De la conservation à la conversation

De la conservation à la conversation
Telle est la devise du blog de Samuel Bausson, très éminent webmaster au Museum de Toulouse. Allez vite sur son blog voir la vidéo-conférence du directeur de l’Indiana Museum of Art, l’IMA…
• Cette conférence dure  environ une heure, mais je vous la résume :
Que faire avec le Web, quand on est un musée ? Maxwell L.Anderson nous conseille la transparence, la convivialité, et de bien étudier les comportements et les usages, plutôt que les outils du web,  pour arriver à ses fins.
From virtual to visceral résume son approche -et celle de son équipe, soit 300 personnes-  dont la mise en œuvre a sans doute été facilitée par son budget, 41M$.

Comment communiquer ? Que doit- on mettre en avant grâce aux nouvelles technologies ?
1 – Montrer ce que l’on ne voit pas pendant la visite du lieu ou  du site réel
A commencer par les coulisses, tout ce qui est interdit ou n’est pas facile à voir et à comprendre : les réserves, les contenus des bibliothèques, souvent confidentielles; le travail des professionnels, le montage des expositions,;les vidéos d’artistes qui viennent au musée, etc…Et la boutique (Sur le site Internet, la vente en ligne de cadeaux ou de billets est évidemment en place).

Nous verrons plus loin que cette  » mise en ligne  »  a un sens, celui de faire mieux comprendre le musée, son fonctionnement, aux visiteurs. Pour qu’ils se familiarisent avec les objectifs du musée via ses collaborateurs et ses productions et qu’ils puissent aussi en parler, devenir des vrais amateurs, préparer leurs visites, en tirer profit après leur visite, au quotidien. Et revenir au Musée parce qu’ils s’y trouvent bien.
Mais la mise en ligne de données ne suffit pas. Pour chacune de ces entrées, il faut organiser une accessibilité réelle. Une data base, si chaque œuvre n’y est pas expliquée, si  personne ne vous montre le chemin pour  comprendre une œuvre, un fait historique, un ensemble d’objets, est incompréhensible. Le « storytelling » , selon le directeur américain, est parfaitement adapté au développement des bases de données. L’objectif est de faire comprendre, de faire rêver, à partir de documents historiques, de permettre à chacun, par exemple,  de pouvoir se projeter dans le passé ou dans le futur. Le play time, le dream time n’enlèvent rien à la visite, ils l’enrichissent. Même posture professionnelle pour la création artistique, dont la présence est très développée sur les sites annexes de celui de l’IMA, cf.4.
2 – Regarder et apprendre n’est pas la seule activité des visiteurs dans un musée.
Preuves à l’appui, les universités et les musées, si leur objectif est bien d’apprendre et permettre de regarder, ont des publics qui n’y  passent pas tout leur temps. Le rôle de socialisation des universités est connu, les aller-venues, au musée, entre les amis qui vous accompagnent, à la cafétéria ou à la boutique, à la librairie, font aussi partie de la visite. Le web peut développer cette curiosité et répondre à toutes les questions que se posent les visiteurs sur le musée, son organisation. Par exemple les bilans de l’IMA sont en ligne, la provenance des visiteurs des différentes villes du pays font l’objet de cartes interactives,  les questions s’ouvrent sur d’autre questions (Qui vient à l’IMA, à par moi?  Et pourquoi certains habitants ne viennent jamais ? Pourquoi le nombre de visites est-il différent de celui des visiteurs, chaque année, dans les statistiques présentées ? etc..).
Le lien entre « ce que l’on apprend » au musée et « ce que l’on peut faire de ces connaissances »  est aussi une source d’un  travail pour mieux ancrer la visite dans la vie au quotidien, et ne pas la sacraliser. Il n’ a aucune raison pour qu’elle soit solennelle,  il est vrai.  
2 – Donner un sens à la visite, devenir connaisseur
Toute cette transparence ( visite des coulisses, histoire des œuvres..) n’a, au fond, qu’un seul but : rendre le visiteur plus connaisseur, en planifiant des contenus à sa sa pré-visite sur le Web et en l’accompagnant « après » la visite, à son retour, selon ses centres d’intérêts, ses plaisirs, aussi. Les enfants sont parait-il contents de devenir memberships pour convaincre leurs parents d’aller, avec eux, suivre une visite qu’ils sauront  leur commenter.
3 – Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité !
Cela concerne le fonctionnement, les « coulisses », mais aussi les acquisitions et les collections : dire ce que l’on a, mais aussi ce que l’on n’a pas, et pour quelle raison, et aussi montrer ses espoirs d’acquisitions.
4- L’échange régulier avec les visiteurs, entre les visiteurs..
Avec une telle armada de bonnes idées, une telle envie de communiquer, on se doute que les échanges sont multipliés, et que les blogs du musée et de ses activités  fonctionnent  bien. Toute l’équipe est engagée dans ce projet, qui serait impensable sans une implication au quotidien. Ce qui laisse penser que cette équipe a mis de côté d’anciennes façons de travailler pour se consacrer à sa tâche « Web ». Et qu’elle a été formée. Voilà une différence notoire avec notre organisation actuelle, en France, ou , au mieux, des formes de cercles de qualité du site Internet du musée tiennent lieu et place d’un engagement à y travailler très régulièrement. Et si la hiérarchie n’est pas acquise et experte en web, vous connaissez la suite : ce sera encore plus difficile de mobiliser  les services pour un travail collectif, de tenir l’information à jour, grâce à  l’intelligence collective et la participation de tous les services.

