby, Juan Jose Aranguren, Patxi Araujo, Mikel Arce, Edwin Van der Heide. Et des concerts et preformances de Francisco López, Charlemagne Palestine. 

6 – RENCONTRE INTERNATIONALE AVEC LES ECOLES DE CINEMA
Les Écoles de Cinéma et d’autres professionnels ont été invités au Festival de Donostia/Saint Sébastien  pour participer à l’atelier organisé par Panavision lors duquel  pour permettre de découvrir les derniers progrès technologiques en matière de caméras et équipements de tournage. Un jury déterminera le travail qui recevra le Prix Panavision qui consiste en un équipement complet comprenant une caméra Sony EX III pour quatre semaines de tournage, ou un crédit de 10.000 euros en matériel Panavision loué, pour le réalisateur du film primé. Le jury déterminera également les noms des trois réalisateurs qui pourront participer avec leurs travaux au Short Film Corner du prochain Festival de Cannes.
Et, comme les années précédentes, quatre travaux produits par les jeunes producteurs de L’Atelier / Masterclass seront programmés hors-concours.(La Fémis – Filmakademie Baden – Wüttemberg), deux du côté français, et deux du côté allemand.

VI –  – METHODE UTILISEE PENDANT LA PERIODE DE PREFIGURATION, 2006-2009, avant fermeture pour rénovation du bâtiment :

Ouverture et partenariats internationaux : la programmation technique et les futurs contenus se sont construits avec des hypohèses confrontées à toute l’expertise internationale et européenne.
Un cycle d’auditions a été organisé par la direction et l’équipe-projet, dont nous avons  eu l’honneur de faire partie.  Les auditions  se sont déroulées  très régulièrement pour confronter les idéesprémices de l’équipe, des responsables des projets de la ville,  aux avis de cette expertise, pour les enrichir, les adapter et…en créer de nouveaux ! C’est comme cela qu’est né le projet, et c’est sans doute grâce à cette démarche progressive, de confrontations, de réflexion, du local à l’international, qu’il correspond aujourd’hui à un projet d’actualité.
Quelques exemples de pays sollicités :  
 Le Royaume Uni, avec le directeur de la Tate Modern, qui fut aussi   soumis aux questions, puis la venue de  Julian Schnabel pour une exposition ; l’Allemagne, avec Orna Cohen, directrice des projets internationaux « Dialog in the Dark, Silence in the Dark, le Casino de la Communication, etc, établie à Hambourg. Les Rencontres Internationale des Écoles de Cinéma -70 écoles, de 27 pays du monde entier, (voir plus haut). La France,  avec le  Palais de Tokyo, le Studio du Fresnoy de Tourcoing, Ars Industrialis, ou le Festival du Court-Métrage Clermont-Ferrand. (Projections à Tabakalera  des films de la Section Expérimentale, soit 42 courts-métrages de 17 pays.)
VII – LES GRANDS AXES DE LA PROGRAMMATION  RETENUE : L’AUDIOVISUEL,    choisi comme le domaine le plus actif de Tabakalera , où la télévision occupera une place de choix.  L’audiovisuel avec le maximum d’innovations en formats et contenus, une rencontre entre les professionnels et les projets d’autres disciplines de la connaissance. Le centre misera par ailleurs sur la créativité des citoyens, à  travers une plateforme destinée aux télévisions libres et communautaires.
LES ARTS VISUELS, LA MEDIATHEQUE, avec des espaces dédiés :
-Espaces de production
–  Lieux de travail
– Équipement audiovisuel (Salles techniques, plateaux)
– Zones auxiliaires (vestiaires, loges, entrepôts)
– Espaces  d’exposition
– Espaces d’intervention
– Salles d’exposition
– Salles de cinéma
– TBkafe
Espaces de  relations

–  Rue
– Restaurants
– Boutiques
– Accés
– Hall
– Et tout les terrains extérieurs, plusieurs dizaines de milliers de M2….
EN CONCLUSION, Tabakalera a une obsession : faciliter l’accès de la culture et  l’art contemporain des publics les plus divers. Vaste ambition qui, pour une fois et preuves à l’appui, est une réussite.

POUR EN SAVOIR PLUS :
Présentation du projet par le directeur, Joxean Munoz http://www.tabakalera.eu/?seccion=2&subseccion=4&subsubseccion=7
L’architecture su site : http://www.tabakalera.eu/Architecture/menu/projets-darchitecture/seccion,4/subseccion,7/
Le site Internet : http://www.tabakalera.eu

Hello Maïté!

Hello Maïté!

KEN LE TOURISTE PARFAIT !

Depuis que j’écris ce billet Ken est d’un collant ! Il fait  le Beau devant mon éventail de Barcelone, pathétique …  Voilà, Ken  aime une fille de la Tabakalera. Ouiiii ! Il l’aime d’amour, comme il me l’a expliqué. Elle s’appelle Maïté, et il est vrai, elle est ravissante. Mais pas idiote. Alors là, je ne comprends pas. Ken, vous l’avez vu, n’a rien à faire de l’intelligence :  il voyage en classe affaires, lève des millions de dollars chaque jour et termine ses journées dans les palaces du monde entier. Il dépense en haut de gamme. Ken est  Le produit parfait du Tourisme. Alors, je ne veux pas le décourager, mais avec Maïté, je pense que cela ne le fera pas…

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