1 – Le touriste, c’est forcément l’ Autre. Il arrive avec son petit bagage perso, ses us et ses coutumes, mais il sait, avant même son départ, qu’il va devoir tout accepter, ou presque, à défaut de comprendre les différences qu’il va rencontrer dans un nouveau pays, un autre continent.
Il est courageux, en quelque sorte.
2 – Il ne fait que passer…voilà qui pose des défis à la culture : on ne peut l’ « éduquer », le « tirer vers le haut », faire usage de la médiation culturelle, sur le long terme. Il nous échappe, d’autant que souvent il ne parle que sa propre langue.
Le touriste nous oblige donc à revoir tous nos codes de visites, nos objectifs et nos méthodes. Il nous oblige à inventer, et pour cela à changer de point de vue.
3 – Sa réputation est abominable et imméritée
Les touristes sont des hordes, des meutes, des troupeaux, des envahisseurs, des moutons, des tsunamis, des marées menaçantes et des envahisseurs. Rien que ça !
Pour les professionnels du Tourisme, l’approche manque aussi d’affection. Les touristes sont des cibles, sorte de « Ken » très dociles auxquels on doit faire une offre de destination. Explication : Ken voyage, dort une nuit en dehors de son lit et a une activité. Voilà, c’est simple, à partir de cette définition commence l’industrie touristique. Le transporter, lui faire dépenser plus que le « panier moyen », lui plaire, voilà l’objectif. Pour cela, connaître ses goûts et ses attentes, segmenter l’ensemble des Ken est le travail ordinaire des professionnels du tourisme. Il fait donc l’objet de veilles de toutes sortes, de statistiques et de prévisions : on le l’étudie, on l’observe, on le démarche, on ne le lâche pas!
Pour moi ce Ken est donc aussi bonne pâte, car malgré tout, il est en général content du voyage et il revient. Et souvent avec sa famille, ou des amis, en plus.
4 – Les élus l’ont à l’oeil !
Disposer d’ une stratégie touristique intéresse un élu dans deux cas de figure : si elle rapporte des retombées économiques, pour qu’elles profitent à ses habitants, ses commerçants, au développement économique, ou bien si les touristes décident de devenir des résidents, au moins des résidents secondaires, pour les mêmes raisons.
L’ « altérité » des touristes n’est jamais reconnue comme telle, leur demande de convivialité jugée trop compliquée à satisfaire ; leur fort appétit d’authenticité sera plutôt comblé par quelques standards régionaux- crêpes ou fandangos- plutôt que par une franche discussion avec des élus qui leur présenteraient leur ville, leur région ou leur département.
En conclusion …
Mal aimé, le Touriste est coincé entre la réalité de l’économie touristique et le principe qu’il n’y aurait de bonne visite culturelle que suite à l’acquisition de connaissances, des livres qui l’accompagnent, des paroles d’un maître ou de médiateurs culturels.
J’aime donc le Touriste pour ce qu’il est, toujours différent, venant d’ailleurs et prêt à découvrir, à connaître et même à partager.