On peut aussi imaginer les retours qu’apportent le musée à la société de ses visiteurs, l’influence qu’ils ont sur son fonctionnement,  les échanges aussi très nombreux avec d’autres groupes d’internautes rassemblés en communautés autour d’autres sites,  par exemple Art Babbing, site de vidéos très intéressantes, qui ont aussi l’IMA comme promoteur. Ou le blog Newcurator, ou encore les relations avec le Brooklyn Museum (opération Click ! de l’été 2008).

Le réseau de Art Babble, par exemple,  peut compter en permanence sur  les collaborations de  Art 21, IMA, L.A County Museum, MoMA, San Francisco Museum of Modern Art, Smithonian American Art Institute…Et, évidemment , tout ce petit monde mêlé de professionnels et de visiteurs fréquente  et s’installe sur les réseau sociaux, Twitter et Face book. 
5 – La notoriété ?
Pas d’étude disponible de l’impact de cette  web attitude sur la notoriété, mais à l’heure d’une concurrence mondiale des destinations de voyage, d’une véritable compétition des nations pour accroître leur tourisme, quel meilleur atout, pour un musée, une ville, que d’être en permanence en vie, sur le Web, en y apportant une forte valeur faite de connaissances et de convivialité ? 
Mais je pense que, au-delà des moyens, d’une forte notoriété, d’une très bonne fréquentation, de nouveaux mécènes et sponsors, c’est la profession de foi qui compte, et  d’imaginer en France, ce que nous pouvons faire  pour fabriquer des experts et des amateurs de musées, via le web. Voilà ce qui compte, car, a contrario, si chaque musée ne s’y met pas, ou mal,  ne prend-t-on  pas de se couper des jeunes générations et des pratiques culturelles d’aujourdhui, dont nous reparlerons car elles ne sont pas  une tendance  de  la mode mais un mouvement de fond, qui bouleverse tous les anciens codes de la réservation touristique et, plus encore, tous ceux de la culture et de sa pédagogie.

Pour en savoir plus… 
  – Sites Internet :
Pour l’IMA :
http://www.imamuseum.org
Pour Art Babble
http://www.artbabble.org/

  • Les sites Internet de Philippe Fabry et Samuel Bausson figurent dans mon précédent billet consacré à l’évènementiel!
  • Un ouvrage italien : La Gallassia Web, un incontournable : toutes les stratégies, toutes les études les plus récentes, tous les professionnels impliqués, en Italie.Galassia Web, la cultura nella rete.  Paolo Galluzzi e Pietro A.Valentino. 367 p. Ed. Giunti, Cività Associazione, nov.2008

LA RUBRIQUE DE KEN

Ken rencontre Murakami, brrr...Photo : Ken, le Touriste Parfait, m’a envoyé une carte postale du Japon, où il est touriste d’affaires. Il est aussi tombé raide amoureux de Murakami et compte faire un Tour du Monde pour voir ses oeuvres…Nous le retrouverons très prochainement dans  notre prochain billet, un charmant internaute, Cri-Cri, l’ayant pris en photo à Paris. Vous allez a-do-rer!

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